La Presse Pontissalienne 266 - Mars 2022

24 Le dossier

La Presse Pontissalienne n°266 - Mars 2022

l C.H.I.H.C. Projet d’Unité d’Hébergement Renforcée “On n’a jamais enregistré des signalements liés à de la maltraitance” Le Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté (C.H.I.H.C.) gère quatre E.H.P.A.D. à Doubs, Levier, Mouthe et Nozeroy, ce qui représente 420 lits. Une offre publique indispensable pour répondre aux besoins du territoire. Tour d’horizon des problématiques de prise en charge, de recrutement, des perspectives d’évolution avec Olivier Volle, son directeur.

“Maintenant on peut reconstruire”, explique Oli vier Volle, le directeur du C.H.I.H.C. après le ver dict rendu en février sur l'affaire qui avait secoué l’Ehpad du Larmont.

L a Presse Pontissalienne : Le manque de places se pose-t-il dans les quatre Ehpad de façon similaire ? Olivier Volle : Non. L’E.H.P.A.D. du Larmont reste le plus saturé, notamment au niveau de l’unité Alzheimer où la demande dépasse nos capacités d’accueil. La situation est correcte à Noze roy et un peu plus tendue à Levier et Mouthe. L.P.P. : Comment fonctionnent les échanges entre les résidents, les familles et l’établissement ? O.V. : Il existe dans chaque E.H.P.A.D. un Conseil de laVie Sociale au sein duquel les familles, voire les résidents, sont représentés. On trouve aussi un cadre de santé et un membre de la direction. Le représentant des familles exerce souvent la pré sidence de la C.V.S qui se réunit enmoyenne une fois par trimes tre.Toute personne mécontente

métiers à horaires atypiques. Les gens ne veulent plus tra vailler de nuit ou le week-end. L.P.P. : Cela se vérifie aussi au niveau de l’I.F.S.I. ? O.V. : Oui, aide-soignante reste la formation sur laquelle on est le plus en difficulté. Le Covid a détourné des candidats qui ont finalement trouvé du travail. On pensait organiser deux ses sions de formation mais on a annulé celle de février car il y avait seulement cinq candidats sur les 13 places disponibles. L.P.P. : Comment évolue la prise en charge des personnes âgées au sein de l’Ehpad du Larmont ? O.V. : En partenariat avec l’A.R.S, on a créé il y a un an une unité de psychiatrie pour les personnes âgées. Cela représente 14 lits médicalisés. Un autre projet est en réflexion avec la création d’une Unité d’Hébergement Ren

projet de soin et non l’inverse.

peut demander à voir le person nel, lemédecin. Les réclamations sont gérées par le service récla mations de la clientèle. L.P.P. : Quelles sont les critiques les plus fréquentes ? O.V. : Au cours des deux dernières années, elles portent générale ment sur l’organisation des visites pendant la crise du Covid. Certaines familles se plaignaient parfois de ne pas pouvoir effec tuer des visites dans des unités qui avaient été mises en confi nement pour éviter des conta minations. On n’a jamais enre gistré des signalements liés à de lamaltraitance. La C.V.S per met aussi de faire remonter des observations et de les prendre en compte rapidement. On met en place depuis deux ans, au ser vice Ambre, le concept “Huma nitude” qui permet de prévenir la maltraitance. L’idée étant de mettre le résident au cœur du

forcée ou U.H.R.

suspecté est toujours au C.H.I.H.C. ? O.V. : Non. Son C.D.D. n’avait pas été renouvelé. Je n’ai pas d’autre information. L.P.P. : A-t-il été remplacé ? O.V. : La problématique du recru tement se pose à tous les niveaux au sein des E.H.P.A.D. On a actuellement 2,6 médecins pour 4 postes.À défaut de trouver des gériatres, on recrute des prati ciens qui n’ont pas cette spécia lité. Ce manque de gériatres se pose à l’échelle nationale. C’est aussi une question de numerus clausus.On peine aussi à trouver des infirmières, des aides-soi gnantes ainsi que des assistantes de soins en gérontologie. À défaut, on a des A.S.H. faisant fonction d’aides-soignantes. On privilégie celles qui ont vocation à passer le diplôme d’aides-soi gnantes. Ces métiers ne sont pas assez valorisés. On constate le manque d’attrait sur tous les

L.P.P. : Avez-vous des nouvelles sur l’affaire de l’Ehpad du Larmont ? O.V. : Cette affaire a finalement été classée sans suite début février. Les infirmières qui avaient été mises en cause par l’ordre infirmier avaient été condamnées en première ins tance puis elles ont eu gain de

L.P.P : De quoi s’agit-il ? O.V. : On dispose de 42 lits dans l’unité Alzheimer mais on se rend compte que c’est trop grand avec une promiscuité difficile à gérer d’où l’idée de construire une unité spécifique de 14 lits pour accueillir les personnes ayant les troubles neurocognitifs les plus importants. Cette U.H.R. aura son propre personnel. Le coût du projet s’élève à 1,8million d’euros.Les études seront lancées en 2022 pour une livraison de l’unité sans doute en 2024. L.P.P. :Pas d’autres nouveautés à signaler ? O.V. : : Si, la collaboration mise en placeavec l’hospitalisationàdomi cile pour la gestion des astreintes de nuit dans les E.H.P.A.D. de Levier et Nozeroy. n Propos recueillis par F.C.

cause en appel. Trois sont tou jours en poste. La décision de justice rendue en février per met de repartir sur de bonnes bases car cette affaire avait laissé des traces. Maintenant, on peut recons truire.

Cette affaire a finalement été classée sans suite

L.P.P. : Le médecin

l Syndicats

Manque de personnel L’union sacrée autour du manque de moyens alloués aux E.H.P.A.D. Les trois syndicats C.G.T., F.O. et C.F.D.T. partagent le même constat sur les tensions qui règnent au sein des quatre

E.H.P.A.D. du C.H.I.H.C. Le manque de personnel se répercute sur la qualité de la prise en charge… Le début d’une maltraitance institutionnelle.

des troubles cognitifs, polypatholo giques. S’ajoute un manque de person nel qualifié contraignant le C.H.I.H.C. à recourir avec des A.S.H. faisant fonc tion d’aide-soignante. “Cette catégorie de personnel ne touche pas la prime grand âge. C’est une honte pour la reconnaissance de ces agents qui font pourtant le même travail que les autres” , dénonce Lydie Lefèbvre. La proximité de la Suisse accentue aussi ce déséquilibre. “En Suisse, on compte une aide-soignante pour quatre résidents alors qu’en France, on est plu tôt dans un rapport d’une aide-soi gnante pour douze résidents. Difficile dans ces conditions de conserver le per sonnel” , observe Martine de Kanel, secrétaire C.F.D.T. Elle explique cette fuite de main-d’œuvre pas seulement à cause des salaires attractifs mais aussi par la charge de travail. “On parle de maltraitance dans les E.H.P.A.D. privés mais quand on doit mettre les gens au lit à 17 heures faute de personnel, c’est le début d’une mal traitance institutionnelle.” La crise sanitaire n’a rien arrangé avec plus de démissions, une augmentation des arrêts maladie. n F.C.

C.H.I.H.C. Pour autant, les choses piétinent aussi dans le public comme le regrette Sophie Richard de F.O. : “On n’a pas avancé d’un iota depuis les grosses manifestations orga nisées à l’hôpital local de Mouthe en jan vier 2018. La dota

les protections. Les E.H.P.A.D. privés à but lucratif sont là pour faire des bénéfices. La C.G.T. s’est toujours oppo sée au fait que les personnes âgées deviennent un marché, ce que l’on appelle l’or gris. L’État encourage ce système en défiscalisant l’investissement dans les lits E.H.P.A.D.” , explique Lydie Lefèbvre, secrétaire C.G.T. au

S’ ils sont unanimes à dénon cer les conditions de travail dans les E.H.P.A.D. du C.H.I.H.C., les syndicats

font néanmoins la différence avec le scandale Orpéa. “Au C.H.I.H.C., on n’a jamais eu des instructions demandant de faire des économies sur la nourriture,

Le taux d’encadrement est de 0,60.

tion horaire en aides-soignantes de nuit avait baissé de 70 heures en 2013 sur cet établissement puis à nouveau de 105 heures en 2015 sur les aides soignantes de jour. Ces baisses n’ont jamais été compensées. On réclame depuis des lustres qu’il y ait un agent pour un résident comme cela a été déjà annoncé par l’ancien gouvernement Villepin et le Plan Grand Âge. Aujourd’hui le taux d’encadrement est de 0,60 par résident.” Un manque de personnel préjudiciable alors que la prise en charge des per sonnes âgées évolue dans les E.H.P.A.D. Les résidents qui entrent en institution sont de plus âgés et dépendants avec

“Rien n’a changé depuis les manifestations organisées à Mouthe en janvier 2018”, explique Sophie Richard, secrétaire F.O.

au C.H.I.H.C. (photo F.O.- C.H.I.H.C.).

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