La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021 21
l Stéphane Bouthiaux Le Directeur technique natio- “On a la chance d’avoir un comité jurassien très bien organisé” Du comité du Doubs à la direction technique
sion du ski nordique a été rem- placé par l’habitude de tourner en rond sur des pistes à l’inté- rieur d’un stade. Les athlètes et le public apprécient la for- mule. La grande différence avec les autres sports nordiques, c’est le tir. C’est là que le biathlon prend aujourd’hui tout son sens. Pour les jeunes, cela apporte un frisson, des sensations qu’ils ne retrouvent pas ailleurs. L.P.P. : L’essor du biathlon se fait-il au détriment du ski de fond ? S.B. : Je n’y vois pas d’antago- nisme mais un partage du gâteau relativement équitable. Le ski reste accessible au plus grand monde, ce n’est pas le cas du biathlon. En compétition, il y a beaucoup moins de suspense en ski qu’en biathlon qui est une discipline très télévisuelle et facile à suivre. L.P.P. : Difficile donc de développer davantage le biathlon ? S.B. : C’est plus compliqué car cela suppose des équipements d’encadrement, dumatériel spé- cifique. Il y a aussi des règles de sécurité strictes à respecter. C’est une discipline qui ne pourra pas se vulgariser.
L.P.P. : Vous parliez d’une bonne relève jurassienne ? S.B. : Oui avec SébastienMahon, Oscar Lombardot, Pierre Mon- ney et Martin Bourgeois-Répu- blique, on a des jeunes promet- teurs. Il y a moins de représentation du massif juras- sien chez les filles. L.P.P. : D’où l’importance d’avoir des références ? S.B. : C’est essentiel pour motiver des jeunes. L.P.P. : Comme la diffusion en direct des courses ? S.B. : Oui, le biathlon est très suivi. Le fait qu’une biathlète, Marte Olsbu Roeiseland ait été élue championne de l’année par le journal L’Équipe, c’est aussi le signe d’une reconnaissance. L.P.P. : Quel est l’impact de la crise sanitaire sur le biathlon ? S.B. : C’est très pénalisant. On n’a pas le droit d’organiser des courses régionales ni nationales à l’exception des chronos. En coupe dumonde, on vit dans des bulles avec des courses à huis clos. n Propos recueillis par F.C. patience. On peut vivre des ins- tants magiques comme des tra- versées du désert. Il faut toujours avoir du plaisir à évoluer et une âme de cadet” , explique Frédéric Guyon, entraîneur de biathlon au comité de ski massif juras- sien. Cette méthode, il se l’applique aussi à lui-même. Originaire de Pontarlier, ce touche à tout des sports outdoor a toujours été attiré par le métier. “J’aime le côté technicien, expertise, être à l’écoute” , poursuit ce perfection- niste qui sera entraîneur de ski de fond puis de biathlon au comité du Doubs puis au comité du massif jurassien. Il s’octroie même une pause de préparateur de skis durant deux ans en équipe de France avant de reve- nir en 2014 au comité jurassien où il encadre désormais le groupe post-bac. Soit 17 jeunes biathlètes non retenus en équipe de France et qui, pour la plupart, poursuivent des études supé- rieures à la fac ou en I.U.T. en bénéficiant d’horaires adaptés. “On met tout en œuvre pour qu’ils décrochent une participa- tion en Junior Cup I.B.U. qui est le circuit de référence chez les U 22. On vise aussi les cham- pionnats du monde du junior.”
nationale du fond et du biathlon, poste qu’il occupe actuellement à la Fédération, Stéphane Bouthiaux l’ancien entraîneur de Martin Fourcade a vécu de l’intérieur l’évolution du biathlon. Entretien.
L a Presse Pontissalienne : Pensez-vous que la culture du biathlon est une spécificité jurassienne ? Stéphane Bouthiaux : En toute hon- nêteté, je ne pense pas que le massif jurassien soit plus une terre de biathlon que le Mont Blanc, la Savoie ou le Dauphiné. Si on ne peut pas parler de cul- ture spécifique, il reste bien entendu un héritage. L.P.P. : Lequel ? S.B. : Le ski nordique se pratique en général plus dans le Jura et dans les Vosges. C’est assez logique aussi qu’on retrouve dans les années 70-80 beaucoup de biathlètes issus de ces deux massifs. L.P.P. : Aujourd’hui, le Jura n’est pas mieux loti que les autres en termes d’infrastructures, d’encadrement ? S.B. : Tous les massifs où l’on pratique le biathlon sont bien
équipés en stade avec des entraî- neurs compétents dans tous les comités. Ce qui n’empêche pas d’avoir un comité régional de ski sur le massif jurassien très bien organisé avec notamment deux clubs : l’E.S.S.S. de Mont- benoît et l’Olympic Mont d’Or qui se sont bien engagés dans le biathlon. Ce qui explique pour- quoi on a de la relève dans le biathlon jurassien. On a sensi- blement les
mêmes effectifs en biathlon qu’en ski de fond chez les U 20, U 17, U 15. L.P.P. : Le succès de ce sport réside dans l’évolution des for- mats de course ? La couverture média- tique ? S.B. : Tout cela y contribue bien sûr. Le rêve d’éva-
“Pour les jeunes, le tir apporte un frisson.”
Pour le D.T.N. du biathlon et du ski de fond, le frisson et le suspense du tir contribuent largement au succès de la discipline.
l Comité de ski Massif jurassien Une méthode d’entraînement qui fait ses preuves
La crise sanitaire bouleverse le calendrier mar- qué par l’annula- tion de nom- breuses courses. Les jeunes biath- lètes devant se contenter de chro- nos sans avoir la possibilité de se confronter à la concurrence inter- nationale. “On a pu néanmoins se préparer dans de relativement bonnes conditions grâce à la qualité
“Le budget a encore été revu à la baisse. C’est aussi une des rai- sons qui explique qu’on cherche à concentrer les entraînements sur le massif ” , poursuit Titi Guyon qui effectue de nombreux déplacements entre les quatre sites. En ski nordique, la préparation débute généralement en mai par une période de régénération avant de monter crescendo en puissance au cours de l’été pour être prêt à manger du ski à la rentrée. “On fonctionne en groupes d’entraînement. On se retrouve généralement trois ou quatre fois par semaine pour des entraînements à la journée ou sur des stages de plusieurs jours. En général, c’est moi qui me déplace d’un site à l’autre” , détaille l’entraîneur qui est par- fois assisté par d’autres entraî- neurs pour compléter la prépa- ration. L’entraîneur rappelle aussi que la réussite du modèle jurassien repose sur la qualité de l’enca- drement à chaque échelon : du club au comité de massif en pas- sant par le comité départemen- tal et les sections sportives. “Tous jouent un rôle primordial dans la formation.” n F.C.
Des clubs jusqu’aux portes de l’équipe de France, la prise en charge des jeunes biathlètes du massif s’inscrit dans la durée en préservant une marge de progression à chaque étage de la pyramide.
E n 2012, une seule Jurassienne,Anaïs Bes- cond, était en équipe de France de biathlon. Elle est toujours là huit ans plus tard mais en compagnie de 7 autres Jurassiennes et Juras-
siens membres des équipes de France A, B, Jeunes ou Juniors. Dans cette élite, on retrouve quatre espoirs jurassiens avec Lou Jeanmonnot, Sébastien Mahon, Pierre Monney et Oscar Lombardot. Un joli tir groupé
qui ne doit rien au hasard. “Au comité jurassien, notre philoso- phie c’est de faire entrer les jeunes en équipe de France et qu’ils aient encore une marge de pro- gression. Dans cette discipline, il faut savoir faire preuve de
Il faut savoir faire preuve de patience.
des infrastructures du massif jurassien” , poursuit l’entraîneur avec cette chance de pouvoir alterner les entraînements et les stages sur quatre stades com- plémentaires entre Prémanon, La Seigne, Chaux-Neuve et Arçon. Ce niveau d’équipement parti- cipe à la réussite des biathlètes jurassiens. Cette densité évite l’organisation de coûteux dépla- cements sur d’autres massifs. Car l’heure est aussi aux éco- nomies de fonctionnement dans un comité où les clubs et les familles sont mis à contribution.
Après diverses expériences à tous les niveaux d’entraîne- ments, Frédéric Guyon a pris en charge le groupe post-bac rassemblant 17 biathlètes.
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