La Presse Pontissalienne 250 - Octobre 2020
DOSSIER I
La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020
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Économie Depuis l’arrivée du cerf Sur le Mont d’Or, les chasses privées deviennent une “mine d’or” Reconnus pour la chasse à la bécasse, les bois de Mouthe, de Chaux-Neuve et des environs, sont prisés depuis l’arrivée des cervidés. Des chasses dites privées se louent par exemple 5 000 euros à l’année pour 500 hectares.
A u-delà de l’économie qu’elle génère, la chasse est aussi un moyen pour des proprié- taires non-chasseurs de gagner de l’argent. Le Doubs est réputé pour offrir une chasse accessible finan- cièrement grâce aumodèle desA.C.C.A. (associations communales de chasse agréée) qui louent des terrains et bois aux communes à des prix raisonnés et raisonnables. Le Haut-Doubs fonc- tionne en partie sur ce système mais depuis plusieurs années, la chasse dite “privée” se démocratise. Les hectares sont alors mis en adjudication par un propriétaire : remporte la mise celui qui a fait la meilleure offre financière. Entre Mouthe et Chaux-Neuve, une chasse privée d’à peine moins de 500 hectares (c’est assez peu en superficie) est louée par exemple 5 000 euros par an. Ailleurs dans le département, elle en vaudrait 10 fois moins. Les action- naires se partagent cette somme selon leur nombre pour l’année cynégétique. Ils peuvent - pour cet exemple précis - prélever 7 cervidés et 2 chevreuils grâce à des bracelets achetés à la fédé-
sion dans le Haut-Doubs : elle peut s’arrêter très rapidement pour la bécasse en cas de neige. Il est en effet interdit de chasser ce migrateur dès lors que le sol est blanc, ce qui n’est plus le cas pour le grand gibier. Les chasseurs ont un quota de gibier à res- pecter. Qu’ils prélèvent un cerf en novembre ou en janvier n’a pas d’in- cidence. Comme l’évoque un professionnel de l’armurerie à Pontarlier, la chasse assure aussi des emplois. La Fédération de chasse du Doubs avait prévu en 2019 lors de son assemblée générale d’acheter un bois à Mouthe en parte- nariat avec le Crédit Agricole. Elle pro- jetait d’en faire un lieu d’étude notam- ment pour le grand tétras. Le Crédit Agricole devait mettre 500 000 euros, la Fédération 700 000 euros. Proposé au vote, l’achat de cet alpage dit “de la forêt de la Fraite et de la Caille” à Mouthe pour la coquette somme d’1,3 million d’euros a finalement été refusé par les chasseurs, somme jugée excessive. Les prix ont tendance à grimper dans les alpages…
ration départementale de chasse du Doubs. Sur le massif du Mont d’Or, il existe de nombreuses chasses privées. Elles ne ressemblent pas du tout à celles qui peuvent être proposées en Sologne. Ici, il n’y a pas de grillages pour can- tonner les animaux, rarement de lâchers de gibiers. Réputé depuis de nombreuses années grâce à la chasse à la bécasse, le massif
est devenu un spot de chasse car le cerf s’y est durablement installé et le sanglier y arrive en nombre. Du coup, c’est la course à la recherche de nouveaux terrains potentiellement chassa- bles. Des passionnés viennent de loin pour profiter de ces espaces qui en plus d’être jolis sont tranquilles avec peu de circulation rou- tière. Il y a un paramètre à ne pas négliger avec la pratique de cette pas-
Un alpage mis en vente à 1,3 million d’euros.
Les massifs du Mont d’Or, de la Haute-Joux, du Risoux, sont des spots reconnus pour la chasse de la bécasse et depuis peu pour le cerf.
Par choix, ils interdisent l’accès à leur bois aux chasseurs Un Jurassien, membre de l’A.S.P.A.S., tenait un stand lors d’une exposition photo à Labergement-Sainte-Marie pour expliquer comment fonctionne “l’opposition de conscience à la chasse”. Opposition Des démarches compliquées
Q ui sont ces per- sonnes qui interdi- sent l’accès à leur propriété aux chas- seurs comme la loi le leur per- met depuis 14 ans ? “Ce ne sont pas forcément des militants anti-chasse mais souvent des propriétaires de chevaux ou d’animaux qui ont quelques bêtes et qui souhaitent être tran- quilles” répond cet habitant de Lons-le-Saunier, membre de l’associationA.S.P.A.S., (Asso- ciation pour la protection des animaux sauvages) basé dans le Jura. L’an dernier, lors d’un concours de photographie ani- malière, il était venu à Laber- gement-Sainte-Marie tenir un stand dans lequel il expliquait comment retirer le droit de chasse. “Ce n’est pas toujours le fruit d’un acte militant, explique-t-il, mais la volonté de personnes d’être tranquilles chez eux.” Pour opposer ses terrains à la pratique, il est nécessaire de faire une demande de retrait des terrains du territoire de
Pour retirer un pré ou un bois à une association de chasse, c’est possible mais compliqué. Il faut poser un panneau tout autour de son terrain.
l’A.C.C.A. auprès du président de la Fédération départemen- tale des chasseurs. Ensuite, c’est à la charge du propriétaire de matérialiser via des pan- neaux la zone délimitée voire de grillager mais aussi de payer les dégâts au quantième de sa surface. C’est assez fastidieux
et cela nécessite des démarches administratives. Il reste une solution pour ceux qui veulent s’opposer à la chasse : louer les chasses privées pour les trans- former en réserve (lire plus haut). Il faut pour cela avoir les reins solides financière- ment…
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