La Presse Pontissalienne 262 - Novembre 2021

Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs

Du 06/11 au 04/12/2020

PONTARLIER «Les Grands Planchants »

2, 80 €

NOVEMBRE 2021

Mensuel d’information du Haut-Doubs

www.presse-pontissalienne.fr

ÇA RECRUTE DE PARTOUT DANS LE HAUT-DOUBS ! EMPLOI Une situation inédite, un taux de chômage historiquement bas

Métabief recrute pour la saison hivernale. Ici, Delphine Grésard, la responsable R.H. de la station.

Traque du loup dans le massif Ils sont de plus en plus nombreux à sa recherche p. 26

Un cartel de l’eau à Reculfoz ? De l’eau distribuée gratuitement à un consommateur du village p. 25

2 Retour sur info - Pontarlier Le Doubs sera entièrement fibré fin 2022

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

C’est parti pour la restauration des ponts-levis du fort de Joux

est en fait engagé depuis avril mais en mode ralenti pour permettre les visites. “Les maçons intervenaient sur le terrain alors que les charpentiers préparaient les éléments à changer en atelier. Certaines pièces en bois ont été remplacées par du métal pour une plus longue durabilité. C’est le cas notamment pour la structure sup- portant le tablier du pont dormant” , détaille la directrice. Les visites de chantier ont lieu tous les 15 jours. Tout se passe bien. Dans les délais. Des visites régulières sont organisées en compagnie des mécènes nationaux ou locaux qui soutiennent cette opération. Le montant du projet s’élève à 1 million d’euros et la part des financeurs privés représente environ 20 %. “C’est conforme aux prévisions. Il y a toujours une souscription publique en cours” , rap- pelle Laurène Mansuy. n

L a saison touristique au château de Joux a été écourtée de deux mois et demi pour permettre aux équipes de rénovation du patrimoine d’intervenir sur

les deux ponts-levis qui permettent d’ac- céder à la partie la plus ancienne du château en passant par la porte d’honneur. Laquelle est aujourd’hui cachée par les échafau- dages. “Les deux ponts-levis vont être rénovés entièrement. Cela suppose notam- ment de reprendre les mécanismes de levage avec les contrepoids. On peut presque parler de prouesse technique” , indique Laurène Mansuy, la directrice du château. Tous les corps d’État sont mobi- lisés : maçonnerie, charpente, métallerie, menuiserie, ferronnerie, électricité. La C.C.G.P. a confié la maîtrise d’ouvrage du projet à l’agence Archipat spécialisée dans la rénovation du patrimoine. Le chantier

L e Doubs est en passe de réaliser son challenge, à savoir fibrer l’ensemble de son territoire d’ici la fin 2022, soit 120 000 prises. Actuel- lement, 83 000 prises ont été déployées pour 36 000 abonnés, soit un taux de pénétration de la fibre d’environ 44%. La qualité et la péren- nité du réseau “sont devenues des sujets primordiaux” indique la société Altitude Infra qui a remporté l’affer- mage pour une période de 15 ans. Cette société est désormais chargée de gérer, exploiter, maintenir et com- mercialiser le réseau départemental fibre à destination des entreprises, sites publics et particuliers du Doubs. Elle a inauguré de nouveaux bureaux à Besançon et Valdahon avec 14 emplois à la clé et le pilotage de 850 salariés sous-traitants. La Presse Pontissalienne a déjà consacré de nombreux articles à l’ar- rivée de la fibre qui permet le télé- travail, la télémédecine…, une arrivée qui coïncide - parfois - à des pannes

sur le réseau. Ceci n’est pas le fait du syndicat Très Haut Débit qui a livré un réseau neuf, ni de l’exploitant Altitude Infra, mais des intervenants des opérateurs qui n’ont pas respecté le process industriel. Aujourd’hui, le “fermier” nommé “Dioptic by Altitude Infra” veut “prévenir, contrôler et être coercitif” annonce Ilham Dejaïch- Mezouar, directrice générale d’Altitude Infra T.H.D. Pour limiter par exemple les incursions anarchiques sur le réseau, le fermier imagine de placer sous vidéosurveillance certains locaux techniques et demande un “roman- photo” lorsqu’un sous-traitant inter- vient sur le réseau. “Les effets seront visibles d’ici un ou deux ans” annonce Tony Cavelier, le directeur général d’Altitude Infra Exploitation. Le Syn- dicat mixte Doubs Très Haut Débit va percevoir une part des recettes du réseau sous forme de redevances pour continuer à financer les inves- tissements de celui-ci soit environ 119 millions d’euros sur 15 ans. n

Une structure métallique est instal- lée sous le tablier du pont dormant.

Primes, revalorisation : qu’ont réellement gagné les 1 300 agents de l’hôpital ?

D u côté des ressources humaines de l’hôpital de Pontarlier, on ne chôme pas. Entre les annonces gouvernementales qui se succèdent et des décrets qui tardent à être publiés, le Centre hospitalier de Haute Comté jongle et anticipe le budget 2022 à vue. Il a projeté une enveloppe supplémentaire pour pren- dre en compte les nouvelles annonces dont les contours ne sont pas encore connus. Outre les 183 euros par mois sup- plémentaires liés au Ségur de la santé, des valorisations d’une centaine d’euros (en moyenne) doivent arriver en fonction de l’ancienneté et de l’échelon de chacun. Alors que les agents de la partie sanitaire de l’hôpital de Pontarlier ont touché les 183 euros du Ségur depuis fin 2020, une partie des 1 300 ont été “oubliés”. C’est ainsi que le Ségur 1 bis a pallié cet “oubli”. Ainsi, tous les agents du foyer d’accueil de Nozeroy, du centre d’addictologie, du

service de soins à domicile de Levier et Pontarlier, ont obtenu une prime de reva- lorisation temporaire de 183 euros depuis juin dernier. Depuis le 1 er octobre, le Ségur 2 permet une revalorisation des grilles indiciaires des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture. Ces derniers passent auto- matiquement de la catégorie C à B. L’aug- mentation est donc mécanique. Au total pour l’hôpital de Pontarlier, 290 personnes sont concernées par cette revalorisation de leur grille. Encore une fois, l’ancienneté joue un rôle. 315 soignants que sont les infirmiers, cadres de santé, kinés, ergothérapeutes, infirmiers anesthésistes, manipulateurs radio, psychomotriciens… bénéficieront d’une revalorisation en rapport avec leur échelon. Ces augmentations peuvent varier de 4 euros par mois à 120 euros, augmen- tation qui vient plus du Ségur 1.

Au total, ce sont près de 605 dossiers qui doivent être repris un par un pour ajuster l’ancienneté à la revalorisation des grilles indiciaires. Enfin, 545 personnes composées des agents de services hospitaliers (A.S.H.), personnel de la logistique, de l’adminis- tration, doivent recevoir une prime indexée sur le régime indemnitaire. Le montant n’est pas encore connu. n Les agents du centre hospitalier intercommunal de Haute Comté en plus des 183 euros du Ségur, pourront bénéficier (selon l’ancienneté) d’une moyenne de 100 euros de plus par mois. Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser A collaboré à ce numéro : Claire Gaillard. Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Mise en page et conception pubs : Alexandra Tattu, Noémie Rognon. est éditée par la société “Publipresse Médias” Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

Inauguration des locaux de l’entreprise Dioptic, chargée de gérer, exploiter, maintenir et commercialiser le réseau fibre.

“N ous sommes tous responsa- bles de tout, et de tous devant tous, et moi plus que tous les autres.” Cette affirmation du philosophe français Emmanuel Lévi- nas, les membres de la Commission indé- pendante sur les abus sexuels dans l’Église en font fait un des préambules de l’énorme rapport que cette dernière a rendu récem- ment, qui a fait l’effet d’une bombe au sein de l’Église catholique française et au-delà, dans toute la société. On savait de longue date le problème latent et les soupçons lancinants. On connaît aujourd’hui l’ampleur des dégâts provo- qués au fil des décennies par des hommes d’Église croyant posséder sur certaines de leurs ouailles les pleins pouvoirs. Les défenseurs de l’indéfendable rétorqueront que les violences sexuelles dans l’Église Éditorial Déflagration

Comme le secret médical a ses exceptions quand la situation met la vie d’un patient en danger, les confessions d’un pénitent ne peuvent rester enfermées dans l’obs- curité d’un confessionnal quand ces aveux privés concernent la mise en danger d’un mineur. Le droit le prévoit, et toute la hiérarchie catholique devrait le confirmer. On doit en même temps reconnaître à l’Église d’avoir initié elle-même ce fas- tidieux travail d’enquête. Maintenant que le premier pas est engagé, et quand les débris du rapport de la commission Sauvé seront retombés après la défla- gration qu’il a provoquée, il sera néces- saire que l’Église catholique française réaffirme clairement ses positions et prenne les dispositions nécessaires pour qu’au moins, dans ce cercle d’épanouis- sement personnel qu’est censée encou- rager la pratique religieuse, ne se noue plus aucun drame silencieux comme il y en a eu tant dans le passé. n Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

arrivent loin derrière celles commises au sein de la cellule familiale et ils auront raison de souligner cette nuance. Cepen- dant, elle ne justifie évidemment d’aucune manière les circonstances atténuantes que certains voudraient trouver à ces prê- tres prédateurs arguant que la respon- sabilité des parents gardant le silence serait tout autant engagée et délesterait les hommes d’Église d’une partie du poids de l’abjection. Le sujet ne fait pas débat. Le rapport de la C.I.A.S.E.met en lumière, au terme d’un travail de fourmi dont l’in- tégrité ne saurait être remise en cause par qui que ce soit, la totale responsabilité de la hiérarchie catholique dans ces mil- liers de drames humains qui se sont noués au fil des décennies, enfouis sous une chape de silence, de honte et d’hypocrisie. Il y a encore des résistances au fait que le secret de la confession soit indétrônable et ne pourrait souffrir d’exceptions. Ces résistances-là ne sont plus tenables.

équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.

Crédits photos : La Presse Pontissalienne, F. Cahez, F.D.C. 25, E. Juppeaux, B. Outrey, A. Poncet, Séquane, J.-C. Uzzeni.

Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Novembre 2021 Commission paritaire : 0222 D 79291

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4A rue de Besançon 25300 DOUBS pontarlier@stephaneplazaimmobilier.com

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4 L’interview du mois

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

ÉCONOMIE

L’inclusion des personnes en situation de handicap

“Savoir que les personnes handicapées regagnent leur foyer avec fierté, c’est ce qui me fait avancer” À Anteuil, Bernard Streit

mise à jour des coordonnées des clients du Crédit Agricole que nous remercions pour sa confiance, de l’entreprise Randstad, Auto J.M., etc. L.P.P. : Dans cet espace qui abrite des bureaux pour les téléconseillers, une micro-crèche a ouvert le 23 août dernier. Elle ne ressemble pas à toutes les autres. B.S. : “La Compagnie d’Arthur” possède une capacité de dix places dont un tiers est réservé à l’accueil d’enfants en situation de handicap. Dans les effectifs de la micro-crèche, une per- sonne en situation de handicap est embauchée en C.D.D. tremplin. L.P.P. : Tout ceci est fait à titre privé alors que la gestion du handicap est une question de société. Pourquoi le cabinet du président de la République vous a-t-il demandé de présenter votre association à l’Élysée ? B.S. : Je suis allé présenter ce que nous faisions. Je ne voulais pas y aller avant de savoir si notre concept pouvait fonc- tionner : je préfère l’action à la parole. Plus vite nous aurons fini notre projet à Anteuil, plus vite on pourra le dupli- quer ailleurs en France. Je me fais l’ambassadeur de ce projet pour trouver des dons grâce à mon carnet d’adresses et solliciter la générosité car nous aurons besoin à terme d’argent pour mener à bien tous ces projets. Avec moi, j’ai deux personnes qui travail- laient à mes côtés à Delfingen qui ont décidé de me suivre dans l’aventure : Anaïs Denis et Magali Postif qui pour- suivront le travail car elles ont lamême fibre que moi et ma femme pour l’hu- main. Si on avait l’argent, on pourrait créer 3 000 à 4 000 emplois rapide- ment. L.P.P. : Une salariée que j’ai rencontréem’indique avoir retrouvé le goût à la vie depuis qu’elle a intégré un job de téléconseillère et qu’elle profite des services de l’association. Elle souffre d’un handicap invisible. Ce message vous fait-il chaud au cœur ? B.S. : Évidemment (N.D.L.R. : il paraît ému). Ces personnes qui souffrent d’un handicap sont parfois traitées de pares- seuses dans leur village parce qu’elles ne travaillent pas. Leur permettre de retrouver une vie normale en adaptant leur poste, voilà notre force. Savoir qu’elles regagnent leur foyer avec fierté, c’est ce qui me fait avancer. L.P.P. : Qu’un grand patron, certes retraité, dise cela, peut paraître paradoxal ! B.S. : On vit dans unmonde très égoïste dans lequel la mondialisation a créé une misère. Ma philosophie est la sui- vante : les linceuls n’ont pas de poche. À quoi bon accumuler ! La société a fait de chaque citoyen un consomma- teur. Les angoisses de la vie sont soi- gnées aujourd’hui avec une belle voi- ture, demain avec une montre plus chère que celle du voisin. Un certain nombre de personnes veulent un salaire décent pour vivre mais veulent aussi donner du sens à leur vie. On sent que la jeunesse est attentive à ce message donc je ne désespère pas ! Je prends l’exemple des médecins : ceux que nous cherchons auront peut-être envie de s’engager avec nous car ils partagent nos mêmes valeurs…

S a générosité, il la tient peut- être de Michèle, sa maman, une femme au grand cœur capable de refuser une glace à ses enfants pour offrir de l’argent à un mendiant. Dit comme cela, la vie de Bernard Streit pourrait ressembler à un conte, lui l’enfant d’un couple d’im- migrés suisses du canton de Bern arrivé sans le sou àAnteuil au début du XX ème siècle pour cultiver la terre. La suite, faite de travail, d’intelligence, de vision, de risques, a fait du nom Streit une référence dans le monde de l’industrie automobile mondiale. Bernard, l’un des fils, âgé aujourd’hui de 69 ans, est celui qui a fait de l’en- treprise Delfingen - fondée par son père Émile en 1954 - une multinatio- nale dans le domaine de l’automobile tout en gardant un fondement familial : l’humanisme. L’équipementier dont le siège est basé à Anteuil emploie 3 700 personnes dans le monde. Il est coté en Bourse, pèse 242 millions d’euros de chiffre d’affaires. Retraité depuis 2018, Ber- nard Streit a transmis à son fils Gérald la présidence. Retiré du monde des affaires, il déploie aujourd’hui avec sa femme Françoise toute son énergie pour donner la chance aux personnes handicapées de travailler, de s’intégrer, de se soigner, de se loger, de se divertir, en milieu rural. Pour cela, il a fondé l’association Phi- lippe Streit du nom de son frère, han- dicapé mental, décédé en 2017. Dans un bâtiment qu’il a racheté à la société Delfingen avec son argent personnel et celui de son frère, il bâtit un monde solidaire qui n’a rien d’utopique. Cela lui a valu un rendez-vous à l’Élysée, avec le directeur de cabinet du prési- dent de la République. Discret, humble et travailleur, l’homme qui préfère l’action à la lumière explique le rôle de son association qui pourrait essaimer partout en France ce concept novateur. L’Action Philippe Streit doit relever un défi : trouver des mécènes pour por- ter un projet évalué à 8millions d’euros, multinationale (à la retraite) est-il en passe de réussir ce pari fou d’employer 230 personnes handicapées d’ici 2023 ? et ses équipes bâtissent un écosystème où les travailleurs handicapés peuvent travailler, se soigner, se loger. Le but : qu’ils deviennent des contribuables comme les autres. Pourquoi et comment ce “grand” patron d’une

Françoise et Bernard Streit entourés d’Anaïs Denis et Magali Postif (à droite), dans les locaux d’Action Philippe Streit.

posons d’appartements à Sancey, Cler- val. On les transporte matin et soir à leur bureau si elles ne peuvent pas se déplacer, on les aide à se soigner en leur proposant des soins par des pro- fessionnels de santé que l’association prend en charge comme des sessions d’activités physiques adaptées, une séance de kiné par semaine, des séances d’hypnose thérapeutique, et bientôt des séances de balnéothérapie car nous allons construire un bassin dans un futur pôle médico-sportif qui sera ouvert à tous. On espère accueillir deux médecins. Tout cela est payé par l’as- sociation. Les salariés n’ont ainsi pas besoin de se rendre à Montbéliard ou ailleurs pour se faire soigner. Le temps de soin peut se faire pendant les heures de travail. On va créer une cantine qui sera confiée à une société qui emploie des personnes intellectuellement défi- cientes, puis de la culture avec la créa- tion d’une salle de spectacle (3,2 mil- lions d’euros) qui sera ouverte aux habitants. L.P.P. : Une entreprise, Vipp et Philippe, vous a fait confiance dès le début de l’aventure en 2018. Parlez-nous en ? Que fait-elle ici ? B.S. : J’ai rencontré Charles-Emmanuel Berc qui partage notre philosophie. Il nous a mis le pied à l’étrier et je le remercie pour sa confiance. Vipp et Philippe, spécialisée dans la relation clients, travaille notamment pour Le Bon Coin. Ce sont les salariés d’Anteuil qui répondent par exemple à 80 000 mails par mois du Bon Coin,mais aussi à la prise de rendez-vous de l’entreprise Diagnostic Immo, qui travaille à la

médicaux de Philippe à mes rendez-vous internationaux.

dont 2,5 millions d’euros ont déjà été apportés par la famille Streit pour l’achat du bâtiment et l’apport de ser- vices aux handicapés. La Presse Pontissalienne : Vous avez fait valoir vos droits à la retraite. Pourtant, vous êtes toujours aussi actif, à 69 ans. Pourquoi s’échi- ner ? Pour quelle cause ? Bernard Streit (président de l’association Action Philippe Streit) : L’activité, ça aide à vivre (il sourit). Lorsque l’on a été durant cinquante ans hyperactif, je me voyais mal passer de la chaise au canapé, et du canapé au jardin. Dans mes missions, j’ai toujours pensé au bien commun. L’idée d’agir dans le domaine du handicap est venue parce que notre entreprise a été marquée par celui-ci.Mon père était agriculteur, il a créé l’entreprise pour permettre à sa sœur atteinte de la polio de travailler. Ensuite, mon frère aîné Philippe est né handicapé. Il n’a jamais pu lire ni écrire mais a collaboré au sein de l’en- tité. En créant cette association pour aider les personnes handicapées, c’est pour Françoise, ma femme, et pour moi une façon de redonner de notre expérience, de notre savoir-faire, de notre argent, à la société parce qu’on a la chance de vivre en bonne santé. Avec mon frère Philippe, nous avions une forte res- semblance physique, un lien très fort. Il m’a construit… L.P.P. : C’est à son décès que débute votre croisade pour la solidarité ? B.S. : Le destin a voulu que Philippe parte avant moi à la suite d’un cancer. Je l’ai accompagné durant trois ans en privilégiant tous les rendez-vous

Quelques mois avant son décès, je lui ai demandé ce qu’il vou- lait faire de son argent (Bernard et Françoise avaient acheté en viager la maison de Philippe afin qu’il possède un logement et un héri- tage au cas où son frère cadet décède avant lui). Philippe m’a dit : je veux tout donner à des gens comme moi. On avait déjà l’habitude de s’occuper des plus faibles, mais là, c’était le début de l’histoire… L.P.P. : Justement, quelle est cette histoire ? Quel est le principe de l’association Action Philippe Streit ? B.S. : Avec l’argent de Philippe - et d’un apport personnel de Bernard et Fran- çoise Streit -, nous avons acheté en 2018 un bâtiment et lancé des travaux àAnteuil (environ 2,5 millions d’euros) pour créer un écosystème en faveur des personnes handicapées afin qu’elles puissent intégrer un univers adapté. Aujourd’hui, 80 collaborateurs travail- lent dans nos locaux dont 75 % sont des personnes en situation de handicap disposant d’une R.Q.T.H. (reconnais- sance de travailleur handicapé). Je veux faire de chaque personne handi- capée un contribuable. L’association trouve du travail et un logement si besoin à ces personnes car nous dis- “Les linceuls n’ont pas de poche. À quoi bon accumuler !”

L.P.P. : Votre frère peut être fier de vous. B.S. : Je pense (silence). n

Propos recueillis par E.Ch.

Renseignements : actionphilippestreit.fr

Société 5

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SOCIAL

Les démissions s’enchaînent A.D.A.P.E.I. : les oubliés du Ségur de la santé

La grande majorité des 2 000 salariés de l’A.D.A.P.E.I. du Doubs sont exclus des mesures de revalorisation des salaires issues du Ségur de la santé. Résultat : la pénurie d’emplois va s’aggraver.

R ien que dans les structures de l’A.D.A.P.E.I. du Doubs, 72 offres d’emploi sont actuelle- ment à pourvoir. Et la situation ne risque pas de s’améliorer. “C’est une pénurie inédite de personnel. Sur le plan national, 65 000 postes ne sont pas pourvus au sein du secteur médico- social. À l’échelle régionale, 370 postes sont vacants et dans les structures du Doubs, 72 offres d’emploi ne trouvent pas preneurs” résume José Gomès, le président de l’A.D.A.P.E.I. du Doubs qui emploie au total 2 000 salariés et accompagne 3 600 personnes en situa- tion de handicap. Le manque d’attractivité des métiers du médico-social n’est pas nouveau. Ce qui l’est en revanche, c’est l’écart qui se creuse entre les professionnels de nombreuses structures de l’A.D.A.P.E.I. et d’autres qui travaillent à l’hôpital et en E.H.P.A.D. depuis ce fameux Ségur de la santé signé l’an dernier à l’échelle nationale et qui a contribué à revaloriser les profession- nels de santé qui ont tous vu gonfler leurs fiches de paie de 183 euros nets mensuels. “Ces revalorisations concer- nent donc les personnes des hôpitaux,

des E.H.P.A.D. et les aides à domicile ont été également revalorisées derniè- rement. Seuls les professionnels qui s’occupent des personnes en situation de handicap dans nos structures du secteur privé non lucratif ne sont pas concernés. Nous avons été oubliés” syn- thétise Franck Aigubelle, le directeur général de l’A.D.A.P.E.I. du Doubs. Aujourd’hui, une infirmière recrutée à l’hôpital gagne 500 euros de plus par mois comparé à son homologue qui travaille dans une structure A.D.A.P.E.I. “Comment espérer recruter dans ces conditions ?” interroge José

Franck Aigubelle, directeur général, José Gomès,

président et Nicole Gauthier,

Gomès. L’union nationale des A.D.A.P.E.I. a lancé une pétition sur la plate- forme “Change.org” afin de faire pression sur le gouvernement au moment où démarrent les discussions sur le projet budget de la Sécurité Sociale. “Nous souhaitons une revalorisation équi- valente de 183 euros nets mensuels pour tous nos professionnels. À peine 15 % de nos personnels

administratrice de l’A.D.A.P.E.I. du Doubs.

“À métier égal, il est normal d’avoir un salaire égal.”

Ségur à l’ensemble des professionnels concernés dans ces filières socio-édu- catives et paramédicales serait de 3,5 millions d’euros par an pour l’A.D.A.P.E.I. du Doubs, une somme évidemment qu’elle ne pourrait pas assumer seule. “C’e st aussi une question de dignité pour les personnes en situa- tion de handicap car cette pénurie de main-d’œuvre leur est évidemment pré-

judiciable” complète Nicole Gauthier, administratrice de l’A.D.A.P.E.I. Depuis le premier semestre 2021, 45 % des départs de l’A.D.A.P.E.I. sont des démissions de personnels qui préfèrent rejoindre des établissements inclus dans le périmètre du Ségur de la santé. L’A.D.A.P.E.I. du Doubs tire la sonnette d’alarme. n J.-F.H.

doivent être concernés par ce coup de pouce à partir de janvier prochain. Ce sont essentiellement les infirmières et aides-soignantes du secteur enfance- adolescence financé par l’assurance- maladie, mais des centaines d’autres sont exclus du dispositif, nous dénonçons cette iniquité.Àmétier égal, il est normal d’avoir un salaire égal” ajoute le direc- teur général. Le coût de l’extension du

LiQueurDe Sapin Les fêtes de fin d ’année arrivent à grand pas, la distillerie les Fils d ’Emile Pernot se met au vert avec sa traditionnelle

C omme disait le Cousin Florentin, inventeur de la Grande Liqueur de Sapin : “J’ai cent ans, j’ai tout vu, je connais tout, pour moi rien ne vaut la Grande Liqueur de Sapin des Monts Jura. Depuis que je la bois je me sens rajeunir,mes forces deviennent plus vives et je vivrai je crois, DEUX SIECLES !!!” Pour les fêtes de fin d’année, retrouvez la liqueur de sapin sous toutes ses formes à la distillerie les Fils d’Emile Pernot pour faire plaisir à vos proches ! Une idée cadeau ? Une liqueur de sapin en forme de sapin, des bonbons au sapin, du sirop de sapin, une liqueur

de sapin avec une branche soigneuse- ment sélectionnée, une liqueur de sapin traditionnelle ou encore une liqueur de sapin vieillie en fût de chêne ! De quoi satisfaire petits et grands ! La liqueur de sapin est un art qui suit un protocole en 2 étapes complexes. Tout d’abord une distillation de 24 plantes minutieusement sélectionnées et une macération de bourgeons de sapin et de sucre. La distillerie produit 10 000 litres de liqueur de sapin par an. Ces dernières années, un marché s’est ouvert à l’international porté par la mode du Cocktail. n

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6 L’ÉVÉNEMENT

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L’ÉGLISE CATHOLIQUE ENTRE HONTE ET REPENTANCE

l Religion Environ 3 000 agresseurs Le rapport qui fait honte à l’Église Pour la première fois depuis que les enquêtes d’opinion existent, le nombre de croyants déclarés serait désormais inférieur au nombre de ceux qui ne croient pas en Dieu. Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (C.I.A.S.E.) paru récemment arrive comme une nouvelle déflagration pour la hiérarchie catholique. Comment réagit-on dans le milieu ecclésiastique bisontin, et quelles conséquences faut-il craindre à long terme ?

violences sexuelles sur mineurs a donc été perpétrée dans le cadre familial ou amical, et enfin, 0,36 % dans les colonies et camps de vacances, 0,34 % dans le cadre de l’école publique, 0,28 % dans les clubs de sport et 0,17 % dans le cadre d’activités culturelles et artis- tiques. L’Église catholique est ainsi, hors les cercles familiaux et amicaux, le milieu dans lequel la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée. Quant au nombre de clercs et religieux agresseurs sur l’ensemble de la période considérée, la commission Sauvé l’es- time “entre 2 900 et 3 200.” L’état des lieux ainsi dressé révèle donc que le phénomène des violences sexuelles dans l’Église catholique en France de 1950 à nos jours est massif, en diminution dans le temps mais toujours présent, qu’il repose sur des méca- nismes pluriels, clairement identifiés, et présentant un caractère systémique. “Le traumatisme des victimes est aggravé par la qualité des auteurs. Une institution Église qui n’a pas pris la défense des victimes. Un droit canonique gravement défaillant. Et des obligations juridiques encore trop peu connues et respectées” conclut le rapport. Le diocèse de Besançon a mis en place une cellule d’écoute pour les victimes qui souhaiteraient aujourd’hui témoi- gner. Elle est joignable au 06 44 14 22 88 ou via le site Internet du diocèse (diocese-besancon.fr). n J.-F.H.

Dans le diocèse de Besançon, une quarantaine de victimes d’abus sexuels auraient été recensées. Un chiffre qui paraît bien maigre par rapport aux 330 000 victimes pointées à l’échelle nationale par le rapport Sauvé.

d’entre eux, nés entre 1933 et 1954. “Ces entretiens permettent aussi de connaître le regard porté par ces agres- seurs sur leurs propres actes, entre (fré- quente) minimisation, dénégation et (rare) reconnaissance pleine et entière” poursuit la commission. La commission s’est également attachée à situer ces violences, très élevées en valeur absolue, dans le contexte général des violences sexuelles commises dans notre société. Car des violences sexuelles également massives se sont produites à l’échelle de la société fran-

reçues, l’apanage des seuls clercs, reli- gieux et religieuses : sur la période étudiée, ils sont certes responsables de 65,4 % des agressions au sein de l’Église, mais les laïcs sont, quant à eux, à l’origine de 34,6 % des agressions, soit plus d’un tiers. Dès lors que des adultes sont en contact avec des mineurs, le risque existe, dans l’Église catholique comme ailleurs, que se pro- duisent des abus de pouvoir, d’autorité ou de confiance débouchant sur des agressions sexuelles. Il est aussi pro- bable que, dans le temps, du fait notam- ment de la réduction du nombre de clercs et de religieux et de la montée en responsabilité des laïcs, la part des victimes de laïcs dans l’Église catho- lique soit en augmentation. Les modalités de la prise de parole et de la sortie du silence des personnes victimes, telles qu’elles les ont relatées auprès de la commission, montrent combien ce processus est long, semé d’obstacles, et trop rarement suivi d’une correcte prise en compte par l’entourage ou par les institutions. La commission a également mené une analyse des parcours de vie des agres- seurs, à partir des quelque 2 000 cas examinés dans les archives des diocèses et instituts ainsi que des entretiens menés au printemps 2021 avec onze

A près plus de deux ans et demi d’enquête et un consciencieux travail de fourmi, la commis- sion indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (C.I.A.S.E.) a rendu son verdict glaçant : elle estime à 330 000 victimes mineures de personnes en lien avec l’Église, dont 216 000 victimes de clercs, religieux et religieuses, commis entre 1950 et 2020. Deux tiers d’entre elles ont donc été commises par des clercs, reli- gieux ou religieuses. “Les effectifs consi- dérables de personnes ayant ainsi été agressées, alors qu’elles étaient mineures, sont à la fois saisissants et consternants” concède le rapport. Ces victimes ont été estimées à une qua- rantaine dans notre diocèse. D’où vient ce chiffre local ? “Ce n’est pas une pro- jection statistique, mais est un chiffre minimal qui nous est remonté par les signalements que nous avons eus, on peut penser que toutes les victimes n’ont pas témoigné” commente le service dio- césain pour tenter d’expliquer ce chiffre apparemment sous-estimé, d’autant

que le rapport Sauvé précise bien que la carte des diocèses d’incardination des auteurs de violences fait apparaître en premier lieux, “les diocèses à l’ouest de la Mayenne, ceux du Nord, d’Alsace, de la Moselle, de Besançon et le diocèse de Lyon qui constituent un arc de catho- licité d’où sont originaires un nombre important d’auteurs de violences sexuelles.” “Ces 330 000 infractions auraient été commises par des membres du clergé catholique (prêtres, diacres), religieux et religieuses, mais aussi par des per- sonnes laïques, hommes ou femmes, travaillant dans un établissement sco- laire de l’enseignement catholique ou un internat catholique, s’occupant du catéchisme ou d’une aumônerie catho- lique, ou animant des patronages, camps de vacances ou des mouvements de jeunesse catholiques (scouts, action catholique, autres mouvements…)” prend soin de préciser la commission. De ces données, il résulte d’abord que les violences sexuelles dans l’Église ne sont pas, contrairement aux idées

çaise : 14,5 % des femmes et 6,4 % des hommes, soit environ 5,5 millions de Fran- çais(e)s, ont subi pen- dant leur minorité de telles violences. Les violences commises par des clercs, des reli- gieux et des reli- gieuses représentent donc un peu moins de 4 % de ce total. Celles commises par des per- sonnes en lien avec l’Église catholique (y compris des laïcs) représentent 6 % de ce total. La grande majorité (à 90 %) des

“Le traumatisme des victimes est aggravé par la qualité des auteurs.”

L’événement 7

M. DANSO Voyant Medium

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

l Réaction L’archevêque de Besançon “Il y a eu une forme de déviance, voire de perversité de certains religieux” À la tête du diocèse, l’archevêque de Besançon Monseigneur Jean-Luc Bouilleret commente

Voyant Danso est capable de résoudre tout vos problèmes mêmes les cas les plus desespérés, DPRXU FKDQFH FRPPHUFH FRQŧLWV IDPLOLDX[ 7UDYDLO FRQŦGHQWLHO HIŦFDFH HW JDUDQWLH 3OXV GłLQIRUPDWLRQ VXU OH VLWH www.spiritueldanso.com

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L a Presse Pontissalienne : Que res- sentez-vous suite à la publication de ce rapport de la commission indé- pendante sur les abus sexuels dans l’Église (C.I.A.S.E.) ? M gr Jean-Luc Bouilleret : Je ressens un grand choc. L’ampleur du chiffre des victimes me consterne, il m’interroge aussi. C’est évidemment vers ces vic- times qu’on se tourne en priorité. L.P.P. : Envisagez-vous de démissionner ? M gr J.-L.B. : À ce jour, je n’ai pas l’intention de démissionner. Cette interpellation de certains à entraîner notre démission devait évidemment être débattue à Lourdes début novembre à l’occasion de la prochaine Conférence des évêques de France, mais cette question d’une éventuelle démission n’est pas à l’ordre du jour. J’étais en visite pastorale récemment sur le diocèse et je n’ai pas du tout senti cette demande de la part des fidèles. L.P.P. : L’Église a-t-elle mis trop de temps à réagir sur cette question ? M gr J.-L.B. : Oui, nous avons mis trop de temps à réagir, bien que nous n’ayons pas attendu ce rapport pour le faire. Nous avons pris des mesures à partir des années 2000 mais il est clair que l’attention aux victimes a mis trop de temps à se mettre en place. Au sein du diocèse de Besançon, nous avons une cellule d’écoute depuis 2016. Les l’actualité tourmentée de l’Église depuis la parution du rapport-choc de la commission sur les abus sexuels dans l’Église. A près un admirable travail (rappe- lons tout de même que c’est l’Église qui a demandé cette enquête) ayant donné lieu à un rapport de plus de 500 pages, sans compter les annexes, la C.I.A.S.E. a donné quelques pistes de réflexion en guise de conclusion. “Les effets de la libération de la parole, dont on a dit combien ils relevaient du temps long, vont continuer à mettre au jour d’autres faits, d’autres souffrances et d’autres responsabilités” note la com- mission, précisant bien que c’est bien à l’Église elle-même qu’il reviendra à for- muler des propositions. Plusieurs prolongements des travaux de la C.I.A.S.E. vont pouvoir se déployer dans les mois et années à venir. En pre- mier lieu, les riches matériaux utilisés par la commission pour nourrir son rapport vont, sitôt sa mission achevée, être

cela, le secret de la confession est justifié et personne n’a l’intention de le lever. Il reste bien sûr cette vraie question concernant les mineurs. L’ampleur des violences et agressions sexuelles sur mineurs impose bien sûr à l’Église de relire ses pratiques sur ce point. L.P.P. : Quelles suites l’Église de France va-t- elle donner à ce rapport Sauvé ? M gr J.-L.B. : La prochaine Conférences des évêques de France qui se tient du 3 au 8 novembre à Lourdes va évidem- ment traiter de cette question et voir, des 45 recommandations émises par la C.I.A.S.E., lesquelles il faut adopter en priorité. Sachant que je le répète : depuis les années 2000, nous avons travaillé fortement sur cette question et qu’on a mis les victimes au cœur de nos réflexions. Ces victimes sont des gens écorchés, souvent blessés, parfois détruits. C’est à elles qu’il faut penser pour choisir en priorité les recomman- dations prioritaires que nous devons mettre en place. L.P.P. : On reparle régulièrement de la question du célibat des prêtres dans ce débat sur la sexualité. Quelle est votre position ? M gr J.-L.B. : Cette question des abus sexuels n’est pas liée à celle dumariage si on considère, encore une fois, que 80 % de ces abus s’exercent dans la sphère familiale. Il n’y a aucun lien strict entre célibat et pédophilie et la question de la sexualité concerne tout le monde, célibataire ou marié. L’évo- lution de l’Église fera peut-être qu’un jour elle pourra appeler comme prêtres des hommes mariés. Cela existe déjà dans l’Église catholique d’Orient. Nos frères protestants ont les mêmes dif- ficultés que nous à trouver des pasteurs. Si l’Église décide de lever le lien entre prêtrise et célibat, alors on s’adaptera ! L.P.P. : Cette affaire aura-t-elle aussi des réper- cussions sur le plan des vocations ? M gr J.-L.B. : Il est sans doute trop tôt pour le dire. Depuis mon arrivée dans le diocèse, j’ai déjà ordonné 8 prêtres et 7 séminaristes sont actuellement en formation. L.P.P. : Craignez-vous d’autres conséquences : fréquentation du catéchisme, des églises, sur le denier de l’Église, etc. ? M gr J.-L.B. : La baisse de la pratique reli- gieuse ou l’éloignement de la société actuelle de l’Église ne sont pas des phénomènes nouveaux. Tous les ans, nous avons par exemple une cinquan- taine de baptisés qui renoncent à leur foi et qui nous demandent d’être rayés de la liste des baptisés. Les consé- quences de ce rapport commenceront sans doute à être visibles d’ici la fin de l’année. Nous avons aussi une vraie crainte concernant le denier de l’Église, je ne le cache pas. On ne craint pas forcément des vagues de désaffection mais on sait en même temps que nous sommes dans une époque de fragilités. n Propos recueillis par J.-F.H.

bougé rapidement. Cette affaire remonte à 2004, j’avais suspendu le prêtre en question, il a été condamné et n’est plus prêtre. Avant, il fallait attendre la mise en examen avant de destituer un prêtre, c’est cela qui m’avait été reproché, et aujourd’hui, les choses ayant évolué, les demandes de démission sont plus rapides et c’est mieux ainsi. L.P.P. : Combien le rapport de la C.I.A.S.E. recense-t-il de victimes à l’échelle du diocèse de Besançon ? M gr J.-L.B. : Une quarantaine de victimes, et une vingtaine de prêtres agresseurs, dont la plupart sont aujourd’hui décé- dés car le cœur de ces affaires se situe ici entre les années cinquante et les années soixante-dix. Depuis les années 2000, nous n’avons plus recensé de cas majeurs dans notre diocèse. Depuis, une seule affaire judiciaire encore en cours s’est éteinte par le décès du prêtre incriminé. Depuis la sortie du rapport de la C.I.A.S.E., nous avons eu un nou- veau contact, mais de la part d’une victime présumée qui a souhaité garder l’anonymat. Peut-être y en a-t-il eu d’autres et qui se manifesteront suite à la sortie de ce rapport. La médiati- sation de ce rapport va peut-être enclen- cher d’autres contacts. L.P.P. : Les chiffres du rapport sont tout de même effrayants ! M gr J.-L.B. : Évidemment. Il souligne aussi qu’un tiers des personnes incri- minées ont été des laïcs. Je veux aussi redire que la société tout entière est hélas marquée par ces phénomènes d’agressions sexuelles.À l’échelle natio- nale, 5,5 millions d’adultes auraient été abusés. Ce chiffre n’enlève évidem- ment pas la responsabilité énorme de l’Église, mais je rappelle que 80 % des agressions ont lieu dans la cellule fami- liale, et 10 % dans l’entourage familial. Pour les 10 % restants, l’Église est en effet le premier cadre, avant l’école ou le sport. Il y a eu au cours des années précédentes, une forme de déviance, voire de perversité de certains religieux en lien avec le pouvoir hiérarchique et autoritaire qu’ils exerçaient sur des jeunes. L.P.P. : Le président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort qui affirmait que le secret de la confession est plus fort que les lois de la République a été sévèrement recadré par le ministre de l’In- térieur. Quel est votre point de vue sur cette question ? M gr J.-L.B. : Il y a une vraie question qui se pose autour de ce secret de la confes- sion qui a 2 000 ans d’ancienneté. D’une façon générale, le secret de la confession n’est pas remis en cause car les lois de la République le protègent justement et permettent de donner à l’absolution tout son fondement. La confession est un lieu de grande liberté où les gens savent que ce qui est dit ne sortira pas, un lieu de confiance où la conscience du pénitent est entièrement libre. En

Monseigneur Jean-Luc Bouilleret, archevêque de Besançon.

victimes prennent directement ren- dez-vous et je les reçois personnelle- ment, avec le vicaire général. L.P.P. : Combien en avez-vous reçu ? M gr J.-L.B. : J’en ai rencontré une dizaine déjà. Leurs priorités étaient d’être entendues et écoutées par la plus haute autorité religieuse de la région et c’est normal que je le fasse moi-même. Ensuite, ces victimes n’émettaient pas forcément le souhait de poursuites judiciaires, mais dans tous les cas, je fais un signalement au procureur de la République. Nous sommes d’ailleurs accompagnés d’un avocat. La règle est claire : dès qu’il y a un doute ou une présomption d’agression, nous en infor- mons le Parquet et c’est la justice qui prend le relais car nous n’avons pas l’autorité pour provoquer une enquête policière. versés aux Archives nationales, au sein du fonds des archives privées et en lien avec le département des Archives de la justice. “À cet égard, les travaux de la commission sont donc un point de départ, et non un point d’arrivée.” En second lieu, la Commission indépen- dante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (C.I.I.V.I.S.E.), dont il a été dit publiquement qu’elle avait été instituée dans un format inspiré de celui de la C.I.A.S.E. poursuivra ses travaux. Là encore, la C.I.A.S.E. aura été un point de départ. Tout au long de ces trente-deux mois d’enquête, les membres de la C.I.A.S.E. disent avoir “éprouvé au fil des mois des sentiments de révolte et même d’indi- gnation face aux fautes graves et aux dissimulations qu’ils découvraient.” Ils disent avoir “été bouleversés et aussi

L.P.P. : Quelles sont les suites en général ? M gr J.-L.B. : La plupart des faits sont anciens et donc prescrits, et les pour- suites s’arrêtent par conséquent. Mais pour un certain nombre de prêtres, nous avons pris des mesures de des- titution de leur ministère, de leur fonc- tion de prêtre. L.P.P. : Combien ? M gr J.-L.B. : Depuis que je suis arrivé à la tête de ce diocèse en 2008, une dizaine de prêtres et diacres ont ainsi été démis de leur fonction. L.P.P. :Vous aviez vous-même été mis en cause quand vous étiez évêque dans la Somme avant d’arriver à Besançon ? M gr J.-L.B. : J’avais en effet informé le Parquet d’un fait d’agression dans mon diocèse, mais le Parquet n’avait pas transformés par la rencontre et les échanges avec ces femmes et ces hommes qui avaient souffert d’agressions sexuelles et en sont le plus souvent restés blessés et meurtris. Nous avons été révoltés et nous avons dit non à l’in- tolérable, après tant de témoins et de “témoignaires” qui se sont penchés sur le douloureux dossier des violences faites à des enfants. Mais à la manière de Camus dans L’Homme révolté, en refusant, nous n’avons pas renoncé” , avant de conclure en disant : “Nous for- mons le vœu que l’Église catholique qui a eu le courage et l’audace de nous saisir puisse maintenant s’emparer de nos réflexions et de nos propositions et conduire ce travail de la manière la plus ouverte, en interaction avec ses fidèles et dans un dialogue confiant avec le reste de la société.” n

Enquête Le rapport de la C.I.A.S.E., et après ?

8 L’événement

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

l Bians-les-Usiers Paroisses des Usiers et du Saugeais “On pourrait souhaiter que d’autres institutions suivent l’exemple de l’Église” En poste depuis septembre 2020 sur les paroisses des Usiers-Arc-sous-Cicon et de Montbenoît-Gilley, le père Jean-François Baudoz, 71 ans originaire de Bannans, exerce son premier office de prêtre après avoir consacré l’essentiel de son temps à l’enseignement de la théologie. Rencontre.

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PSMPSMQSQP A EVY0T U\ :H6ZTW[\X=K>1FJ;R 8ZLW\NY \W U\ =ZY[\ 4JG2JGR 8ZLWY[L\B PSMPSMQSQP A JO[\ U\ >VI 1;2;J:9CF::FEJR L<\8 U\ LVN EDR L<\8 U H N[?\ \W U\ DX3 -K@2R I$Y\ ZN 8V0\YB PSMPSMQSQP A =ZW<[T U\ [O8Y[\U .JK@@JK;R Y\?YH9 T\XWZXW U\ ENL[\ /D22FDEFR TZXT ?YV8\TT[VXB PQMPSMQSQP A >Y[TWZX 2;J@K>R LJR [X8[YI[\Y ZX\TWR \TWR 6VNOZX3\Y \W U\ JOVU[\ KGCFJ>R ZTT[TWZXW\ LVI?9 WZ6O\B P#MPSMQSQP A K0XZ U\ CZI[\X 4;F::D@R Z3\XW U\ THLNY[WH \W U\ (ZW[R V?H9 YZW\NY U\ ?YVUNLW[VX \W U\ E[XUTZ0 .D-F7F7R LVXT\[O9 O$Y\ U\ 5\XW\B P"MPSMQSQP A JO[Z U\ /\UYV /K7KR HUNLZW\NY \W U\ E[TZ=J@J>GFJGR LR W\L>FR UHLVYZWY[L\ R ?YV8\TT\NY\ L\YW[8[H\B P"MPSMQSQP A ![\YZX U\ CVI[X[ N\ 4J7R L<\8 ? W[T9 T[\Y \W U\ .VZXXZ =D;::KEE,R ?T0L

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En poste depuis septembre 2020 sur les paroisses des Usiers et de Montbenoît, le père Jean-François Baudoz apprécie tout particulièrement le relationnel induit par sa fonction.

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État civil d’octobre 2021

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