La Presse Pontissalienne 246 - Juin 2020
La Presse Pontissalienne n°246 - Juin 2020
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“Cette crise a conforté le rôle de l’hôpital” Deux mois et demi après le début du confinement, quel bilan peut-on tirer de cette épidémie au Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté ? Entretien avec Olivier Volle, le directeur du C.H.I.H.C.
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L.P.P. : Le Covid implique-t-il un surcroît de dépenses imprévues ? O.V. : Oui, bien sûr. On a dû effectuer des achats en équipements, maté- riels, personnel. On a doublé par exemple les lignes d’astreinte.Avec l’isolement des E.H.P.A.D., on perd une partie des recettes faute d’avoir pu remplir des lits vides. On nous a garanti néanmoins des recettes équivalentes à l’an dernier. L.P.P. :Quel bilan au niveau des E.H.P.A.D. ? O.V. : Il n’y a pas une situation simi- laire d’un site à l’autre et donc des résultats très variables même si glo- balement on s’en sort plutôt bien. Sauf peut-être à Morteau où, pour expliquer la recrudescence des décès, on émet l’hypothèse d’une circulation souterraine du virus qui n’a pas eu lieu ailleurs. L.P.P. : Les visites sont-elles de nouveau autorisées ? O.V. : Oui dans les cinq E.H.P.A.D. rattachés ou en lien avec le C.H.I.H.C. Les modalités sont dif- férentes d’un établissement à l’autre. Les visites ont toujours lieu à l’ex- térieur des locaux. L.P.P. :Estimez-vous que l’hôpital a répondu présent face à l’épidémie ? O.V. : Oui, on a fait l’apprentissage de la gestion de crise.On a pumettre en œuvre les mesures préconisées
L a Presse Pontissalienne : Fin mai, combien de malades Covid-19 sont encore hospitalisés à Pontarlier ? Olivier Volle : Il y a toujours un étage du service de médecine dédié à la prise en charge du Covid-19. Aujourd’hui, il est rempli à 50 %, soit une dizaine de patients. On enregistre encore des hospitalisa- tions mais en très petites quantités. À Pontarlier, on a trois cas de figure : les personnes asymptotiques res- tant confinées à leur domicile, les patients qui ont besoin d’oxygénation et qui sont pris en charge au C.H.I.H.C. et ceux qui relèvent de la réanimation avec un transfert au C.H.U. On a fermé l’unité de réani- mation de cinq lits mise en place au plus fort de la crise pour réguler les transferts au C.H.U. Minjoz. L.P.P. : C’est l’heure du retour à la nor- male ? O.V. : Cette reprise d’activité se fait graduellement. En chirurgie, on pri- vilégie l’urgence et les petits actes car on est en situation de rupture de stock sur des molécules et du matériel utilisés pour la prise en
charge du Covid-19. C’est complexe de concilier la gestion duCovidmême en phase descendante et la reprise d’activité. L.P.P. : Comment va le personnel ? O.V. : Des services ont été très sollicités comme aux urgences, dans les E.H.P.A.D. Avec l’arrêt de la pro- grammation en chirurgie, les agents du bloc sont venus prêter main-forte aux services Covid-19. La fatigue se fait sentir et si on devait gérer un retour d’épidémie, on pourrait être en difficulté. Rappelons qu’on est toujours dans une phase où cha- cun doit respecter les gestes bar- rières. L.P.P. :Avez-vous dû solliciter des renforts extérieurs ? O.V. : Oui quelques-uns en provenance notamment de la clinique Saint- Vincent. On a reçu aussi beaucoup d’appels de professionnels de santé prêts à se mettre à notre disposition si besoin. L.P.P. : Quel premier bilan peut-on tirer de cette épidémie ?
O.V. : Chacun a bien joué son rôle. L’A.R.S. a établi des prévisions qui se sont révélées exactes et nous a confié le soin d’organiser le dispositif de prise en charge.C’est le C.H.I.H.C. qui a pris par exemple l’initiative d’installer cette unité de réanimation tampon. Ensuite, il a fallu gérer l’aval de la réanimation et mobiliser les services des soins de suite àMor- teau, Ornans et à la clinique Saint- Pierre.On n’a jamais autant travaillé en réseau.Tous les acteurs de santé se retrouvaient chaque jour en visio- conférence pour faire le point. L’ef- ficacité du dispositif reposait aussi sur le lien avec la médecine de ville organisé dans le cadre de la com- munauté professionnelle territoriale de santé ou C.P.T.S. Des médecins de l’hôpital sont intervenus pour assurer le suivi des patients Covid- 19. On peut aussi retenir l’enfer vécu par ceux qui étaient en charge de la gestion du personnel avec des arrêts-maladies très supérieurs à la moyenne. Dans ce contexte, on a signé 48 contrats d’emploi supplé- mentaires tous grades confondus.
LE BILAN SANITAIRE
par l’A.R.S. Partout en France, cette crise a conforté le rôle de l’hôpital. Avant même la crise, on se deman- dait si on allait augmenter notre capacité en lits de soins continus. La réflexion devrait aboutir. n Propos recueillis par F.C. nomiser pendant une période avant d’en avoir en quantités suffisantes”, confie Olivier Volle le directeur du C.H.I.H.C. “On n’a jamais été en rupture de masques mais on a dû les éco-
l Ornans 6 décès Covid L’hôpital local s’extrait peu à peu du confinement
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JUIN 5-6
ende sur r orte
P hare sanitaire de toute une vallée, l’hô- pital local d’Ornans a pu mesurer sa “popularité” à travers les multiples dons alimentaires, matériels, équipe- ments médicaux dont il a été bénéficiaire au cours de ce confinement. Exemple parmi d’autres, les tablettes si nécessaires pour maintenir le lien avec la famille quand l’hôpital tout entier était replié sur lui-même. “On a constaté que ces outils ont permis de renouer des liens avec des enfants, des petits-enfants qui ne vivent pas sur place. C’est l’occasion pour les résidents de leur montrer leur vie quotidienne” , explique Aude Mallaisy, la directrice de l’établissement qui compte bien aller plus loin dans la valori- sation de ces tablettes.Une réflexion est d’ailleurs engagée dans ce sens pour intégrer les poten- tialités ludiques et culturelles dans le champ des animations proposées aux résidents. Toujours fermé aux visites non programmées, l’hôpital local d’Ornans renoue peu à peu le lien avec l’extérieur. “Les visites ont repris depuis un mois. On a mis en place un dispositif dans le jardin de l’établissement qui respecte toutes les mesures et évite de mettre en danger les familles et les résidents. Ces visites qui se font toujours sur rendez-vous sont fortement appréciées Une ouverture vers l’extérieur qui s’accompagne d’une reprise des animations sous contrôle mais primordiale sur le plan social. Les visites ont repris depuis quelques semaines dans cet établissement qui intègre un E.H.P.A.D. de 83 places.
des uns et des autres.” Le confinement a marqué les esprits à l’hôpital d’Ornans qui déplore 6 décès liés au Covid-19. Pas de cluster à signaler à l’E.H.P.A.D. d’Ornans où la moyenne d’âge avoisine 85 ans. “On est dans une région où l’on privilégie encore le main- tien à domicile le plus longtemps possible. Les personnes sont placées quand il n’y a plus d’autres choix.” Il s'avère aussi fondamental demaintenir le lien social au sein même de l’E.H.P.A.D., d’où l’importance de remettre en place les animations organisées avec toutes les précautions d’usage. “Au départ, les résidents restaient devant leurs portes de chambres. L’équipe d’animation com- mence à travailler en petits groupes de trois ou quatre personnes. Cette dynamique interne permet de lutter contre l’isolement très préjudi- ciable à la santé des résidents.” n Les tablettes sont très appréciées des résidents qui ont pu communiquer avec leurs proches pendant le confinement.
MFR DE MORRE
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