La Presse Pontissalienne 259 - Août 2021

20 Dossier Spécial été

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2021

LAC SAINT-POINT

Depuis 1900

“Ici, c’est Port-Titi !” S’il ne reste plus qu’une seule famille pionnière dans ce village de pêcheurs, reflet de l’émergence de la société des loisirs dans le Haut-Doubs, Port-Titi semble encore tout imprégné de l’esprit de ses fondateurs abolissant toute notion de classe sociale au seul profit de savourer, comme on dit aujourd’hui, la destination “lac Saint-Point.”

l “C’est le paradis !”

Port-Titi, petit coin de paradis au bord du lac Saint-Point.

P our peu que le soleil soit de la partie et l’idée même d’un repor- tage matinal à Port-Titi devient la promesse d’une belle, d’une très belle rencontre dans un cadre natu- rel idyllique au cœur d’un hameau sans doute unique en son genre tant l’histoire qui préside à sa création est riche en fraternité et convivialité. Le tourisme de proximité n’existait pas encore en 1900 quand Maurice Maire- Sebille dit Titi et ses copains François Pointbœuf, César Berthet, Paul Fai- vre-Bourdin unis autour de la passion de la pêche migrent chaque week-end au lieu-dit Belle Rive. Les modes de déplacement doux n’existaient pas encore et pourtant ils effectuaient déjà le voyage à vélo. Ils dorment à la belle étoile pour être prêts à embarquer dans leurs barques le plus tôt possible et s’adonner à leur loisir favori. Le climat du Haut-Doubs les incite à ériger une cabane pompeusement bap- tisée “le château des pauvres”. L’ini- tiative prise sans autre forme de procès aboutit en 1902 à la construction de quatre maisonnettes avec, en guise d’autorisation, un simple accord verbal

passé entre les pêcheurs et le maire des Grangettes, la commune étant pro- priétaire des terrains. L’entraide est déjà de mise. La première habitation, celle de “Titi”Maire-Sebille est achevée deux ans plus tard. Ses copains décident de baptiser l’endroit Port-Titi. Une dizaine de chalets sur pilotis s’aligne rapidement sur la rive. Les façades en bois présentent, côté lac, un joli balcon qui domine le local à barques. Le petit village de pêcheurs connaît une belle affluence.Au point que César Berthet aménage une buvette à côté de son chalet en 1906. Le bar des pêcheurs est né. Lamodeste guinguette évoluera au fil du temps pour devenir un bar-restaurant très réputé pour ses fritures. “Le restaurant a été exploité jusqu’en 1981 et le bar a fermé en 1985” , explique Philippe Jacquemet, arrière- arrière-petit-fils de César Berthet et aujourd’hui président de l’association des Propriétaires et Amis de Port-Titi. En 1916, la construction du barrage d’Oye-et-Pallet entraîne une hausse du niveau du lac et la reconstruction un peu plus haut sur le coteau de Belle Rive de six des dix chalets. Les quatre

autres étant seulement surélevés. La vie suit son cours à Port-Titi, rythmée par les concours de pêche et les bons moments partagés au sein de cette petite communauté atypique. En 1954, l’instauration d’un plan d’amé- nagement départemental interdit toute nouvelle construction dans ce hameau qui en compte alors 27. Port-Titi prend son aspect définitif en 1976 lors de la mise en place du collecteur d’eaux usées ceinturant le lac. La canalisation prin- cipale passe dans le lac juste en face des maisons. Elle est protégée du gel et des fuites par un mur en béton. L’es- pace compris entre cet ouvrage et la rive a ensuite été remblayé, éloignant ainsi les pimpantes demeures du bord du lac. Port-Titi est toujours à la une des cartes postales. Au même titre que la Répu- blique du Saugeais, c’est un sujet de reportage très prisé par tous lesmédias. Pas de quoi lasser ses habitants qui acceptent volontiers les curieux et tou- ristes de passage sous réserve qu’ils respectent la propreté des lieux et la quiétude de ceux qui vivent ici. n F.C.

La famille Jacquemet est viscé- ralement attachée à Port-Titi.

L es propriétaires de résidences secondaires autour du lac Saint- Point ont parfois l’habitude d’en faire un lieu de villégiature estivale. Dans la famille Jacquemet, on pratique depuis fort longtemps cette transhu- mance. Pour les adultes, rien de mieux pour se libérer des petits tracas du quo- tidien. Pour les enfants, des vacances avant les vacances. Impossible de s’en passer pour Mathieu et Antoine, les fils de Philippe Jacque- met, qui ont grandi dans cet environ-

nement. “On passe toutes nos grandes vacances ici” , explique Mathieu. Au pro- gramme des activités : pétanque, pêche, planche à voile, baignade, sorties vélo ou V.T.T. Antoine le plus jeune de la fratrie y trouve lui aussi largement son compte. “J’ai plein d’amis à Port-Titi.” Même son de cloche pour le voisin Louis qui vient régulièrement profiter de la maison familiale, en l’occurrence l’une des quatre maisons primitives de Port-Titi. “C’est le paradis, estime-t-il tout de go. On n’ira jamais ailleurs !” n

Conçu vers 1901 à partir d’un ancien wagon du Tacot, le château des Pauvres est la première

L’automne, Port-Titi prend des allures de “petit Canada” (photo A. Mouchet).

construction de Port-Titi.

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