La Presse Pontissalienne 260 - Septembre 2021

30 Frasne - Levier

La Presse Pontissalienne n°260 - Septembre 2021

NATURE

Vallée du Drugeon La migration des bécassines suivies par balises G.P.S.

Depuis 2015, la Fédération Départementale des Chasseurs du Doubs soutient financièrement, au côté du Club International des Chasseurs de Bécassines, le suivi de l’espèce. Le réseau Bécassines a pour but de récolter des informa- tions utiles à la gestion des populations de Bécassines des marais et de Bécassines sourdes qui migrent ou hivernent en France.

Même si la saison de capture 2020- 2021 a été marquée par la situation sanitaire, elle s’est 3 200 bécassines sont passées entre les mains des 150 bagueurs spécia- listes du réseau bécassines (photo D. Coreau-O.F.B.). conclue par un record : plus de

L e Doubs se situe sur la veine de migration conti- nentale,moins connue que la ligne littorale mais où les enjeux de conservation sont également importants. En concertation avec les services de l’O.F.B. (Office Français de la Biodiversité), la Vallée du Drugeon a été choisie en mars dernier comme site de capture en vue d’évaluer au mieux l’im- portance de la zone pour l’espèce

lors de son cheminement migra- toire. Initialement prévue en 2020 mais repoussée d’un an à cause de la crise sanitaire, la pose de trois balises G.P.S.-Argos a pu être réalisée sur trois individus. Plus de 200 mètres de filets ont été installés sur les zones les plus favorables initialement repérées par des chasseurs béné- voles de la Vallée et le service technique de la fédération du

Doubs. “Les trois bécassines équi- pées dans le Doubs fin mars ont toutes transmis des données de trajets migratoires et sont toutes allées en Russie : deux en Russie centrale (oblast de Vologda et oblast de Kirov), une dans le Nord de la Russie dans l’oblast des Nenets” , retrace Mickaël Mairot, technicien à la Fédéra- tion Départementale des Chas- seurs du Doubs. Les balises utilisées, d’un poids d’environ 4 grammes, sont les mêmes depuis le début du pro- gramme initié en 2017. Elles ne disposent pas de panneaux solaires mais d’une batterie. Leur autonomie permet d’obte- nir au mieux 60 à 70 localisa- tions G.P.S., transmises à dis- tance par satellite. Elles ont été programmées de manière à pou- voir identifier les dates de départs des oiseaux, le trajet prénuptial, la zone de nidifica- tion voire dans le meilleur des cas, le trajet migratoire post- nuptial : 1 localisation tous les 3,5 jours jusqu’au 1 er avril, 1 tous les 2 jours jusqu’au 15 juin,

Les autres objectifs consistent à étudier lamigration des Bécas- sines des marais séjournant en France, à identifier plus fine- ment les zones de reproduction principales de ces individus et donc les régions d’Europe où il faudrait développer ou intensi- fier le suivi des effectifs nicheurs pour mieux gérer les populations séjournant en France, en apprendre davantage sur la migration des Bécassines des marais : dates de départ, durée du voyage, parcours migratoire, sites de haltes, mais aussi de savoir quels facteurs peuvent influencer le déroulement de leur migration.

1 par semaine jusqu’au 1 er sep- tembre, 1 tous les 3,5 jours jusqu’à épuisement de la bat- terie. “Ces opérations de captures et de baguages ont pour objectif premier d’estimer les paramètres démographiques des popula-

Une telle étude est possible grâce aux progrès technolo- giques qui permettent mainte- nant d’équiper des oiseaux aussi légers avec des balises G.P.S. n M.T. En chiffres Saison 2020-2021 3 272 bécassines capturées : - 2 559 bécassines des marais - 713 bécassines sourdes - 50 départements impliqués - 231 sites de capture - 97 bagueurs actifs

tions. Le taux de survie et le succès reproducteur (via l’âge-ratio) sont notamment des paramètres clés, essentiels pour statuer sur l’état de conservation des espèces” , expliqueMickaël Mairot.

Identifier plus finement

les zones de reproduction.

Trajets empruntés par des bécassines capturées dans le Doubs et équipées de balises G.P.S./Argos.

VILLERS-SOUS-CHALAMONT Les tilleuls font à nouveau parler d’eux “Ce n’est pas à moi de décider s’il faut abattre ou non les tilleuls” Il y a treize ans, le village s’était divisé autour du destin des deux tilleuls enracinés à proximité

de la chapelle. La réfection projetée de celle-ci ravive de vieilles tensions alors que ni la commune, ni la D.R.A.C., ne semblent vouloir décider de leur sort.

L e bruissement de l’air s’engouf- frant dans les branches des deux tilleuls de Villers-sous-Chala- mont se poursuit depuis des cen- taines d’années. En 2009, c’est un vent de colère qui s’est levé dans le village, moment choisi par des habitants pour protester contre l’abattage programmé de ces mastodontes enracinés à proxi- mité de la chapelle, l’un à droite de l’entrée, l’autre à gauche. Ils ont eu gain de cause, certes, mais le village s’est divisé autour de cette question que beaucoup préfèrent aujourd’hui ne pas remettre sur le tapis. Et pour- tant. L’association pour la préservation du patrimoine communal jurassien sort de son sommeil. “Les tilleuls ont survécumais il semblerait que lamuni- cipalité prépare des manœuvres” se méfie l’un des bénévoles. Il en veut pour preuve la création d’une nouvelle association pour sauvegarder la cha- pelle “sans inviter et prévenir notre association qui avait fait classer le lieu le 6 août 2010 et les tilleuls avec. C’est très étrange” poursuit ce bénévole. Le maire Claude Courvoisier lève cette première ambiguïté. “La réponse est simple : il fallait créer une association

pour collecter des fonds et du mécénat pour permettre la rénovation future de la chapelle , explique le maire. Et en raison de la crise sanitaire, nous n’avons pas pu organiser de réunion plénière. Il n’y a donc pas de sujet”. Classé monument historique, l’édifice religieux et ses futurs travaux de réno- vation sont suivis par la direction régio- nale des affaires culturelles (D.R.A.C.). Sous l’actuel toit en tuile a été découvert un toit en tavaillon qui pourrait être l’un des plus vieux de Franche-Comté (Presse Pontissalienne de juin 2021). “La chapelle conserve la couverture en

essentes (ou tavaillons) de résineux, la plus ancienne connue de Franche-Comté (1845) sous une deuxième cou- verture de tuiles , explique la D.R.A.C. C’est tout à fait original.” Se pose donc la question de l’avenir des tilleuls. Seront-ils abattus ? “Ce n’est pas àmoi d’y répon- dre, mais à la D.R.A.C.” répond lemaire. Les tra- vaux, dont les coûts sont

La D.R.A.C., ne répond pas, faute d'éléments

Sous le toit de la chapelle a été découvert un toit en tavaillon qui pourrait être le plus vieux de Franche-Comté.

position quant à l’abattage des tilleuls. Le service de l’État nous renvoie vers la commune faute d’éléments. Bref, le sort des tilleuls risque encore de faire couler de l’encre, à défaut de faire couler la sève. n E.Ch.

estimés à 700 000 euros, doivent débu- ter à l’automne. Une souscription a été lancée auprès de la Fondation du Patrimoine pour sauver ce lieu emblé- matique, situé à environ un kilomètre du village. La D.R.A.C., justement, ne prend pas

Les tilleuls dominent la chapelle.

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