La Presse Pontissalienne 252 - Décembre 2020

SANTÉ

La Presse Pontissalienne n°252 - Décembre 2020

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CRISE SANITAIRE

Des risques de décompensation

Les confinements et leurs conséquences psychologiques Le confinement de mars et peut-être plus encore celui de novembre ont contribué à augmen- ter les pathologies d’ordre psychologique ou psychiatrique. Le point avec le P r Sylvie Nezelof, chef du pôle des liaisons médico socio-psychologiques au C.H.U.

S i les deux périodes de confine- ment successives imposées cette année ont eu des conséquences positives sur certaines per- sonnes - se recentrer sur l’essentiel, prendre son temps, retrouver les joies de la famille… -, les conséquences négatives d’ordre psychologique seront sans doute nombreuses. “Il est évident que ces confinements ont provoqué un certain nombre d’ébranlements confirme Sylvie Nezelof, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’ado- lescent et chef du pôle des liaisons médico socio-psychologiques au C.H.U. Minjoz de Besançon. Des familles se sont retrouvées “collées” plus que d’ha- bitude, ce qui a pu provoquer des moments de tension importants, voire de violences conjugales, qui sont en augmentation cette année.” Sans comp- ter la peur du virus, pour soi et pour les autres, “qui a aussi ébranlé tout un chacun, et pas seulement les per- sonnes qui avaient déjà une pathologie. Ces confinements ont pu exacerber aussi ceux qui avaient déjà des vulné- rabilités” ajoute la spécialiste.

Sylvie Nezelof, professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, souligne une augmentation des cas d’anorexie chez les ados.

Les services psychiatriques du C.H.U., adulte autant qu’enfant, ont d’ailleurs reçu plus de patients venant pour la première fois que les années précé- dentes. Cette question sensible concerne notamment les plus jeunes, coupés de leurs relations sociales, de leurs clubs sportifs ou de leurs cama- rades de classe. Si bien qu’on a eu l’im- pression, “à confirmer avec le recul, que les tentatives de suicide des jeunes ont été en augmentation” note Sylvie

lial, à la proximité avec les autres mem- bres de la famille, tout cela a pesé chez certains adolescents.” Pour tenter de contrer ce phénomène, les services de santé de la région ont essayé de faire passer certains messages à travers notamment de petits tutoriels destinés à faire comprendre toute la nécessité de maintenir le rituel des repas en famille par exemple, “de scander le temps, se fixer des repères temporels dans les journées pour réintroduire du rythme au quotidien, de préserver des temps communs mais aussi des temps individuels…” ajoute la pédo-psychia- tre. Les urgences psychiatriques ont vu arriver également des patients direc- tement. Des personnes touchées par un phénomène de “décompensation” qui, du fait de ce changement de rythme inédit, “perdent leur équilibre, ne sont plus en état psychique pour faire face au quotidien, se désorganisent sur le plan professionnel.” Ce deuxième confi- nement, contrairement au premier s’est accompagné d’un sentiment de lassitude. “On a senti une plus grande

Nezelof. Les spécialistes de la psychiatrie adoles- cente ont vu également augmenter les troubles du comportement alimen- taire pendant ces deux périodes de confinement. “Nous le constatons ici, et ce phénomène d’anorexie chez les jeunes se confirme à l’échelle nationale” pré- cise la cheffe de pôle qui poursuit : “Certaines frus- trations liées à la pratique empêchée du sport, ajou- tées au confinement fami-

“Une plus grande morosité pour cette deuxième vague.”

ou trois ans” estime Sylvie Nezelof. Malgré ces constats, ces confinements auront sans doute aussi permis de tirer du positif. “Il y a du positif, comme dans toute expérience qui ébranle. Dans ce contexte, chacun a pu découvrir l’in- térêt de prendre son temps, d’exploiter également ses forces d’une autre manière” conclut la spécialiste. Cette année hors du commun fait déjà l’objet de plusieurs sujets d’études chez les spécialistes de la psychiatrie au plan national. n J.-F.H.

morosité, contrairement à la première vague où prédominaient la surprise, la sidération, et également la solidarité.” Les plus jeunes comme les étudiants, ainsi que les plus âgés, ont particuliè- rement été sensibles cette fois-ci car “ils sont dans deux tranches de vie où les années sont précieuses, et on a l’im- pression qu’elles sont un peu gâchées.” Il y a enfin “tous ceux qu’on n’a pas encore vus et qu’on verra sans doute plus tard. En cette matière, la tempo- ralité est longue et on saura les effets précis de ces confinements d’ici deux

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