La Presse Pontissalienne 265 - Février 2022

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La Presse Pontissalienne n°265 - Février 2022

YVERDON-LES-BAINS Économie circulaire Gestion des déchets : la méthode nord-vaudoise

Missionnée pour gérer les déchets de 62 communes du Nord Vaudois, la Société pour le Tri, le Recyclage et l’Incinération des Déchets (ou S.T.R.I.D.) a toute latitude pour développer des filières de valorisation économiquement rentables tout en étant des supports d’insertion sociale. Reportage. Une déchetterie haut de gamme

“Le S.T.R.I.D. gère les déchets de 62 communes

Le S.T.R.I.D. dispose de deux sites dis- tincts, l’un dédié aux professionnels, l'autre aux particuliers. “On a séparé les flux pour mieux maîtriser les coûts et sécuriser les déplacements des usa- gers.” La déchetterie des particuliers est un modèle haut de gamme, souvent

cité en référence. Propreté suisse de circonstance et un concept de bennes, de récupération des fluides, du matériel qui évite toute tentation de fouilles. Une partie des déchets sont récupérés en sous-sol où interviennent des agents qui optimisent le tri. n

du Nord Vaudois,

soit 80 000 habitants”, précise Jean-Paul Schindelholz, le directeur. La Ressourcerie : un concept français

nyme reconnue d’utilité publique qui dispose néanmoins d’une autonomie d’action qui n’existe pas en France. “Mamission consiste à gérer les déchets de 62 communes en essayant de trouver les prestataires les plus efficients, au meilleur prix. Ici, on a coutume de dire : le S.T.R.I.D. propose, les communes dis- posent” , complète le directeur. À partir de là, le pragmatisme suisse fait desmerveilles. Lemodèle développé par le S.T.R.I.D. s’appuie sur quatre piliers : infrastructure, sensibilisation, prévention et incitation. Le volet incitatif se traduit par la mise en place en 2009 de la taxe au sac dont le produit permet de financer la collecte et le traitement. Cette taxe a permis de réduire par deux le volume des ordures ménagères. “On a commencé à faire de la sensibilisation auprès des scolaires. L’activité s’est déve- loppée au point de justifier en 2009 la création de la coopérative Cosedec qui effectue chaque année 27 000 animations dans les écoles du périmètre. 55 000 écoliers sont ainsi sensibilisés sur la

Les Suisses n’ont pas la culture de la seconde main. Quand la question de la réutilisation des meubles, jouets, livres, appareils électroménagers s’est posée, on est allé voir ce qui se faisait

en France pour mettre en place cette ressourcerie en 2012. Elle est gérée par une fondation et mobilise des per- sonnes en réinsertion. n

Les produits déposés par les particuliers arrivent dans des bennes au sous-sol où des agents affinent le tri.

L a manière dont le Haut- Doubs et le Nord Vaudois gèrent leurs déchets reflète assez bien les différences entre nos deux pays. Avec, côté suisse, une approche beaucoup plus libérale lais- sant plus d’autonomie aux structures gestionnaires. “Ce site abritait initia- lement une usine d’incinération mise en service en 1978 puis fermée en 1989 car jugée trop polluante. On acheminait alors nos déchets à l’usine d’incinération de Pontarlier. On a fonctionné ainsi Mandaté pour gérer les déchets sur les manifestations, le S.T.R.I.D. peinait à trouver un système de tri efficace. “On a commencé à introduire les gobelets consignés. Comme on ne trouvait pas de prestataires de services pour s’en occuper, on a fondé une laverie en inves- tissant dans tout un stock de vaisselles jetables. On a créé des kits de vaisselle réutilisables et modulables en fonction du nombre de personnes. Aujourd’hui, on est leader sur le marché romand.” Émanif propose des gobelets réutilisables pour les fontaines à eau, les machines à café. Elle développe aussi des bornes de déconsignation installées sur les par- kings aux abords des stades ou des salles de spectacles. Six millions de pièces de vaisselles ont été lavées en 2019 sur cette laverie qui employait huit Émanif

jusqu’à l’arrêt de l’importation des déchets ménagers en France décrété au cours de l’été 1992 par la ministre de

l’Environnement Ségo- lène Royal. Cette situa- tion est à l'origine de la création du S.T.R.I.D. qui fêtera ses 30 ans en 2023” , explique son directeur Jean-Paul Schindel- holz. Les communes sont les actionnaires de cette société ano-

Le syndicat emploie une cinquantaine de salariés.

Comme pour la laverie, la ressourcerie sert aussi à la réinsertion de personnes en précarité sociale.

urbains. On gère un volume annuel de 40 000 tonnes de déchets dont 16 000 tonnes d’ordures ménagères qui partent à l’incinération” , poursuit Jean-Paul Schindelholz. n F.C. Les biodéchets valorisés en biogaz En Suisse comme en France, les ordures ménagères contiennent encore des déchets organiques non valorisés. “Chez nous, on estime que cela représente 30 % du volume. On voudrait extraire ces biodéchets pour la valoriser sous forme de biogaz. Il existe déjà une filière de méthanisation mais on veut aller plus loin” , explique le directeur du S.T.R.I.D. n

Suisse romande.” La croissance de cette coopérative a justifié l’extension du site appartenant au S.T.R.I.D. pour donner naissance au Tripôle. Ce centre de compétences dédié à la valorisation des déchets réunit différentes entités : bureaux d’études, sociétés de collecte et de trans- port des déchets, des textiles usagés, structures d’insertion professionnelle ou sociale, agence de communication ainsi qu’une ressourcerie et une laverie de vaisselle réutilisable. “Le Tripôle réunit aujourd’hui une dizaine d’entités pour une cinquantaine d’emplois. On trouve aussi sur le site la déchetterie d’Yverdon gérée par le S.T.R.I.D. Ici, on ne fait aucun traitement, on est juste un centre de transfert. Les ordures ménagères sont transportées en train jusqu’à Lausanne ou Neuchâtel pour approvisionner des incinérateurs qui alimentent des réseaux de chaleur

Toute la vaisselle consignée est lavée dans cette laverie où travaillent actuellement quatre personnes.

avec des personnes qui souffrent d’ad- dictions et des requérants d’asile.” n

collaborateurs avant la crise sanitaire contre quatre actuellement. “On fonc- tionne aussi sur le principe de l’insertion

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