La Presse Pontissalienne 244 - Février 2020

POLITIQUE

La Presse Pontissalienne n°244 - Février 2020

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CHAFFOIS

Raymond Perrin mis en cause

“C’est mon honneur et mon bilan que je veux défendre” Mis en minorité par son conseil municipal suite

à une affaire d’urbanisme sur sa commune, le maire de Chaffois vit une fin de mandat agitée. Une médiation au tribunal administratif doit intervenir ce mois-ci.

L a Presse Pontissalienne : Tout le conseil s’est ligué contre vous suite à une affaire de voirie et d’immobilier. Comment est né cet étonnant conflit ? Raymond Perrin : Tout est parti d’un permis de construire que j’avais déposé à titre personnel pour rénover quatre logements dans une ancienne petite ferme située en face de chez moi, que j’avais rachetée. Dans cet amé- nagement, il y avait à régler l’accès à cette maison par des travaux à faire sur la voirie municipale, à hauteur de 12 000 euros, pour lesquels je m’étais engagé à payer lamoitié. Seulement, cet accès gênait un des riverains qui a lancé une campagne de dénigrement contre moi avec un courrier dif- famatoire envoyé à la sous-pré- fecture. Ce riverain a réussi à retourner le conseil contre moi et à convaincre mon premier adjoint de revenir sur la signa- ture du permis de construire. Tous sont allés ensuite rencon- trer le sous-préfet pour tenter

licité le tribunal pour organiser une médiation. Nous en sommes là. L.P.P. :Qu’attendez-vous de cettemédia- tion et quand doit-elle intervenir ? R.P. : Je précise d’abord que le maire de Chaffois n’a pas saisi le tribunal administratif pour contester une décision de la com- mune, mais c’est Raymond Per- rin en tant que citoyen qui a sol- licité le tribunal administratif pour demander une médiation. La nuance est de taille ! Ce médiateur a été nommé le 10 janvier, nous devons le ren- contrer à Besançon, mon pre- mier adjoint et moi-même, dans les toutes prochaines semaines. J’aimerais en tout cas que cette affaire soit réglée avant les municipales, même si je ne me représente pas. Cette affaire peut être évacuée d’ici quinze jours. L.P.P. : Quel pas êtes-vous prêt à faire pour sortir de ce conflit ? R.P. : Mon projet était de proposer un sens unique pour relier la rue de la Chapelle et la rue de la Fontaine et desservir cette maison rénovée. Mais si on ne me donne pas le droit de sortir par là, alors oui, je me réserve le droit de saisir le tribunal administratif contre cette déci- sion de refus prise par le conseil municipal. L.P.P. : Vous terminez votre second mandat dans de bien tristes circons- tances. Vous êtes un homme blessé ? R.P. : J’ai vécu bien d’autres dif- ficultés dans ma vie. Mais c’est surtout pour ma famille que je

Raymond Perrin attend de pied ferme la médiation qui doit se tenir ce mois-ci.

faut bien les préparer en amont, sinon on n’avancerait pas. Dans toutes les communes c’est comme ça que ça fonctionne. L.P.P. : Vous vous retirez après deux mandats à la tête de Chaffois. Quelle consigne de vote donneriez-vous ? R.P. : Il n’y aura sans doute qu’une liste, je ne soutiens personne. Comment voulez-vous que je soutienne des personnes qui participent à cette campagne de dénigrement contre moi ? Je pense juste que ça risque d’être compliqué pour les futurs élus au moment de choisir le maire. L.P.P. :Avec cette affaire qui a empoi- sonné votre fin de mandat, avez-vous pensé un jour à démissionner ? R.P. : Jamais, ce n’est pas mon style d’abandonner. J’irai jusqu’au bout de mon mandat. Je suis en train de préparer le budget 2020 que mes succes- seurs devront voter fin avril.

vis mal cette affaire. Le fait d’avoir été mis en minorité depuis un an dans ma commune m’affecte, bien sûr, mais après deux mandats, le sentiment du devoir accompli l’emporte sur la profonde frustration et la colère face à ces attaques de toutes sortes. Aujourd’hui, c’est mon honneur et également mon bilan que je veux défendre. L.P.P. : Vous en voulez à quelqu’un ? R.P. : À ce voisin qui a écrit cette lettre calomnieuse au sous-pré- fet et qui a déclenché cette his- toire. L.P.P. : Quelle a été votre plus grande fierté de maire ? R.P. : Sans doute la réalisation

des 1 300m2 de bâtiments neufs pour le nouveau groupe scolaire. Sans parler de la rénovation de la chapelle, de la mairie, de l’église… Ma préoccupation a toujours été de négocier chaque dépense et trouver les finance- ments les plus optimisés pour chaque projet. Je veux d’ailleurs à cette occasion remercier les adjoints qui ont cheminé à mes côtés et contribué à l’essor de Chaffois. L.P.P. :Après un premier mandat plutôt serein, vous aviez déjà eu du mal à être réélu en 2014. Comment l’expli- quez-vous ? R.P. : Tout simplement parce qu’on avait procédé à la révision du Plan local d’urbanisme (P.L.U.) juste avant l’élection. Des particuliers avaient saisi le tribunal administratif et l’af- faire était remontée jusqu’au Conseil d’État qui avait donné raison à la commune. Une fois encore, j’ai assumé nos choix jusqu’au bout et pris le risque de faire adopter ce P.L.U. avant la fin du mandat, même si ça a failli me coûter cher en effet. Cela m’avait valu de voir se constituer une liste d’opposi- tion. L.P.P. : On vous a également reproché d’être un maire qui décide un peu seul, sans tenir compte de l’avis de tous les conseillers ? R.P. : Rien ne s’est décidé durant ces deux mandats sans que le maire et ses trois adjoints soient d’accord. D’où peut-être ce sen- timent que tout était ficelé à l’avance, mais les dossiers, il

L.P.P. : Deux autres projets, privés, sont en cours sur la commune : l’extension de la carrière et un projet d’éoliennes. Où en est-on ? R.P. : Le projet d’extension de la carrière, qui je le rappelle reste le principal revenu pour la com- mune, est en cours d’instruction à la D.R.E.A.L. La commune avait pris une délibération de principe pour le soutenir. Quant au projet éolien, il est désormais enterré après que le préfet a pris une décision de refus liée notamment à la présence du milan royal. C’est un dossier qui avait trop traîné et quand un projet traîne, c’est toujours mau- vais signe. L.P.P. :Après le 15 mars, vous ne serez donc plus maire de Chaffois. Conti- nuerez-vous à vous intéresser aux affaires de la commune ? R.P. : Le jour où j’ai vendu mon entreprise, je n’y ai jamais remis les pieds. Le jour où j’ai quitté la présidence du C.A.P. rugby après quinze ans d’investisse- ment et une montée en Fédérale 1, je n’y suis plus retourné,même si j’y avais laissé une partie de mon cœur. Après vingt ans à la tête de l’association d’insertion Hauts Services, je me suis retiré et laissé faire mon successeur. On ne peut pas être et avoir été. Après le mois de mars, les affaires communales seront der- rière moi. Je vais pouvoir me consacrer pleinement à ma famille, à la retraite dans cette commune de Chaffois où il fait bon vivre. n Propos recueillis par J.-F.H.

de me dénigrer, alors que les ser- vices de l’État avaient bien confirmé que la voirie en ques- tion était com- munale et qu’il ne s’agissait aucunement d’un conflit d’in- térêts. Je dénonce un coup monté contre moi et pour ten- ter de dénouer ce conflit, j’ai sol-

“J’ai vécu bien d’autres difficultés dans ma vie.”

Même si je ne suis pas obligé de le préparer, par conscience je le ferai. L.P.P. : Que reste- t-il à faire pour cette commune ? R.P. : J’aurais aimé mener un dernier projet, celui de créer à Chaf- fois une micro- crèche. Ce sera pour mes suc- cesseurs.

“Je n’ai jamais pensé à démissionner.”

Tout est parti du projet d’accès à la maison que Raymond Perrin a rénovée.

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