La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020

LE PORTRAIT

39 La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020

PONTARLIER

Une femme d’action

Carmen Girard, socialement pragmatique Douée pour l’organisation et le management, Carmen Girard a toujours eu le goût des responsabili- tés que ce soit dans le monde associatif, dans

sa commune ou au travail. Elle a trouvé son bonheur professionnel dans le champ de l’insertion sociale.

U ne main de fer dans un gant de velours. Dans sa façon d’être, de s’exprimer, elle dégage une autorité naturelle, une assurance qui semble inébran- lable. Pas de place au doute pour celle qui a grandi à Oye-et-Pallet, passant plus de temps à aider Lili l’épicière du village qu’à faire ses devoirs. “Les gens, la vente, j’adorais cette ambiance” , justifie Carmen Girard. Après les années collège à Laberge- ment-Sainte-Marie, direction le lycée professionnel Jeanne-d’Arc pour une formation commerciale dans la vente de produits agricoles qu’elle suivra jusqu’au B.T.A. “J’avais les compé- tences pour être chef de rayon dans la grande distribution mais je n’étais pas du tout attirée par ce milieu” dit- elle. En recherche d’emploi, elle fait de l'intérim et se retrouve dans le montage des batteries au sein de l’entreprise National Powerpacks Europe située alors en zone indus- trielle à Pontarlier. Un tremplin. Ses qualités organisationnelles et son dynamisme ne passent pas ina- perçus. Quand on lui propose de rem- placer sur-le-champ une secrétaire absente, elle n’hésite pas une seconde. Sa polyvalence fait merveille. Elle se retrouve assez vite chargée de l’emballage export puis cheffe d’ate- lier pour devenir finalement respon- sable du site de production avec plus d’une trentaine de personnes à gérer. Pour quelqu’un qui n’aimait pas for- cément les études… Les choses vont se compliquer à par- tir de 2009 quand son patron dispa- raît du jour au lendemain sans don- ner signe de vie. Carmen Girard va

se mobiliser pour sauver l’entreprise ou ce qui peut l’être. “On est resté pendant six mois sans travail tout en étant payés. Impossible donc d’al- ler aux prud’hommes.” Cette situa- tion pour le moins singulière finit par attirer tous les médias. L’affaire se terminera par un plan de licen- ciements obtenu aux forceps. “J’étais déterminée à aller jusqu’au bout. On avait même eu l’idée de former une S.C.O.P. mais le projet a été abandonné.” Expérience qui forge le caractère même si elle se traduit pour Carmen par un retour sur le marché de l’em- ploi. Elle travaille ensuite dans une fromagerie au service préemballé. “J’ai capitulé au bout d’un an car cela ne me correspondait pas. On travaillait en milieu clos sans voir personne ou presque.” Incapable de rester sans rien faire, elle continue à faire des missions intérimaires dans l’industrie jusqu’au jour où la providence croise son chemin, en l’occurrence sa belle-sœur assistante

Carmen Girard a contribué au développement de Haut-Doubs Repassage où elle a trouvé un environnement professionnel et social épanouissant.

Bio express l Vit dans le val d’Usiers l 47 ans l Mariée, deux enfants l Coordinatrice des ateliers à Haut-Doubs Repassage

sociale à Haut-Doubs Repassage. “Elle m’a indiqué que l’asso- ciation avait ouvert un poste d’encadre- ment qui n’était pas encore pourvu.” Ni une, ni deux, elle rencontre la direc- trice Nathalie Bra- chet vite convaincue d’avoir sous la main la coordinatrice qui lui manquait. “Je n’avais aucune com- pétence en couture et repassage” , sourit

“Quelque part, je les bouscule.”

équipes féminines de foot du Haut- Doubs. L’aventure s’est terminée mais elle est restée dirigeante au sein de l’A.S. Mont d’Usiers. Soucieuse de s’impliquer dans la vie de sa commune, elle a exercé pendant deux mandats au conseil municipal de Bians-les-Usiers. Sans regret. “J’ai vraiment trouvé matière àm’épanouir àHaut-Doubs Repassage avec le sentiment de me sentir utile aux autres.Aujourd’hui, je ne vois rien de négatif dans mon travail.” n F.C.

CarmenGirard que se voit pourtant confier la gestion du pôle couture et friperie. Son savoir-faire acquis dans l’industrie et sa capacité à organiser les choses apportent un nouvel élan. On lui propose même d’aller suivre à Paris une formation d’encadrante sur le thème “réussir un chantier école.” Avec Nathalie Brachet, elles forment un binôme redoutable d’efficacité. Le chantier d’insertion connaît une croissance forte, mais raisonnée. “Avant, Car- men on évoluait dans le champ de l’occupationnel. Elle a apporté son

expérience pour professionnaliser l’activité avec une logique assez industrielle dans la méthode sans perdre de vue qu’on était toujours un chantier d’insertion” , apprécie la directrice. Si on veut, on peut. Pas du genre à s’apitoyer sur son sort, Carmen Girard inculque cette envie de s’en sortir aux personnes accueillies à Haut-Doubs Repas- sage. “Quelque part, je les bouscule” , poursuit celle se comporte de la même manière dans la vie. Spor- tive, elle a mis en place dans le Val d’Usiers l’une des premières Tout change

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