La Presse Pontissalienne 262 - Novembre 2021
26 Mouthe - Région des lacs
La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021
ENVIRONNEMENT Mont d’Or, à la recherche des loups Le “tourisme du loup”, l’autre sujet qui inquiète
autour de l’animal inquiète. Pour suivre la population, l’Office français de la biodiversité - en collaboration avec la fédération départementale des chas- seurs du Doubs - déploie des pièges photographiques pour comptabiliser et identifier les loups. Le nombre de ces appareils est réglementé, leur posi- tionnement également. L’hiver, ils sont enlevés et leur pose est calculée pour ne pas gêner la présence du grand tétras, animal en danger critique d’ex- tinction qui déteste devoir s’envoler. Seul problème, les appareils photos ont fleuri pour ne pas dire explosé sur le Mont d’Or et le Risoux. Ils sont posés par des naturalistes, photographes, curieux. Dans certains secteurs, faites attention si vous voulez soulager une envie pressante, vous pourriez être pris en photo !
La présence de quatre loups sur le Risoux et le Mont d’Or attire photographes animaliers et curieux. Au point que des voix s’élèvent pour demander l’interdiction des “pièges photos” dont l’installation est devenue anarchique. Le grand tétras pourrait pâtir de la forte présence humaine.
Le loup avec dans sa gueule une patte de veau (photos F.D.C. 25). Cet animal a été photographié non loin d’un chemin de randonnée, sur le Mont d’Or.
A uMarchairuz, en Suisse voisine, le loup déchaîne les passions. Là-bas, à quelques kilomètres à vol d’oiseau du Mont d’Or, six adultes et cinq jeunes sont suivis de près depuis l’attaque de onze bovins dans les alpages. Une manifestation pro-loup a réuni plus de 200 personnes pour dénoncer l’abattage de deux jeunes loups demandée et obtenue par le can- ton où des équipes se relaient la nuit pour gêner les gardes-faunes dans leur mission.
De ce côté de la frontière, le sujet n’est pas si tendu. Il pourrait le devenir. Premiers inquiets, les agriculteurs : “La question n’est pas de savoir si une attaque aura lieu mais quand, résume Guy Scalabrino, agriculteur et membre du comité départemental des grands prédateurs. Pour notre type d’élevage, l’utilisation d’un chien patou pour pro- téger nos troupeaux est quasiment impossible. Il m’en faudrait quatorze pour protéger mes sept troupeaux.” Au-delà des attaques, le tourisme
devant le faisceau. Un projet que ne comprend pas ce photographe animalier basé à Chaux-Neuve : “Mes appareils photos n’ont pas de flash. Si je l’utilise, c’est d’abord pour apprendre à connaître les populations de loups, et ensuite aller me fondre dans la nature pour faire la belle photo. La photo réussie, c’est lorsque l’animal ne vous a pas vu” témoigne ce passionné capable de passer une nuit dans le bois. Comme le résume ce lieutenant de louveterie qui préfère rester anonyme, “le loup, mieux vaut lui foutre la paix. C’est un animal intel- ligent qui a su pendant trois semaines nous narguer à Chapelle-d’Huin lorsque nous protégions un troupeau de mou- tons. Le lendemain où nous avons quitté le camp, après plusieurs nuits de guet, il a attaqué. Il sent de loin la présence humaine.” Le 28 octobre, un jeune cerf a été retrouvé dans un champ de Chapelle- des-Bois, probablement attaqué dans la nuit. n E.Ch. cette motion. D’un côté, nous accueillons de plus en plus d’habitants séduits par l’économie suisse florissante et désireux d’habiter en zone frontalière, de l’autre nous disposons de moins en moins de soignants pour assurer un service médical minimum. Nous, élus, ne sommes que spectateurs devant cette fuite de lamain-d’œuvremédicale qualifiée vers le pays voisin.” La commune demande aux dirigeants “demettre enœuvre une véritable poli- tique médicale de territoire, avec des conditions de travail attractives, et de prendre en compte la spécificité du ter- ritoire frontalier, en instaurant par exem- ple un quota de soignants autorisés au départ, avec obligation d’effectuer un minimum d’années d’activité sur le territoire français et en leur versant une prime spécifique au travail en zone frontalière.” n
Au-delà de la boutade, l’affaire ne fait pas sourire Christophe Guinchard, de l’Office français de la biodiversité : “Entre les personnes qui se baladent seules, en groupe, celles qui viennent voir le lynx, d’autres le grand tétras et maintenant le loup, on note une forte présence humaine sur un territoire qui n’est finalement pas si grand. On menace une espèce en danger d’extinc- tion : le grand tétras” résume le spé- cialiste “tétras”. Dans le Valais suisse, des personnes se sont spécialisées dans le tourisme du loup. “Elles vous condui- sent dans un endroit où vit le loup, vous prennent de l’argent, mais vous ne le voyez jamais. Les pseudos naturalistes sont alors contents” explique un pro- fessionnel de l’animal qui a aperçu le loup à Rochejean courir après deux cerfs.La Fédération des chasseurs du Doubs, qui travaille au suivi scientifique de l’espèce avec l’O.F.B., veut un arrêté de biotope visant à interdire la pose des appareils photo qui se déclenchent la nuit ou la journée en cas de passage Pour rappeler son attachement à un servicemédical à la hauteur des besoins du bassin de vie, la commune deRecul- foz (secteur Mouthe) présente une motion lors du conseil municipal de novembre. La voici : “Le Ségur de la Santémis en place par le gouvernement est censé redonner de l’espoir à ce secteur essentiel de la santé publique. Les zones rurales peinent à recruter des soignants, que ce soit pour combler les cabinets médicaux désertifiés ou pour compléter les services de soins à domicile. Ce problème est général en France, où chaque commune et chaque communauté de communes rivalisent d’atouts pour attirer ce per- sonnel. Nous sommes dans ce cas, mais notre situation s’aggrave avec la proximité de la Suisse voisine où les salaires trois fois plus élevés attirent le personnel médical, peut-on lire dans
Dernière photo la plus récente : le 19 octobre dernier.
“Nous ne sommes que spectateurs devant cette fuite de main-d’œuvre”
OYE-ET-PALLET Un projet de maison médicale Toujours plus d’habitants, toujours aussi peu de médecins En décembre, la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs présente le projet de création d’une maison de santé à Oye-et-Pallet.
U n médecin pour 6 000 habitants. Sur le sec- teur de Métabief et environs, le constat du manque de médecins et plus généralement de profession- nels de santé intervenant à domicile n’est pas nouveau. Mais il empire à mesure que la population s’accroît. C’est devenu un véritable enjeu et une gageure pour les élus que d’attirer ces profes- sionnels. Pourquoi unmédecin s’installerait-il ici, alors qu’à deux pas d’ici, la Suisse lui tend les bras à des conditions tarifaires et d’horaires beau- coup plus avantageuses ?
Président de la communauté de communes des Lacs etMon- tagnes du Haut-Doubs, Jean- Marie Saillard ne semble pas résigné alors que le projet d’une maison de santé aux Hôpitaux est dans les cartons depuis de nombreuses années, mais jamais sortie de terre. Une annonce doit être validée en décembre prochain. “Faire venir des personnels soignants, c’est un sujet qui me tient à cœur car je m’étais battu à Mouthe pour qu’une maison de santé - adossée à l’hôpital - puisse être créée, témoigne le président. Durant la pre- mière quinzaine de décembre,
l’Agence régionale de santé, porté par les soignants, avec les élus. Apporter de l’argent n’est pas la seule solution, il faut pouvoir accueillir. Nous avons ce projet au niveau du lac mais nous n’oublions pas le secteur du Mont d’Or. Les deux sont complémentaires” dit-il. Dans le projet de la commu- nauté de communes, il est aussi question d’attirer les internes en leur proposant du logement afin de faciliter l’ac- cès à un stage. Ensuite, c’est sûr, ils ne pourront plus quit- ter la vue du lac ou du Mont d’Or… n
nous présenterons au conseil communautaire un projet de maison de santé à Oye-et-Pal- let” indique Jean-Marie Sail- lard qui va pouvoir s’appuyer
sur les médecins déjà présents dans cette com- mune pour mener ce projet. L’élu a compris qu’il ne suffisait pas de dresser le tapis rouge aux médecins pour qu’ils décident de s'installer : “Il faut un projet de santé validé par
Accueillir les internes avec un logement.
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