La Presse Pontissalienne 265 - Février 2022

L’événement 7

La Presse Pontissalienne n°265 - Février 2022

l Étude Lucie Brelet, une doctorante au chevet de la station Elle étudie les conflits d’usage pour mieux les régler Favoriser le tourisme

4-saisons sans empiéter sur la tranquillité des uns et des autres n’est pas simple.

L a vie est faite de paradoxe. Vouloir développer le tou- risme 4-saisons comme s’y engage la station tout en pro- tégeant la nature, c’est le dif- ficile équilibre que Métabief doit réaliser. Pour y parvenir, le syndicat mixte de la station en partenariat avec la fédé- ration départementale des chasseurs du Doubs fait appel à Lucie Brelet, doc- torante à l’Université de Nîmes au sein du département “Psychologie sociale et environnementale”. Sa mission : évaluer - dans le cadre de sa thèse - les conflits d’usage en moyenne montagne, en par- ticulier sur le Mont d’Or. Elle a inter- viewé 52 personnes du cru, des chas-

seurs, des agriculteurs, des locaux… Le V.T.T. électrique, c’est un exemple, a permis à des personnes qui ne pen- saient pas avoir la force dans les jambes de grimper jusqu’au Morond, ou de

ALENTIN SAINT

découvrir les alpages. Malheureusement, cer- tains empiètent sur des espaces protégés au titre de la faune ou de la flore ou gênent le travail des agriculteurs. “Mon stage a mis en évidence trois facteurs accentuant ces conflits, rapporte Lucie Brelet. On note une délo- calisation des pratiques

“Ne pas en venir à de la coercition.”

V

Une nouvelle offre touristique primée pour son côté éco-touristique Doubs Tourisme suit la même pente que la station de Métabief en publiant une nouvelle offre touristique visant à “vivre la montagne autrement”. Le séjour 3 jours et 2 nuits intitulé “Transition vers le bonheur” a obtenu le coup de cœur du challenge des Territoires initié par la fédération A.D.N. Tourisme pour son côté éco-tourisme. Ce produit exclusif en Bourgogne-Franche-Comté est né après les échanges du colloque européen des 16 et 17 mars 2021 à Métabief où il a été question de la transition écologique en montagne pour lutter contre le changement climatique. “Nous avons souhaité transformer les paroles en actes suite à ce colloque, résume Stéphane Gros, responsable commercial à Doubs Tourisme. En proposant ce séjour, on répond à la demande d’une clientèle qui recherche ce type de séjour proche de la nature, avec une faible utilisation de la voiture ou des remontées mécaniques. C’est une façon également de montrer l’exemple afin que ce séjour fasse valeur d’exemple et qu’il se développe ailleurs sur notre territoire” estime le professionnel. La commercialisation démarre. Une famille (parisienne) s’est montrée intéressée. Doubs Tourisme va s’attacher les services d’une agence de communication parisienne pour valoriser ce produit. n

300 PONT 25 62, Rue de la R

ARLIER épublique

détériorées par les engins utilisés dans le cadre de l’activité sylvicole. “Dans ces conflits, qui a tort, qui a raison ? Tout dépend de quel point de vue on se place…C’est pourquoi on est typiquement dans le cadre de conflits d’usage et dans des confrontations de différentes visions de la nature” analyse la doctorante dont la mission n’est pas de dire ce qui est autorisé et interdit. “L’idée n’est claire- ment pas de venir à des mesures de res- triction mais de donner la parole aux usagers.” Au Mont d’Or comme ailleurs, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. n E.Ch.

sportives ou récréatives de la station vers les zones d’alpages et de forêts, une émergence de nouvelles portes d’entrée sur le Mont d’Or, et l’évocation d’un sen- timent de déambulation grandissante sur le massif” poursuit-elle. Parmi les témoignages récoltés, quelques exemples, comme les chasseurs qui ont des difficultés à organiser des temps de chasse sur certaines parties dumassif, ou à l’inverse, de nombreux promeneurs qui évoquent une peur d’aller sur le massif lors des périodes de chasse. Quant aux agriculteurs, ils se plaignent des barrières (l’été) non refermées. À l’in- verse, les V.T.Tistes les trouvent trop difficiles à ouvrir, ou des pistes parfois

Lucie Brelet mène une thèse sur les conflits d’usage en moyenne montagne, à Métabief particulièrement.

pas d’une montagne avec des télé- sièges désaffectés. Des moyens humains et financiers avec Avenir Montagnes sont mis en place et vont permettre de gagner tous ensemble, de Métabief à Montbe- noît jusqu’à Levier, Frasne, et Pon- tarlier” poursuit le conseiller départemental. Les stations de ski de Foix (Ariège), du massif des Bauges (Savoie), les collectivités de Nice ou de Grenoble sont venues (ou viendront) à Métabief prendre des notes pour anticiper la fin de la neige annoncée pour 2035 en moyenne montagne. Là-bas, le développement des “lits froids” lié à la surcapacité d’hébergement interroge autant qu’il inquiète. C’est une réalité qui s’explique par une désaffection des jeunes générations sur l’alpin et des coûts toujours plus élevés des vacances. “Les gens veulent vivre une expérience” témoigne un pro- fessionnel du tourisme. Dans le Haut-Doubs, ils l’ont : “Nous avons la chance d’avoir une montagne habitée, avec des activités annexes. Les gens n’achètent quasiment plus le forfait une semaine mais se tournent vers d’autres activités” convient Damien Mouchet, pour Doubs Tourisme. Il faut coordon- ner tout cela. De nombreuses

Le coût de la neige C’est le Département du Doubs qui abonde financièrement le fonc- tionnement et les investissements de la station, et depuis 2019, la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs dont l’effort financier de cette dernière peut monter jusqu’à 500 000 euros en cas de déficit, ce qui correspond à un hiver sans neige. Lorsque la station réalise un bel hiver (petit équilibre), la collectivité n’a pas à combler de déficit. Les mauvaises saisons, elle abonde à hauteur d’1 million. n

offres existent déjà comme le révèle notre enquête, mais ne sont pas encore connues. Lauréat du plan Avenir Mon- tagnes initié par le gouvernement, Métabief avec le Pays des Portes du Haut-Doubs et le Commissa- riat de Massif accueille Claire Leboisselier comme chef de projet en transition touristique, un poste co-financé par l’État. Sa mission : apporter de l’ingénierie et de la méthode pour imaginer la mon- tagne de demain de Montbenoît à Mouthe. Originaire des Longe- villes-Mont-d’Or, elle a travaillé à Paris dans un grand groupe. Arrivée en janvier, elle rencontre tous les socio-professionnels et acteurs du tourisme, les chambres de commerce et d’agriculture, pour engager une phase de diag-

nostics. Des propositions en décou- leront. Co-président du comité de pilo- tage pour “Avenir Montagnes”, Patrick Genre (président du Pays duHaut-Doubs) estime queMéta- bief fait “office de locomotive à l’échelle du territoire.” “La neige reste un produit d’appel, confirme l’élu pontissalien, mais il n’est plus le seul. Cette réflexion et cette ingénierie doivent nous permettre de valoriser le tourisme. Dans 30 ans, la moyenne montagne sera sans doute différente, et j’en suis sûr, pleine d’atouts.” Le Haut- Doubs entame un virage en dou- ceur. C’est toujours mieux que de l’engager au pied du mur… cli- matique. n E.Ch.

Pour Fanny Laithier (magasin Roger Maire), le ski alpin a encore de beaux jours devant lui à Métabief.

Made with FlippingBook PDF to HTML5