La Presse Pontissalienne 266 - Mars 2022
34 La page du frontalier
La Presse Pontissalienne n°266 - Mars 2022
CONSOMMATION La Suisse va-t-elle freiner ce tourisme d’achat qui fait vivre Pontarlier ? Lorsqu’un Suisse réalise un achat de moins de 300 francs à Pontarlier, il ne paie pas la T.V.A. dans son pays. Le Parlement suisse réfléchit à stopper ce qu’il estime être une concurrence déloyale pour les commerces helvètes. Il s’est donné deux ans pour légiférer. Décryptage.
Le député neuchâtelois Baptiste Hurni (P.S.) estime qu’acheter en France permet à ses compatriotes de gagner en pouvoir d’achat.
C haque jour, à la frontière des Verrières ou de Vallorbe, les douaniers suisses contrôlent leurs homologues rentrant de France le coffre chargé de den rées alimentaires. À chaque fois la même question : “Rien à déclarer ? Si le ressortissant possède plus de 300 francs de marchandises, il remplit un formulaire l’obligeant à payer la T.V.A. suisse. Dans la majorité des cas, les Suisses transitent avec une valeur inférieure à 300 francs ce qui les exonère de la T.V.A. dans leur pays. Mieux, ils récupèrent la T.V.A. française. Bref, c’est tout bénef pour eux et pour nos commerces locaux. Acheter en France permet à des Helvètes de boucler leurs fins de mois, ce qui fait dire à ce par lementaire neuchâtelois “qu’il ne faut pas se déchaîner sur le retraité qui achète en France. Ce n’est pas lui qu’il faut viser” , estime le député neuchâtelois Baptiste Hurni (P.S.). “ En Suisse, il y a des produits qui sont beaucoup plus chers et cela de façon inexplicable comme les médicaments que nous produisons
pourtant. Le même médicament coûte 5 euros en France et 40 euros chez nous ! Il faut se battre contre ces importateurs peu scrupuleux qui opèrent des marges importantes parce que le pouvoir d’achat suisse est réputé élevé. En revanche, je comprends les commerçants suisses proches des zones frontalières qui grin cent des dents au sujet de ce seuil des 300 CHF” poursuit-il. Ce tourisme d’achat est en effet dans la ligne de mire de certains parlemen taires qui ne sont pas de son avis. Selon eux, c’est une concurrence déloyale directe pour les commerçants proches
Énergie L’essence grimpe également en Suisse Le prix de l’essence SP95 était affiché à 1,83 CHF soit 1,81 euro le litre pour le SP95 dans une station du canton de Neuchâtel le 10 février quand le litre se vendait 1,78 euro à Pontarlier. Sur les autoroutes suisses, la barre sym bolique des 2 CHF a été dépassée. Autant dire qu’il n’y a pas d’intérêt à faire le plein de l’autre côté de la fron tière. n
RÉACTION Commerce Grand Pontarlier “Nos magasins sont jusqu’à 70 % moins chers” L a fédération des commerces du Grand Pontarlier, par la voix de son président Denis Gérôme, se montre rassurante. “Ce sujet est déjà arrivé sur la table. Autant il avait pu nous inquiéter en 2016, 2017, autant nous restons positifs car le Franc suisse, qui n’a jamais été aussi haut, redonne du pouvoir d’achat aux Suisses qui achètent en France” relève Denis Gérôme. Il poursuit : “L’écart de prix reste important : un panier de 350 C.H.F. réalisé en Suisse coûte en moyenne 140 C.H.F. en France. Dans certains cas, nos commerces sont jusqu’à 70 % moins chers ! Nous restons également positifs car les Suisses sont de retour depuis septembre dernier après les mesures liées au Covid.” n
de la frontière. Le débat vise à réduire de 300 CHF à 50 CHF le mon tant du dédouanement. L’impact serait direct pour les commerces français. “Cet abaisse ment est une thématique qui ne date pas d’hier, concède le député Bap tiste Hurni. Je me suis opposé à cette motion
En cas de baisse, cela voudrait dire plus de contrôles aux douanes.
douanes va augmenter et donc coûter de l’argent” annonce-t-il. Ce sujet crée donc de vraies divisions entre les partis politiques helvètes. Le tourisme d’achat est évalué à 10 mil liards de francs suisses par an ce qui affaiblit le commerce de détail, coûte des emplois et pèse sur les caisses de la Confédération. Les pertes fiscales se situeraient entre 300 et 750 millions de francs pour la Suisse. Au Locle, à La Chaux-de-Fonds ou à Fleurier, nombreux sont les commerces de détail à baisser pavillon. Le Val-de Travers lance des opérations de com munication pour inciter ses ressortis sants à consommer en local plutôt qu’à Pontarlier. Pas sûr que la baisse du plafond de dédouanement soit le seul remède pouvant remettre sur pied les enseignes suisses. n E.Ch. Ce que dit la loi Chaque Suisse qui importe des mar chandises peut le faire tant qu’il res pecte certaines règles. Si le montant des achats est inférieur à 300 francs par personne, pas besoin de payer la T.V.A. en Suisse. Si c’est plus, il faut le déclarer et passer à la caisse. Tou tefois, la T.V.A. étrangère peut être récupérée au-delà d’un certain montant. La valeur minimale varie d’un pays à l’autre. En France, c’est 175 euros, contre 155 euros en Italie et 50 euros en Allemagne. n
car c’est de la poudre aux yeux. Le Par lement a maintenant deux ans pour trancher. Si le seuil de 300 CHF avait été fixé, c’était pour éviter trop de démarches administratives. En le rédui sant à 50 CHF (ce qui n’est pas encore acté), le travail de l’administration des
Contrôle des tickets de caisse par les doua niers suisses.
Made with FlippingBook PDF to HTML5