La Presse Pontissalienne 258 - Juillet 2021

36 Économie

La Presse Pontissalienne n°258 - Juillet 2021

AGRICULTURE L’union syndicale sacrée autour du comté Croissance et empreinte écologique dans l’actualité du comté Pollution des rivières

Le C.I.G.C. a profité de l’ouverture de la nouvelle Maison du Comté à Poligny fin mai dernier pour y faire son assemblée générale et tirer le bilan d’une campagne 2020-2021 plus qu’encourageante. L’occasion aussi de dénoncer l’acharnement des associations écologistes à l’encontre d’une filière trop souvent montrée du doigt.

Les quatre syndicats étaient présents aux côtés d’Alain

économiques, la filière affine en per- manence son cahier des charges. Une nouvelle mise à jour a été transmise à l’I.N.A.O. en mai 2020 pour une pre- mière expertise. L’objectif est de main- tenir tous les ingrédients du modèle comté basé sur la coopération, l’exploi- tation des ressources locales, le lien à l’herbe, la taille des outils de production et de transformation, le bien-être ani- mal… “On ajoute par exemple 30 % de surface supplémentaire par vache lai- tière. On réduit aussi de 20 % le nombre d’unités d’azote en système lisier” , illus- tre Alain Mathieu. Cette nouvelle réforme rime avec limi- tation. Limitation de la taille des fermes, du nombre de vaches laitières par pro- ducteur, limitation de la taille des ate- liers et encadrement de la croissance de ces outils de transformation. n F.C. Mathieu le président du C.I.G.C. pour défendre l’évolution d’une filière engagée depuis longtemps vers des pratiques plus respec- tueuses de l’environnement.

I l n’est jamais agréable d’être régu- lièrement placé sur le banc des accu- sés comme c’est le cas de toute la filière comté, soi-disant en grande partie responsable de la pollution de rivières comme le Doubs, le Dessoubre ou encore la Loue. Comme ils l’avaient déjà fait au sujet du robot de traite, les syndicats actifs sur la filière : Confédé- ration Paysanne, Coordination rurale, F.D.S.E.A. et J.A. dénoncent dans un communiqué commun “l’acharnement dont ils font l’objet de la part du collectif S.O.S. Loue.” Ils rappellent que “la crois- sance du comté est le fruit d’une politique volontariste d’ouverture basée sur une augmentation du taux de transformation d’un lait déjà produit, une substitution de l'emmental par le comté, l’accueil de nouveaux exploitants et donc de nouvelles surfaces.” Grâce à cette politique, le massif du Jura est sans doute le champion de l'installation. Un départ pour une arrivée. Quid des pratiques prétendument trop intensives ? Pour les quatre syndicats, “la limitation individuelle de la production

A vec une progression des ventes affichée à 4,03 % depuis un an, soit un volume de 60 323 tonnes de comté commercialisées, les dirigeants devraient afficher une cer- taine sérénité. 68 500 tonnes de comté ont été produites au cours de la même période. Mais les sourires sont plutôt crispés face aux attaques incessantes qui remettent en cause cette belle dyna- mique et ses conséquences sur l’envi- ronnement. “2020 restera une année particulière rythmée par la crise sani- taire. Après quelques inquiétudes liées notamment à la fermeture des rayons de vente à la coupe, la filière a plutôt bien résisté à la conjoncture grâce aux efforts de tous. On a su s’adapter pour regagner la confiance des consomma- teurs” , analyse Alain Mathieu, le pré- sident du C.I.G.C. L’augmentation de 4,03 % s’applique

de lait par ha constitue le meilleur rem- part à toute intensification.” Les mesures expertisées actuellement par l’I.N.A.O. vont dans le sens de la préservation des milieux naturels. Selon une étude de la D.R.A.A.F., la fertilisation des prai- ries permanentes a baissé de 30 % entre 2011 et 2020. Les producteurs insistent aussi sur le fait que leurs vaches ne sont pas des “usines à lait”. Une autre étude montre que le niveau de production du troupeau dans le Doubs, tous systèmes confondus, s’élève à 6 930 kg de lait par vache lai- tière et par an contre 9 226 kg pour la race Prim Holstein. Sur l’utilisation de concentrés, ils expliquent travailler à la création de filières locales d’approvi- sionnement. Ils invitent aussi “à ne pas généraliser aux 2 400 fermes à comté, des cas isolés que nous condamnons, lesquels par leur comportement enta- chent le travail de tous.” Alain Mathieu le président du C.I.G.C. souscrit bien sûr à cette levée de boucliers. “On par- tage aussi le diagnostic. La filière est engagée et agit en toute transparence.” n

à tous les segments de la distribution. Elle se décline en France comme à l’ex- port. “Les ventes à l’étranger progressent de 10 % sachant qu’elles représentent actuellement 10 % du volume global. 75 % des exportations se font dans les pays frontaliers de la France” , complète le président. De quoi élargir encore le potentiel de production pour la pro- chaine campagne qui s’étend jusqu’au 30 avril 2022. Le rythme reste inchangé avec 1 500 tonnes de nouveaux droits à produire. “Cette ouverture confirme une vraie politique d’accueil basée sur l’intégration de nouvelles surfaces. Cela représente 140 nouveaux exploitants depuis 4 ou 5 ans. 35 000 hectares ont basculé sur le terroir comté en 10 ans, soit 15 % de la surface déjà dédiée à l’A.O.P.” Face aux défis climatiques et environ- nementaux, aux attentes sociétales et

Zoom

“Beaucoup de producteurs se sentent blessés par ces attaques perpétuelles” Trois questions à Gérard Coquard agriculteur à

L a Presse Pontissalienne : Pour- quoi cette tribune commune alors que vous êtes loin de par- tager les mêmes visions de l’agri- culture ? Gérard Coquard : Les quatre syn- dicats ont accepté d’œuvrer dans le même sens pour s’amé- liorer. En tant qu’agriculteur, on est très conscient de notre responsabilité mais la filière comté n’est pas l’unique res- ponsable de l’état des rivières. C’est trop facile. On pourrait parler de l’artificialisation des terres qui accélère l’écoulement des eaux dans les nappes. Le C.I.G.C. a fixé un certain nom- bre de règles pour limiter l’im- pact environnemental, il faut un peu de temps pour que cela fasse effet. Arc-sous-Montenot et représentant de la Confédération Paysanne au bureau du C.I.G.C.

La pollution ne peut pas se réduire à la présence d’une tonne à lisier dans un champ.

gique ? G.C. : Beaucoup se sentent bles- sés par ces attaques perpé- tuelles. Je pense qu’il est impor- tant d’apaiser le débat, d’éviter que chacun devienne procureur et de ne pas s’en tenir aux cli- chés. La pollution ne peut pas se réduire à la présence d’une tonne à lisier ou d’un pulvéri- sateur dans un champ. Il y a souvent derrière ces pratiques une réflexion agronomique qui ne porte pas atteinte aux res- sources naturelles. n Propos recueillis par F.C.

L.P.P. : La Confédération Paysanne est-elle favorable au comté bio ? G.C. : On n’a jamais été partisan d’un basculement de la filière vers le bio. Ce qui est impor- tant, c’est l’évolution que doit prendre le comté pour répondre aux attentes des consomma- teurs. On sait que si le comté venait à disparaître, il serait sans doute remplacé par quelque chose de beaucoup plus polluant. L.P.P. : Les producteurs de lait à comté vivent mal cette pression écolo-

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