La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021

L’ INTERVIEW DU MOIS 4

La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021

SOUS-PRÉFET

Bilan 2020, perspectives 2021

“Je commence à faire corps avec ce territoire” Arrivé en février dans l’arrondissement de Pontarlier, le sous-préfet Serge Delrieu a dû mettre en application la politique sanitaire, le plan de relance de l’État, tout en gérant les affaires courantes d’une sous-préfecture qui compte 130 km de frontière avec la Suisse.

L a Presse Pontissalienne : Difficile d’évoquer l’année 2020 sans parler de la situation sanitaire sur l’arrondissement ? Serge Delrieu : Au 5 janvier, le taux d’in- cidence dans le Doubs était de 285 pour 100 000 contre 228 pour 100 000 en région Bourgogne-Franche-Comté. C’est bien au-dessus de la moyenne nationale qui varie entre 120 et 140. On retrouve la même configuration pour le taux d’in- cidence chez les personnes de plus de 65 ans : 342 pour 100 000 dans le Doubs, 263 pour 100 000 en région et 143 pour 100 000 en France. Autre indicateur, le taux de positivité aux tests. Il se situe à 10,54 % dans le Doubs, soit le double du taux national à 5,2 %. L.P.P. : On évoque une plus forte tension en zone frontalière, comment l’expliquer ? S.D. : On sait que la Suisse n’est pas épargnée. C’est l’effet frontière. Il serait par ailleurs utile de développer un axe de coopération futur avec les Suisses sur l’harmonisation des consignes sani- taires, l’ouverture des restaurants, des stations de ski. L.P.P. : Comment gérer le contrôle de la frontière avec les Français partis séjourner en Suisse pendant les vacances ? S.D. : Rappelons qu’il n’est pas interdit d’aller en Suisse même si l’État français recommande fortement d’éviter les séjours en station de ski. Pendant les vacances, on a procédé à une distribution de flyers à titre préventif sur les postes des Verrières et de la Ferrière. À partir de janvier, il sera possible d’effectuer des dépistages aux postes frontières avec une obligation de mise en quaran- taine si le test s’avère positif. L.P.P. : Que retenir sur la gestion de cette épi- démie ? S.D. : Depuis mars, l’État a tenu bon avec des incidences limitées dans les hôpi- taux. Cette réussite repose aussi sur la mobilisation de la population. Ce n’est jamais populaire de prendre des déci- sions visant à limiter les interactions sociales et familiales. On retient aussi les tensions vécues dans les E.H.P.A.D. où l’on commence à trouver des solutions pour remplacer le personnel. L’espoir d’une issue salvatrice réside quand même dans la vaccination. L.P.P. : À ce sujet, savez-vous comment les choses vont se dérouler ? S.D. : Cela se fera en plusieurs phases. Les premiers vaccins arrivent cette semaine dans le Doubs. Ils se feront en priorité dans les E.H.P.A.D. et les unités de soins longue durée sur la base du volontariat pour les résidents. Le per- sonnel soignant et les prestataires qui interviennent dans ces services pourront aussi être vaccinés lors de cette première étape s’ils répondent à deux critères : être âgé de plus de 50 ans et être sus- ceptible de développer une comorbidité.

phonie mobile, création ou rénovation de bâtiment scolaire, hébergement public. Une grande partie de l’enveloppe supplémentaire est concentrée sur la transition énergétique, la rénovation thermique. On a aussi des dossiers com- munaux susceptibles d’être éligibles aux deux dotations. Il faudra juste que les travaux débutent d’ici la fin 2021. L.P.P. : Qu’en est-il des Contrats de Relance et de Transition Énergétique (C.R.T.E.) ? S.D. : Un C.R.T.E. sera conclu en 2021 entre l’État et le Pays du Haut-Doubs. Un autre sera signé plus au nord de l’arrondissement avec le Parc Naturel régional du Doubs Horloger. Ces C.R.T.E. fusionnent des dispositifs existants et intègrent des programmes d’appui comme celui des Petites Ville de demain. On partira d’un diagnostic pour définir des actions pluriannuelles avec un appui en ressources humaines. Les C.R.T.E. valorisent aussi des dispositifs comme l’Agenda rural ou Territoire d’industrie. Ils représentent une nouvelle génération de contrats associant les territoires au plan de relance. Il reste à définir les périmètres de deux C.R.T.E. de l’arron- dissement en sachant qu’on aura jusqu’en juin pour conclure ces contrats. L.P.P. : Comment appréhendez-vous les besoins du territoire ? S.D. : Je mise beaucoup sur ma tournée de communes pour prendre connaissance des besoins, des inquiétudes. Les maires me font également rencontrer les autres élus de leur commune. C’est très utile de se rendre compte sur place des pro- blématiques. J’effectue régulièrement ces visites avec les parlementaires locaux, notamment avec le sénateur Jean-François Longeot très attaché à la ruralité. L.P.P. : L’accompagnement des communes implique forcément de régler des problèmes. Comment vous y prenez-vous ? S.D. : Le dynamisme du Haut-Doubs sou- lève pas mal de questions en lien avec l’urbanisme. D’où l’intérêt de mettre autour de la table les services de l’État et les élus en proie à des difficultés. Je suis là pour favoriser l’éclosion de projets qui vont dans le sens de l’intérêt général tout en s’inscrivant dans le développe- ment durable. On travaille par exemple à l’organisation d’une navette de trans- port public sur la commune des Fourgs. Le plan de relance s’articule avec les autres plans existants. Je pense par exemple au plan jeune. Il me semble pertinent de remettre en place sur l’ar- rondissement le Service public de l’Em- ploi qui fédère tous les acteurs de travail : Pôle emploi, mission locale, agences intérim, C.H.U., élus des interco en charge des questions de l’emploi…Rap- pelons qu’on a créé dans le Doubs des cellules d’appui à la reprise économique et sociale qui recense les difficultés des

La seconde phase de vaccination s’étend au personnel dans tous les établisse- ments de soins sous réserve que la per- sonne réponde au moins un des deux critères. Les professionnels de santé libéraux sont aussi concernés. Le dis- positif s’élargira ensuite à tous les acteurs de l’aide à domicile. L.P.P. : Et pour les autres ? S.D. : On va ouvrir, en concertation avec les communes, des centres de vaccination à Besançon, Montbéliard puis proba- blement à Pontarlier et Morteau en ciblant des locaux permettant d’anticiper la montée du dispositif. D’autres centres ouvriront ultérieurement pour optimiser le maillage territorial. Tous ces centres seront adossés à un établissement de soins comme le C.H.I.H.C. L.P.P. : Comment se traduit le plan de relance au niveau de l’arrondissement de Pontarlier ? S.D. : On utilise d’une part, la dotation d’équipement des territoires ruraux ou D.E.T.R. Cette année, on a privilégié les dossiers les plus aboutis pour favoriser une dépense publique utile. Sur l’ar- rondissement, cela représente une enve- loppe de 3,5 millions d’euros répartie sur 88 dossiers. Il y a beaucoup de dépenses, près d’1 million d’euros, liées à des travaux dans les écoles ou les périscolaires. Plus d’1,3 million d’euros sont engagés dans la réfection de la voi- rie. La D.E.T.R. concerne aussi des pro- jets dans le développement économique et social, dans les équipements sportifs, l’informatique dans les écoles, la valo- risation du patrimoine. J’ai proposé à

Serge Delrieu atoujours à portée de main un ouvrage sur Edgar Faure, l’un de ses maîtres à penser qu’il a eu l’occasion de côtoyer dans sa jeunesse. Il étudie d’ailleurs la possibilité de baptiser une salle de réunion de la sous-préfecture en son nom.

procéder aux acquisitions foncières en 2022 avant d’engager les travaux à partir de 2023. Le cap est toujours tenu. On a également obtenu des crédits spé- cifiques pour l’aménagement du tronçon à trois voies dans la montée de La Main. On en est actuellement au stade de l’ap- pel d’offres pour désigner le titulaire de l’étude avec un rendu d’ici l’automne 2021. L.P.P. : Et sur la problématique de la ressource en eau ? S.D. : Il y a là un double enjeu à la fois qualitatif et quantitatif. Il reste encore trop de communes isolées. 34 sur 149 pour être précis. On dénombre aussi l’existence de 15 syndicats des eaux. Un effort de rationalisation s’impose. On doit travailler pour dégager de nou- velles perspectives en termes de réserves d’eau. Les échanges avancent bien avec la S.N.C.F. sur le dossier de l’eau du Mont d’Or. Il reste encore à progresser sur le barrage d’Oye-et-Pallet et sur la question de la prise de compétence de l’eau au niveau des intercos. Je pense qu’il manque un guichet unique de l’eau à l’échelle nationale. L.P.P. : Que répondre aux inquiétudes des com- munes forestières touchées par les scolytes ? S.D. : La Direction Départementale des Finances Publiques a établi un tableau assez éloquent du taux de dépendance des communes aux ressources fores- tières. Sur l’arrondissement, cela varie de 20 à 50 %. Je pense que l’on aura une initiative conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie avec la

entreprises. Ce dispositif se décline aussi à l’échelle de l’arrondissement. L.P.P. : Quel bilan peut-on dresser sur les questions de sécurité ? S.D. : On constate malheureusement une augmentation des violences intra-fami- liales. Je pense qu’on pourrait aller plus loin dans la réponse associative, c’est- à-dire être plus réactif dans la prise en charge des victimes. Les problèmes sont toujours les mêmes sur le plan de la sécurité routière avec ce cocktail habi- tuel : alcool, drogue, vitesse excessive à l’origine de trop nombreux accidents. L.P.P. : Du nouveau sur le front des voies de communication ? S.D. : La Région va passer des contrats locaux de mobilité avec les intercos. La Ligne des horlogers fera l’objet en 2021 d’une belle rénovation. Au total, cela représente un investissement de 59 mil- lions d’euros. La S.N.C.F. apporte 4 mil- lions d’euros, l’État français 19,4 millions d’euros, la Région verse 19,4 millions d’euros, l’Europe par le biais du F.E.D.E.R. 6 millions d’euros et les C.F.F. suisses 10 millions de francs suisses. La ligne entre Besançon et La Chaux- de-Fonds fait 86 km dont 10 km en Suisse. Ceci expliquant cela. L’objectif est d’améliorer la vitesse, la fréquence et l’offre. Il y aura sans doute beaucoup de coupures de ligne à prévoir en 2021. L.P.P. : Et le franchissement de Pontarlier ? S.D. : Concernant l’aménagement de la R.N. 57 à l’amont de la ville, l’enquête publique sera lancée en 2021. Il faudra

ma hiérarchie que cette dotation soit progressivement rapatriée en sous- préfecture, ce qui est en soi assez logique car il s’agit là d’un service de proximité. Autre élément du point de relance non négligeable avec la Dotation de Soutien à l’Investissement Local ou D.E.S.I.L. Cette dotation qui s’élève à 570 millions bénéficie d’une ral- longe exceptionnelle de 950 millions d’eu- ros. La D.E.S.I.L. concerne des projets plus structurants que la D.E.T.R. Ils se déclinent selon six priorités : transition énergétique, mise aux normes des équi- pements publics, infrastructures en faveur des mobilités, développement numérique en télé-

“L’État a eu des positions contradictoires, parfois démagogiques.”

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