La Presse Pontissalienne 249 - Septembre 2020

La Presse Pontissalienne n°249 - Septembre 2020 21

l Horlogerie Une chute de 43 % Chute massive de l’activité pour le Swatch Group Le numéro 1 mondial de l’horlogerie qui possède plusieurs sites de production sur la bande frontalière est touché de plein fouet par les répercussions de la crise sanitaire. Mais il reste optimiste pour la suite.

L a chute des canaux de dis- tribution au plan mondial estimée “jusqu’à 80 %” par la direction générale du Swatch Group a été parti- culièrement préjudiciable au groupe Swatch qui a communiqué au milieu de l’été ses résultats semestriels pour le début de l’année 2020. “Après un mois de janvier positif avec une marge opérationnelle de 21,4%dans le segment Montres et Bijoux et de 17,3 % pour l’ensemble du groupe, la chute liée aux

113 millions de francs, soit - 4,9 % sup- plémentaires. Le SwatchGroup a néanmoins transmis un message d’espoir pour les mois à venir. “Notre résultat opérationnel est à nouveau positif au mois de juin pour l’ensemble du groupe” note la direction. Autre point rassurant : le groupe hor- loger suisse peut compter sur une “base solide en termes de capitaux propres de 10,8 milliards de francs suisses, avec un ratio de fonds propres de 84,6 % et des liquidités nettes de 944 millions,

fermetures décrétées par les autorités des canaux de distribution au niveau mondial est massive. Ainsi, le chiffre d’affaires net du groupe s’établit à 2,197 milliards de francs suisses pour le premier semestre. C’est une chute de 43,4%par rapport à l’exercice précédent. Soit - 46,1 % par rapport aux taux de change actuels” indique le Swatch Group. Punition supplémentaire pour le numéro 1 mondial de l’horlogerie : la forte appréciation du franc suisse a fait reculer le chiffre d’affaires de

L’entreprise Comadur au Locle fait partie du Swatch Group. Certains salariés sont toujours invités à rester à la maison une bonne partie de la semaine.

encore quelques mois. Sur le plan de la demande, le Swatch Group constate “une très forte demande de la clientèle sur les marchés ayant déjà surmonté le confinement, et ce dans tous les segments de prix. Nous connais- sons une croissance à deux chiffres en Chine continentale en mai et en juin par rapport à l’exercice précédent.” Ce qui fait espérer aux dirigeants du groupe horloger un “fort second semestre attendu, avec un résultat opérationnel positif sur l’ensemble de l’année. La direction du groupe a la conviction que la situation en termes de chiffre d’affaires et de revenus va très rapidement s’amé-

liorer dans le courant des prochains mois, parallèlement aux nouveaux assou- plissements des mesures engagées dans la lutte liée au Covid-19 dans les dif- férents pays. Les nouveautés que lan- ceront les marques du groupe au second semestre, ainsi que la base de coûts réduite, viennent renforcer cette pers- pective positive. Ce qui va conduire à une montée en puissance des capacités de production aux troisième et quatrième trimestres 2020. Finalement, un résultat opérationnel positif est attendu sur l’en- semble de l’année 2020” ajoute la direc- tion du groupe basée à Bienne. n J.-F.H.

soit une pro- gression de 29 % par rap- port à l’année précédente” , ce qui peut per- mettre au groupe de faire le dos rond

l Social Des frontaliers en reviennent… de la Suisse Licenciés après 17 et 30 ans de boîte, du jour au lendemain Après avoir aidé les frontaliers à déclarer leurs impôts, l’Amicale des Fronta- liers les soutient dans cette période difficile symbolisée par une hausse des licenciements. Pour l’instant, pas de licenciements collectifs.

E Elle était dans sa voiture quand son téléphone a sonné. Au bout du fil, son responsable qui l’appelle depuis la Suisse non pas pour prendre de ses nou- velles durant sa période de chômage partiel…mais pour lui expliquer qu’elle ne fera plus partie des effectifs. Coup de massue. Après 17 ans de bons et loyaux et services dans la même société, c’est l’incompréhension pour cette femme dont la qualité du travail a toujours été louée. En Suisse, cela ne choque plus. Cet exemple relaté par un membre de l’Amicale des Frontaliers montre combien les ruptures peuvent être violentes. Un autre a subi le même sort après 30 ans demaison. Ces licenciements sont-ils nombreux ? “Nous recevons depuis cet été envi- ron 3 à 4 personnes licenciées par semaine qui cherchent des informations, de l’aide. C’est en légère augmentation” juge l’Amicale. De nombreuses entreprises helvètes bénéficient encore du chômage partiel, d’où un nombre de licenciements pour l’instant “mesuré”. “Nous ne sommes pas dans la crise de 2008 avec des arri- vées massives” relate une autre source côté français. Les frontaliers qui bénéfi-

cient du chômage partiel sont payés par la caisse de chômage suisse. Quand ils sont licenciés, ils pointent à Pôle emploi et sont indem- nisés par la France. Les récents grands plans de licenciements ont concerné Gilbert-Petitjean aux Bre- nets en début d’année et la Comadur au Locle. Pour Alain Marguet, prési- dent de l’Amicale des fron- taliers, “l’économie suisse tient encore… mais les dif- ficultés sont à venir” indique le représentant des pendu- laires. Les sous-traitants horlogers dont les com- mandes sont à l’arrêt seront les premiers touchés. D’im- portantes restructurations sont donc à prévoir : “Nous avons des témoignages de frontaliers qui reviennent de la Suisse. Ils n’étaient pas de la région, ils ont vu la Suisse comme un eldorado mais décident de repartir chez eux une fois licenciés” témoigne un professionnel. Les craintes sont sérieuses. À cela s’ajoute le couperet d’une probable fermeture des frontières. “Ce serait une nouvelle galère” émet une employée d’une grande manufacture qui a vécu jusqu’en juin les bouchons à la douane. Elle n’a plus qu’à croiser les doigts. n E.Ch.

l Télétravail : qui va payer ?

Les frontaliers qui télétravaillent n’au- ront pas à payer leurs cotisations sociales en France, au moins jusqu’à décembre. La Suisse a en effet pro- longé le dispositif jusqu’à la fin de l’année. Les frontaliers pourront tra- vailler de chez eux, tout en continuant à bénéficier des régimes d’imposition et de Sécurité sociale applicables comme s’ils s’étaient rendus sur leur lieu de travail habituel en Suisse. l La manufacture Guillod-Günther victime de la crise C’est une information révélée par nos confrères d’Arcinfo mi-août. La manu- facture chaux-de-fonnière de boîtes de montres Guillod-Günther va dis- paraître. 56 employés sont concernés. Le syndicat Unia qui accompagne ce plan espère que des solutions seront trouvées pour minimiser ce chiffre. Il y a 5 ans, cette société qui comptait encore 150 salariés avait déjà connu des soubresauts. Elle avait - toujours selon nos confrères - pu se relever mais n’a pas eu les reins assez solides pour tenir la crise sanitaire et anticiper une année 2021 que beaucoup annonce compliquée. n M.T.

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