La Presse Pontissalienne 247 - Juillet 2020

MOUTHE - RÉGION DES LACS 24

La Presse Pontissalienne n°247 - Juillet 2020

SOCIAL

Covoiturage, mutualisation “La Croix Rouge Mobilités” : un projet à l’épreuve de l’isolement rural

Après avoir expérimenté avec succès lors du confinement la distribution alimentaire sur tout le Haut-Doubs, l’antenne pontissalienne de la Croix-Rouge souhaite aller encore plus loin sur la question des mobilités. Action.

L’ offre de transport public sur le Haut-Doubs se résume à la ligneMobigo entreMontbéliard et Pontarlier avec 2 à 3 allers- retours quotidiens en direct ou avec temps d’attente. Des pans entiers du territoire ne sont pas desservis. “On sait que certains pratiquent le covoi- turage, notamment les travailleurs frontaliers. Cela ne suffit pas à couvrir tous les besoins comme on l’a vérifié avec “la Croix Rouge sur roues”, le dis- positif qui permet d’assurer la distri- bution de colis alimentaires sur des secteurs très isolés” , indique Émilie Guay, chargée de mission sur le projet “Croix Rouge Mobilités”. Titulaire d’un master en solidarités internationales, elle a déjà effectué plusieurs missions en France et à l’étranger. À la recherche d’un emploi, elle se trouvait à Pontarlier à l’annonce du confinement. Bloquée sur place, elle a alors choisi de s’engager béné- volement dans les dispositifs mis en place par la Croix-Rouge. “Elle avait tout à fait le profil pour nous accom- pagner sur ce dispositif mobilités qui a été présenté le 29 juin dernier dans le cadre d’un appel à projet national axé sur les économies d’énergie. Si notre candidature aboutit, cela pourrait tout à fait déboucher sur une embauche” ,

ponctuels et qui ne soient pas forcément liés au travail ou à des rendez-vous médicaux, un champ d’action déjà cou- vert par le garage solidaire. “On serait plus dans le registre du dépannage occasionnel pour accéder à des loisirs, des soins…On travaillerait aussi avec le garage solidaire en positionnant des véhicules prioritairement sur les secteurs du Russey et de Levier où l’on recense le plus de difficultés. Ce qui suppose aussi d’avoir des bénévoles sur place pour prendre en charge la gestion des véhicules.” Encore plus novateur, le troisième volet consisterait à développer une commu- nauté locale de covoiturage sans avoir à satisfaire de critères sociaux pour en bénéficier. “On aide ceux qui n’ont pas de véhicule, cela permet de créer du lien social.” Le quatrième et dernier volet est une variante du troisième. Il concerne les personnes âgées propriétaires d’un véhicule mais n’étant plus en capacité de le conduire. “Elles pourraient alors solliciter un chauffeur qui les trans- porterait. La personne reste propriétaire du véhicule et garde ainsi une partie de son autonomie.” Il ne reste plus qu’à trouver les chauffeurs bénévoles. Un autre challenge. n F.C.

précise Yves Leclerc, le responsable de l’unité locale de la Croix Rouge à Pontarlier. Il y aurait de quoi occuper largement un salarié si ce dossier était retenu. “La Croix Rouge Mobilités” se décline en quatre volets, certains sont déjà opérationnels. C’est le cas du transport d’utilité sociale avec des bénévoles uti- lisant le minibus de la Croix Rouge pour raccompagner des seniors venus s’approvisionner aux Restos du cœur ou à l’épicerie du P’tit panier. “On sou-

haite recruter davan- tage de conducteurs bénévoles en se posi- tionnant aussi sur la livraison de colis à domicile. C’est plus efficace, même si l’on perd du lien social. Depuis le 29 juin, les bénéficiaires ont le choix entre les deux modes. Ils doivent aussi verser une par- ticipation symbolique de 0,50 euro par tra- jet.” Autre volet à déve- lopper : le prêt de véhicule pour répon- dre à des besoins

Une communauté locale de covoiturage.

“Ce projet est réaliste. Il s’appuie sur l’existant pour apporter des solu- tions de mobilités sur des territoires très mal desservis en transports publics”, note Émilie Guay, chargée de mission bénévole sur le dossier.

CHAPELLE-DES-BOIS 500 000 euros Et pourquoi pas une nouvelle épicerie en mode coopératif ?

presse, boutique de produits régionaux, papeterie…Le départ en retraite de Liliane Cordier pourrait remettre en cause l’exis- tence même de cette épicerie. “On travaille sur ce projet depuis deux ans. La fermeture de ce commerce signifie aussi la dis- parition d’un lien social et on n’y tient pas” , explique Élisabeth Greusard toujours maire de Chapelle-des- Bois.

Les élus chapelans étudient la possibilité d’un projet participatif à même de réduire la charge financière tout en incitant la population à consommer sur place. Proximité.

La nouvelle épicerie du village sera aménagée au rez-de-chaussée de cette ancienne située à l’entrée du village près de la fromagerie bio.

B eaucoup se plaignent de la fin des petits com- merces en milieu rural. Chapelle-des-Bois est sans doute l’exception qui confirme la règle. Ici la vie com- merçante se porte plutôt bien. Dès qu’une affaire se transmet, il y a toujours des candidats prêts à prendre la succession. Étonnant dans un village de 270 habitants particulièrement isolé y compris de la Suisse, dumoins sur le plan des accès. Mais c’est sans doute là que

réside le secret de cette dyna- mique, dans cet éloignement où il faut parcourir 15 à 20 kmpour faire ses courses. Une règle qui s’applique aux Chapelans comme aux nombreux touristes qui séjournent ici été comme hiver. Commerce historique de Cha- pelle-des-Bois, l’épicerie tenue par la famille Cordier est bien plus qu’un simple magasin ali- mentaire. Un multi-commerces avant l’heure qui fait également office de droguerie, librairie,

l’entrée de la commune près de la fromagerie bio. C’est là que les élus ont décidé d’investir près de 500 000,00 euros dans la transformation du bâtiment pour y aménager au rez-de- chaussée un local commercial de 120 m 2 comprenant la future épicerie et sa réserve. “Cela représente de gros travaux. L’épi- cerie occupera une partie des étables, de la grange et du loge- ment initial. On a décidé de l’équiper d’une chaufferie à gra-

cagnotte participative. De son côté, le conseil municipal envi- sage peut-être demettre en place une S.C.O.P. en sollicitant la participation des cédants, repre- neurs et des habitants. Une démarche qui avait permis en son temps de sauver le com- merce alimentaire de Foncine- le-Haut dans le Jura voisin. “Rien n’est encore finalisé. On espère que l’épicerie pourra ouvrir pour les vacances de Noël.” n

nulés bois en regrettant de ne pas être aidé là-dessus. Pour en bénéficier, il aurait fallu s’enga- ger dans une étude de faisabilité pour savoir si on pouvait faire une étude… Tout est fait pour vous décourager” , estime Élisa- beth Greusard. Deux jeunes mamans de Cha- pelle-des-Bois sont prêtes à reprendre les rênes sous réserve bien sûr de trouver le bon mon- tage financier. Pour ce faire, elles envisagent de lancer une

Le village a la chance d’avoir quelques géné- reux donateurs sans héritier qui lui ont légué des biens immobiliers dont une belle ferme située à

Le risque de disparition d’un lien social.

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