La Presse Pontissalienne 258 - Juillet 2021

6 L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°258 - Juillet 2021

LA CULTURE SE DÉCONFINE PROGRESSIVEMENT

Dans le Haut-Doubs comme ailleurs en France, on sent un vrai appétit de culture. Les principales manifestations culturelles de l’été dans le Haut-Doubs ne pourront pas toutes, malgré l’envie, organiser leur programmation en format “classique”. Comment les acteurs de la culture ont préparé cette saison de déconfinement.

l Stratégie Approche budgétaire Vers plus de sponsoring pour conforter la pérennitédes Nuits de Joux Stabilité des subventions, augmentation des charges, les organisateurs de festivals ou d’événement culturels doivent trouver de nouvelles sources de financement, gagner en notoriété et tendre vers la professionnalisation en termes d’organisation, de marketing. Entretien avec François Roizot, le président du C.A.H.D., l’association en charge du festival des Nuits de Joux.

Pour François Roizot, le pré- sident du C.A.H.D., les festivals doi- vent gagner en autonomie en dévelop- pant le spon- soring, le mécénat et en mutualisant les outils de promotion.

L a Presse Pontissalienne : Le temps du “chacun pour soi” semble révolu avec le concept “Les tarifs tout Doubs ? François Roizot : Le C.A.H.D. est à l’initiative de cette démarche. Un partenariat avait été établi en 2019 entre le Conifer et le festival des Nuits de Joux pour mieux se faire connaître. Les visiteurs ou spectateurs béné- ficiaient de tarifs réduits mutua- lisés. Le festival n’a pas eu lieu en 2020. Pour cet été, on étend le dispositif avec une carte à 5 euros qui permet d’avoir des prix chez douze partenaires dont onze sont situés dans le Haut- Doubs, le dernier étant la Saline d’Arc-et-Senans. On s’appuie sur le réseau des offices de tou- risme pour diffuser cette carte. L.P.P. : Comment s’organise le finan- cement du festival des Nuits de Joux ?

maintenant ou jamais. Avec la crise sanitaire, on sait que les Français partent moins à l’étran- ger. À nous d’en profiter. Si on veut grandir, il faut investir, communiquer sur un événement qui doit aussi rester une réfé- rence qualitative. Le sponsoring sous-entend de travailler de pré- férence avec les acteurs écono- miques locaux.À titre d’exemple, on sait très bien que cela nous coûterait moins cher de faire imprimer nos supports en ligne mais on reste fidèle à notre imprimeur historique. 90 % de nos achats sont faits sur place : graphisme, impression, site Internet, restauration. C’est important de renvoyer la balle. On appelle cela la réciprocité des actions. L.P.P. : La professionnalisation signifie aussi plus de charges ? F.R. : Il faut plutôt voir cela

F.R. : On a trois sources : les entrées, les subventions et le sponsoring-mécénat. Les sub- ventions sont versées par la com- mune de Pontarlier, la C.C.G.P., la Région et le Département. C’est au total 109 000 euros, soit 50 % du budget global. Les aides sont stables mais n’augmentent pas contrairement aux charges en carburant, repas, frais d’hé- bergement…D’où l’importance d’augmenter la part du sponso- ring-mécénat qui avoisine aujourd’hui 10 %. Il s’agit de contribution financière ou sous forme de prestations, de dons de matériel. Quand on est spon- sor, on a droit à un encart dans le programme. Le nom du mécène est mentionné. Il béné- ficie aussi d’une déduction fiscale égale à 60 % du don. L.P.P. : Vous cherchez donc à attirer plus de sponsors et de mécènes ?

F.R. : Tout à fait. Pour cet été, on a d’ailleurs recruté en C.D.D. Carole qui s’occupe spécifique- ment du volet communication, sponsoring. Les saisons précé- dentes, on travaillait avec un service civique mais on a fait le choix de professionnaliser ce poste. L’objectif est de mieux communiquer pour augmenter

sont déjà des professionnels. On sollicite les bénévoles pour dis- tribuer les programmes, tenir l’accueil, la billetterie, la res- tauration rapide. En contrepar- tie, ils ont droit d’assister à tous les spectacles. On est toujours à la recherche de bénévoles mais pour l’instant la motivation est toujours là. L.P.P. : Peut-on en déduire que le festival des Nuits de Joux a réussi sa transition financière ? F.R. :v On veut s’améliorer sans dénaturer l’esprit de ce rendez- vous culturel. Il faut à mon sens rester humble en étant fier du chemin parcouru. n Propos recueillis par F.C.

comme un investissement plutôt qu’une dépense. On sait aussi qu’on arrive aux limites du béné- volat. Si on reste comme on fonc- tionnait auparavant, on risque de disparaître tôt ou tard. La professionnalisation n’est pas une fin en soi. En s’engageant dans cette démarche, à nous de prouver qu’on s’améliore tous les ans. Le surcroît de notoriété doit servir à convaincre d'autres mécènes et à fidéliser nos par- tenaires financiers habituels. L.P.P. : Ne craignez-vous pas que cette professionnalisation sonne le glas du bénévolat ? F.R. : Les techniciens, les acteurs qui interviennent sur le festival

la fréquentation et attirer plus de partenaires. À titre informatif, on estime que le festival des Nuits de Joux, c’est 150 000 euros de retombées écono- miques dans le tissu local. L.P.P. : L’heure est donc à la profession- nalisation ? F.R. : Oui et c’est

“Un investisse- ment plutôt qu’une dépense.”

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