La Presse Pontissalienne 254 - Février 2021
26 Mouthe - Région des lacs
La Presse Pontissalienne n°254 - Février 2021
CHAUX-NEUVE
Détente Les plaisirs du fond à toutes les altitudes
Le Conseil départemental et l’inspection académique du Doubs portent depuis des décennies le dispositif “écoles de plaine” permettant aux écoliers du bas de venir profiter des joies de la neige.
T ous les enfants du Doubs n’ont pas la chance d’avoir les pistes à portée de spatules. Tous n’ont pas forcément les moyens de s’offrir des sorties ou des vacances à la neige. Pour autant, faudrait-il que les joies du ski ne soient que l’apanage des mon- tagnons et des vacanciers ? Que les investissements du Dépar- tement du Doubs dans les infra-
structures neige ne profitent qu’à une frange de la popula- tion ? C’est tout le sens de ce dispositif maintenu contre vents et Covid depuis des décennies dans le Doubs. “Depuis la rentrée de janvier, trois cars montent chaque jour dans nos structures à Jougne, aux Longevilles-Mont d’Or ainsi qu’à la salle d’accueil du Pré Poncet” , explique Éric Picot, le directeur d’EspaceMont
d’Or en charge de l’encadrement technique des groupes. Le dispositif prévoit que chaque classe effectue trois sorties enca- drées pendant l’hiver. L’arrivée sur site varie en fonction du lieu de départ. Sur place, le moniteur de ski nordique coordonne la préparation. “On commence par équiper tout le monde. La situa- tion sanitaire nous impose une adaptation pédagogique dans la prise en charge” , indique Jean- Luc Saintot, le moniteur qui s’occupe des écoliers transportés au Pré Poncet. Pour encadrer la séance, il est assisté par des accompagnants bénévoles qui ont suivi une petite formation mise en place par l’inspection académique. Pas question de se lancer dès la première séance dans une grande randonnée qui n’aurait aucun sens. Tout s’organise autour des notions de plaisir, découverte et accessibilité. Au menu du matin figurent diffé- rents petits exercices d’appren- tissage pour se familiariser avec les skis. Prise enmain, équilibre,
La première séance est axée sur la maîtrise des déplacements en ski de fond.
qu’ils ne sont pas près d’oublier. Au fil du temps, le dispositif a évolué en fonction notamment de l’enneigement et des pres- tataires. Près de deux généra- tions d’enfants scolarisés dans le Doubs ont pu bénéficier de ces leçons jurassiennes de nature et de ski. Un souci d’équité sociale qui n’est pas pour déplaire à Éric Picot. “On peut parler d’une activité mili- tante à tous les niveaux. Dans ces temps compliqués, je trouve même assez courageux de la part du Département de maintenir cette activité.” n
façon dont les animaux, les plantes s’adaptent à la neige, au froid. Si l’on passe devant une ferme, une citerne, on échange aussi l’architecture de montagne. C’est très ludique et interactif” , apprécie Jean-Luc Saintot qui voit dans ces jour- nées l’opportunité de savourer un grand moment de détente. Au fur et à mesure des séances, les enfants prennent de l’assu- rance. Suffisamment pour effec- tuer une belle balade de plu- sieurs kilomètres et emmagasiner sans le savoir, des souvenirs d’enfance enneigés
sensation de glisse, premiers virages, premières chutes aussi. Après la pause repas dans la
salle hors sac, c’est l’heure de la balade. L’oc- casion aussi pour le moni- teur d’éveiller la curiosité des enfants aux mystères du monde qui les entoure. “On peut leur parler de la forêt, de la
“Je trouve courageux de la part du Département de maintenir cette activité.”
Après l’effort, le réconfort de la descente.
ENVIRONNEMENT
Six pièges photos À l’étude du Grand Tétras dans la forêt du Risol
Le Groupe Tétras Jura a posé six pièges photo dans ce massif frontalier. Objectif : mieux comprendre les interactions entre l’homme, le réchauffement climatique et cette espèce emblématique de la haute chaîne jurassienne.
solutions. C’est long mais plus prudent. Ces pièges restent des indicateurs suf- fisants pour alimenter une base de dis- cussion.” Comment expliquer le déclin duGrandTétras dans le Jura. Plusieurs facteurs interfèrent. D’un point de vue global, l’évolution de la sylviculture a clairement un impact. “On a de plus en plus tendance à faire des forêts très claires, ce qui est moins favorable au Grand Tétras. L’impact de cette modi- fication de l’habitat s’accentuera avec le changement climatique.” Impossible de savoir si le réchauffement du climat jurassien est sans incidence sur l’oiseau. Même topo pour la pré- dation en signalant que l’arrivée du loup est semble-t-il sans conséquence sur la population deTétras. “L’isolement des populations agit sur la consangui- nité au point d’annihiler les actions de protection.” C’est là tout l’enjeu de la
O n estime à 280 le nombre de Grand Tétras, mâle ou femelle, vivant encore dans l’Arc juras- sien, soit 20 % de moins qu’il y a 10 ans. “Avec cette particularité
dans le Doubs d’avoir pratiquement tout l’effectif réuni sur le secteur Mont d’Or-Risol”, précise Alexandra Depraz, coordinatrice du Groupe Tétras Jura. Cette association de protection de la nature fédère tous les acteurs : natu- ralistes, chasseurs, forestiers soucieux d’agir pour mieux conserver cette espèce en grand danger. Si l’isolement du Risol explique sans doute la présence de l’oiseau, force est de reconnaître qu’il manque encore beaucoup de données sur ce massif qui ne bénéficie d’aucune mesure de pro- tection, tel un arrêté de biotope. “On a posé ces pièges pour mieux compren- dre ce qui se passe. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des études déjà menées dans l’Arc jurassien dans l’Ain, le Risoux, le Massacre…” L’impact de l’homme sur le milieu ? Le réchauf- fement climatique ? Quel type de pré- dation ? Beaucoup de questions restent, pour l’instant, sans réponse. C’est la finalité même du groupe de travail chargé de recueillir les infor- mations collectées par les pièges photos. “Il convient d’abord d’acquérir des connaissances avant d’avancer des
Aujourd’hui se pose le problème de la consanguinité dans une population de grand Tétras de plus en plus morcelé (photos Groupe Tétras Jura).
préservation de l’espèce. Car la population juras- sienne n’est qu’une entité de la population alpine qui s’étend des Alpes à la Forêt Noire. Sauf qu’il n’y a plus de continuité entre ces populations. Le bras- sage génétique ne se fait plus. “Pour sauver cette espèce, il est probable qu’il faudra agir pour recom- poser ces continuités.” N’y a-t-il aucune note d’es-
20 % de moins qu’il y a 10 ans.
poir ? La coordinatrice du Groupe Tétras Jura souhaite que l’information circule mieux. “Pour l’instant, la situa- tion n’est pas joyeuse. Si les gens adhè- rent à cet objectif de sauvetage, on a peut-être une chance d’y arriver.” Fau- drait-il interdire tous déplacements hivernaux sur les zones à Tétras ? Pas forcément nécessaire d’aller jusque- là mais il est recommandé néanmoins de privilégier le hors-piste sur les
espaces ouverts et d’éviter de s’aven- turer en forêt en quittant les pistes déjà tracées. “Au printemps, on n’in- sistera jamais assez sur l’importance de garder son chien en laisse à une époque où la faune sauvage a grand besoin de se refaire une santé au sortir de l’hiver surtout quand celui-ci se montre rigoureux.” n F.C.
Le grand tétras Jura a posé six appareils de ce type dans le mas- sif du Risol au-dessus de Mouthe.
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