La Presse Pontissalienne 253 - Janvier 2021
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
Une année sans Pont...
...n’annonce rien de bon !
2, 80 €
JANVIER 2021
Mensuel d’information du Haut-Doubs
www.presse-pontissalienne.fr
LE BIATHLON, UNE PASSION DU HAUT-DOUBS
Pourquoi ce sport plaît-il tant dans le massif jurassien ?
Le 1 er adjoint de Malbuisson Il revient après 9 mois dans l’enfer du Covid p. 19
La station prépare sa mutation Métabief a acté la fin du tout-neige p. 6 à 8
NOUVEAU
RETOUR SUR INFO
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021
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Le transfert de la compétence eau à la C.C.G.P. très vraisemblablement retoqué
Bénédiction ? Une neige abondante, maintenue par un froid constant. Le tableau aurait pu être idyllique. Clin d’œil de la nature, ou pied de nez diront certains, les sublimes pay- sages enneigés qui se sont offerts aux visiteurs ces dernières semaines ont donné au Haut-Doubs des airs de fête. Sauf que…Remontées mécaniques et restau- rants étant restés fermés, c’est un sacré manque à gagner pour l’économie tou- ristique du Haut-Doubs en ce début d’hiver. Mise de côté la légitime amertume des restaurateurs, il convient toutefois de tirer de cet épisode inédit, des enseignements positifs. À commencer par les visiteurs et les locaux dont la plupart, en découvrant un autre rythme, d’autres activités plus lentes, plus près de la nature, sont quelque part passés du statut de “consommateurs de loisirs” à celui de “contemplateurs”, arpentant des sous-bois qu’ils n’avaient peut-être jamais empruntés, redécouvrant le goût de l’effort qu’offrent les disciplines nordiques, le plaisir de la découverte que propose une randonnée en raquettes ou le simple spectacle de savourer le temps qui passe dans une région, la moyenne montagne, dont on n’a jamais eu autant l’occasion d’apprécier les charmes. Ce début d’hiver hors du commun restera peut-être avec le recul comme une béné- diction pour un Haut-Doubs dont la vocation n’est sans doute pas de devenir une usine à touristes (il n’a jamais eu les moyens de cette ambition), mais de s’imposer parmi les destinations montantes du “slow tourisme”. La reconversion annoncée de la station de Métabief, que nous détaillons dans ce numéro, va sans doute dans ce bon sens où la recherche d’un maximum de visiteurs ne doit plus être l’alpha et l’oméga de l’ambition touristique de ce secteur que la nature a doté de tous les atouts pour offrir une palette bien plus diversifiée d’activités que le seul ski alpin. Le retour à certaines valeurs plus authen- tiques est peut-être une des leçons indi- rectes que cette interminable pandémie inflige au monde. Il ne faut évidemment pas occulter les graves difficultés dans lesquelles elle a plongé plusieurs pans de l’économie locale. Essayons néanmoins de regarder le bel enneigement de ce début d’hiver comme un clin d’œil bien- faiteur de la nature plutôt qu’une doulou- reuse provocation de sa part. n Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Jean-François Hauser. Acollaboré à ce numéro : Magalie Troutet. Régie publicitaire : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80 Imprimé à Nancy-Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Janvier 2021 Commission paritaire : 0222 D 79291 Crédits photos : La Presse Pontissalienne, Croix Rouge, Q. Joly - Jolypics, C. Monneret, S.M.M.O., J. Varlet.
L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Les clients du centre-ville ont répondu présents
“C onsommer local, c’est vital !” Ce message, large- ment relayé par l’association Commerce Pontarlier Centre (C.P.C.) et les acteurs de l’éco- nomie locale aura été entendu. En décembre, le commerce de centre-ville a retrouvé de belles couleurs à Pontarlier, à tel point que “ globalement, les commerçants du centre- ville ont fait un meilleur mois de décembre 2020 que l’an- née précédente. Les clients locaux ont très bien joué le jeu en décalant leurs achats sur le mois de décembre. Les commerçants ont vu des clients qui disaient ne jamais
cadeaux, et 20 € dès 160 € d’achat” ajoute Béatrice Sail- lard. La plate-forme de vente de chèques-cadeaux mise en place par l’association a par- ticulièrement bien fonctionné dès novembre, “deux fois plus que l’année dernière.” Pour les 162 commerçants adhérents à C.P.C., cette fin d’année a donc été une bouf- fée d’oxygène. Après les ventes privées que certains s’apprêtent à enclencher, puis les soldes d’hiver qui ont été décalés au 20 janvier, ils pré- parent leur prochain rendez- vous : la braderie d’hiver pré- vue les 13 et 14 février prochains. n
venir habituellement au cen- tre-ville” commente Béatrice Saillard, l’animatrice de l’as- sociation C.P.C. Mis à part les restaurants, les bars ou encore le cinéma, hélas toujours fer- més, décembre aura permis aux commerçants de sauver l’année, “même si ce qui avait été perdu en mars et en novembre ne sera jamais rat- trapé.” En décembre toujours, près de 40 000 € de chèques- cadeaux auront été écoulés par C.P.C. “Cette opération a permis de booster la valeur du panier moyen car pour 100 euros d’achat, 10 euros étaient offerts en chèques-
“On va attendre la décision de la préfecture”, annonçait sans se faire trop d’illusion Patrick
Genre lors du dernier
conseil com- munautaire.
L es dix communes de la C.C.G.P. devaient se pro- noncer avant la fin de l’an- née pour valider ou pas le trans- fert de la compétence eau à la com’com au 1 er janvier 2021. Cinq communes sur dix avaient déjà voté contre cette délibéra- tion à l’ordre du jour du conseil communautaire du 29 septembre dernier. Mais la décision finale reposait sur le vote des com- munes avec l’éventualité que se dégage une minorité de blocage effective si au moins 25%d’en- tre elles représentant 20 % de la population délibéraient contre le transfert de la compétence pleine et entière de l’eau au 1 er janvier 2021. Résultat : quatre communes ont confirmé leur position du 29 septembre, à savoir Chaffois, Doubs, Houtaud et Vuillecin. Une seule est reve- nue sur sa position : Dommartin. Les 25 % sont atteints en nom- bre de communes. C’est plus
incertain côté population. “On va attendre la décision de la pré- fecture” , annonçait Patrick Genre au dernier conseil com- munautaire du 14 décembre, sans se faire de grandes illu- sions. En effet, les chiffres ne laissent guère planer de doute si l’on se réfère au recensement l’I.N.S.E.E. lié aux populations légales en vigueur dans le Doubs à compter du 1 er janvier 2020. À ce jour, la population totale de la C.C.G.P. s’élevait à 28 144 habitants. Si l’on soustrait les comptés à part, on arrive à 27 040 habitants pour la popu- lation municipale. En divisant ces populations par 5, on obtient 5 629 en population totale et 5 408 en population municipale. Il suffit alors de comparer à la population des quatre com- munes qui ont refusé ce transfert, soit 5 907 en population totale et 5 741 en population commu- nale. La messe est dite. n
Le mois de décembre 2020 aura été globalement meilleur que 2019 pour les commerces ouverts.
Croix Rouge de Pontarlier : 125 ans de solidarité
L a section pontissalienne de la Croix Rouge a fêté en fin d’année ses 125 ans d’existence. “Covid oblige, il n’y a pas eu de fête, ni de gâteau d’an- niversaire, note Yves Leclerc, le président actuel. Malgré tout, l’unité locale de Pontarlier a permis aux familles de faire la fête à la maison en réalisant un panier festif.” C’est lors d’une assemblée générale le 26 mai 1895 que la section de Pontarlier est créée en présence du Docteur Ber- thelot et de Monsieur Schendorffer qui était le secrétaire de la section de Besan- çon. La Croix Rouge pontissalienne a été très active dès la Première guerre mondiale. “Des hôpitaux militaires dépen- dant directement du Service de santé de la place de Pontarlier sont organisés,
ainsi l’hôpital auxiliaire n° 107, installé le 23 septembre 1914, dirigé par la Croix- Rouge et occupant l’emplacement d’une école libre de garçons, 3, place du Mont. La Croix Rouge a également créé un foyer du soldat en 1916” rappelle le pré- sident. Pendant la Seconde guerre mon- diale, un hôpital annexe de 40 lits dont les services sont assurés par la Croix- Rouge est installé. Le médecin militaire demande même que les services de l’annexe soient assurés par des infir- mières de la Croix Rouge sous la direc- tion d’une infirmière major. “En 1944, la Croix-Rouge et les services sanitaires FFI installent des annexes à la Maternité, au pensionnat des Augustins, à l’école Jeanne d’Arc et au château de Bonne- vaux pour un total de 230 lits.”
Lors des guerres mondiales, la Croix Rouge de Pontarlier
a accueilli les blessés de guerre.
Au cours des 30 dernières années, la Croix-Rouge de Pontarlier a poursuivi l’œuvre commencée en 1895 sous les présidences de Josiane Nohl, Robert Edme, Claude Bouffet, Gérard Patois et Yves Leclerc. Elle relève de nouvelles batailles, essentiellement la lutte contre
la pauvreté au travers de l’aide alimen- taire et vestimentaire. Elle est également très présente face à la pandémie de Covid par son action de renfort du centre d’appels du 15 et du transport de per- sonnes sans domicile stable atteint par cette maladie. n
L’ INTERVIEW DU MOIS 4
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021
SOUS-PRÉFET
Bilan 2020, perspectives 2021
“Je commence à faire corps avec ce territoire” Arrivé en février dans l’arrondissement de Pontarlier, le sous-préfet Serge Delrieu a dû mettre en application la politique sanitaire, le plan de relance de l’État, tout en gérant les affaires courantes d’une sous-préfecture qui compte 130 km de frontière avec la Suisse.
L a Presse Pontissalienne : Difficile d’évoquer l’année 2020 sans parler de la situation sanitaire sur l’arrondissement ? Serge Delrieu : Au 5 janvier, le taux d’in- cidence dans le Doubs était de 285 pour 100 000 contre 228 pour 100 000 en région Bourgogne-Franche-Comté. C’est bien au-dessus de la moyenne nationale qui varie entre 120 et 140. On retrouve la même configuration pour le taux d’in- cidence chez les personnes de plus de 65 ans : 342 pour 100 000 dans le Doubs, 263 pour 100 000 en région et 143 pour 100 000 en France. Autre indicateur, le taux de positivité aux tests. Il se situe à 10,54 % dans le Doubs, soit le double du taux national à 5,2 %. L.P.P. : On évoque une plus forte tension en zone frontalière, comment l’expliquer ? S.D. : On sait que la Suisse n’est pas épargnée. C’est l’effet frontière. Il serait par ailleurs utile de développer un axe de coopération futur avec les Suisses sur l’harmonisation des consignes sani- taires, l’ouverture des restaurants, des stations de ski. L.P.P. : Comment gérer le contrôle de la frontière avec les Français partis séjourner en Suisse pendant les vacances ? S.D. : Rappelons qu’il n’est pas interdit d’aller en Suisse même si l’État français recommande fortement d’éviter les séjours en station de ski. Pendant les vacances, on a procédé à une distribution de flyers à titre préventif sur les postes des Verrières et de la Ferrière. À partir de janvier, il sera possible d’effectuer des dépistages aux postes frontières avec une obligation de mise en quaran- taine si le test s’avère positif. L.P.P. : Que retenir sur la gestion de cette épi- démie ? S.D. : Depuis mars, l’État a tenu bon avec des incidences limitées dans les hôpi- taux. Cette réussite repose aussi sur la mobilisation de la population. Ce n’est jamais populaire de prendre des déci- sions visant à limiter les interactions sociales et familiales. On retient aussi les tensions vécues dans les E.H.P.A.D. où l’on commence à trouver des solutions pour remplacer le personnel. L’espoir d’une issue salvatrice réside quand même dans la vaccination. L.P.P. : À ce sujet, savez-vous comment les choses vont se dérouler ? S.D. : Cela se fera en plusieurs phases. Les premiers vaccins arrivent cette semaine dans le Doubs. Ils se feront en priorité dans les E.H.P.A.D. et les unités de soins longue durée sur la base du volontariat pour les résidents. Le per- sonnel soignant et les prestataires qui interviennent dans ces services pourront aussi être vaccinés lors de cette première étape s’ils répondent à deux critères : être âgé de plus de 50 ans et être sus- ceptible de développer une comorbidité.
phonie mobile, création ou rénovation de bâtiment scolaire, hébergement public. Une grande partie de l’enveloppe supplémentaire est concentrée sur la transition énergétique, la rénovation thermique. On a aussi des dossiers com- munaux susceptibles d’être éligibles aux deux dotations. Il faudra juste que les travaux débutent d’ici la fin 2021. L.P.P. : Qu’en est-il des Contrats de Relance et de Transition Énergétique (C.R.T.E.) ? S.D. : Un C.R.T.E. sera conclu en 2021 entre l’État et le Pays du Haut-Doubs. Un autre sera signé plus au nord de l’arrondissement avec le Parc Naturel régional du Doubs Horloger. Ces C.R.T.E. fusionnent des dispositifs existants et intègrent des programmes d’appui comme celui des Petites Ville de demain. On partira d’un diagnostic pour définir des actions pluriannuelles avec un appui en ressources humaines. Les C.R.T.E. valorisent aussi des dispositifs comme l’Agenda rural ou Territoire d’industrie. Ils représentent une nouvelle génération de contrats associant les territoires au plan de relance. Il reste à définir les périmètres de deux C.R.T.E. de l’arron- dissement en sachant qu’on aura jusqu’en juin pour conclure ces contrats. L.P.P. : Comment appréhendez-vous les besoins du territoire ? S.D. : Je mise beaucoup sur ma tournée de communes pour prendre connaissance des besoins, des inquiétudes. Les maires me font également rencontrer les autres élus de leur commune. C’est très utile de se rendre compte sur place des pro- blématiques. J’effectue régulièrement ces visites avec les parlementaires locaux, notamment avec le sénateur Jean-François Longeot très attaché à la ruralité. L.P.P. : L’accompagnement des communes implique forcément de régler des problèmes. Comment vous y prenez-vous ? S.D. : Le dynamisme du Haut-Doubs sou- lève pas mal de questions en lien avec l’urbanisme. D’où l’intérêt de mettre autour de la table les services de l’État et les élus en proie à des difficultés. Je suis là pour favoriser l’éclosion de projets qui vont dans le sens de l’intérêt général tout en s’inscrivant dans le développe- ment durable. On travaille par exemple à l’organisation d’une navette de trans- port public sur la commune des Fourgs. Le plan de relance s’articule avec les autres plans existants. Je pense par exemple au plan jeune. Il me semble pertinent de remettre en place sur l’ar- rondissement le Service public de l’Em- ploi qui fédère tous les acteurs de travail : Pôle emploi, mission locale, agences intérim, C.H.U., élus des interco en charge des questions de l’emploi…Rap- pelons qu’on a créé dans le Doubs des cellules d’appui à la reprise économique et sociale qui recense les difficultés des
La seconde phase de vaccination s’étend au personnel dans tous les établisse- ments de soins sous réserve que la per- sonne réponde au moins un des deux critères. Les professionnels de santé libéraux sont aussi concernés. Le dis- positif s’élargira ensuite à tous les acteurs de l’aide à domicile. L.P.P. : Et pour les autres ? S.D. : On va ouvrir, en concertation avec les communes, des centres de vaccination à Besançon, Montbéliard puis proba- blement à Pontarlier et Morteau en ciblant des locaux permettant d’anticiper la montée du dispositif. D’autres centres ouvriront ultérieurement pour optimiser le maillage territorial. Tous ces centres seront adossés à un établissement de soins comme le C.H.I.H.C. L.P.P. : Comment se traduit le plan de relance au niveau de l’arrondissement de Pontarlier ? S.D. : On utilise d’une part, la dotation d’équipement des territoires ruraux ou D.E.T.R. Cette année, on a privilégié les dossiers les plus aboutis pour favoriser une dépense publique utile. Sur l’ar- rondissement, cela représente une enve- loppe de 3,5 millions d’euros répartie sur 88 dossiers. Il y a beaucoup de dépenses, près d’1 million d’euros, liées à des travaux dans les écoles ou les périscolaires. Plus d’1,3 million d’euros sont engagés dans la réfection de la voi- rie. La D.E.T.R. concerne aussi des pro- jets dans le développement économique et social, dans les équipements sportifs, l’informatique dans les écoles, la valo- risation du patrimoine. J’ai proposé à
Serge Delrieu atoujours à portée de main un ouvrage sur Edgar Faure, l’un de ses maîtres à penser qu’il a eu l’occasion de côtoyer dans sa jeunesse. Il étudie d’ailleurs la possibilité de baptiser une salle de réunion de la sous-préfecture en son nom.
procéder aux acquisitions foncières en 2022 avant d’engager les travaux à partir de 2023. Le cap est toujours tenu. On a également obtenu des crédits spé- cifiques pour l’aménagement du tronçon à trois voies dans la montée de La Main. On en est actuellement au stade de l’ap- pel d’offres pour désigner le titulaire de l’étude avec un rendu d’ici l’automne 2021. L.P.P. : Et sur la problématique de la ressource en eau ? S.D. : Il y a là un double enjeu à la fois qualitatif et quantitatif. Il reste encore trop de communes isolées. 34 sur 149 pour être précis. On dénombre aussi l’existence de 15 syndicats des eaux. Un effort de rationalisation s’impose. On doit travailler pour dégager de nou- velles perspectives en termes de réserves d’eau. Les échanges avancent bien avec la S.N.C.F. sur le dossier de l’eau du Mont d’Or. Il reste encore à progresser sur le barrage d’Oye-et-Pallet et sur la question de la prise de compétence de l’eau au niveau des intercos. Je pense qu’il manque un guichet unique de l’eau à l’échelle nationale. L.P.P. : Que répondre aux inquiétudes des com- munes forestières touchées par les scolytes ? S.D. : La Direction Départementale des Finances Publiques a établi un tableau assez éloquent du taux de dépendance des communes aux ressources fores- tières. Sur l’arrondissement, cela varie de 20 à 50 %. Je pense que l’on aura une initiative conjointe des ministères de l’Agriculture et de l’Écologie avec la
entreprises. Ce dispositif se décline aussi à l’échelle de l’arrondissement. L.P.P. : Quel bilan peut-on dresser sur les questions de sécurité ? S.D. : On constate malheureusement une augmentation des violences intra-fami- liales. Je pense qu’on pourrait aller plus loin dans la réponse associative, c’est- à-dire être plus réactif dans la prise en charge des victimes. Les problèmes sont toujours les mêmes sur le plan de la sécurité routière avec ce cocktail habi- tuel : alcool, drogue, vitesse excessive à l’origine de trop nombreux accidents. L.P.P. : Du nouveau sur le front des voies de communication ? S.D. : La Région va passer des contrats locaux de mobilité avec les intercos. La Ligne des horlogers fera l’objet en 2021 d’une belle rénovation. Au total, cela représente un investissement de 59 mil- lions d’euros. La S.N.C.F. apporte 4 mil- lions d’euros, l’État français 19,4 millions d’euros, la Région verse 19,4 millions d’euros, l’Europe par le biais du F.E.D.E.R. 6 millions d’euros et les C.F.F. suisses 10 millions de francs suisses. La ligne entre Besançon et La Chaux- de-Fonds fait 86 km dont 10 km en Suisse. Ceci expliquant cela. L’objectif est d’améliorer la vitesse, la fréquence et l’offre. Il y aura sans doute beaucoup de coupures de ligne à prévoir en 2021. L.P.P. : Et le franchissement de Pontarlier ? S.D. : Concernant l’aménagement de la R.N. 57 à l’amont de la ville, l’enquête publique sera lancée en 2021. Il faudra
ma hiérarchie que cette dotation soit progressivement rapatriée en sous- préfecture, ce qui est en soi assez logique car il s’agit là d’un service de proximité. Autre élément du point de relance non négligeable avec la Dotation de Soutien à l’Investissement Local ou D.E.S.I.L. Cette dotation qui s’élève à 570 millions bénéficie d’une ral- longe exceptionnelle de 950 millions d’eu- ros. La D.E.S.I.L. concerne des projets plus structurants que la D.E.T.R. Ils se déclinent selon six priorités : transition énergétique, mise aux normes des équi- pements publics, infrastructures en faveur des mobilités, développement numérique en télé-
“L’État a eu des positions contradictoires, parfois démagogiques.”
L’ INTERVIEW DU MOIS
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021
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d’association. Désormais, qu’il s’agisse de la création ou de la modification des statuts associatifs dans le Doubs, tout sera centralisé à Pontarlier. C’est déjà le cas pour les décorations à l’exception de l’Ordre du Mérite et de la Légion d’honneur. L.P.P. : Le souci du dialogue vous anime ? S.D. : J’ai pour adage “summum jus summa injuria” qui signifie que le droit appliqué trop strictement peut aboutir à de très grandes injustices. Je pense que le sous-préfet doit s’engager pour faire sortir la solution par le haut. Il doit laisser de la place à la médiation, à l’intercession. L.P.P. : Vous avez pris la mesure de votre arron- dissement ? S.D. : Je m’y attache au quotidien. Par rapport à mon précédent poste à Saint- Flour, je ne suis pas trop dépaysé en évoluant toujours sur un territoire de moyenne montagne fier de ses produits, ses vaches, ses paysages. Ici, on est sur un bassin plus prospère avec des inter- rogations inhérentes à cette prospérité. Je pense à la maîtrise des sols, de l’eau, à la problématique frontalière. Au fil de mes visites et des dossiers à traiter, je commence à faire corps avec ce ter- ritoire. Je suis là pour identifier les questions, les enjeux J’en suis encore à la phase diagnostic. L.P.P. : Votre avis sur l’habitant du Haut-Doubs ? S.D. : C’est quelqu’un de loyal. n Propos recueillis par F.C.
possibilité d’une visite sur place assortie d’une annonce ministérielle. À terme, on sait qu’il faudra trouver des alter- natives au tout épicéa avec l’idée de favoriser la futaie jardinée. Dans le plan de relance, 150 000 euros sont prévus pour les actions encourageant la diver- sification des peuplements. L.P.P. : Comment voyez-vous l’avenir du tourisme dans le Haut-Doubs ? S.D. : Le réchauffement climatique nous montre les limites du tourisme de la neige. Mieux vaut aller vers un usage des infrastructures qui servent aux habitants et aux touristes. Il faut saluer les communes et les acteurs privés qui s’engagent encore dans le développement touristique 4 saisons. J’ai rencontré récemment aux Fourgs la société Jura- chiens qui s’équipe pour proposer des sorties toute l’année. L.P.P. : En prenant vos fonctions en février 2020, vous parliez d’une volonté de soutenir toutes les actions de préservation du patrimoine bâti ou naturel. Êtes-vous satisfait du travail accom- pli ? S.D. : Effectivement, je suis très sensible à la préservation des projets patrimo- niaux en sachant qu’il est possible d’uti- liser la D.E.T.R. sur les monuments non classés. En 2020, le Château de Joux a fait l’objet d’une souscription lancée par la Fondation du patrimoine. C’est aussi l’année de la reprise en main du site de Consolation toujours à la recherche d’un exploitant. On peut évoquer les travaux importants de rénovation de l’abbaye
de Montbenoît, du château Pertusier à Morteau. On est tou- jours mobilisé contre le projet du parc éolien Bel Coster qui prévoit l’installation de neuf éoliennes sur la crête du Suchet en Suisse. On base notre argumentaire sur l’impact paysager et la qualité de l’eau de la Jougnena qui s’écoule en contrebas du site. J’ai pu mobi- liser l’Architecte des bâtiments de France sur ce dossier sensi- ble. On a ouvert le débat en proposant aux Suisses de consti-
“On constate une
augmentation des violences intra-familiales.”
tuer un groupe de travail spécifique au volet paysager. On souhaiterait qu’un projet suisse en zone frontalière soit soumis aux mêmes contraintes qu’en France. L.P.P. :Vous semblez plutôt à l’aise dans l’exercice préfectoral ? S.D. : Par rapport à mon passé dans l’ad- ministration, je trouve qu’un sous-préfet peut davantage imprimer sa marque et faire valoir ses priorités. L.P.P. : Comme le fait de gérer directement la D.E.T.R. sur l’arrondissement ? S.D. : Oui, et on devrait aussi prendre une autre compétence, à savoir la greffe
La Presse Pontissalienne n°253 - Janvier 2021 L’ÉVÉNEMENT
MÉTABIEF ABANDONNE LA STRATÉGIE DU TOUT-NEIGE
Malgré un enneigement abondant en ce début d’hiver 2020- 2021, difficile aujourd’hui de nier le réchauffement climatique et son impact concret sur l’enneigement du Haut-Doubs qui se réduit inéluctablement au point de remettre en question toute l’économie de la neige. Métabief est désormais à l’heure de la transition climatique et touristique. Explications.
Christine Bouquin,
l Politique
Déjà 7 millions pour la transition climatique
présidente du Département, principal financeur du syndicat mixte du Mont d’Or.
Les élus décident la fin du “tout-neige” après 2035
Le Département engage 7 millions d’euros dans la transition climatique de la station de Métabief et du site de Chaux-Neuve. L’investissement à destina- tion du ski alpin et du ski nordique ne s’arrête pas d’un coup mais s’étiole au profit du “4 saisons”.
transition 4 saisons” développe Pierre Simon, vice-président du Département en charge du tou- risme et conseiller départemen- tal de Pontarlier. “Dès l’an pro- chain, 1 million d’euros sur ces 7 sont investis en one shot dans l’accompagnement de la neige (notamment pour le télésiège de Troupézy). Ne rien faire sur la neige aurait été une erreur, dit- il. Ensuite, nous irons vers une station de montagne vivante avec le développement de la luge 4 saisons, la découverte de l’es- pace naturel sensible, la création d’un pôle outdoor (à Chaux- Neuve). Le risque est maîtrisé mais l’innovation est ambi- tieuse.” En urgence, il a fallu en 2020 verser par avance 300 000 euros au syndicat pour compenser l’achat de forfaits de saison au plus bas compte tenu des incer- titudes sanitaires, et 500 000 euros pour permettre l’équilibre financier en 2021. Le Comité départemental du tourisme va dépenser 3,9 mil-
lions d’euros pour accompagner les collectivités dans la commu- nication et la promotion des activités pleine nature. “Le mas- sif du Jura a 30 ans de retard comparé au massif vosgien qui s’est mis très tôt au tourisme vert : il ne faudra donc pas atten- dre des effets rapides” , estime Philippe Claudel, conseiller départemental d’opposition. “Cela me fait sursauter d’enten- dre dire cela” coupe Pierre Simon. Métabief a selon lui enclenché ce virage il y a bien longtemps. Aux autres de faire de même “car il va aussi falloir songer après l’après ski nor- dique ! Et Dieu sait qu’il est encore plus dans l’A.D.N. du Jura. Le Département ne doit pas être le seul à y songer” pour- suit ce dernier. Les campagnes de communica- tion du massif jurassien illus- trées par des combes enneigées ou par des fondeurs perdus dans l’immensité blanche semblent révolues. n E.Ch.
force, la première également à avoir demandé et réussi à faire voter une enveloppe de 7 mil- lions d’euros en faveur du syn- dicat mixte du Mont d’Or, sur la période 2021-2025, pour lui permettre de réaliser ces inves- tissements nécessaires à l’enjeu de la transition climatique. C’est aussi la première à avoir convaincu la communauté de communes des Lacs et Mon- tagnes du Haut-Doubs de verser 500 000 euros par an au syndicat mixte. Ce virage à 180 degrés - qui s’engage sur plusieurs années - n’a donc suscité aucune polé- mique lors de sa présentation. Bien au contraire. Est-ce parce que le dossier a été bien ficelé ? Ou parce que socio-profession- nels et élus ont compris que le réchauffement climatique était une réalité ? Sans doute les deux. “Il y a la conscience des élus, observe Jean-Marie Sail- lard, président de la commu- nauté de communes. En 2015, nous étions encore sur de grands
projets pour la neige mais nous avons constaté grâce à un direc- teur de la station dynamique (N.D.L.R. : Olivier Érard) qu’il fallait changer de vue pour s’ins- taller dans le 4 saisons. Cela ne veut pas dire que l’on abandonne la neige demain. La moyenne montagne a des atouts et nous savons que les activités peuvent
E n politique, comme en météorologie, les temps changent. Depuis le 16 décem- bre dernier,Métabief n’est plus une station “alpine” mais une “station de montagne”, une différence qui ne saute peut- être pas aux yeux…et pourtant ! Le Département du Doubs est le premier en France - avec le syndicat mixte du Mont d’Or - à prendre la mesure du chan- gement climatique, le premier à mettre en œuvre, d’ici 2030- 2035, une nouvelle économie touristique afin de compenser le remplacement de l’activité neige par une activité 4 saisons reposant sur une offre d’activités pleine nature.
Ainsi en ont décidé les élus du Département du Doubs qui ont tous voté (moins une abstention) un soutien financier au syndicat mixte du Mont d’Or (S.M.M.O.) pour la transition climatique de la station de Métabief et du site de Chaux-Neuve après une étude climatique menée avec Météo France (lire par ailleurs). Terminés les millions d’euros pour combler le déficit du “tout- neige” d’environ 9,5 millions d’euros qui, rappelons-le, a tou- jours été voté à l’unanimité par les exécutifs de gauche comme de droite. “C’est un courage poli- tique de le dire et de le faire” présente la présidente du Dépar- tement Christine Bouquin, la première à réussir ce coup de
se diversifier. Je remercie la collec- tivité départemen- tale pour l’inves- tissement sur notre territoire” dit ce dernier. Au total, ce sont 11 millions qui sont présentés en investissement, dont 7 millions ont été votés en décembre dernier en autorisation de programme “répartis pour moi- tié entre la fin de la neige et pour moitié dans la
Aujourd’hui la fin de l’alpin, demain le nordique.
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l Climat Plus de rentabilité La faute au réchauffement climatique Plus question de nier l’impact du réchauffement climatique annonçant la fin de la viabilité économique du ski alpin à l’horizon 2030-2040 et l’obligation de s’engager dès à présent dans la reconversion 4 saisons.
“C e n’est pas la fin de la neige dans le Jura mais la fin de la rentabilité de l’activité ski alpin à Métabief. Il reste encore 10 à 15 ans devant nous de viabilité. Cela signifie d’être en capacité de faire le petit équi- libre, soit de couvrir les charges de fonc- tionnement sans pour autant dégager des bénéfices. L’objectif est bien d’être à l’équilibre sur l’exploitation” , explique Olivier Érard, le directeur de la station en rappelant que ce petit équilibre est atteint depuis la mise en service de la nouvelle installation de neige de cul- ture, sauf l’hiver dernier où l’on a accusé un déficit d’exploitation. Sans la neige de culture, la station de Métabief serait sans doute fermée depuis trois ou quatre ans. Toutes les études confirment cette fermeture iné-
cisions sur ces perspectives” , poursuit Olivier Érard. Rien de catastrophique jusqu’à l’horizon 2030 avec assez de jours enneigés pour que cela soit encore économiquement fiable même si cela induit un complé- ment obligatoire en neige de culture. Complément qui ne sera plus suffisant au cours de la décennie suivante. “On constate déjà les difficultés de maintenir de l’enneigement sur le bas de Pique- miette. Après 2030, on pourrait encore produire de la neige au-dessus de cette altitude mais ce ne serait plus rentable sur le plan de la fréquentation” ajoute le directeur. n F.C.
luctable, pressentie par tous. Métabief figurait même parmi les premières stations à s’engager dans cette pros-
pection associant 13 modélisations clima- tiques à l’exploitation de la station, laquelle prend également en compte le damage et l’enneigement artificiel. “Quand Samuel Morin le directeur du centre d’étude de la neige est venu présenter ce modèle à Besançon en 2019, on a pris contact avec lui pour avoir plus de pré-
La survie hivernale de la station jusqu’en 2030 repose sur l’enneige- ment artificiel.
Une fermeture inéluctable à plus long terme.
l Produit neige Optimisation de l’existant Encore 5,5 millions d’euros investis dans l’alpin
vaux sur les pistes… “Après 2025, on assurera seulement une maintenance régulière” , décline Olivier Érard en rappelant l’in- térêt d’avoir misé sur la neige de culture en capacité d’assurer 40 % de la couverture du domaine skiable. n ou 15 ans ? Question légitime mais difficile de rompre brutalement avec le ski alpin car cela serait sus- ceptible de remettre en cause toute l’activité outdoor sur le Haut-Doubs. “Rien ne rempla- cera le ski alpin à Métabief. On sait qu’avec l’arrêt des acti- vités neige, le chiffre d’affaires de la station sera divisé par quatre” , note Olivier Érard arguant ainsi d’une nécessaire transition. n Pourquoi repousser l’échéance de 10 ans
Le maintien des activités neige jusqu’en 2030 nécessite d’entretenir voire de moderniser des infrastructures vieillissantes mais nécessaires au fonctionnement de la station.
D es investissements s’imposent pour pou- voir encore profiter d’une décennie de ski à Métabief. Pas question de ter- giverser. “Il faut investir très vite dans l’alpin pour se donner le temps d’amortir sachant que les années d’exploitation sont comptées” , souligne Olivier Érard en expliquant que chaque station a son propre modèle éco- nomique. Inutile, par exemple, de vouloir comparer Métabief aux Rousses. La station juras- sienne est moins endettée et dispose de plus de lits touris- tiques, ce qui l’autorise à réduire la durée d’amortissement de ses prêts. Plus question à Métabief de créer de nouvelles liaisons. Ceux
qui rêvaient d’une liaison rapide entre le Morond et Piquemiette n’ont plus que les yeux pour pleurer. Sur les 11 millions d’eu- ros d’investissement program- més jusqu’en 2025, la moitié concerne l’alpin. L’étude E.V.E.
L’heure est désormais à l’optimisation des installations existantes.
réalisée en 2018 pour évaluer le potentiel réel des installations avait mis en évi- dence le besoin d’améliorer les remontées méca- niques sur le sec- teur de Pique- miette. “Cela passe par la réno- vation des mas- sifs béton et de la machinerie. Ces
Des travaux sur le télésiège de Troupézy.
décision a été prise d’aménager des zones dédiées au cours de ski au-dessus de 1 100 mètres. Un projet qui verra aussi le jour d’ici 2022. Le reste des investissements comprend des opérations d’en- tretien des installations, des tra-
le plus utilisé après celui du Morond. De par son environne- ment naturel, il est soumis à pas mal de contraintes.” La viabilité de la station repose aussi sur la préservation de l’ap- prentissage du ski alpin. Pour sécuriser ce maillon essentiel,
travaux apporteront du confort, de la fiabilité et de la fluidité” , justifie le directeur. Le gros morceau du programme alpin, c’est la reprise complète du télésiège de Troupézy. Un chantier à 2 millions d’euros finalisé en 2022. “C’est le télésiège
8 L’ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT
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l Hors neige Luge sur rail Le cocktail luge, V.T.T., trail au menu de la future station L’avenir de Métabief rime avec l’outdoor. Une mutation à 4,5 millions d’euros qui se prépare dès à présent en diversifiant l’offre d’activités quatre saisons.
A près l’arrêt de l’alpin, la nature reprendra une partie de ses droits sur le Mont d’Or qui sera débarrassé de toutes ses remontéesmécaniques à l’excep- tion du télésiège duMorond tou- jours là pour acheminer vététistes et promeneurs. Les marges d’ex- tension du réseau de pistes de descenteV.T.T. sont relativement limitées face aux contingences agricoles, forestières et environ- nementales. Pas de grands chan- gements donc à attendre de ce côté-là si ce n’est quelques pistes d’amélioration.D’autre part, une étude vient d’être lancée à l’échelle de la communauté de communes des lacs et montagnes du Haut-Doubs sur la restruc- turation des circuits V.T.T. à l’échelle intercommunale. Le gros morceau de cette muta- tion hors neige, c’est une nouvelle luge sur rails en remplacement de l’équipement existant conçu uniquement pour une utilisation hors saison humide. “Il existe déjà des luges sur rail à la Faucille ou à la Robella en
Suisse. C’est rentable car on exploite ce qui s’apparente à un manège 10mois sur 12. On pour- rait s’appuyer sur ce type d’équi- pement pour ouvrir la saison” , observe le directeur. D’une lon- gueur de 687 m, la nouvelle luge occupera l’emplacement de l’an- cienne. Les travaux vont débuter l’automne prochain pour une mise en service à l’été 2022.Mon- tant de l’investissement : 3,7mil- lions d’euros. Quid du trail ? Métabief n’est déjà pas en reste dans ce domaine avec l’espace Trail Xavier Thévenard. Là non plus, pas de gros bouleversements à attendre au niveau des quatre parcours proposés. La stratégie est plutôt axée sur la promotion de cet espace trail. “D’un point de vue marketing, on considère que le traileur type est un homme de 40 ans, marié, deux enfants. Il est relativement autonome et n’a pas besoin d’assistance. Ce qui nous intéresse, c’est plutôt la maman et les enfants à qui l’on doit proposer des occupations pendant que monsieur s’en-
La prochaine luge de Métabief sera équipée d’un rail comme à la Robella en Suisse voisine.
décrypte Olivier Érard. Le direc- teur estime que pour compenser la fin du ski alpin, il faudra apporter encore plus de profes- sionnalisme dans la commercia- lisation de la destination Haut- Doubs. “Le parcours client sur
pour certains salariés en sachant qu’avec les compétences acquises et l’orientation vers la polyva- lence instaurée depuis quelques années, les possibilités de rebon- dir professionnellement sont réelles. n
traîne.” À travers le trail, la station a déjà engagé sa transition d’image qui s’appuie aujourd’hui sur la marque “ODoubs”. “L’idée étant de faire du Haut-Doubs une des- tination sport, nature et santé” ,
l’outdoor reste perfectible. Une réflexion est aussi engagée sur la filière outdoor adapté.” En basculant vers le hors neige, la station devra également réduire son équipe de perma- nents. Sans doute un crève-cœur
l Chauve-Neuve Un bâtiment d’hébergement Un tremplin vers les activités de pleine nature
Difficile de changer la vocation du site de Chaux-Neuve qui reste une vitrine et intègre des spécificités pouvant être détournées vers d’autres utilisations.
L e stade de Chaux-Neuve fait partie intégrante des instal- lations gérées par le syndicat mixte du Mont d’Or à la tête de la station de Métabief. Ici, l’idée est de maintenir le produit saut été-hiver et de se diversifier en s’appuyant sur les potentialités locales. “On va investir pour en faire un pôle outdoor-indoor.
Les travaux d’extension des tremplins, de mise en conformité technique sont terminés. Tout est aux normes. Le site de Chaux-Neuve sert aux entraînements et aux compétitions de saut. Il attire les curieux et dispose d’équipements très spécifiques qui pourraient être valorisés pour des besoins spécifiques. On pourrait par exemple utiliser le
La construction d’un bâtiment d’hébergement est prévue pour renforcer l’attractivité du stade de saut très prisé pour les entraînements
des équipes françaises et étrangères.
Écarté momentanément on l’espère du circuit coupe du Monde de combiné
ment d’accueil construit avec la com- mune de Chaux-Neuve et la commu- nauté de communes des Lacs et Mon- tagnes du Haut-Doubs. Il intégrerait trois niveaux avec un espace ludique pouvant servir de salle de presse et de direction de course. On trouverait un gîte 10 places ainsi qu’une salle de musculation pour la préparation phy- sique des sauteurs et le bien-être des vacanciers.” n
dénivelé de 100 m pour des ateliers trail” , illustre Olivier Érard. La taille des tremplins en fait aussi un élément spectaculaire et visible de loin. Pourquoi ne pas exploiter cette visibilité pour en faire une vitrine, un point de rendez-vous ou une base de départ des activités plein air à pratiquer sur le secteur allant de Mouthe à Cha- pelle-des-Bois en débordant vers Fon- cine-le-Haut ?
nordique, Chaux-Neuve reste un site d’entraînement très prisé à qui il manque encore des capacités d’hé- bergement pour se dévelop- per. “Il est prévu d’investir 1million d’euros sur Chaux- Neuve. Cette enveloppe com- prend notamment un bâti-
En faire un pôle outdoor- indoor.
Le tremplin de Chaux-Neuve est pour l’instant écarté du circuit coupe du Monde de combiné nordique (photo S.M.M.O.).
L’ÉVÉNEMENT ’
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scénario 6 prévoyait l’arrêt de l’activité ski alpin en 2040 et des activités réduites au V.T.T. de descente et à la luge 4-saisons après 2040. Le scénario 4 a finalement été retenu. “Au moment où l’on sent un désintérêt pour l’alpin car perçu comme coûteux, j’opterais pour l’arrêt du ski alpin dès 2023 et un soutien de 500 000 euros par an. Nous avons injecté des millions d’euros sur le Mont d’Or et nous avons encore comblé le déficit l’an der- nier. Dans une situation finan- cière contrainte, il faut dire stop !” Une prise de parole tranchante de la part d’un des promoteurs de l’apprentissage du ski de fond dans les écoles et à l’origine en 1978 (ça remonte un peu) de la venue par train d’environ 120 Dijonnais pour pratiquer le ski de fond dans le Saugeais chaque week-end. n
l Point de vue Un élu du Haut-Doubs Alain Marguet souhaitait la “fin de l’alpin dès 2023” Le conseiller départemental de Gilley pense qu’il faut arrêter les investisse- ments dans une situation financière contrainte. Son choix n’est pas retenu.
Repères l Enneigement
Les mauvais hivers (voire très mauvais) ont régulièrement marqué l’activité de la station : 1988-1989, 1989-1990, 1992-1993, 2000- 2001, 2001-2002, 2006-2007, 2019-2020 étant celui le plus doux climatiquement. l Économie Le Haut-Doubs forestier dépend, aujourd’hui, à 50 % de l’activité neige (alpin et nordique). Avec la station de Métabief, le syndicat mixte participe à environ 30 % de l’économie touristique, à savoir 22 millions d’euros par an de chiffre d’affaires générés (sur un total de 70 millions d’euros). l Investissements Depuis 2010, la station de Métabief a investi 19 millions d’euros dans la neige de culture, remontées mécaniques, espaces ludiques, atelier de station, plan pluriannuel des remontées mécaniques, formation. l Luge d’été Création d’un équipement luge 4 saisons pour un montant de 3,5 millions d’euros à partir de 2021-2022 en remplacement de l’actuelle luge d’été. l Troupézy À partir de 2022, des investissements spécifiques sur le télésiège de Troupézy pour un montant de 2,5 millions d’euros sont prévus dans une logique de maintien de l’économie liée à l’apprentissage du ski alpin et de l’attractivité de la station. l Chaux-Neuve Le projet de “pôle outdoor” de Chaux-Neuve évalué à 1 million d’euros consistant à créer un lieu d’activités nordiques “toutes saisons” débutera en 2023. l Calendrier L’arrêt de l’activité “ski alpin” donnera lieu à terme au démontage de l’ensemble des remontées mécaniques, à l’exception du télé- siège du Morond qui permettra de maintenir l’activité “V.T.T. des- cente” et la découverte nature Mont d’Or.
L e conseiller départe- mental du canton de Gilley regrette “ de jeter une fausse note” comme il aime le rappeler dans un rap- port qui semblait jusque-là
contenter les élus de tous bords. MaisAlainMarguet a rarement sa langue dans sa poche. Selon lui, il faut arrêter les investis- sements pour la neige et ce, “dès 2023 ” dit-il. “Je dois le faire pour
certains élus du Haut-Doubs” poursuit-il, un secteur qui “a vu la fermeture de 13 hôtels-res- taurants, et la fermeture de 8 colonies de vacances, soit envi- ron 1 000 places.” Aux conseillers départemen- taux, 6 scénarios étaient pro- posés dont le premier, le plus radical, prévoyait l’arrêt de l’ac- tivité ski alpin en 2023 et une activité réduite au “V.T.T. de descente” après 2023 quand le
Finances “Une économie touristique qui va être bouleversée” L’arrêt de l’activité “ski alpin” à l’horizon 2030 va bouleverser le modèle économique actuel, dans la mesure où le montant des retombées économiques de l’activité de la station de Métabief sur le territoire du Haut-Doubs sera alors de 7 millions d’euros par an au lieu de 22 millions d’euros actuellement. Parallèlement, le ski nordique, qui génère une retombée économique de 14 millions d’euros, “subira la même évolution que l’alpi n” analyse l’étude. Pour les finances publiques, le scénario retenu permet de maîtriser davantage l’évolution de la dette liée à la réalisation des inves- tissements nécessaires pour opérer la transition climatique, de diminuer d’environ 130 000 euros par an la contribution de membres, soit une contribution moyenne de 750 000 euros par an sur la période 2020-2040, et de laisser aux acteurs locaux le temps d’opérer leur transition climatique d’ici 2030. n
Alain Marguet ici
lors du dernier débat au Conseil départemental.
L I N G E D E L I T E T C O N V E R T I B L E S T E L M A A S , S O M M I E R S , C O U E T T E S , O R E I L L E R S ,
arlier PONTARLIER «Les Grands Pla 03 81 38 80 68 - www.pont .grandlitier
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10 DOSSIER PONTARLIER
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POLITIQUE
Élections départementales Un nouveau bassin d’orage à 17 millions d’euros
Faute d’avoir un réseau séparatif suffisamment développé à Pontarlier, la communauté de communes va devoir équiper la station d’épuration de Doubs d’un nouveau bassin d’orage de 18 000 m 3 prenant en compte les spécificités géologiques et paysagères du site.
à 14,3 millions d’euros auxquels il convient d’ajouter environ 2,8 millions d’euros d’études connexes. “Impossible aujourd’hui d’annoncer le niveau de subvention que l’on pourrait attendre l’Agence de l’eau” , regrette Daniel Defrasne.Aupa- ravant, ce type de projet pouvait être subventionné jusqu’à 50 %. L’élu rappelle aussi que le finan- cement additionnel s’inscrit dans le long terme en bénéficiant de taux relativement bas. “Le prin- cipe est de faire porter le coût sur l’usager d’aujourd’hui et celui de demain” , observe Daniel Defrasne en rappelant que la mise en séparatif des 80 km de réseau unitaire à Pontarlier coû- terait plus de trois fois le prix du bassin d’orage. Autre élément qui va réduire la facture, la prime annuelle de 150 000 euros par an accordée pour la conformité de système d’assainissement. Sylvain Char- rière enfonce le clou : “Ce bassin est aussi la condition sine qua non pour préserver les droits d’urbanisation sur tout le sec- teur.” Et Daniel Defrasne de confirmer. “Les autorisations d’aménagement dans le cadre du schéma de cohérence territo- riale ne seront pas accordées si les préconisations sur l’eau ne sont pas respectées.” Impensable de geler le marché immobilier sur le Haut-Doubs. n F.C.
maintenance, des risques de panne” , discrédite Daniel Defrasne. L’autre option consiste à alimenter le bassin par gravité, ce qui sous-entend une construc- tion enterrée capable de résister à la pression de la nappe qui affleure à deuxmètres sous terre dans la plaine de l’Arlier. “ C’est simple, sécuritaire mais plus cher en construction” , reconnaît l’élu. Un vrai défi architectural pour un ouvrage bâti sur 25 mètres de profondeur en incluant les 300 micro-pieux qui assureront l’ancrage du bassin sur la roche calcaire. “Le bassin proprement dit sera posé dans une paroi moulée, étanche à toute infiltration” , explique Sylvain Charrière. L’adaptation au sous-sol kars- tique génère des surcoûts qui ne sont pas d’actualité à Besan- çon. Le remplissage rapide du bassin est susceptible de pro- voquer des nuisances olfactives liées à l’évacuation du volume d’air chassé par l’eau. D’où, autre surcoût, la mise en place d’une station de traitement de cet air vicié. Chat échaudé craint l’eau froide. Les riverains n’ont pas oublié les fragrances nauséabondes du traitement des boues d’épuration stockées sous serres sur le site même de la station. Là où sera d’ailleurs construit ce bassin d’orage dont le coût est évalué
jour.” La différence entre le débit de référence et le débit nominal est donc de 24 000m 3 , soit le volume de stockage requis pour une telle station. “La taille du bassin d’orage existant est de 6 000 m 3 . Celle du bassin à construire sera donc de 18 000 m 3 . L’Agence de l’eau nous met en demeure de réaliser cet équipement et c’est tout à fait logique de rendre au milieu une eau compatible avec son bon état écologique” , estime Daniel Defrasne. À défaut d’un tel bassin, il aurait fallu mettre en séparatif les 80 km de réseau unitaire pon- tissalien. Une solution qui s’avé- rerait beaucoup plus longue et coûteuse sachant que cette mise en séparatif se fait progressi- vement au rythme d’un ou deux kilomètres chaque année. “Ce bassin permettra aussi de répon- dre à la dynamique démogra- phique du secteur qui voit sa population augmenter chaque année de 0,8 %.” À partir de là, deux choix tech- nologiques s’offraient à la com’com. Une construction hors- sol avec des risques de pollution de la nappe et une forte empreinte paysagère pour un bassin de 50 m de diamètre et 10 m de haut. “Il faut ajouter un système de pompage pour remonter l’eau du réseau, des frais de fonctionnement, de la
M ettre 17 millions d’eu- ros dans un bassin d’orage de 18 000 m3 à Doubs alors qu’un projet de volume identique est évalué à 10 millions d’euros à Besançon : décidément tout est plus cher dans ce Haut-Doubs… Pourquoi une telle différence ? “Tout s’explique”, annonce Daniel Defrasne, vice-président à la com’com du Grand Pontarlier en charge de l’eau et de l’assai- nissement. Et de comparaison, il n’y a pas lieu d’être tant les
contextes sont différents. Plusieurs raisons justifient la création du bassin d’orage à la station d’épuration de Doubs. D’abord l’hétérogénéité d’un réseau de collecte organisé en séparatif dans la plupart des communes sauf à Pontarlier encore à 90 % en réseau unitaire où se mélangent eaux pluviales et eaux usées. “Cela provoque de forts à-coups hydrauliques au niveau de la station à chaque épisode orageux. Le volume traité se situe habituellement entre
7 000 et 8 000 m 3 d’eau par jour. Cela peut monter jusqu’à 100 000 m 3 par jour après un gros orage” , illustre Sylvain Charrière, directeur du service eau-assainissement à la C.C.G.P. La réglementation impose aucun rejet d’eau usée en dessous du débit de référence de la station, lequel s’établit aujourd’hui de 55 000 m 3 par jour. “La station de Doubs est dimensionnée pour traiter une population de 53 000 habitants, ce qui représente un débit nominal de 31 000 m 3 par
D’un volume de 6 000 m 3 , le bassin d’orage existant ne suffit pas à absorber les brusques montées d’eau lors des fortes précipitations.
LOGEMENT Rénovation Habitat 25 construit et réhabilite avec le développement durable en filigrane L’agence du bailleur social intègre de nouveaux bureaux à Pontarlier. L’année 2021 est riche avec la finalisation de qua- tre opérations de construction de logements peu gourmands en énergie en 2021 à Levier et Frasne. Une opération de réno- vation de 67 logements, rue du Lycée à Pontarlier, se termine.
67 appartements propriétés d’Habitat 25 de la rue du Lycée à Pontarlier sont en cours de rénovation.
appartements est programmée. Les travaux débuteront en 2021. Des pro- grammes sont à l’étude à Valdahon, Septfontaine et Avoudrey. Parmi les opérations de rénovation, “toutes s’ins- crivent dans cet objectif de construction durable et bénéficient du label Bâtiment basse consommation rénovation” , insiste l’agence. Levier est concerné avec la réhabilitation de 20 maisons en cours (livraison 2021),Amancey (14maisons), Pontarlier (rue du Lycée - rénovation de 67 appartements), Pierrefontaine- les-Varans (rénovation de 11 maisons - démarrage en 2021) et enfin Mouthe avec la rénovation de 12 appartements pour un démarrage cette année. D’autres opérations sont encore à venir à Pontarlier dans les rues Cordier, Schœlcher et Rouget-de-Lisle. Office public de l’Habitat du Département
Habitat 25 et Néolia ont fusionné Habitat 25 et Néolia 25 se sont regroupés comme la loi E.L.A.N. le demande. Habitat 25 a fait le choix d’une société anonyme de coordination (S.A.C.). “Cela permet de conserver son statut d’Office public, garantir sa liberté d’action. Ce n’est ni une fusion, ni une préfiguration à une fusion” précise Christine Bouquin la présidente du Département. Le Parti communiste du Doubs y voit “un cadeau fait au privé.” “La structure de la société de coordination (S.A.C.) ne signifie en aucune façon une dépossession d’Habitat 25 et les garanties juridiques figurant dans les statuts en témoignent” argumente le Département. Pour les locataires d’Habitat 25, l’opération est transparente : leur bailleur reste le même et leurs interlocuteurs au quotidien (gardiens, agences de proximité). n
D epuis le 7 décembre, les équipes d’Habitat 25 accueil- lent les usagers de Pontarlier et des environs dans de nou- veaux locaux situés au 2-4, rue Arthur Bourdin, tout proches de l’ancienne adresse. Ces bureaux dis- posent d’une configuration plus spa- cieuse et mieux adaptée à l’accueil individuel des visiteurs. “Cette instal- lation s’inscrit dans le projet d’Habitat 25 d’améliorer la qualité de la rela- tion-client et de permettre aux équipes d’assurer leurs missions dans de bonnes conditions” indique le bailleur qui pour-
suit l’accroissement et réhabilitation de son parc de logements dans une perspective de développement durable. “Les principaux projets de construction sur le territoire de l’agence de Pontarlier concernent Levier avec la construction de 10 logements, Frasne avec 4 appar- tements avec jardin et terrasse et un peu plus loin dans le Pays Horloger Charquemont (20 logements)” détaille l’agence pontissalienne, sous la res- ponsabilité de la directrice Valérie Bof- felli. D’autres opérations sont à venir : à Villers-le-Lac, la construction de 15
du Doubs qui a fêté son centième anni- versaire en 2019, Habitat 25 gère 10 000 logements sur 106 communes. L’agence de Pontarlier emploie 20 per- sonnes et gère 1 947 logements situés
dans le Haut-Doubs, le Pays Horloger, la Communauté de Communes des Portes du Haut-Doubs et la partie orientale de la Communauté de Com- munes Loue-Lison. n E.Ch.
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