La Presse Pontissalienne 250 - Octobre 2020
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
2, 80
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OCTOBRE 2020
Mensuel d’information du Haut-Doubs
www.presse-pontissalienne.fr
CHASSEURS CONTRE ANTI-CHASSE L’IMPOSSIBLE DIALOGUE QUI SONT LES CHASSEURS DE 2020 ?
À Remoray-Boujeons Des panneaux solaires sur le toit de l’église p. 26
Plusieurs semaines de sécheresse Eau : le nouvel enjeu du Haut-Doubs p. 6 à 8
PONTARLIER «Les Grands Planchants» 03 81 38 80 68 www.pontarlier.grandlitier.com LIQUIDATION avant travaux du 21/09 au 31/10/2020 autorisation N°01/2020/06
Rédaction : “Publipresse Médias” - Tél. 03 81 67 90 80 - www.presse-pontissalienne.fr - redaction@publipresse.fr
RETOUR SUR INFO
La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020
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Votations suisses : “La raison l’a emporté”
Etre-soi Les chasseurs contre les défenseurs des animaux. Les agriculteurs contre les éco- logistes. Les gilets jaunes contre la majorité silencieuse. L’autorité de l’État contre les casseurs. Le dénominateur commun à tout cela, c’est un dialogue devenu impos- sible. Les discussions sereines, les contro- verses argumentées, les échanges constructifs, les débats nourris n’existent plus. La fracturation de la société traverse aujourd’hui toutes les professions, toutes les catégories sociales, toutes les causes. Nous l’illustrons encore dans ce numéro à travers un dossier consacré à la chasse contre laquelle il est devenu de bon ton de tirer à boulets rouges, comme c’est devenu une mode de se défouler sur les agriculteurs. Le bashing - en français le dénigrement - est le mode opératoire le plus efficace pour décrédibiliser une cause avant même qu’elle ait tenté de prendre la parole pour se défendre. Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé à ce phénomène qui n’est pas nouveau. Car les personnes actives sur ces réseaux se nourrissent des arguments de ceux qui partagent leurs opinions et deviennent ainsi per- suadés de détenir la seule vérité. L’expli- cation est simple : cet entre-soi est alimenté par les algorithmes des réseaux sociaux, programmés de telle sorte qu’ils alimentent une pensée qui tourne en rond : on est “ami” uniquement avec ceux qui pensent comme nous. Comment dès lors apprendre à douter, réfléchir, se poser et analyser, bref, les bases du raisonnement ? C’est devenu impossible. Alors on sombre dans la caricature en assimilant sans nuance les chasseurs à des viandards, les agri- culteurs à des pollueurs, les gilets jaunes à des “beaufs” et partant, l’autorité de l’État à une dictature. Cette déstructuration progressive de la pensée, ce nivellement par le bas des idées, cet anéantissement du débat sont sans doute la cause de l’in- stabilité grandissante de nos démocraties, France comprise, où le dégagisme devient la règle, la désobéissance un art de vivre et la polémique stérile un mode d’expres- sion. Nous restons persuadés qu’en ouvrant des débats tels que nous le faisons chaque mois à travers nos dossiers rédac- tionnels, nous refusons, à notre petit niveau, de céder à la facilité d’une vision manichéenne de la société. n Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Jean-François Hauser. Ontcollaboréàcenuméro :SarahGeorge, MagalieTroutet. Régie publicitaire : Anthony Gloriod au 03 81 67 90 80 Imprimé à Nancy-Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Octobre 2020 Commission paritaire : 0222 D 79291 Crédits photos : La Presse Pontissalienne, B. Becker, Corvus, E.P.A.G.E., Fondation J.-M. Landry, M. Jardot, D. Pépin, Préfecture du Doubs, F. Lonchampt.
L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Pontissalienne revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. “La“nuit”ne reverra pas le jour”
I nvité le 2 octobre dans l’émission “Touche pas à mon poste” de Cyril Hanouna diffusée sur C8, Marc Vernier a plaidé la cause des discothèques face au porte- parole du gouvernement Gabriel Attal. “Aujourd’hui, une disco- thèque disparaît tous les deux jours. On est toujours dans l’at-
tente des aides qui nous étaient promises sur juin, juillet, août sans savoir non plus si elles seront prolongées jusqu’à la fin de l’année. La “nuit” ne reverra pas le jour en 2020” , explique le patron de la discothèque La Première en espérant que des réponses précises soient annon- cées à l’issue d’une nouvelle
réunion programmée le 15 octo- bre. L’heure n’est pas encore aux licenciements à la disco- thèque pontissalienne mais la situation pourrait devenir préoc- cupante. “Si les aides se concré- tisent, on peut encore tenir un trimestre. Dans le cas contraire, le risque de licenciement serait fort.” n
L’initiative visant à limiter l’immigra- tion a été rejetée le 27 septembre dernier.
“Les choses n’avancent pas bien vite. On subit encore un contexte qui va nous pénaliser jusqu’en 2021”, explique Marc Vernier le patron de La Première.
L es Suisses étaient appelés aux urnes lors de votations fédérales, dimanche 27 septembre. Plu- sieurs points étaient à l’ordre du jour comme l’achat d’avions de combat (validé), la réforme de la chasse (refusé), et surtout l’initiative du parti de l’U.D.C. (Union démocrate chrétienne) dite de “limitation”. Celle-ci visait à réduire l’immigration dans le pays. Elle a été rejetée par la population (67 %) et en particulier dans les cantons voisins de Vaud et Neuchâtel. “Je me réjouis que la libre circulation des personnes n’ait pas été remise en cause. Les Suisses font la distinc- tion : la main-d’œuvre fron-
talière n’est pas de l’immi- gration. Elle contribue au développement. La raison l’a emporté” commente la dépu- tée du Doubs Annie Gene- vard.En 2014, à une faible majorité, la proposition “Contre l’immigration de masse” avait été acceptée. Elle avait créé un séisme et débouché sur des mesures comme la proposition des postes vacants aux ressor- tissants suisses plutôt qu’aux autres. Le pays s’est doté d’une mesure sociale appe- lée “rente-pont” qui permet aux chômeurs (suisses) de plus de 60 ans en fin de droits de bénéficier d’une allocation si leur fortune est inférieure à 50 000 francs. n
Covid : ouverture d’un centre de dépistage permanent
A vec les mauvais jours qui arrivent et l’in- tensification des dépistages, la situation devenait de plus en plus compliquée pour les deux laboratoires d’analyses pontissaliens, proches de la saturation. Aussi en concertation avec les autorités sanitaires et la Ville de Pontarlier, décision a été prise d’ouvrir à partir du 8 octobre
un centre de dépistage permanent au 4, rue du Bastion dans les locaux occupés précédemment par la police municipale. Les prélèvements naso- pharyngés y seront réalisés par les techniciens des deux laboratoires. Analyses sans rendez- vous du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30. le samedi de 8 h à 12 h. n
L’U.T.M.J. écrit sa légende
R ien de mieux que des conditions dantesques et aucun drame humain pour vous asseoir un événement sportif qui sorte de l’ordinaire. La neige et la pluie étaient au rendez-vous de cette première édition de l’Ultra Trail des Mon- tagnes du Jura (U.T.M.J.). L’oc- casion pour les 1678 coureurs de se confronter aux réalités d’un climat jurassien qui ne manque toujours pas de contrastes. Au point qu’il a fallu raccourcir certaines épreuves. Éric Picot a le succès modeste. “Tout était à écrire, à inventer. On ne pourra que faire mieux pour les prochaines éditions.”
Le pari est gagné. Les coureurs sont plutôt ravis. Espace Mont d’Or qui mettait en jeu sa cré- dibilité a réussi haut la main son examen d’organisateur. Aidé en cela par 500 bénévoles. Indé- niablement une réussite collec- tive. “Les territoires sont hyper- contents d’être dans la boucle U.T.M.J. et ceux qui n’ont pas voulu y être doivent le regretter. L’une des finalités de l’U.T.M.J., c’est d’être un trait d’union ainsi qu’une vitrine de la montagne jurassienne.” Un événement fédérateur. Des améliorations sont possi- bles notamment sur le déroulé des parcours que certains trou-
vaient trop roulants sur le début avec le gros du dénivelé sur les fins de parcours. En cela, le Jura ne sera jamais les Alpes. Inutile de vouloir rivaliser. Sur la date, Éric Picot estime la période propice à l’organisation d’un ultra aussi bien pour les coureurs que pour le milieu naturel beaucoupmoins exposé aux agressions climatiques. n Les coureurs engagés sur les grands parcours ont foulé des crêtes enneigées (photo B. Becker).
L’INTERVIEW DU MOIS
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INDUSTRIE
Le président de l’U.I.M.M. du Doubs
“L’apprentissage, je n’y vois que des avantages” Président de l’U.I.M.M. du Doubs depuis novembre
dernier, Damien Tournier le directeur de Schrader Pacific à Pontarlier est un fervent défenseur des formations par alternance dont l’offre couvre aujourd’hui toute la gamme des métiers de l’industrie, du C.A.P. à l’ingénieur. Une voie royale encore trop négligée.
L a Presse Pontissalienne : Que fait l’U.I.M.M. du Doubs ? Damien Tournier : L’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie est une instance nationale qui comprend 77 organisations régionales ou dépar- tementales. C’est une instance repré- sentative du patronat. On essaie de se fédérer ensemble pour apporter des réponses aux salariés. L’U.I.M.M. de Franche-Comté rassemble 580 entre- prises : 340 ont moins de 50 salariés, 160 entre 50 et 250 et on dénombre 80 entreprises de taille intermédiaire avec plus de 250 salariés et un chiffre d’af- faires supérieur à 50 millions d’euros. Le Doubs est scindé en deux : l’U.I.M.M. de Belfort-Montbéliard et la partie au sud, celle dont je suis président et qui compte 215 entreprises pour 11 000 salariés. Nous sommes tous rattachés à l’U.I.M.M. Bourgogne-Franche-Comté. Cette structuration permet de rester assez proche des réalités de chaque territoire. L.P.P. : À chaque étage ses missions ? D.T. : Les accords de branche sont traités à l’échelle nationale. On travaille actuel- lement sur une nouvelle convention collective qui se substituera aux 77 en vigueur actuellement dans la métal- lurgie. Ce chantier est engagé depuis deux ans. Il reprend tous les aspects de la vie de l’entreprise : protection sociale, retraite, conditions de travail. Cette nouvelle convention ouvre bien entendu la porte au dialogue social dans les entreprises pour donner les bonnes réponses au bon moment. L.P.P. : L’union fait la force ! D.T. : Oui. Cela permet par exemple
pagne de promotion “La fabrique de l’avenir” avec laquelle on commence à communiquer. Avec ces spots diffusés sur des chaînes télé, on gagne en visi- bilité. La nouvelle convention s’inscrit aussi dans cette recherche d’attractivité tout en sachant que rien est facile. Quand on parle de suivre l’évolution des métiers, cela ne s’applique pas seu- lement à la robotisation, à l’automa- tisation. Les métiers traditionnels comme l’usinage, la chaudronnerie, le soudage sont toujours bien présents dans l’outil de production. L.P.P. : Pourquoi choisir de travailler dans l’in- dustrie ? D.T. : À la différence d’autres branches, l’industrie qui représente de gros inves- tissements, s’inscrit dans le temps et a besoin de stabilité en termes de pers- pective. Cette démarche permet de pro- poser une meilleure rémunération aux salariés de l’industrie qui gagnent 10 % à 15 % de plus, à compétences égales qu’ailleurs. L.P.P. : La visibilité rime aussi avec ouverture ? D.T. : Tout à fait.Améliorer l’attractivité de l’entreprise implique de s’ouvrir davantage vis-à-vis des écoles, des col- lèges, des lycées. Il faut casser les cli- chés, établir un vrai dialogue avec les enseignants qui méconnaissent souvent nos métiers. Assez paradoxalement, les industriels sont compétents en pro- duction et commercialisation mais ils ne savent pas vendre leurs métiers. Le déficit d’image est latent. On le constate. Cela va prendre du temps d’inviter à venir voir ce que l’on fait dans nos usines. On propose aussi de l’accompagnement au recrutement à Pôle Emploi qui peut accéder à nos ins- tallations pour faire découvrir les métiers de la métallurgie. L.P.P. : Quel intérêt de s’engager sur la voie de l’apprentissage ? D.T. : Je n’y vois que des avantages pour l’apprenti comme pour l’entreprise. Cela reste un vrai exercice d’échange entre le jeune, lemaître d’apprentissage et le centre de formation. L’apprentis- sage offre une formidable proximité avec l’entreprise. Cela crée du lien, cela permet d’enrichir le vivier. Rappelons qu’un apprenti est rémunéré, ce qui permet aussi de soulager le budget “études” des familles. L’apprentissage est source de flexibilité. Depuis deux ans, c’est plus facile de créer des modules de formation adaptés aux conditions locales. Les procédures de validation sont beaucoup plus rapides qu’avant. L.P.P. : L’apprentissage n’est plus considéré comme une voie de garage ? D.T. : Cette image s’efface peu à peu. Les crises nous ont aidés, comme on a pu le constater en 2008. Le fait d’ouvrir
“L’outil de formation doit rester actif”, estime Damien Tournier, le président de l’U.I.M.M. du Doubs.
et l’enseignement.
surent et permettent surtout de main- tenir l’outil de formation. Il faut toujours garder à l’esprit que le point de déclen- chement reste et restera le travail. L.P.P. : Le plan de relance prévoit aussi un assouplissement d’accès à l’apprentissage. De quoi s’agit-il ? D.T. : Au lieu de trois mois, les apprentis ont maintenant 6 mois après le début de leur formation pour signer un contrat d’apprentissage avec une entreprise. À la rentrée 2019, on comptait 1 000 apprentis dans les centres de formation, soit une hausse de 15 %. Cette rentrée avec le contexte économique, 20 % des candidats à l’apprentissage non pas encore signé de contrats. Cela repré- sente une centaine de jeunes qui vont démarrer en cours théoriques. Ils auront jusqu’au 28 février pour trouver une entreprise. L.P.P. : Et s’ils ne trouvent rien ? D.T. : Ils auront alors la possibilité de rejoindre un cycle de formation clas- sique en établissement. L.P.P. : Crise ou pas, il faut continuer à former des apprentis ? D.T. : Oui.N’oublions pas que l’an dernier on courait après lamain-d’œuvre. L’outil de formation doit rester actif. Les entre- preneurs doivent prendre conscience de l’intérêt de former des jeunes pour répondre aux besoins de demain. C’est vrai qu’aujourd’hui, on est un peu à la traîne, en proie au doute, mais il faut garder espoir. n
l’apprentissage aux formations à Bac + 3, Bac + 5 valorise aussi l’alternance. Quand onmonte à ce niveau, pas besoin alors d’attendre cinq ans avant de don- ner du sens à ce que j’apprends. L.P.P. : Quel bénéfice pour l’entreprise ? D.T. : Elle y gagne beaucoup par exemple avec cette capacité d’étonnement du jeune qui va forcément nous interpeller un jour ou l’autre. Cela fait bouger les lignes. La prise en charge de l’apprenti se traduit aussi par un bénéfice péda- gogique acquis par ceux qui le forment. L’entreprise, c’est là que se fait l’inno- vation et c’est aux jeunes d’apporter cette vision même si tout n’est pas facile. L.P.P. : Un apprenti trouve-t-il plus facilement un emploi ? D.T. : Sept apprentis viennent d’arriver au bout de leur cursus chez Schrader Pacific. Quatre sont embauchés, un a décidé de poursuivre ses études et deux seront sur le marché de l’emploi. En général, plus de la moitié ont une pro- position d’embauche. L.P.P. : Quelles sont les contraintes pour l’en- treprise ? D.T. : L’employeur a besoin de suivre l’apprenti dans son parcours au centre de formation. Cela crée là aussi un lien avec le métier. On connaît très bien l’apprenti à l’issue de son parcours. En accueillant des apprentis, on multiplie les échanges avec les centres de for- mation : C.F.A., universités. Ce dialogue participe d’une meilleure mise en adé- quation entre les besoins de l’industrie
L.P.P. : Tout est source d’enrichissement ? D.T. : Oui,même s’il y a encore des efforts à faire sur la mixité. En jouant cette carte, on va toujours plus vite, plus haut, plus loin. Il reste encore beaucoup d’a priori sur la féminisation de nos métiers alors qu’il n’y a plus d’obstacle. À mon sens, l’entrepreneur digne de ce nomest d’abord là pour entreprendre et s’assoit sur ces considérations écu- lées. L.P.P. : Combien avez-vous recruté d’apprentis pour la rentrée ? D.T. : Cela représente 20 contrats d’ap- prentissage à tous les postes. À Pon- tarlier, il y a parfois un souci de mobilité sachant que les jeunes doivent se rendre à Besançon pour se rendre dans les pôles de formation. On est les seuls à fabriquer des valves en France. Pour avoir le personnel adéquat, il faudrait recruter enAllemagne et au Japon. Se pose aussi à Pontarlier l’attractivité de la Suisse voisine. Dans ce contexte, on n’a guère d’autre choix que de se tourner vers l’apprentissage. L.P.P. :Le plan de relance de l’économie propose des aides aux entreprises qui prendront des apprentis. C’est une chance ? D.T. : On prend des gens quand on a du travail et non pas car on nous donne des aides, même si dans la période d’in- certitude actuelle, on ne peut pas refu- ser l’aide. Le rôle de formation de l’ap- prenti revient à l’entreprise avec l’objectif de lui proposer un travail à l’issue de son parcours. Les aides ras-
d’avoir un support d’aide juridique avec une équipe dédiée qui nous apporte des éléments de réponse sur l’interprétation de la loi, dans les accords, dans l’écriture des contrats. L.P.P. : Et la formation ? D.T. : C’est un peu le cœur de notre mission. L’U.I.M.M. est associée à des centres de formation, du C.F.A. aux écoles d’in- génieur. On propose aussi de la formation continue à destination des salariés. L’objectif étant toujours d’accompagner l’évolution des métiers en sachant qu’on a des profils très différents dans l’entre- prise. L.P.P. : La métallurgie souffre toujours d’un déficit d’image ? D.T. : C’est certain. L’U.I.M.M. a lancé il y a quelques années la cam-
“Donner du sens à ce que j’apprends.”
Propos recueillis par F.C.
HAUT-DOUBS
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LA CLUSE-ET-MIJOUX Une reconnaissance Le fort de Joux retenu par la Mission Patrimoine de Stéphane Bern
Élus de la C.C.G.P. et représentants de la Fondation du Patrimoine étaient présents le 19 septembre au château de Joux pour annoncer la bonne nouvelle.
L a bonne nouvelle est tombée le 31 août : le château de Joux a été sélectionné par la Mission Patrimoine comme projet emblématique du dépar- tement du Doubs. Patrick Genre le président de la com’com du Grand Pontarlier, propriétaire des lieux, y voit le signe “d’une reconnaissance importante pour le château qui fait l’objet d’un programme de restauration et d’aménagement engagé depuis vingt ans.” Une nouvelle phase de travaux Le château des sires de Joux figure parmi les 101 sites emblématiques sélectionnés cette année par la Mission Patrimoine animée par Stéphane Bern et la Fondation du Patrimoine.
de mécénat engagé par la C.C.G.P. qui souhaite développer davantage le partenariat public- privé autour du château. Ne pas tout attendre de l’État et des collectivités territoriales. Au bénéfice de la souscription s’ajou- tera aussi la part reversée par la Fondation du Patrimoine dans le cadre du Loto du patrimoine organisé du 9 au 19 septembre derniers. Les sommes seront connues dans quelques mois. À noter que le projet de restaura- tion du Fort de joux bénéficie également du soutien de la D.R.A.C., de la Région Bour- gogne-Franche-Comté et du Département du Doubs. “Cette nouvelle phase de travaux est une première étape. Nous dépo- serons peut-être un autre dossier dans les années à venir” , suggère Patrick Genre en signalant la mise en ligne du nouveau site Internet du château de Joux. n F.C.
va être engagée. Elle concerne les ponts en bois : pont-levis et pont dormant ainsi que la porte d’honneur qui commandent l’ac- cès aux enceintes intérieures du château. Neige, pluie, gel, dégel mettent à mal les bois et les pierres qui composent la struc- ture de ces ouvrages. “On a dû les étayer. Il n’y a pas de risque pour les piétons. C’est surtout le passage des véhicules qui pour- rait s’avérer dangereux si on lais- sait la situation se dégrader.” C’est donc au titre de ce projet de restauration dont le montant est estimé à 970 000 euros que la C.C.G.P. a déposé en décem- bre 2019 un dossier auprès de la Mission Stéphane Bern Fon- dation du Patrimoine. L’histoire du monument, véritable musée à ciel ouvert des fortifications, l’ampleur des travaux de res- tauration, le projet de valorisa- tion ont pesé dans la balance. “On est très satisfait que la Fon-
dation du Patrimoine ait retenu le château de Joux” , indique Dominique Ballard, délégué départemental de la Fondation du Patrimoine. La signature de la convention entre les deux par- tenaires aura lieu le 13 octobre, suite à quoi sera mise en ligne la souscription sur le site
www.missionbern.fr. À charge de la Com’com d’en assu- rer l’animation. Les dons ouvrent droit à une réduction d’impôts sur le revenu de 66 % du montant versé. “C’est la Fondation du Patrimoine qui recueille les sommes et qui envoie ensuite les reçus fiscaux” , poursuit Dominique Ballard. Cette opération est le premier exemple
La souscrip- tion concerne le financement de travaux à entreprendre rapidement sur les ponts et la porte d’honneur commandant l’accès au château.
Entamer une nouvelle phase de travaux.
La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020 L’ÉVÉNEMENT
L’EAU, LE NOUVEL ENJEU DU HAUT-DOUBS
Les pénuries d’eau se multiplient ces dernières années avec ses consé- quences multiples dont la plus visible est la disparition régulière du Doubs en particulier en aval de Pontarlier. Mais les déficits d’eau ont désormais des conséquences sur l’ensemble des activités du territoire.
l Météorologie
À cause de la hausse des températures
Le Doubs sans eau : un scénario qui devrait se reproduire de plus en plus C’est le déficit temporaire d’eau conjugué à la hausse moyenne des températures qui rend les épisodes de sécheresse des rivières plus fréquents. Cela devrait, hélas, arriver de plus en plus souvent.
Le Doubs à hauteur de Montbenoît le mois dernier.
L e spectacle du Doubs à sec à l’aval de Pontarlier devient un des feuille- tons réguliers de l’au- tomne.Après 2018 et 2019, pour la troisième année consécutive, le Doubs a provisoirement dis- paru de son lit cet automne. Les pluies de ces derniers jours ont heureusement comblé son niveau. Ce phénomène récurrent est-il dû à un déficit de pluie ? Pas forcément… Mais plutôt à une hausse moyenne des tem- pératures estivales qui entraîne une évaporation plus impor- tante. Côté précipitations, il est tombé entre début janvier et fin sep- tembre 1 000 mm (soit 1 mètre)
plans d’eau du Haut-Doubs. Une récente étude de l’Obser- vatoire statistique de l’Arc juras- sien (O.S.T.A.J.) ajoute que “dans la partie française de l’Arc jurassien, la pression démogra- phique s’intensifie à proximité de la frontière et notamment au niveau de la source du Doubs (Mouthe) mais également entre Pontarlier et Morteau, là où le Doubs a subi des sécheresses importantes ces deux dernières années.” Sachant que la consom- mation des habitants est de l’or- dre de 150 à 200 litres d’eau par jour, tous ces facteurs mis bout à bout expliquent ce phé- nomène récurrent. n J.-F.H.
automne avec un lit du Doubs qui a disparu par endroits. “On a connu ce phénomène trois années de suite, c’est une coïn- cidence météorologique, cela ne signifie pas que l’été et l’automne 2021 ne seront pas arrosés” pour- suit le spécialiste. Le déficit ponctuel d’eau n’ex- plique pas tout. Si les rivières s’assèchent de plus en plus, c’est aussi et surtout à cause de la hausse régulière des tempéra- tures moyennes, provoquant l’évapo-transpiration des sols. Depuis une trentaine d’années dans le Doubs, les températures moyennes ont augmenté “de trois à quatre 10 èmes de degrés tous les 10 ans, soit 1 °C en 30
de pluie. “Nous sommes à 80 % d’une année normale. Mais ce retard peut très bien être rattrapé d’ici la fin de l’année” observe Bruno Vermot-Desroches, chef du centre Météo France de Besançon.
tations avaient quasiment atteint les 1 500 mm, sauf que “ 2018 avait été très arrosée jusqu’au 13 juin et très sèche ensuite, d’où les déficits impor- tants d’eau dans les rivières à l’automne.” Et quand bienmême une année est très arrosée, il suffit de cinq semaines d’affilée sans pluie pour que les sols soient taris. Cette année encore, le printemps avait été particulièrement arrosé. “En janvier et mars, jamais les sols n’avaient été aussi gorgés d’eau” ajoute M.Vermot- Desroches. S’en est suivi le confi- nement et ses deux mois sans pluie, puis un été sec. Ce qui explique la situation de cet
ans. Les prochaines statistiques sur 30 ans que nous sommes sur le point d’avoir confirmeront cette augmentation” indique le prévisionniste. Conséquence : avec des tempé- ratures en hausse, l’étiage de la rivière Doubs sera plus fréquent car les besoins en eau plus importants. Et quand bienmême les précipitations seraient plus importantes, des températures de quelques degrés supérieures assécheraient rapidement les rivières. La tendance de fond qui semble devoir se confirmer, ce sont des étés plus chauds et temporai- rement secs. Le cocktail idéal pour assécher les rivières et
La hausse des températures provoque l’évapo- transpiration des sols.
Sur une année entière, il tombe en moyenne 1,50mètre d’eau dans le Haut- Doubs pontissa- lien. En 2018, malgré une sécheresse sévère survenue à partir de lami- juin, les précipi-
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Bannans Un contre-exemple Quand le Gouterot retrouve ses méandres, son eau fraîche et ses truites
“U n an après les travaux, on observait déjà un maintien du niveau d’eau très long sur la tourbière, malgré la sécheresse. Le débit du ruisseau du Gouterot a été multiplié par cinq ou six. Un débit constant et largement supérieur au Drugeon dans lequel il se jette” , note Jean-Noël Resch, hydrobiologiste à l’E.P.A.G.E. Haut- Doubs Haute-Loue. Des résultats sur- prenants si ce n’est spectaculaires, à l’heure où l’on ne cesse de déplorer le manque d’eau dans les nappes de l’Ar- lier comme dans le lit du Doubs en terre saugette. Des travaux avaient déjà été menés tout l’intérêt de préserver les zones humides pour la biodiversité mais aussi pour conforter les ressources en eau potable. La restauration de la zone tourbeuse du Gouterot dans la vallée du Drugeon montre
Le ruisseau du Gouterot après travaux (photo Corvus pour E.P.A.G.E.).
en 1998 sur ce secteur mais des ana- lyses ont mis en évidence une situation dégradée. D’où l’intérêt d’engager un projet de restauration portant sur le reméandrement du Gouterot et de son affluent la Raie Saint-Nicolas. “Les travaux ont débuté en juillet 2019. Ils incluaient aussi 1 000 mètres de recharge en matériaux permettant de resserrer la largeur, de remonter le niveau de fond et d’augmenter la hau- teur d’eau des ruisseaux. Des fossés ont
été comblés pour qu’ils ne participent plus au drainage de la tourbière” , détaille l’hydrobiologiste. Les résultats sur la biodiversité sont très encourageants, marqués dès ce printemps par une forte colonisation de vanneaux huppés, de bécassines des marais et quelques courlis cendrés. Une pêche électrique de sauvetage avait été effectuée avant travaux puis une autre au bout d’un an. Comme le ruisseau a retrouvé de la
fraîcheur, la truite est de retour avec des loches et des vairons. “Les travaux ont permis d’augmenter les échanges avec la nappe qui alimente ainsi le ruisseau en eau plus froide.” Les enjeux débordent comme l’eau du Gouterot du cadre environnemental. Le marais du Gouterot est situé à proximité du
captage du syndicat deVau-les-Aigues. “Cette ressource n’est pas immédiate- ment disponible mais elle participe au soutien des débits.” Le coût des travaux s’élève à 182 880 euros hors taxes, financés à 100 % ans le cadre du programme euro- péen Life Tourbières du Jura.
Bouverans Lac classé en seconde catégorie On plie les gaules à l’Entonnoir Avec un étang asséché sur les trois
Le Doubs Société la Truite Pontissalienne
Le réchauffement fatal aux truites de souche Si, d’un point de vue piscicole, le lac Saint-Point est relativement épargné par les effets de la sécheresse, il en va autrement du Doubs dont les eaux chaudes menacent les espèces autochtones.
quarts de sa sur- face, l’association
Quelques jours après la fermeture, les pêcheurs se retrouvent pour une opération de nettoyage des rives.
D éçus ou pas de rac- courcir aussi brus- quement une saison de pêche ? Pas vrai- ment, à écouter les quelques pêcheurs venus nettoyer les abords du lac. “Avant les pluies de fin septembre, le niveau du lac baissait de 5 à 6 centimètres par jour. Impossible de prati- quer dans de telles conditions. En prenant cette décision, on est plus tranquille” , explique Christophe Rousset, le prési- dent de l’association des pro- priétaires du lac. Une décision parfaitement légale sur un étang privé dont la surface varie entre 80 et 90 hectares. “Ici, la gestion de la pêche s’ins- crit dans un cadre administra- tif réglementaire dans lequel des propriétaires du lac a préféré avan- cer la fermeture de la pêche au 12 septembre au lieu du 31 décembre.
L e confinement, en retar- dant les dates d’ouverture de la pêche de quelques semaines, aurait sauvé entre 3 000 et 5 000 corégones au lac Saint-Point. “Cette espèce n’a pratiquement pas été pêchée. Il est beaucoup plus difficile à attra-
1 ère catégorie. “Avec une eau qui peut monter à 23 °C ou 24 °C, on ne trouve pratiquement plus de truites fario si ce n’est dans quelques ruisseaux pépinières. Aujourd’hui, on est obligé d’ale- viner en truites surdensitaires pour satisfaire les pêcheurs.” Les effectifs tendent malgré tout à se réduire à la Truite Pontissalienne comme dans la plupart des autres sociétés. “En 7 ou 8 ans, on est passé de 1 000 à 700 pêcheurs et heureusement qu’on a le lac pour freiner l’hémorragie.” Tout aussi grave que la sécheresse, Jean-Marie Poux insiste sur l’im- portance de préserver la qualité des eaux des lacs Saint-Point et Remoray. “Les travaux effectués par la com’com des Lacs et mon- tagnes du Haut-Doubs sur le col- lecteur des eaux usées vont dans le bon sens. On sait qu’il y a encore des particuliers qui déversent leurs eaux usées directement dans le milieu naturel. On sera toujours très vigilant autour du lac.” F.C.
quelques souvenirs piscicoles douloureux. La sécheresse rééquilibre aussi le rapport entre carnassiers et poissons blancs un peu trop nombreux au goût de certains. “Cette régulation protège les fraies.” L’association qui tient à préserver les zones maréca- geuses autour du lac a égale- ment interdit la pêche en wader, ces cuissardes qui remontent jusqu’à la taille. Elle ne peut rien contre l’arrivée de pêcheurs ailés qui profitent du réchauffement climatique pour s’installer dans le Haut- Doubs, à savoir les aigrettes et les redoutables cormorans. “On a encore la chance d’avoir une bonne qualité d’eau” observe le président. F.C.
loisir”, précise Christophe Rousset. Classé en seconde catégorie, le lac de Bouverans abrite des espèces assez clas- siques : brochet, perche, roten- gle, gardon, carpe… Ce lac relativement peu pro- fond si ce n’est au niveau de l’entonnoir proprement dit se vide à chaque épisode de séche- resse. Le phénomène n’est donc pas nouveau mais tend à se répéter de plus en plus souvent. “On avait constaté une forte mortalité de poissons en 2018. On ne cherche pas à sauver les poissons pris au piège dans les trous d’eau car ils n’y survivent pas comme on avait pu s’en ren- dre compte en tentant ce sau- vetage en 1959” , poursuit Guy Charberet en réveillant
on peut prendre certaines dis- positions comme fermer avant la date officielle. On ouvre d’ail- leurs deux semaines après les autres” , rappelle Guy Charbe- ret, une figure dans le monde la pêche où il a exercé diverses responsabilités. Le lac de l’Entonnoir réunit une trentaine de propriétaires, tous membres de l’association. Chacun dispose d’une carte d’invité et quelques cartes sont distribuées aux habitants de Bouverans. sans compter quelques cartes journalières. “Le nombre de pêcheurs est rela- tivement stable. On en compte en moyenne une trentaine qui pratique majoritairement en barque. Ce plan d’eau n’est pas accessible à la navigation de
per en été quand le zooplancton dont il se nourrit se déve- loppe. En limitant la pression de pêche au printemps, le confinement aura aussi favorisé la reproduction natu- relle. C’est promet- teur pour la pro- chaine saison de pêche”, estime Jean- Marie Poux, le pré- sident de la Truite Pontissalienne qui gère la pêche au lac Saint-Point. La situation est délicate sur le par- cours du Doubs en
Entre 3 000 et 5 000 corégones sauvés.
8 L’ÉVÉNEMENT
La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020
l Rochejean La Petite Échelle La cueillette pour compenser le manque d’herbe L’impact des sécheresses affecte
Norbert Bournez entouré d’Amandine Coutant et Anne Lanciotti, toutes deux spécialisées dans la cueillette de plantes et fruits sauvages : un gisement qui pourrait constituer une nouvelle de revenu.
aussi la ressource herbagère dans les
fille de berger s’est formée à la valorisation des plantes à par- fumaromatiques et médicinales. “Je cultive une parcelle de 200 m2 à Labergement-Sainte- Marie. Cela représente 50 % de mon revenu et l’autre moitié pro- vient des cueillettes. Comme je suis certifiée en bio, je cherchais un alpage qui corresponde à mes besoins.” Direction la Petite Échelle en terrain connu où elle avait l’ha- bitude d’accompagner ses parents qui ont noué de solides liens d’amitié avec Norbert Bournez. Lequel la laisse volon- tiers cueillir aspérule, feuille de frêne, cynorrhodon, pâque- rette, plantain, ortie, serpolet ou encore cumin des prés, bour- geon de sapin, pissenlit… “Tout est transformé” , poursuit Aman- dine Coutant qui a baptisé sa petite entreprise Le jardin du Mont d’Or. Tout un poème. Des tisanes, confitures, pistous, sirops qu’elle vend sur les mar- chés locaux, dans les boutiques et fruitières, sans oublier à l’au- berge de la Petite Échelle. Cette expérience concluante encourage le berger de la Petite 6.QVIQLV_C_$\0Z\_W^_OT]_%5NHFH_>F@S_E[XWRPY^R[ W^_T]=Z^U_^Y_W^_G\X]T^_NH_
vaches, voire chevaux, moutons, chèvres qui passent l’été sur la haute chaîne. “Avant, on allait chercher sur les alpages de la viande et du lait.Avec le manque d’herbe lié aux sécheresses, il faut exploiter d’autres ressources alimentaires” , estime Norbert Bournez, propriétaire de la Petite Échelle où il prend des génisses en estive. Ce choix de diversification l’a incité à mettre à disposition son alpage àAman- dine Coutant, productrice-cueil- leuse qui s’est lancée dans cette activité il y a deux ans. Originaire du Haut-Doubs, cette
L a gestion d’un alpage repose avant tout sur l’exploitation d’une ressource alimen- taire : l’herbe donnée à brouter aux veaux, génisses, alpages, obligeant les syndicats pastoraux et les amodiateurs à trouver des solutions. Exemple original.
une gestion plus fine des parcs. Sur la Petite Échelle, cela se traduit par un parcellaire divisé en huit parcs contre deux il y a 40 ans. “Au lieu de faire des foins, on a décidé de transformer l’un des parcs en réserve fourragère pour mieux supporter les coups de sec.” D’un alpage à l’autre les stratégies diffèrent. Certains n’hésitent pas à redescendre quelques semaines plus tôt, faute d’avoir assez d’herbe. D’au- tres sont contraints de garder les bêtes le plus tard possible en alpage faute d’avoir assez de surface près des fermes. Il s’avère alors nécessaire de mon- ter du fourrage pour les nourrir. Une situation assez paradoxale mais une réalité de la planète comté où chaque arpent d’herbe est précieux. Aujourd’hui plus qu’hier. n F.C. .6QV-QLV_C_DW^YY^_1OK:FOS_IV_\ZUS_[^Y[\]YM^S_WXJ]8 P]T]M^_"_2XZY\[T]^[_)@XR9U(S_4^R4^_W^_OZW[M_:5FD@FB V QVIQLV_C_2\RT_AKD;AANAS_-#_\ZUS_[^Y[\]YMS_WXJ]P]T]M "_'[\UZ^_)@XR9U(B V!QVIQLV_C_<]P?+T^_KD;1NAS_IV_\ZUS_[^Y[\]YM^S WXJ]P]T]M^_"_/XR=Z^_)@XR9U(S_MEXRU^_W^_K^ZM_2DF 8 @O;@NB V#QVIQLV_C_2?]T]EE^_,D*GGNAS_! _\ZUS_^JETX0M ]ZY^[PXJJRZ\TS_WXJ]P]T]M_"_2XZY\[T]^[_)@XR9U(S_PMT]8 9\Y\][^B 6VQVIQLV_C_<\[=R^[]Y^_2H; Échelle à aller plus loin dans cette démarche. Pour la saison estivale, il a recruté Anne Lan- ciotti pour tenir l’auberge mais pas que. Ethnobotaniste de for- mation, cette spécialiste de l’étude des plantes et de leurs utilisations a commencé à repé- rer des zones particulièrement riches en plantes sauvages. “Je me suis limitée pour l’instant à la fabrication de quelques condi- ments utilisés dans la prépara- tion des plats servis à l’auberge.” Et Norbert Bournez de soumet- tre l’idée de repérer ces zones pour les protéger de la dent du bétail. “On pourrait agir de la même façon sur des espaces ou des espèces utiles à la préserva- tion de la faune sauvage, je pense par exemple au Grand Tétras, aux abeilles.” Autant d’actions qui pourraient entrer dans le cadre des mesures agro-envi- LLQVIQLV_C_HM\Z\_W^_HX P_ ronnementales subventionnées dans le cadre de la P.A.C. L’exemple de la Petite Échelle est un cas particulier dans la montagne jurassienne française où il existe très peu de bergers propriétaires de leur alpage et exploitant qui plus et une auberge. Pour autant, cela peut être une source d’inspiration car l’impact du changement cli- matique est partout le même. Sur les sommets comme en plaine, le monde agricole doit apprendre à mieux gérer la res- source herbagère. “Au milieu des années quatre-vingt, je pre- nais 70 génisses contre une cin- quantaine actuellement. Je retarde lamontée à l’alpage pour favoriser une meilleure pousse. On fait moins de hersage pour ne pas arracher le tissu her- beux.” L’adaptation passe aussi par SL!QVIQLV_C_%0T]^_W^_>0T4\]Z_1KD>/NOGS_Y^P?Z]P]^Z JMW]P\T_^Y_/^UU]^_:O:5D@S_E[ME\[\Y[]P^_^Z_E?\[8 J\P]^B L-QVIQLV_C_GXM_W^_DT]4]^[_:5O2;F>S_PXJJ^[P]\T ^Y_>\ZW[\_$O2OAOS_]Z3][J]+[^B L-QVIQLV_C_OT]P^_W^_OZY?XZ0_KN* Avec les sécheresses récurrentes, la saison d’estive tend à s’écourter sur les alpages jurassiens faute de ressource herbagère suffisante. État civil de septembre 2020 V.QVIQLV_C_>^T]Z_W^_N[YR=[RT_>N$NKS_]Z=MZ]^R[_^Z J\P?]Z^_^Y_W^_$ [^=?\_NK@D1OGS_PXZU^]TT^[_9\Z8 R]^[B V.QVIQLV_C_H]4]X_W^_OW[]^Z_>FGF7OH@FS_Y^P?Z]P]^Z JMZ\=^[_^Y_W^_OJ\ZW]Z^_7DG,OHDAS_\=^ZY_W^ U^[4]P^_?XUE]Y\T]^[B V QVIQLV_C_/RT]\_W^_>M9\UY]^Z_'HDKFOGFS_=\T4\ZX8 ET\UY^_^Y_W^_<\[]^_@DG15FS_=[\4^RU^B V!QVIQLV_C_OT^&]_W^_GRZX_'F1;NFKN@D_@N_7KFADS J\ XZ_^Y_W^_OT]Z^_2FKDADGS_[^UEXZU\9T^_\UU^J8 9T\=^_^&EMW]Y]XZB V QVIQLV_C_OU^Z\Y8H^00\_W^_7RTRY_%;K; LIQV-QLV_C_A?XJ\U_W^_G]PXT\U_7DGGNAS_^&ETX]Y\ZY \=[]PXT^_^Y_W^_:]ZW0_%KN<>NKS_^&ETX]Y\ZY^_\=[]8 PXT^B L-QV-QLV_C_NT0X_W^_/RT]^Z_ UNE ENVELOPPE D’1.4 MILLION D’EUROS ~ TOURISME EMPLOI MILL ~ POUR ACCOMPAGNER FRACTURE NUMÉRIQUE ÉCONOMIE VERTE ION LA RELANCE DE L’ÉCONOMIE RÉGIONALE. SOLIDARITÉ 1.4 Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel de Franche-Comté - Siège social : 11, avenue Elisée Cusenier 25084 Besançon Cedex 9 Tél. 03 81 84 81 84 - Fax 03 81 84 82 82 - www.credit-agricole.fr/ca-franchecomte - Société coopérative à capital et personnel variables agréée en tant qu’établissement de crédit - 384 899 399 RCS Besançon - Société de courtage d’assurances immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurances sous le n° ORIAS 07 024 000. - 09/20 10 PONTARLIER La Presse Pontissalienne n°250 - Octobre 2020 SANTÉ Un nouveau partenariat Le Haut-Doubs Forestier s’engage dans son projet de santé La Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (C.P.T.S.) du Haut-Doubs forestier a été portée sur les fonts baptismaux le vendredi 2 octobre à Pontarlier. Une première dans le département. N e pas tout attendre des autres et de l’État en particulier pour prendre son destin à bras-le- corps. Face au risque de déser- tification médicale, les profes- sionnels de santé du Haut-Doubs Forestier s’étaient déjà organisés pour exercer dans différentes maisons médicales qui aujourd’hui répondent plutôt bien aux besoins. En janvier 2019, trois d’entre elles choisissaient de travailler sur un même protocole autour de la prévention de l’apnée du sommeil. Cette expérience concluante a décidé les profes- sionnels locaux de coopérer davantage en s’engageant à par- tir de juin 2019 dans la création d’une Communauté Profession- nelle Territoriale de Santé. L’ob- jectif étant de s’organiser autour d’un projet de santé pour répon- dre à diverses problématiques : gestion des soins non program- més, coordination ville-hôpital, attractivité médicale, actions s’appuie sur un réseau de soins bien structuré. On souhaite conti- nuer à travailler dans un contrat partenarial, en s’engageant sur des projets, en répondant aux objectifs. Plus qu’une signature, c’est un pacte qui nous engage” , explique Laure Jagiello, l’une des quatre présidentes de la C.P.T.S. du Haut-Doubs Fores- tier. Lors de la signature de la C.P.T.S., Pierre-Marie Philippe, médecin à Levier et également vice-président de cette commu- nauté cite en exemple le projet de système de garde médicale associant une permanence fixe, de préférence à Pontarlier, et un poste mobile pour couvrir les besoins à l’échelle de la C.P.T.S. Une façon de suppléer aux défaillances de l’offre de De gauche à droite, Fabien Noreille, Pierre-Marie Philippe, Laure Jagiello et Cécile Rate-Montanari, les quatre co-présidents de la C.P.T.S. du Haut-Doubs Forestier. soins. Le praticien rappelle éga- lement que “cela fait plus de 20 ans qu’on travaille avec une équipe mobile de gérontologie. On imagine assez facilement l’intérêt d’une équipe mobile de psychiatrie. On a envie que la C.P.T.S. soit l’instance de cette intelligence de territoire. Sans un hôpital fort, la C.P.T.S. n’au- rait pas de sens” , soulignait Pierre-Marie Philippe sans oublier d’indiquer qu’enmatière de santé tout ne rentre pas dans les chiffres. Le dynamisme de la C.P.T.S. du Haut-Doubs Forestier repose aussi sur l’investissement des deux infirmiers Asalée Méline- ral de l’A.R.S. également présent apprécie dans cette C.P.T.S. “un état d’esprit, totalement tourné vers le service rendu à la popu- lation. Garantir l'accès aux soins est un principe constitutionnel encore faut-il être en capacité de pouvoir le faire.” Il souligne dans la démarche des profes- sionnels de santé du Haut- Doubs Forestier une capacité d’innovation organisationnelle et un esprit d’ouverture qui bouscule tous les corporatismes. Le directeur de l’A.R.S. confirme l’accompagnement de l’A.R.S. et le soutien financier de la C.P.A.M. à la C.P.T.S. du Haut- Doubs Forestier. n Panier et Jean-François Gay- Laget particulièrement actifs pour mettre tout le monde en relation lors du confinement. Du côté des institutions, on se félicite aussi de cette prise d’ini- tiative qui aboutit à la signature du premier projet de santé dans le Doubs. “C’est un événement, estime Lilian Vachon, le direc- teur de la C.P.A.M. du Doubs, Les C.P.T.S. constituent une dou- ble chance. C’est la première fois que les institutions laissent l’op- portunité aux acteurs de terrain d’écrire un projet de santé. Cela nous contraint aussi à travailler ensemble.” Pierre Pribile, le directeur géné- de prévention… “Aujourd’hui, la C.P.T.S. du Haut- Doubs Forestier fédère 150 libé- raux, soit 90 à 95 % de l’offre de santé locale. On évolue sur un petit territoire à taille humaine qui a derrière lui une longue tradi- tion de travail en commun si l’on se réfère aux frui- tières à comté. On La C.P.T.S. du Haut- Doubs Forestier fédère 150 libéraux EN BREF Clinique Saint-Pierre Comme nous l’avions SÉCURITÉ Effectifs policiers À Pontarlier, “seulement” un renfort au commissariat La délinquance est ici plus faible que dans le reste du département et le taux d’élucidation est excellent. Alors que 14 renforts supplémentaires ont été annoncés cet été pour le Doubs, le commissariat de police de Pontarlier accueille un gardien de la paix supplémentaire. révélé dans notre numéro d’août, la clinique Saint- Pierre de Pontarlier a été rachetée officiellement le 30 septembre. Elle passe sous le giron du groupe C2S, déjà présent en Franche-Comté avec la clinique Saint-Martin (Vesoul), la clinique du Jura (Lons-le-Saunier), la Polyclinique de Franche-Comté (Besançon) et la polyclinique du Parc (Dole). La clinique Saint- Pierre, clinique S.S.R. (Soins de Suite et Réadaptation), prend en charge des patients en hospitalisation complète, avec une capacité de 70 lits, et également en hôpital de jour pour prendre en charge les patients en particulier au travers de programmes spécialisés en obésité, traitement post-cancer et prévention des chutes. Environnement Le 5 décembre de 9 heures à 12 heures, le Département du Doubs, en partenariat avec les associations et structures d’éducation à l’environnement, propose une sortie à thème pour découvrir le patrimoine naturel de l’espace naturel sensible (E.N.S.) de la Roche de Hautepierre. P ontarlier n’est pas Chi- cago. Malgré des attaques à la voiture- bélier contre deux bijou- teries du centre-ville fin sep- tembre, le calme dans la capitale du Haut-Doubs est plus marqué que Besançon, ce qui ne veut pas dire que les forces de l’ordre se tournent les pouces. La petite délinquance, notamment des mineurs, est surveillée de près. Durant l’été, Joël Mathurin, préfet du Doubs, a accueilli 2 commissaires et 14 gardiens de la paix, nouveaux arrivants au sein de la direction départemen- tale de la sécurité publique du Doubs. Le commissariat de la capitale du Haut-Doubs a béné- ficié desmiettes, Besançon ayant Un renfort au commissariat qui s’ajoute aux 8 arrivées de septembre 2018. reçu le plus grand contingent de gardiens de la paix. Un “seul” policier a été affecté à Pontarlier selon nos informations, chiffre que la Direction départementale de la sécurité publique (D.D.S.P.) ne souhaite pas officialiser. Elle se cantonne à rappeler que 600 hommes et femmes composent les effectifs de la sécurité dépar- tementale à Pontarlier, Besan- çon et Montbéliard. Pour rappel, les forces de l’ordre du Haut-Doubs ont bénéficié en septembre 2018 d’un précieux soutien avec l’arrivée de 8 nou- veaux policiers… Ils venaient compenser un sous-effectif vieux de plusieurs années mais jusque-là bien géré puisque les interventions étaient à l’époque réalisées en moins de cinq minutes. Le commissariat de Pontarlier est celui dont le taux d’élucidation des affaires est le meilleur.À noter une baisse des cambriolages pour l’arrondis- sement de Pontarlier. Le préfet du Doubs a salué l’ar- rivée de ces effectifs supplémen- taires de la Police nationale qui apportent leur concours au ser- vice public de la sécurité dans le Doubs. En particu- lier, “ils viendront renforcer la capacité opérationnelle dans le domaine de la sécurité du quoti- dien et de la lutte contre les trafics illi- cites” déclare le représentant de l’État. Ce sont en majorité de jeunes policiers récemment sortis de l’école. n Mieux doté depuis 2018. L’arrivée de 14 policiers pour la sécurité départementale de la sécurité publique (photo préfecture du Doubs).
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