La Presse Pontissalienne 260 - Septembre 2021

28 Mouthe - région des lacs

La Presse Pontissalienne n°258 - Juillet 2021

FORÊT

Communes forestières “L’État ne doit pas laisser tomber l’O.N.F.” Le retour à l’équilibre financier de l’O.N.F. tel qu’il vient d’être validé dans le prochain contrat d’objectif et de performance 2021-2025 n’est pas sans conséquence pour les communes forestières qui se voient imposer une aug- mentation de 40 % des frais de garderie. Décision inacceptable estime Daniel Perrin, le président des communes forestières du Doubs. Explications.

L.P.P. : La crise sanitaire des forêts du grand Est n’arrange rien ! D.P. : Tout à fait. On subit déjà l’impact des insectes ravageurs sur l’épicéa, le sapin, le hêtre, le frêne. Cela représente aussi un gros préjudice économique et avec cette mesure de l’État, c’est la double peine. Face à la crise sanitaire, on a demandé aux communes forestières de réduire de 70 % leur potentiel de coupe de bois vert. L.P.P. : Soutenez-vous les syndicats d’agents de l’O.N.F. qui sont vent debout contre la réduction d’effectifs de 500 agents prévue sur cinq ans ? D.P. : Nous contestons cette aug- mentation de 40 % des frais de garderie. On souhaite que ce contrat soit repris entièrement en restant très ferme sur cette position. Rappelons que ce contrat a été soumis au Conseil d’administration de l’O.N.F. Résultat du vote : 15 voix pour et 15 voix contre. Il a finalement été approuvé grâce à la voix pré- pondérante du président de l’O.N.F. À l’exception du prési- dent, tous les membres du conseil d’administration qui ne représentaient pas l’État se sont opposés. On compte bien faire entendre notre voix lors des pro- chaines assises nationales de la forêt qui se tiendront en sep- tembre. Le ministère a annoncé le déblocage d’une somme de 100 millions d’euros pour aider la filière forestière française qui subit de plein fouet la pénurie de sciages.

“Que fait l’État par rapport à

l’O.N.F. ? ”, s’interroge Daniel Perrin, le président des

communes forestières du Doubs.

L a Presse Pontissalienne : Pourquoi une telle décision ? Daniel Perrin : Le contrat d’objectifs et de performance de l’O.N.F. vient d’être révisé. Il fixe les orientations et la ligne de conduite en présentant aussi le financement de l’Office pour les cinq prochaines années, soit de 2021 à 2025. On sait que l’O.N.F. est déficitaire de 50 à 55millions d’euros chaque année. Dans ces circonstances, l’État a décidé d’augmenter sa participation pour les missions d’intérêt géné- ral de l’O.N.F. Il s’agit par exem- ple de la gestion des îlots de sénescence, de la restauration des terres en montagne, de la protection contre les ava- lanches…C’est bien à l’État de régler ce type de prestation. L’État a également décidé que les communes forestières devaient contribuer davantage au fonctionnement de l’O.N.F. sachant qu’on y participe déjà.

On n’est pas d’accord sur ce point. L.P.P. : Comment se décline cette par- ticipation jusqu’à présent ? D.P. : Chaque commune paie des frais de garderie qui s’élèvent à 12 % de la totalité des recettes forestières. Ce pourcentage est de 10 % en zone montagne. S’ajoute à cela une autre contri- bution de 2 euros par hectare de forêt. L.P.P. : L’effort supplémentaire demandé par l’État correspond à quel montant ? D.P. : Le projet d’augmentation s’élèverait à près de 30 millions d’euros : 7,5 millions d’euros en 2023 puis 10 millions d’euros en 2024 et encore 10 millions d’euros en 2024. Cela revient à augmenter de plus de 40 % les frais de garderie. Et là, les com- munes forestières disent non.

D.P. : Plus personne n’ignore les difficultés de l’O.N.F. qui ont été confirmées par plusieurs rap- ports d’inspection générale. L’un d’eux préconisait d’ailleurs de réformer l’O.N.F. et son modèle économique mais il ne se passe rien car l’État ne bouge pas. L.P.P. : On vous sent dépité… D.P. : L’O.N.F. a en charge la ges- tion de toutes les forêts publiques françaises. La forêt

Il est toujours présent. En 2020, on a enregistré trois vagues de reproduction contre deux seu- lement en 2021. L.P.P. :Vous estimez que l’État n’assume pas ses responsabilités ? D.P. : L’État ne doit pas laisser tomber l’O.N.F. Le code forestier notifie d’ailleurs l’engagement de l’État. Dans l’article L 112- 1 on peut lire que “les forêts, bois et arbres sont placés sous la sauvegarde de la Nation sans préjudice des titres, droits et usages collectifs et particuliers. Sont reconnus d’intérêt la mise en valeur et la protection des forêts ainsi que le reboisement. Il est tenu un inventaire per- manent des ressources fores- tières de la Nation.” n Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : C’en est fini des riches com- munes forestières du Doubs ? D.P. : Dans le Doubs, 97 % des com- munes ont des recettes forestières. Une étude récente montre que sur les 145 communes du Doubs très dépendantes des recettes forestières, une centaine sont considérées à risque si la crise du scolyte venait à perdurer. L.P.P. : Existe-t-il des marges de négo- ciation avec l’État ? D.P. : L’État connaît très bien nos positions. On encourage toutes les communes à prendre des délibérations pour s’opposer à ce contrat. L.P.P. : Un mot sur la situation sani- taire ? D.P. : Cette année, le scolyte a été freiné par la pluie et le froid.

représente un élé- ment essentiel pour notre nation. Elle a un rôle éco- nomique, écolo- gique, social. On a là un patrimoine formidable avec un État incapable de financer son éta- blissement public à caractère indus- triel et commercial qu’est l’O.N.F.

“Avec cette mesure de l’État,

c’est la double peine.”

L.P.P. : Pourquoi ?

MOUTHE

1,6 million d’euros Le camping de la Source du Doubs refait à neuf

Soucieuse de proposer des solutions d’héberge- ment qui répondent aux attentes du tourisme quatre saisons, la commune investit dans la modernisation du camping municipal qui abritera notamment 10 chalets tout en conservant un espace tentes.

La commune a fait le choix d’investir dans des chalets ossature-bois haut de gamme pouvant accueillir les touristes toute l’année.

A umême titre que la Loue ou le Lison, la source du Doubs attire invariable- ment les vacanciers, en toutes saisons. Le Conseil dépar- temental a même décidé d’ins- taller un compteur pour mesurer son attractivité. La réhabilita- tion du site est engagée depuis plusieurs années sur plusieurs fronts. Elle a débuté avec la remise au goût du jour des che- minements piétonniers permet- tant d’accéder à la source ou à la tourbière voisine depuis le village. L’ancienne communauté de com- munes des Hauts du Doubs por- tait également un projet de valo- risation touristique. Elle a fait l’acquisition du chalet-restau- rant pour le rénover avant de le mettre en gérance. “Le projet n’a pas été poursuivi avec la fusion des com’com. La commune de Mouthe a repris les choses en

main” , explique Daniel Perrin, le maire de Mouthe. La collec- tivité a, par exemple, racheté le bâtiment de la P.E.P. exploité aujourd’hui par Espace Mont d’Or. Elle réfléchit au devenir du camping municipal depuis 2014. Cet équipement montrait de sérieux signes de fatigue : occu- pation anarchique, voirie pas- sablement dégradée, structures d’hébergement en dur rudimen-

Doubs. “Cela représente un effort important pour la commune qui nous oblige à reporter le projet de construction d’un bâtiment d’accueil utilisé pour le camping, la station de ski avec des locaux pour l’école de ski et une petite épicerie” , justifie Daniel Perrin. Se posera aussi tôt ou tard la question du maintien du téléski de la piste du baby qui partage en deux le camping. Un équipe- ment disgracieux qui n’est plus forcément utile à cet endroit. n F.C.

mais je pense qu’avec les 10 cha- lets, on va mettre en œuvre une délégation de service public comme on l’a fait pour les remon- tées mécaniques.” La commune deMouthe investit globalement 1,6 million d’euros dans ce projet en bénéficiant de plusieurs subventions : 100 000 euros du Conseil dépar- temental, 135 000 euros du Conseil régional, 180 000 euros au titre du F.N.A.D.T. et 5 000 euros de la com’com des Lacs et Montagnes du Haut-

tentes depuis juillet pour pouvoir accueillir les randonneurs qui font la G.T.J. Je ne sais pas si c’est le fait du Covid ou pas mais cette traversée du Jura à pied ou en V.T.T. est de plus en plus fréquentée. On tient beaucoup à conserver cette clientèle de ran- donneurs ou de campeurs. Il reste encore une quinzaine d’empla- cements pour les tentes.” Avec la rénovation du camping se pose également la question du mode de gestion. “Jusqu’à présent, on l’exploitait en direct

construction de 10 chalets ossa- ture-bois de 4 à 6 places qui sont reliés par des allées bétonnées plus faciles à déneiger en hiver.” Le chantier a débuté à l’automne 2020. Il mobilise pour l’essentiel des entreprises locales. Tous les chalets sont aujourd’hui termi- nés. Il reste à poser les sols et les éléments mobiliers : cuisine, lits…Le camping intègre aussi 20 emplacements dédiés à l’ac- cueil des camping-cars et cara- vanes. Toute la voirie a été refaite. “On a ouvert l’espace

10 nouveaux chalets à ossature- bois.

taires… “Il y avait beaucoup à redire. On a d’abord choisi de faire place nette pour s’engager dans la réalisation d’un vrai plan d’aména- gement. Ce travail a été confié au cabi- net Paillard. Le pro- jet comprend notamment la

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