La Presse Pontissalienne 256 - Avril 2021
24 Mouthe - Région des lacs
La Presse Pontissalienne n°256 - Avril 2021
FORÊT
De nouveaux modes de vente “On demande aux communes de réduire de 70 % leurs ventes de bois vert” Pic de la crise des scolytes sur épicéa, baisse des recettes forestières, changement des modes de commercialisation, mise en œuvre du plan de relance : le menu de l’année 2021 s’annonce particulièrement copieux pour les communes forestières. Entretien avec Daniel Perrin qui a remplacé en septembre dernier Christian Coutal à la tête des communes forestières du Doubs.
L a Presse Pontissalienne : Votre élection apporte-t-elle de nou- veaux changements dans l’or- ganisation de l’association ? Daniel Perrin : On reste dans la continuité sachant qu’on fait toujours partie d’une union régionale avec une direction commune et trois chargés de mission dans le Doubs, le Jura et sur l’ensemble Haute-Saône Territoire de Belfort. Il n’y a pas de changement mais, en revanche, beaucoup de sujets à régler en ce moment. L.P.P. : La forêt du Doubs est toujours
lemarché, l’association et l’O.N.F. ont proposé aux communes de limiter leurs ventes de bois vert. On leur avait demandé de réduire de 30 % à l’automne 2019. L’association a tenu deux réunions en octobre à Pontarlier et Baume-les-Dames pour demander un effort supplémen- taire en baissant de 70 % lamise en marché de bois vert. L.P.P. : Cette proposition est-elle bien respectée ? D.P. : Globalement, cela fonctionne bien. Des communes jouent le jeu et pour d’autres, c’est plus difficile. Il ne s’agit que d’un engagement moral. L.P.P. :Avez-vous une idée de l’évolution des prix ? D.P. : En cinq ans, le prix du m 3 de bois sur pied a perdu 30 % et celui du m 3 de bois façonné 15 %. Cette baisse des prix affecte aussi les revenus fores- tiers des communes. L.P.P. : Des changements à évoquer sur la commercialisation des bois ? D.P. : En même temps qu’on demande aux communes de ne pas vendre tout leur potentiel de bois vert, l’O.N.F. a accepté de changer le mode de vente. Il s’organisait auparavant en qua- tre ventes annuelles. Il n’en reste plus que deux au printemps et à l’automne auxquelles s’ajou- tent des ventes mensuelles en ligne. Cela devrait permettre d’écouler plus vite les lots. La première vente de janvier s’est
avec des essences comme le hêtre, le frêne. L’été dernier, Baume-les-Dames a dû dépenser 60 000 euros pour sécuriser des sentiers de randonnée en forêt. L’association est très préoccupée par les conséquences du chan- gement climatique dans le Doubs où la forêt couvre 43 % de la surface du département. C’est l’un des taux de boisement les plus élevés de France. 97 à 98 % des communes du Doubs ont des bois. L’économie fores- tière occupe une place impor- tante dans ce territoire. L.P.P. : Toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne ? D.P. : Non. Mon prédécesseur en partenariat avec le préfet du Doubs a initié la cartographie des communes du Doubs selon leur niveau de dépendance vis- à-vis de la forêt. Elle fait appa- raître 20 à 25 communes dont les recettes de fonctionnement sont constituées à plus de 40 % de la vente des bois. Il s’agit sur- tout de petites communes dont la population est inférieure à 500 habitants. Il faut aussi être prudent car le niveau de dépen- dance n’est pas forcément corrélé aux difficultés financières. Tout dépend si les communes ont des réserves de trésorerie ou pas. Les volumes de bois scolytés en Bourgogne-Franche-Comté ne cessent de progresser. On est passé de 318 000 m 3 en 2019 à plus d’1million dem 3 l’an dernier avec une perspective similaire sur 2021. Pour éviter d’engorger
la proie des insectes ravageurs type scolytes ? D.P. : Jusqu’à présent, ce sont surtout les peuplements d’épi- céas sur les seconds plateaux des secteurs de Levier, Bou- jailles, Le Russey qui sont les plus touchés. La haute chaîne a été relativement épargnée mais tout va dépendre de l’évo- lution des conditions clima- tiques. C’est difficile de définir une stratégie d’adaptation car on reste tributaire des facteurs qu’on ne maîtrise pas. Les forêts de feuillus sont aussi touchées
Daniel Perrin le maire de Mouthe, a été élu en septembre dernier à la présidence de l’association des communes forestières du Doubs.
bien déroulée alors qu’il restait plus d’invendus en février. L.P.P. : L’État est-il averti de la situation de la forêt comtoise ? D.P. : On a rencontré en septem- bre dernier le préfet qui a fait remonter nos craintes auminis- tère des Collectivités locales et à celui de l’Agriculture et de la forêt. Une mission d’inspection générale va être mise en place pour étudier ce dossier et for- muler des solutions. Les deux inspecteurs généraux chargés de cette mission sont désignés. Ils devront établir un diagnostic en sachant qu’ils ont déjà en main tous les éléments admi- nistratifs, fiscaux… L.P.P. : Les aides accordées au transport du bois sont toujours d’actualité ? D.P. : Oui je crois même que c’est le Doubs qui en a bénéficié le plus. Le dispositif piloté par l’O.N.F. remontait à juillet 2019. Il sera reconduit cette année. Cette aide qui varie de 5 à 20 euros le m 3 selon la distance parcourue est attribuée aux pro- priétaires des parcelles. Le bois est généralement transporté vers les grosses papeteries du sud-ouest de la France. L.P.P. : La forêt fait-elle partie du plan de relance ?
D.P. : Oui. Il comprend une enve- loppe de 200 millions d’euros dont 150 millions sont fléchés vers les forêts publiques et pri- vées du Grand Est et de Bour- gogne-Franche-Comté. On a organisé deux webinaires les 7 et 9 mars pour expliquer les conditions de mise en œuvre de ce plan de relance. Il intègre plusieurs objectifs : reconstitu- tion de la forêt, apport de nou- velles essences, enrichissement des peuplements pauvres avec un niveau d’aide qui varie de 60 à 80 %. Ce plan de relance est basé sur un diagnostic des forêts décimées. Les opérations de plantation sont déterminées à partir de cet état des lieux. J’encourage fortement les com- munes à présenter leur dossier sur un site dédié avant le 31 décembre 2021. L’O.N.F. peut être sollicité pour monter ces dossiers même si la commune a parfaitement le droit de faire appel à un autre prestataire tout comme elle peut s’en char- ger elle-même. C’est important de bien préciser ce cadre. L.P.P. : À quand la fin des scolytes ? D.P. : Cette crise dure depuis 2018. On annonce le pic cette année et tout devrait se résorber d’ici deux ou trois ans. n Propos recueillis par F.C.
Part de la recette bois sur le budget des communes.
N OTI CE D E L EG EN D E Les couleurs attribuées sur chaque surface communale permettent d'identifier par classe de pourcentages le rapport entre les recettes forestières communales et le budget total de la commune : les communes en jaune correspondent à celles dont la part budgétaire de la recette bois est située entre 15 et 25 %. En orange, cette part est entre 25 et 40 %, et en rouge, au-delà de 40 %. les communes en gris sont en-dessous d’un taux de 15 %. Attention, cette analyse n'est effectuée que sur le taux, en valeur absolue, certaines communes en gris peuvent disposer d'un budget forestier malgré tout conséquent. En étant effectuée sur 4 années de données,cette cartographie tend à illustrer la dépendance des communes aux recettes forestières et leur vulnérabilité face aux aléas des récoltes à venir. Les graphiques camembert détaillent la part budgétaire de la vente de bois (en vert) sur la totalité du budget communal. Un tel graphique est représenté dès lors que le taux de 15% de recette bois est approché (à partir des communes en jaune voire quelques communes en gris ayant un taux très proche). La taille du disque est proportionnelle au montant du budget total de chaque commune. Pour les communes pour lesquelles un disque est affiché, le budget communal de fonctionnement total 2019 varie de 36605 € pour la commune de Tressandans à 1,59 M d’€ pour Les Fourgs. Recette Forêt >15% Recette Forêt >25% Recette Forêt >40% Recette Forêt Autres recettes 500000 1e+06 Légende
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Recette Forêt >15% Recette Forêt >25% Recette Forêt >40% Recette Forêt Autres recettes 500000
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LABERGEMENT-SAINTE-MARIE Association Libres et Bulles milite pour la résilience des êtres et des écosystèmes
Ainsi, le 28 mars, un cercle de femmes a été organisé à Labergement-Sainte- Marie, “grâce à la mairie qui nous sou- tient et a mis à disposition une salle” , souligne Carine. “La parole, comme le prix, est libre. C’est vraiment accessible. C’est avant tout une envie de partager,
par mois. L’association Libres et Bulles, telle une libellule, créature du vent, être éphémère, incarne le changement et symbolise aussi la conscience de soi qui vient avec lamaturité. Son action s’adresse à tous : particulier, groupe, association, collec- tivité… Sous quelle forme ? Outre des rencontres, des ateliers, des découvertes d’éco-villages par exemple, des retours d’expériences, de l’accompagnement, du soutien. Justement, face à l’éco-anxiété qui naît de la prise de conscience de ce changement du monde vivant, ou pen- dant une transition intérieure pas for- cément comprise de l’entourage, Carine propose desmoments d’écoute, et permet d’aller “à la rencontre de qui on est, avec les bons outils.” n M.T.
France, dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons, s’est vite imposé. “Qu’est-ce qu’il se passe s’il y a des conflits, si les transporteurs sont bloqués, quand on sait que les magasins disposent de trois jours de stocks ? Il y a quandmême un risque majeur reconnu par certains sénateurs.La brigadeD.I.C.R.I.M. soulève ces questions. Et c’est là-dessus qu’en tant que membre de cette association de fait, j’ai voulu interpeller le préfet du Doubs, Joël Mathurin : est-on enmesure de nourrir la population en cas de force majeure ? C’est quelque chose de capi- tal !” , développe Carine Montois. Sans réponse pour l’instant, elle songe à relancer ses interlocuteurs. En atten- dant, Carine et Adrien invitent les citoyens à les rejoindre. “Nous n’avons pas forcément toutes les réponses, mais nous voulons partager, travailler tous ensemble.”
Carine Montois a créé cette association en octobre dernier. Parte- naire de la brigade D.I.C.R.I.M. (Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs), elle a interrogé en début d’année par un courrier le préfet sur les mesures qui seraient prises au niveau local, en cas de crise alimentaire. Sans réponse pour l’instant.
d’échanger entre femmes, qui auraient peut-être du mal à s’ouvrir autrement. Se retrouver, parler de dif- férentes thématiques : per- maculture, permaculture humaine, éco-psycho, inter- dépendance locale, émo- tions, connexion à la nature, culture, résilience alimen- taire, questions de société… ” Dans l’idéal, ces rencon- tres auront lieu une fois
“N ous sommes les deux avec Adrien dans l’association Libres et Bulles dont lamission est de contribuer à la régénération, à la résilience et à l’épanouissement des êtres et des écosystèmes dans une vision au long terme” , explique Carine Montois. Après pas mal d’années tous les deux dans l’engagement associatif, ils ont eu envie d’aller plus loin que des actions ponctuelles. Enrichis de six mois de voyage en camping-car, pendant le pre- mier confinement, à la rencontre d’éco- lieux, d’éco-villages, ils se sont lancés.
Adrien a repris une formation de char- pentier bois pour construire et Carine a compris l’importance de la transition personnelle intérieure. “En parallèle de notre propre évolution, nous souhaitons faire passerelle à notre niveau vers un monde plus respectueux du vivant, rendre la permaculture accessible au plus grand nombre et se relier, apprendre et partager nos connaissances et expériences” , pour- suit la jeune femme. Ainsi, le questionnement sur le système actuel de consommation mondialisé, à l’image du pétrole importé à 99 % en
“Est-on en mesure de nourrir la population face à un risque majeur ?”
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