La Presse Pontissalienne 254 - Février 2021

34 La page du frontalier

La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021

L’AUBERSON Swiss Made L’entreprise Léon Jaccard se diversifie dans le masque chirurgical Touchée en 2020 par une baisse de son

T oute crise ouvre des opportunités pour qui sait les saisir. Encore faut-il savoir se remettre en question. Spécialisée dans le de masques chirurgi- caux qui répondent aux normes les plus strictes. activité décolletage, l’entreprise dirigée par Patrick Vouillot et son neveu Sébastien a investi dans une unité de production

leurs qui suggère à son oncle de se lancer dans cette diversification pour le moins audacieuse. S’ils maîtrisent la pro- duction indus- trielle de pièces de précision, ni l’un, ni l’autre n’ont jamais tra- vaillé sur ce type

décolletage et l’emboutissage, l’entreprise Léon Jaccard pro- duit des pièces de haute tech- nologie pour l’horlogerie, la connectique, l’outillage, le médi- cal, l’aéronautique. “À cause de la situation sanitaire, on a subi une perte d’activité de l’ordre de 30 %. Ce ralentissement est lié à une baisse des commandes surtout sur la partie décolletage” , rappelle Patrick Vouillot entré dans l’entreprise en 2002 pour la racheter en 2016 en faisant le choix de l’automatisation. D’abord actionnaire, son neveu SébastienVouillot l’a rejoint en 2018 en vue de lui succéder dans quelques années. C’est lui d’ail-

entreprise de conseil en ingénierie basée dans laVallée de Joux qui nous a accompagnés sur la mise en marché de produits médi- caux” , poursuit Sébastien Vouillot qui a pris en charge cette unité de diversification totalement indépendante des deux autres activités de Léon Jaccard. “On a trouvé en France une machine neuve et la matière première.” Quitte à se diversifier, le patron et son neveu tenaient à rester dans ce qu’ils maîtrisent le mieux, à savoir le haut de gamme. Résultat : le masque sorti de l’atelier de L’Auberson répondant aux certifications les plus exigeantes, qu’elles soient sanitaires ou techniques. “On a obtenu le label Swiss Made. C’est un gage de garantie supplémen- taire reconnu dans tous les pays. On veut s’inscrire sur le long terme. On suppose et on espère aussi la fin rapide de l’épidémie. Pour autant, l’usage du masque pourrait perdurer dans certaines

L’entreprise a déposé sa marque : A.T.J. Swiss.

de produit. L’idée est lancée. Où ? Quand ? Comment ? “Il res- tait un étage inutilisé qui servait autrefois d’atelier mécanique. On a tout rénové en faisant appel à des artisans de L’Auberson et de Sainte-Croix. C’était un gros chantier qui aboutit à l’aména- gement d’un laboratoire répon- dant aux exigences de la fabri- cation de masques chirurgicaux” , explique Patrick Vouillot. L’emplacement étant réglé, pas- sons à la méthode et au choix du matériel. “On a sollicité l’as- sistance de G.M.B. Services, une

Sébastien Vouillot et son oncle Patrick Vouillot, les deux associés à la tête de l’entreprise Jaccard S.A., ont choisi de se lancer dans cette diversification chirurgicale au printemps dernier.

Léon Jaccard S.A. ou l’adaptation permanente l 1926 : Léon Jaccard ouvre un atelier de fabrication de pièces pour les boîtes à musique puis il transmet l'entreprise à ses enfants qui poursuivent l’activité et se diversifient dans l’emboutissage l 1989 : Vente de Jaccard S.A. à Fritz Hess qui développe l’activité décolletage l 2002 : Arrivée de Patrick Vouillot au poste de directeur. l 2007 : Acquisition d’une machine d’assemblage automatique pour le marché médical et d’une nouvelle presse pour le marché de l’outillage l 2009 : Investissement à partir de 2009 dans les premières machines à commande numérique l 2016 : rachat de l’entreprise par Patrick Vouillot et son neveu Sébastien Vouillot l 2020 : diversification dans une unité de fabrication de masques chirurgicaux

Technologie Jaccard Swiss. Les masques sont commercialisés en direct où avec des partenaires commerciaux. “On travaille avec des commerces, des pharmacies, des communes, des hôpitaux voire des institutions politiques comme le conseil vaudois.” Toujours à la recherche de nou- veaux clients, les deux associés, riches de cette expérience inédite sont aujourd’hui prêts à étudier toute proposition conforme à leur capacité de production et leurs exigences de qualité. n F.C.

situations. On a vu l’efficacité de cet objet face aux autres mala- dies virales pratiquement inexis- tantes cet hiver.” Entre l’idée du projet et la pro- duction du premier masque en novembre dernier, huit mois se sont écoulés. Cette diversifica- tion a généré la création de cinq emplois à temps partiel, portant à 13 l’effet de l‘entreprise “On peut produire 25 000 masques par jour avec la possibilité d’aller jusqu’à 1 million par mois en mobilisant deux équipes si néces- saire” , complète PatrickVouillot. L’entreprise a déposé sa marque - A.T.J. Swiss comme Auberson

Des masques trois plis qui résistent à tous les tests

Infos sur : atjswiss.ch

PONTARLIER

Amicale des Frontaliers Défense des frontaliers : Alain Marguet a passé le flambeau

Q uand il a pris la tête de l’Ami- cale des Frontaliers en 2002, la tâche n’était pas simple.Alain Marguet succédait alors à un prédécesseur au caractère bien trempé, Roger Tochot, qui avait travaillé sans relâche pour défendre la cause des frontaliers. Pour le travailleur frontalier qu’il était, cadre dans l’industrie, la mission était d’autant délicate qu’un de ses premiers challenges avait été de réconcilier l’Amicale avec les services fiscaux, époque où les relations étaient très tendues. “Ça a été compliqué, mais je me suis attaché dès le départ, en lien avec les autorités, à définir un véritable statut du travailleur frontalier” se sou- vient Alain Marguet. Le président de l’Amicale est arrivé à la tête de l’association au moment où entraient en vigueur les accords bila- téraux entre la Suisse et l’Union euro- péenne qui ont eu pour conséquence de libéraliser les conditions d’accès au travail en Suisse pour des milliers de nouveaux frontaliers. En parallèle de l’essor du travail frontalier, l’Amicale et la Mutuelle qui lui est associée ont alors connu un véritable boom du nom- bre de leurs adhérents. “Nous avons alors créé huit nouveaux bureaux, entre

taliers auprès de 540 communes de la bande frontalière et visité 400 entre- prises suisses. “Je me suis toujours attaché à créer des passerelles entre les autorités françaises et suisses pour faci- liter les démarches administratives et la protection des frontaliers sur le plan social, de la santé, ou du point de vue des ressources humaines” note l’ex-pré- sident. À 72 ans, Alain Marguet laisse une association aux mains de son succes- seur, Michel Rivière, et une mutuelle à son nouveau président,Michel Morel, toutes deux avec des finances saines et une expertise renforcée dans les domaines juridiques et sociaux. “Je souhaite pleine réussite à mes succes- seurs, je remercie les administrateurs pour leur confiance pendant toutes ces années, le personnel également, ainsi que tous les partenaires qui nous ont aidés à grandir pendant tout ce temps.” Alain Marguet, Sauget de cœur, ne reste pas inactif. Le jeune retraité est toujours conseiller départemental du canton d’Ornans jusqu’aux prochaines élections normalement prévues en juin prochain. La défense du territoire est toujours son fil conducteur. n J.-F.H.

Bâle et Thonon-les-Bains, en passant par le Haut-Doubs et le Haut-Jura. La Mutuelle La Frontalière quant à elle a compté jusqu’à 16 000 adhérents, générant un chiffre d’affaires de 22 mil- lions d’euros” rappelle Alain Marguet, officiellement retraité depuis fin octobre dernier. La présidence d’Alain Marguet à la tête de l’Amicale s’est accompagnée de ce genre de satisfactions, mais aussi de quelques désillusions comme le com-

Le défenseur des travailleurs frontaliers a quitté la présidence de l’Amicale des Frontaliers après 18 ans à la tête de l’associa- tion, et plus de cinquante ans d’engagement pour cette cause.

bat acharné mené jusque dans les minis- tères à Paris pour défen- dre le droit d’option des frontaliers en matière d’assurance maladie. “Nous n’avons pas pu faire entendre raison au gouvernement mais nous aurons tout fait pour réussir. Cet épisode fait partie de mes grands regrets” reconnaît avec le recul Alain Marguet. Pendant ses dix-huit années de mandat à la tête de l’Amicale, Alain Marguet aura porté la bonne parole des fron-

“Je me suis toujours attaché à créer des passerelles.”

Alain Marguet quitte l’Amicale des Frontaliers après plus de 50 ans d’engage- ment et 18 ans de présidence.

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