La Presse Pontissalienne 258 - Juillet 2021
38 La page du frontalier
La Presse Pontissalienne n°258 - Juillet 2021
entre les homonymies viticoles. Cette exception pouvait donc être reconnue à condition que l’A.O.C. existe. C’est le sens même de la démarche engagée par le comité de défense dans la création de l’A.O.C. “Commune de Cham- pagne”. le bras de fer qui oppose le Comité de la Vigne et du Vin de Champagne aux producteurs de champagne français. “On est à fond là-dedans sans comprendre comment un vignoble qui produit 2 000 à 3 000 bouteilles de vin tranquille chaque année pourrait causer du tort aux producteurs de champagne français.” L’élu rappelle le contexte historique à l’origine de toute cette affaire. “Les accords bilatéraux avaient complètement tronqué le dossier Champagne contre des droits de cabotage accordés à Swiss Air. Aujourd’hui, la compagnie aérienne n’existe plus contraire- ment à Champagne.” Il explique que sa commune existait bien avant le champagne français. S’il ne connaît pas dans le détail les clefs juridiques du dossier, il affiche ouvertement la position de la commune. “C’est l’affaire de tout le village. On a clairement espoir d’une issue favorable. On va continuer à se battre jusqu’au dernier recours.” n “On a clairement de l’espoir” S yndic de cette commune de 1 050 habitants, Fabien Gagnebin suit de très près
VITICULTURE La guerre du champagne Le canton de Vaud soutient l’A.O.C. “Commune de Champagne” Après la victoire en avril dernier du tout-puis- sant Comité Interprofessionnel du Vin de
L’ esprit gaulois n’est pas qu’une spécialité fran- çaise si l’on en juge par la ténacité des vignerons et des habitants de cette com- mune vaudoise à faire valoir leur identité sur les bouteilles de vins tranquilles produites sur le terroir de Champagne.
Un plagiat aux yeux des pro- ducteurs de champagne français qui font pression pour protéger le nom champagne. En 1996, l’Union Européenne exige l’interdiction absolue du terme champagne sur les pro- duits ne provenant pas de la région française. Interdiction qui sera confirmée en 1998 dans le cadre des sept accords bila- téraux négociés entre l’Europe et la Suisse. Face à cette menace se constitue un comité de défense des intérêts de la commune de Champagne qui pourra conserver son appel- lation millésimée jusqu’en juin 2004, soit deux après l’en- trée en vigueur des accords bila- téraux. En septembre 2007, le tribunal de première instance des communautés européennes déboute la commune de Cham- pagne et les vignerons partis en procédure. Cette décision laisse entrevoir une faille que ne cesse d’exploiter le Comité de la Vigne et du Vin de Cham- pagne qui défend bec et ongles l’appellation nord-vaudoise. En effet, dans ses considérants, le tribunal a établi que l’Union Européenne respecte rigoureu- sement le droit mondial assu- rant une coexistence pacifique
Champagne français qui a obtenu devant les tribunaux l’annulation de cette appellation, le canton de Vaud saisit le tribunal fédéral pour tenter de faire reconnaître cette A.O.C.
sur l’étiquette. Ceci pour éviter tout risque de confusion. Bien entendu, le Comité inter- professionnel desVins de Cham- pagne a aussitôt fait un recours à la Cour constitutionnelle du canton de Vaud qui a donné rai- son aux Français estimant que la création de cette A.O.C. est contraire aux accords bilatéraux liés aux échanges de produits agricoles. Le dernier épisode de ce feuil- leton médiatique remonte en mai dernier. Le canton de Vaud en soutien aux vignerons de Champagne a décidé de saisir le tribunal Fédéral pour faire reconnaître cette A.O.C. Dans la foulée, le Comité de la Vigne et du Vin de Champagne a éga- lement déposé un recours contre le jugement de la Cour consti- tutionnelle. n F.C.
Laquelle appel- lation a été reconnue par l’interprofession des vins vau- dois et par le Conseil d’État vaudois le 13 janvier der- nier en noti- fiant qu’elle s’applique au seul cépage chasselas avec, en sus, la men- tion Vin suisse
Un long feuilleton médiatique.
Le vignoble de Champagne fait partie de l’appellation Bonvillard A.O.C. qui s’étend sur 180 hectares et regroupe 10 communes (photo Y. Guilloud).
VAL-DE-TRAVERS
Commerce Une campagne de pub décalée pour faire consommer local
Les “petits” commerçants du Val-de-Travers se sont réunis pour créer un clip vidéo rempli d’humour. Depuis plusieurs années, ils redoublent d’ingéniosité pour inciter à consommer local et ainsi éviter la fuite des clients vers Pontarlier ou sur le Net.
L es années passent. Pas leur mobi- lisation, encore moins leur union. En novembre 2015, La Presse Pontissalienne rencontrait des commerçants de Fleurier inquiets. À l’époque, déjà, le quincaillier, la res- ponsable d’une boutique de vêtements Pendant ce temps-là, les commerces pontissaliens font les yeux doux aux Suisses Alors que nos voisins tentent de fidéliser le chaland suisse, les commerces de Pontarlier, eux, communiquent en ter- ritoire helvète. C’est de bonne guerre. Des campagnes de publicité sur le web ont été menées par la fédération Com- merce Grand Pontarlier. De l’avis d’un professionnel, les Suisses sont de retour dans “nos” commerces après un début d’année catastrophique. Nos voisins, échaudés par la communication parfois paradoxale liée au Covid, semblent cette fois-ci rassurés. n
et le gérant d’un magasin de sport se plaignaient de la fuite vers lesmagasins pontissaliens de “leurs” clients au moment où la Confédération abandon- nait le taux plancher du franc suisse. À l’époque, déjà, les professionnels avaient réagi en lançant une opération intitulée “J’achète ici” financée avec l’aide de la commune. L’idée : fidéliser les clients avec des systèmes de bon d’achat, des offres de rabais de 20 % via une monnaie locale, des aides en direction des clubs et associations locales pour qu’elles achètent dans les bou- tiques du vallon… Un concept assez simple, certes, mais qui a le mérite de faire prendre conscience de l'importance des commerces locaux. Sept ans plus tard, de nouvelles boutiques sont arri- vées à Fleurier. D’autres ont disparu. La mobilisation commerciale, elle, demeure intacte. Des professionnels se sont réunis et ont lancé un clip vidéo décalé intitulé “Au vallon, il y a de tout, il suffit de savoir où.”. Lancé en juin sous l’égide de l’association “J’achète ici !”, ce clip dure 30 secondes. On y voit une comédienne (de la région du
Une comédienne vante dans une vidéo l’achat dans les commerces du Val-de-Travers.
L’association dispose également d’un site Internet. Conçue comme un annuaire, cette plateforme digitale per- met d’accéder plus facilement “à la richesse et à la diversité de l’offre régio- nale” dit un de ses représentants. Unmessage à rabâcher.Malgré ces ini-
tiatives, l’espoir pour les commerçants vallonniers de réaliser une année 2021 aussi bonne que la précédente semble loin.Avec la frontière fermée, les clients étaient revenus enmasse. La voilà rou- verte… n E.Ch.
Val-de-Travers) qui liste les objets et services à retrouver à Couvet, Fleurier, du café en grain, du chocolat, des aspi- rateurs, de l’absinthe (évidemment), des skis, du saucisson. La comédienne de rappeler “que les commerçants sont souriants.” L’inverse eût été paradoxal.
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