La Presse Pontissalienne 256 - Avril 2021

26 Frasne - Levier - Amancey

La Presse Pontissalienne n°256 - Avril 2021

GOUX-LES-USIERS Santé Une maison de santé dans l’ancien presbytère En projet depuis 2016, l’ouverture de cette maison de santé

“N ous venons de lan- cer la consultation. Nous espérons que les travaux de réha- bilitation et d’extension du pres- bytère débutent dans 3-4 mois, et que tous les lots soient pris” , explique le président de la com- munauté de communes, en charge de l’opération de lamaison de santé deGoux-les-Usiers, pour un montant prévisionnel de 1 185 233,25 euros hors taxes et environ 50 % de subventions espérées (État, Région, Dépar- tement, et S.Y.D.E.D. : fonds de transition énergétique). C’est main dans la main que la communauté avance avec la com- mune qui accueille le projet et l’avait initié en déposant le per- mis de construire précédemment. “Sur les Usiers, il y a déjà un pôle médical important, avec des infir- mières,médecins, sages-femmes… La demande est venue de ces pro- fessionnels. L’A.R.S. (Agence Régionale de Santé) s’est rendu compte qu’il existe un vrai poten- tiel. Il y aura donc deux pôles importants : Levier et Goux-les- Usiers, qui doivent éviter tout cli- vage entre les deux secteurs.Nous sommes sur le même territoire,

mières Asalée (spécifiquement formées, elles s’occupent, sous la responsabilité dumédecin, de patients atteints de maladies chronique), deuxmédecins géné- ralistes, sage-femme. “Grâce à cette maison de santé pluripro- fessionnelle, nous pourrons enfin avoir une proximité physique, nous permettant une prise en charge pluridisciplinaire concer- nant les patients, optimisant ainsi les conduites à tenir. Le dévelop- pement de la population au Val et aux alentours augmente sans cesse la patientèle et le manque de place se fait ressentir de plus en plus. Ce nouveau projet per- mettra aussi la création d'un bureau supplémentaire pour accueillir un 3 ème médecin, de plus en plus nécessaire” , se réjouit la sage-femme, dont la dyna- mique reflète celle du territoire. Dans ce contexte, l’arrivée de la 5 G ne peut être perçue que comme une impulsion médicale inédite, qui permettra en temps réel, de converser avec desméde- cins ou autres professionnels de santé à l’autre bout de la France, comme le suggère Claude Cour- voisier. n M.T.

et aucune différence ne doit être faite : lemême service sera apporté aux patients et auxmédecins. On sait que les futurs occupants de lamaisonmédicale de Goux-les- Usiers sont impatients d’être dans leurs nouveaux locaux. Mais un tel projet prend forcément du temps” , prévient le maire deVil- lers-sous-Chalamont. “En effet, c’est un projet très attendu de notre côté, qui nous permettra d’avoir une véritable salle de réu- nion pour se retrouver, de vrais bureaux…” , explique Aurélie Delacroix, sage-femme, qui se sent maintenant à l’étroit avec ses confrères, qui se partagent 5 bureaux pour 9 professionnels. Dans cette future maisonmédi- cale de 402 m² au total, dont

pluriprofessionnelle verra le jour début 2022. “C’est un des gros projets du mandat”, annonce Claude Courvoisier, président de la C.C.A. 800 qui a repris la compétence de ce dossier, initié par la commune de Goux-les-Usiers.

230 m² de bureaux, neuf professionnels de la santé pourront évo- luer ensemble : il y aura psycho- logue, hypno- praticienne, orthophoniste, ostéopathe, infirmières libé- rales, infir-

Montant prévisionnel : 1,185 million d’euros.

Le projet 3 D de la future maison médicale de Goux-les-Usiers.

NANS-SOUS-SAINTE-ANNE Les contradictions de l’État Arrêté anti-pesticides : un acte de résistance et de sensibilisation Fidèle à ses convictions, Emmanuel Cretin le maire de Nans-sous-Sainte-Anne avait pris en octobre 2019 un arrêté interdisant l’usage des pesticides sur sa commune. L’État n’a pas manqué de l’attaquer en justice. Le jugement rendu en février dernier annule l’arrêté sans pour autant affaiblir la volonté du maire de poursuivre la lutte sous une autre forme. Entretien.

“Vivement qu’on revienne à une agricul- ture saine et durable”, exhorte Emmanuel Cretin, le maire de Nans-sous- Sainte-Anne.

cides existent seulement depuis 70 ans. Auparavant, on prati- quait l’assolement triennal. On constate aussi au jour le jour les travers de la spécialisation dans l’herbe comme dans la cul- ture. L.P.P. : Vous avez reçu beaucoup de soutiens ? E.C. : J’avais l’appui de toutes les associations qui ont milité pour le mouvement Coquelicot. Je regrette qu’il n’y ait pas assez d’élus locaux engagés dans cette démarche. Je considère qu’il s’agit d’un véritable problème de santé publique et d’atteinte à la biodiversité. L’État est plus prompt à défendre les lobbies de l’agroalimentaire. L.P.P. : Le discours de l’État n’est pas cohérent ? E.C. : Toutes les communes ont reçu un courrier du préfet pré- sentant le plan de relance agri- cole. Dans ce document, on peut

rendu en février 2021 portait le fond. Si plus demaires prenaient des arrêtés, on mettrait sans doute à jour des brèches dans la jurisprudence. Sept com- munes étaient convoquées en février pour le jugement.Hormis moi, seule la commune de Man- deure était représentée par un avocat. C’est trop peu. L.P.P. : Est-ce que la commune assume financièrement le poids de vos déci- sions ? E.C. : Absolument pas. Ce procès ne lui a rien coûté car je me suis défendu seul au tribunal admi- nistratif comme j’en avais le droit. L.P.P. : Et la suite, s’il y a une suite ? E.C. : Maintenant, on va organiser d’autres formes de lutte. Peut- être en réunissant des produc- teurs bio, bien placés pour démontrer qu’on peut faire de l’agriculture sans pesticides. n Propos recueillis par F.C.

lire la volonté de l’État d’encou- rager une agriculture durable, saine, locale et de l’autre côté, on sanctionne un élu qui s’inscrit dans cette logique-là. L.P.P. : En prenant cet arrêté, vous sortez de vos prérogatives ? E.C. : Dans la législation des pes- ticides, seul le ministre de l’Agri- culture peut réglementer pour autant dans les polices dumaire, on trouve la sécurité, la santé et la salubrité publique. Les pes- ticides empoisonnent la planète, c’est important selon moi que des maires semobilisent, se posi- tionnent en lanceurs d’alerte. L.P.P. : Vous avez été jugé en deux temps ? E.C. : Oui. En novembre 2019, il y a eu un jugement sur la forme. Le préfet avait pris un référé suspensif pour suspendre l’ar- rêté. On peut d’ailleurs s’inter- roger sur le caractère urgent de cette démarche. Le jugement

L a Presse Pontissalienne : Cher- chiez-vous à faire le buzz en pre- nant cet arrêté ? Emmanuel Cretin : Cet arrêté a été pris en octobre 2019. C’est la suite logique de différentes actions menées sur la commune. On a adopté nous-mêmes le zéro phyto en privilégiant les tech- niques alternatives de désher- bage. Le cantonnier de Nans- sous-Sainte-Anne a été sensibilisé à ces méthodes de traitement tout comme la popu- lation invitée à participer à des séances d’initiation animées par le C.P.I.E. du Haut-Doubs. On relaie le mouvement des Coque- licots qui militent pour unmonde débarrassé des pesticides.

phytosanitaire néfaste à la santé humaine et à l’écologie. Les pes- ticides restent l’un des facteurs qui menacent le plus la biodi- versité. Le gouvernement fran- çais ambitionne de réduire de 50 % d’ici 2025 l’usage des pro- duits phytosanitaires. On est encore bien loin de l’objectif. L.P.P. :Même la filière comté est concer- née ? E.C. : Tout à fait. L’emploi du gly- phosate est encore autorisé dans les prairies avant retournement. On a interdit ce produit aux par- ticuliers et aux collectivités, pourquoi continue-t-on à l’uti- liser en agriculture ?Alors qu’on peut très bien cultiver sans pes- ticides comme le démontrent les agriculteurs bio. Les pesti-

sonnelle ou municipale ? E.C. : J’ai décidé seul de prendre cet arrêté anti-pesticides en le soumettant ensuite au conseil qui l’a validé à l’unanimité. La problématique des pesticides à Nans-sous-Sainte-Anne ne se pose guère. Le seul agriculteur installé ici est en bio. Mais la commune est réceptrice du bas- sin-versant. L.P.P. : Comment peut-on caractériser votre décision ? E.C. : On peut y voir un acte de résistance et de sensibilisation. Je ne suis absolument pas contre le monde agricole, loin s’en faut. Je pense même que les agricul- teurs sont les premières victimes. Je reste persuadé qu’on peut faire de l’agriculture sans produit

L.P.P. : Cet arrêté est une décision per-

Made with FlippingBook Digital Publishing Software