La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019

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La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019

l Pontarlier 8 généralistes et 11 paramédicaux Opération vérité sur la maison de santé Simone-Veil

Que n’a-t-on lu et entendu sur ce nouvel équipement qui réunit aujourd’hui plus de la moitié des généralistes installés à Pontarlier et qui a contribué au rétablissement d’une offre de soins sérieusement fragilisée.

E ffet centralisateur, satu- ration immédiate, loyers trop avantageux, refus systématique d’accueillir de nouveaux patients… Attendue comme le messie, l’ouverture de la maison de santé a cristallisé l’attention, alimenté les conversations et donné libre cours aux critiques sans qu’elles soient forcément fondées. Vu de l’intérieur, il en va tout autrement. “On est très content de l’aboutissement de ce projet qui a permis de rééquili- brer la démographie médicale en grand danger sur la com- mune suite à des départs en retraite et en Suisse de généra- listes pontissaliens” , estime ce médecin. La maison de santé abrite aujourd’hui huit généralistes dont deux nouveaux qui n’étaient pas encore installés. Deux sur huit : le résultat peut sembler léger pour un équipe- ment censé apporter une vraie

bouffée d’oxygène dans l’offre de santé locale. Sauf que, sans maison de santé, plusieurs médecins ne seraient sans doute jamais venus s’installer à Pon- tarlier ou dans les environs en prévision d’intégrer un jour cette structure collective qui corres- pond aux attentes de la méde- cine moderne. Et ceux qui étaient installés de longue date avaient prévu de rejoindre coûte que coûte une maison de santé ou de partir en Suisse. “Certains des praticiens avaient même fait

Une partie de l’équipe de médecins, paramédicaux et personnel administratif exerçant à la maison de santé Simone-Veil.

le choix de conti- nuer à vivre sur Besançon en attendant d’avoir la certi- tude de pouvoir intégrer cette maison de santé. De nom- breux médecins remplaçants nous contactent désormais pour

Favorisés par des loyers avantageux ? Fake news.

en indépendant. Cette approche collective offre aussi plusieurs avantages. “Au sein d’une équipe, elle permet de se spécialiser pour pallier le manque de spécia- listes” , justifie un médecin. La maison de santé, à la différence de la maison médicale, permet aussi de toucher des finance- ments, d’accéder à des techno- logies pour tester différents dis- positifs. Ce sera le cas en janvier avec un projet de télémédecine en cardiologie. “On fera la même chose plus tard en dermatologie. Ces projets sont portés par la Fédération Régionale des Mai- sons de Santé.” La proximité entre les médecins et les 11 paramédicaux permet de constituer unmaillage précis et efficace autour du patient. Sans oublier qu’il est plus facile de passer des conventions avec d’autres structures, cliniques, C.C.A.S., etc. Quid de la saturation ? “On a déjà absorbé beaucoup de patients qui n’avaient plus de médecins traitants. On continue à en accueillir sous réserve qu’ils vivent à Pontarlier ou à une dizaine de kilomètres à la ronde. Quand ces besoins seront satis- faits, on étudiera ensuite le cas de ceux qui souhaitent changer de médecins traitants. Aujourd’hui, on est capable de répondre à toutes les demandes de consultations en urgence de nos patients sachant aussi qu’on assure à tour de rôle une per- manence de 16 heures à 20 heures hors consultation pro- grammée.” n F.C.

répondre aux demandes de ren- dez-vous immédiat, quitte à en froisser certains. Est-il sous-dimensionné ou pas ? “C’est le résultat d’une large concertation entre les profes- sionnels de santé et la commune de Pontarlier. On ne souhaitait

savoir si on a besoin d’eux. Cet équipement est un vrai gage d’at- tractivité” , souligne cet autre médecin. Attrait qui se vérifie aussi à travers un standard par- fois saturé malgré six lignes et quatre secrétaires. L’outil est nouveau et n’est pas censé

pas aller au-delà de huit géné- ralistes pour rester dans une structure cohérente sur le plan du fonctionnement. Rien n’em- pêche d’ouvrir de plus petites structures. ” Les occupants de la maison de santé sont-ils favo- risés par des loyers avantageux ? Fake news . Les loyers couvrent les emprunts et sont adossés au prix du marché. “On est sur une base de location de 18 euros du m 2 alors que le loyer dans certaines maisons de santé de la région se situe entre 7 et 8 euros du m 2 . Ces données ont été fournies par la Fédération des Maisons de santé de Bour- gogne-Franche-Comté” , explique un des coordinateurs rattachés à la maison de santé Simone- Veil. La réussite du projet ne doit rien au hasard mais à une pré- paration qui s’est étalée sur cinq ans. “Rappelons quand même que ce sont les généralistes et les paramédicaux qui ont tiré la sonnette d’alarme sur la situa- tion alarmante de l’offre de soins à Pontarlier. On est allé rencon- trer le maire pour l’alerter sur le sujet. Tous les médecins pon- tissaliens ont aussi été conviés aux réunions. Un grand travail a été entrepris à l’amont. C’est un projet qui a mûri sur une volonté commune.” Centralisation de l’offre ? Certes mais difficile d’aller à l’encontre d’un mode de fonctionnement qui privilégie une médecine col- laborative entre médecins et paramédicaux. C’est du moins la tendance, même s’il y en aura toujours qui souhaitent exercer

Le projet de santé du Haut-Doubs forestier en gestation l Avenir La restructuration de l’offre de

L es maisons médicales du Haut- Doubs ont organisé dernièrement à Pontarlier une journée de pré- vention sur les risques liés au tabac. On pourrait tout à fait imaginer que cette action figure aussi au programme d’un projet de santé au même titre, par exem- ple, qu’une journée de sensibilisation sur la vaccination. On s’inscrirait alors dans le cadre d’une communauté pro- fessionnelle territoriale de santé, ou C.P.T.S. Au cœur du plan “Ma santé 2022”, ces prenne en compte les besoins locaux. C’est l’ambition de la démarche engagée depuis quelques mois sur le Haut-Doubs forestier, précurseur dans ce domaine. soins sur un territoire n’a de sens qui si tous les acteurs de la santé au sens le plus large définissent ensemble le projet de santé qui

structures ont pour ambition de regrouper sur un même territoire tous les acteurs de santé autour d’un projet médical et médico-social commun. Une première réunion a été organisée par l’A.R.S. le 6 juin dernier à Pontarlier en présence des acteurs du territoire. “Il y a une vraie volonté locale de créer une C.P.T.S. à l’échelle du Haut-Doubs forestier qui cor- respond aussi au bassin de vie” , explique l’un des deux coordinateurs chargés d’ac- compagner la mise en place du projet. La première étape engagée cet été consis- tait à établir un diagnostic du territoire. 83 professionnels de santé et 35 struc- tures ont été interrogés au cours de cette enquête qui s’est déroulée de juin à novembre. De ce travail, il ressort trois priorités. En premier lieu : améliorer le lien entre l’hôpital et l’ambulatoire. Pour atteindre cet objectif, tous s’accordent sur l’intérêt d’avoir un système d’informations par- tagées, qui ne se limite pas au Dossier Médical Partagé mais intègre aussi la dimensionmédico-sociale. Il ressort aussi

de ce diagnostic, l’urgence d’améliorer la prise en charge des patients en psychiatrie, en termes de parcours de soins.

La prochaine étape du projet sera consacrée à la mise en place du comité de pilotage qui comprendra 10médecins généralistes et 10 paramé- dicaux. Ce comité de pilotage bénéficiera du support juri- dique de la Fédération des Maisons de Santé de Bour- gogne Franche-Comté qui est associée à la démarche aumême titre que l’A.R.S. Le C.O.P.I.L. se réunira en décembre pour définir la suite du programme car il reste encore à déterminer le statut juridique, la gouvernance, le financement et comment le projet de santé va s’arti- culer sur le territoire. “L’A.R.S. nous a laissé carte blanche pour mettre en place ce projet de santé qui devrait être finalisé d’ici un an.” n Il y a une vraie volonté locale.

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