La Presse Pontissalienne 250 - Octobre 2020
La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020 le Dossier 18 Haut-Doubs : pourquoi la cHasse est Dans le viseur ?
l Chasse Les anti donnent de la voix Une minorité met une épine dans le pied des chasseurs Après la question de la chasse le dimanche, celle de la sécurité, voilà celle liée au bien-être animal. Les chasseurs argumentent mais le dialogue avec leurs opposants semble impossible. de miradors sont observés. L’inquiétude vient d’une proposition de loi à l’Assemblée nationale qui pourrait, à terme, interdire certains modes de chasse comme celle de la chasse au courant. Le député de la 4 ème circons- cription du Doubs Frédéric Barbier (L.R.E.M.) a d’ailleurs apporté son soutien au projet de Référendum d’initiative partagée. Avec les agriculteurs du Doubs et des maires ruraux, les chasseurs du Doubs ont créé un front commun pour défendre la ruralité. Est-ce trop tard ? Elle fait partie de notre territoire, de nos traditions. Pourtant, jamais la pratique de la chasse n’a autant été malmenée. Auparavant (et toujours) attendus sur le thème de la sécurité, les chasseurs du Doubs sont aujourd’hui traqués par les associations de défense du bien-être animal. La bataille fait rage sur les réseaux sociaux, encore peu sur le terrain. Des entraves comme le sabotage
Selon la fédération de chasse du Doubs, avec le R.I.P., c’est l’ensemble de la chasse dont celle aux chiens courants qui est menacée, une pratique large- ment répandue dans le Haut- Doubs.
partagée sur les animaux (R.I.P.). Porté par un journaliste, par le fondateur de Free, de Meetic, de Veepe (Ventes privées), ce R.I.P. veut faire évoluer la condition animale. Si le nombre de signa- tures et de soutien de parlemen- taires est suffisant, il est possible de soumettre une proposition de loi au référendum. Six mesures principales sont proposées : interdiction de la chasse à courre, interdiction des élevages à fourrure, interdiction de l’élevage en cage, mettre fin aux spectacles avec des animaux sauvages, ne plus pratiquer l’ex- périmentation animale, sortir de l’élevage intensif. Ils doivent recueillir le soutien de 185 par- lementaires et collecter 4,7 mil- lions de signatures. Du point de vue dumonde cynégétique, c’est le prélude à la fin d’autres modes de chasse. Le député l’a signé “et a donc choisi son camp. Il s’oppose à la ruralité” juge Jean- Maurice Boillon, président des chasseurs du Doubs qui a lancé le 21 août dernier avec la Cham-
nière dans la sécurité en impo- sant le gilet fluo, en formant ses membres à la sécurité, au respect des espèces. Que répondre à une personne qui se demande au nom de quel loisir peut-on tuer ? La régulation (lire par ailleurs). Sans la moindre caricature, des associations qui se disent de la protection animale veulent sté- riliser les animaux sauvages. Ainsi, plus besoin de les tuer. Une ingérence qui questionne. Gérard de Maîche, chasseur, a interrogé par écrit le député qui lui a répondu. “Il n’a toutefois pas répondu à une de mes ques- tions. On sait qu’un lynx consomme environ un chevreuil par semaine. Est-ce qu’un che- vreuil souffre plus lorsqu’il est tué net par la balle d’un chasseur ou lorsque son agonie dure plu- sieurs minutes lorsqu’il est gri- gnoté progressivement par un lynx ? Je n’ai pas eu de réponse” nous dit-il. Entre les pro et les anti-chasse, un fossé s’est creusé. n E.Ch.
bre d’Agriculture, les forestiers, des élus locaux, des forestiers, un front commun. “Je suis d’ac- cord pour défendre la ruralité mais ce serait mieux que ce soit porté par quelqu’un de neutre plutôt que par les chasseurs, évoque Charles Piquard, présent à cette réunion du 21 août pour l’association des maires ruraux. Je suis davantage pour une loi visant à créer une charte pour dire que l’on accepte par exemple les cloches des vaches, un pan- neau que l’on mettrait devant nos villages. Nous en avons dis- cuté avec les sénateurs” ajoute cet élu, maire de la commune d’Osse. La chasse concerne environ 7 500 personnes dans le Doubs, chiffre en diminution chaque année. L’explication ? La pyramide des âges, vieillissante, et parce que quelques chasseurs ne trouvent pas la force à répondre aux attaques. “Nos chasseurs doivent faire leur coming-out !” demande Jean-Maurice Boillon, leur pré- sident. La fédération a été pion-
C’ est un signe.En juin dernier est sorti aux éditions Arthaud “Le roman anima- lier”, un volume en format de poche (11,90 euros) qui réunit l’intégralité des textes animaliers de Louis Pergaud. “De Goupil à Margot”, publié dans cette antho- logie, lui valut le prix Goncourt en 1910.On y retrouve“Le roman de Miraut”, autre chef-d’œuvre de l’auteur passé par Guyans- Vennes, qui décrit à la perfection la relation du chien (Miraut) avec sonmaître (Lisée),un agriculteur à la fois chasseur et un peu bra-
connier à Longeverne. Ceci pour rappeler que Louis Pergaud, chasseur invétéré, fut l’un des premiers à écrire de magnifiques pages sur la vie des animaux, notamment sur sa relation avec un renard devenu compagnon. Il était chasseur, certes, amoureux de la nature et son protecteur à la fois. Que penserait-il de ce débat entre les cruels chasseurs d’un côté et ceux qui disent protéger le vivant de l’autre ? Qui pour lui expliquer que le roman de Miraut n’est plus étudié en classe ? “Il faut tout remettre dans son contexte,
répond Brice Leibundgut, pré- sident des Amis de Pergaud. La période n’est plus la même mais je conseille à tous de relire un ouvrage pour se faire sa propre idée. Ceux qui n’aiment pas la chasse aujourd’hui doivent aussi se rappeler que leurs descendants étaient chasseurs” dit-il. Peut-être faudra-t-il envoyer l’ouvrage au député de la 4ème circonscription du Doubs Fré- déric Barbier ? Malgré nos sol- licitations, le parlementaire n’a pas daigné nous expliquer pour- quoi il avait signé en faveur du projet de référendumd’initiative
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