La Presse Pontissalienne 265 - Février 2022

Pontarlier 11

La Presse Pontissalienne n°265 - Février 2022

EN BREF

de Pontarlier n’a pas souhaité apporter de commentaires. Dès que ces pistes seront pré- cisées, ils demanderont à l’Agence régionale de santé une réunion de travail pour exami- ner, avec elle, les moyens à met- tre en œuvre d’ici le 1 er juillet. Jusqu’à cette date, les conditions de fonctionnement actuelles du cabinet de Morteau restent inchangées. n Pour le Mortuacien Bernard Lambert, il est inconcevable que les habitants du secteur soient obligés de se rendre à plus de trente minutes de route pour un service de première urgence. “Je m’interroge : est- ce que les ambulanciers privés auront la capacité d’organiser ce transport ?” indique-t-il. Ce Mortuacien a lancé une pétition pour la sauvegarde du cabinet de radiologie car une telle situa- tion pour 21 000 personnes est “inacceptable” dit-il. La pétition envoyée fin décembre a été signée par plus de 3 000 per- sonnes. Le sujet mobilise. n Une pétition signée par 3 000 personnes

SANTÉ Radiologie Des pourparlers engagés pour la radiologie L’annonce de la fermeture du cabinet de radiologie à Morteau a suscité des réactions. L’hôpital de Pontarlier engage une discussion avec le cabinet privé. Un des enjeux : l’engorgement des urgences.

Pompiers Après une année de travaux, le centre de secours de Mouthe est opérationnel. Une restructuration des locaux a permis d’améliorer les espaces dédiés aux sapeurs-pompiers et un parking pour les véhicules légers a été aménagé. Le coût global de l’opération s’élève à 1,044 million d’euros. Une cérémonie officielle de réception de travaux du centre d’incendie et de secours de Mouthe s’est déroulée le 27 janvier dernier. Le centre de secours compte 31 sapeurs-pompiers volontaires qui disposent de 8 engins pour assurer leurs missions. Au cours de l’année 2021, ils ont réalisé un total de 243 interventions dont 91,80 % de secours à victimes, 3,30 % d’accidents sur la voie publique, 2,90 % d’incendies, 1,60 % d’opérations diverses et 0,40 % de risques technologiques et naturels. Leur secteur de première intervention s’étend sur 10 communes : Châtelblanc, Chaux-Neuve, Gellin, Le Crouzet, Les Pontets, Mouthe, Petite-Chaux, Reculfoz, Rondefontaine, Sarrageois regroupant environ 2 450 habitants.

L es levées de boucliers des professionnels de santé et des élus locaux du Val de Morteau n’ont pas tardé après l’annonce de la fer- meture du cabinet de radiologie à Morteau annoncée dans le journal C’est à dire, en décembre dernier. Si la fermeture du site mortua- cien est actée pour juin, le cabi- net privé, conscient de “sa res- ponsabilité envers la population” dit-il dans un communiqué, sou- haite maintenir une offre d’ima- gerie sur place selon d’autres modalités que l’implantation actuelle. C’est une façon de répondre aux inquiétudes des professionnels de santé de l’hô-

Le cabinet d’imagerie de Morteau est géré par le Centre d’imagerie du Haut-Doubs dont le siège est à Pontarlier.

pital deMorteau et desmédecins libéraux qui ont été surpris par cette annonce. Premiers utili- sateurs de ce service, ils louent sa proximité qui évite aux patients mortuaciens des dépla- cements vers les urgences de Pontarlier ou de Besançon. Depuis les différentes prises de position ou articles, le Centre d’imagerie du Haut-Doubs apporte des éclaircisse- Vers de la téléradiologie ?

en place un groupe de travail conjoint pour envisager une coo- pération public-privé et explorer des pistes de travail pour que la fermeture ne soit pas aussi brutale. Lesquelles ? “L’instal- lation d’une table d’imagerie au sein de l’hôpital de Morteau, la réalisation d’actes en téléradio- logie, la possibilité de maintenir des examens programmés pour les actes ne prêtant pas à la télé- radiologie et de faire participer les médecins généralistes volon- taires au montage du projet” indiquent les représentants. Sollicitée, la direction de l’hôpital

raisons organisationnelles et économiques quitter son implan- tation actuelle au 12, rue Fon- taine-l’Épine à Morteau” , indique-t-il tout en rappelant que le nombre de médecins radiologues actifs va inélucta- blement baisser, compte tenu des départs en retraite prochains qui ne seront pas compensés par de nouvelles arrivées. Les médecins radiologues libé- raux du cabinet proposent à la direction commune du Centre hospitalier de Morteau et du Centre hospitalier intercommu- nal de Haute Comté de mettre

ments : “Le cabinet par- tage son acti- vité entre Morteau et Pontarlier. Il doit, pour des

MÉDECINE

Une proposition du sénateur du Doubs “Que les jeunes médecins fassent leur stage en zone sous-dotée” Le sénateur du Doubs Jean-François Longeot a rédigé un rapport d’information sur les déserts médicaux dans lequel il propose de réguler les premières installations de médecins, de conventionner et d’installer les médecins là où les besoins sont exprimés.

Le sénateur Jean- François Longeot a rendu un rapport pour les déserts médicaux.

L a Presse Pontissalienne : Votre rapport d’information au Sénat révèle que 8 mil- lions de Français n’ont plus demédecins référents. Vous demandez à l’État de prendre desmesures courageuses pour “enrayer les déserts médicaux.” Lesquelles ? Jean-François Longeot (sénateur du Doubs, président de la Commission d’aménagement du territoire) : Les déserts médicaux concernent le manque de médecins et moins les infirmiers, les kinés, ou d’au- tres professions de santé qui sont mieux réparties sur le territoire. En 2016, nous avions 3 millions de Français non soignés faute de médecins. En 2019, nous étions à 8 millions, ce qui veut dire que ce chiffre a été multiplié par trois en trois ans. 7 Français sur 10 ont refusé au moins une fois de se faire soigner. Je dresse un constat assez dur vis-à-vis des médecins et plus parti- culièrement de l’Ordre des médecins. Même si je ne suis pas pour la coerci- tion, c’est-à-dire imposer un lieu géo- graphique, il faudra travailler sur la formation. Quand un jeune médecin doit faire son stage (de dernière année de médecine générale), l’idée n’est pas qu’il le fasse uniquement dans les grands C.H.U. comme c’est le cas

des fonctionnaires. On se retrouve aujourd’hui avec des pompiers qui sont appelés pour tout, des urgences qui sont saturées. L.P.P. : Quid de ceux formés en France et qui partent en Suisse ? J.-F.L. : C’est un vrai souci. Il faudra dire : on a financé vos études, il faudra rendre cinq ans, dix ans, dans votre pays. L.P.P. : Dans votre rapport, vous mettez l’accent sur la délégation d’actes, c’est-à-dire qu’un pharmacien pourrait supplanter un médecin. Cela ne plaît pas aux professionnels… J.-F.L. : Pourquoi être obligé de se rendre chez votre médecin pour renouveler une ordonnance alors que votre phar- macien est capable de vous conseiller ? L’ordre est réticent et cela m’inquiète car encore une fois, le législateur va prendre une loi coercitive qui ne conviendra à personne. Les médecins doivent comprendre qu’il faut passer par la délégation d’actes. L.P.P. : La télémédecine peut-elle réduire la fracture ? J.-F.L. : Le Covid a eu un point positif

aujourd’hui, mais en immersion dans les territoires. L.P.P. : Pourquoi ? J.-F.L. : Si vous faites par exemple votre stage à la maison de retraite de Mor- teau, vous allez peut-être trouver l’en- droit sympa, peut-être vous rencon- trerez votre mari ou votre femme… Je ne dis pas que dix sur dix vont rester, mais peut-être un ou deux. L’Ordre doit faire effort pour que les médecins aillent en immersion dans les territoires sous-dotés, sinon le législateur va voter une loi coercitive et ce serait un drame.

de ministres et non celui de médecin.

car l’Ordre des médecins ne voulait pas entendre parler de la télémédecine sauf qu’aujourd’hui, elle est remboursée par la Sécurité sociale, et ça marche. L.P.P. : Le gouvernement ouvre le numerus clausus. Cela doit profiter aux déserts médi- caux ? J.-F.L. : Vous pouvez l’augmenter par cinq, par dix, par cent, si tous les méde- cins se rendent au même endroit, cela ne servira rien. Les déserts médicaux ne sont pas uniquement la faute des médecins mais aussi des politiques. Il me paraît normal qu’un ministre de la Santé soit issu du monde médical, mais comme Gérard Larcher qui l’a dit publiquement dans les colonnes de Sud Ouest en décembre dernier -, je fais le constat que certain(e)s politiques font l’erreur de défendre davantage leur profession plutôt que le service. Les ministres doivent jouer leur rôle

L.P.P. : Que pensez-vous des professionnels de santé (kinés, dentistes, infirmiers) non vac- cinés qui ne peuvent plus exercer ? J.-F.L. : L’Agence régionale de santé est en train de créer des déserts médicaux en ne voulant plus de ces professionnels, et ce n’est pas normal. Je précise que je suis vacciné et que je ne suis pas antivax. Càd : Votre rapport va-t-il rester dans les car- tons ? J.-F.L. : Je ne le pense pas car c’est un sujet de santé et de salubrité publique. Je me réjouis de la Proposition de loi visant à lutter contre la désertification médicale déposée par cinquante-cinq députés en décembre dernier qui reprend mon rapport d’information. Il y aura une suite. n Propos recueillis par E.Ch.

Vous ne pouvez pas ima- giner le nombre d’élus, des maires notamment, qui m’interpellent sur ce problème de désert médi- cal. Je comprends les médecins qui ne veulent pas travailler seuls mais il faut aussi que les méde- cins comprennent que la médecine est un service, qu’ils ont bénéficié d’une formation payée, qu’ils sont rétribués par la Sécu- rité sociale, un peu comme

“Leurs études sont

payées, ils doivent un service.”

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