La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019
La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019 21
l Alternative Du lundi au vendredi “De mon point de vue, tous les besoins ne sont pas comblés”
À l’initiative du cabinet éphémère, le Docteur Stéphane Attal justifie le choix de prolonger l’expérience sous la forme d’un cabinet secondaire où il interviendra à tour de rôle avec le Docteur Jacky Boillon. Ouverture courrant janvier 2020. Entretien.
de non-prise en charge si on dis- paraissait. On ne s’inscrit donc pas en opposition à la maison de santé mais plutôt dans la complémentarité. L.P.P. : Pouvez-vous en dire plus sur ce cabinet secondaire ? S.A. : L’ouverture est prévue début janvier. On va rester dans les mêmes locaux qui nécessi- teront juste quelques travaux d’amélioration. Le Docteur Jacky Boillon qui exerçait déjà au cabi- net éphémère sera présent deux jours. Comme moi-même sachant que je continuerai aussi à travailler à Saône où se trouve mon cabinet principal. Le troi- sième médecin du cabinet éphé- mère, à savoir Dominique Bal- zac, a souhaité arrêter même si la porte lui est toujours grande ouverte. Il restera donc à trouver une solution pour gérer un jour de consultation. Sur cette jour- née, j’ai envie de mettre en place une téléconsultation assistée en partenariat avec une infir- mière ou un cabinet infirmier avec qui je travaillerais en en visio-conférence depuis Saône. Cela permettrait ainsi d’ouvrir du lundi au vendredi. On conser- vera le système de réservation en ligne et j’assurerai moi-même le secrétariat téléphonique pour les patients ne pouvant pas réserver en ligne. L.P.P. :Comment va s’effectuer le trans- fert d’agenda électronique ? S.A. : Sans discontinuité. Le sys-
tème en place fermera au 31 décembre pour une réouver- ture du nouvel agenda au 1er janvier avec quelques jours de vacance nécessaires à cette migration technique. L.P.P. : Vous aimez vous compliquer l’existence ! S.A. : Pas du tout. Je ne suis pas attaché à un seul site et j’ai déjà pu tout à fait adapter l’activité à Saône pour libérer ces deux autres jours d’exercice dédiés à Pontarlier. C’est juste une ques- tion d’organisation. L.P.P. :Du cabinet éphémère au cabinet secondaire, les modalités de rému- nération ne sont plus les mêmes. Qu’est-ce qui va changer ? S.A. : Au cabinet éphémère, on bénéficiait de différentes aides de l’État émanant de l’A.R.S. et du Fonds d’indemnisation Régio- nal, mais aucun financement en provenance de l’U.R.P.S. ou des cotisations des médecins. On avait aussi demandé un sys- tème d’indemnisation kilomé- trique et une garantie de revenu qui n’a que très peu été sollicitée. En contrepartie, on n’était pas indemnisés par les caisses d’as- surance-maladie pour le suivi des patients. Ces modalités ne seront plus applicables au cabi- net secondaire qui n’est rien d’autre qu’un cabinet libéral où l’on prendra en charge des patients dans le cadre possible du médecin traitant. On sera deux associés. La mairie nous
L a Presse Pontissalienne : Dans quelles circonstances le cabinet éphémère a vu le jour ? Stéphane Attal : Il y a deux ans à la sortie d’une réunion, le délé- gué départemental de l’A.R.S., Jérôme Narcy m’avait fait part de la situation critique qui exis- tait alors à Pontarlier. Tout est parti de là. L.P.P. : Deux ans plus tard alors que la maison de santé Simone-Veil fonc- tionne,pourquoi s’avère-t-il nécessaire, selon vous, de pérenniser cette expé- rience ?
S.A. : C’est vrai qu’il était nor- malement prévu de le fermer au 1er octobre à l’ouverture de cette structure. En accord avec la Ville, on s’est donné le temps d’une transition des dossiers concernant des patients vus et pour observer si l’activité de la maison médicale répondait à la demande et aux attentes. De mon point de vue, tous les besoins ne sont pas comblés. Il n’y a pas eu autant de contrats médecins traitants ouverts car la structure a accueilli princi- palement des médecins ayant déjà une patientèle et ils ne vont pas se surcharger. Depuis l’ou- verture du cabinet éphémère, deux médecins pontissaliens sont partis en retraite. Ces mou- vements sont compensés par l’installation des deux jeunes médecins à la maison de santé, les seuls qui n’avaient pas encore de patientèle. Par conséquent, on retourne au point de départ et à la situation d’il y a deux ans. On recevait une trentaine de patients par jour au cabinet éphémère en incluant les deux ou trois rendez-vous non hono- rés. Selon les chiffres de la C.P.A.M., on suivrait près de 2 000 patients ayant un risque
Le Docteur Attal interviendra avec son confrère Jacky Boillon au cabinet secondaire situé même endroit que le cabinet éphémère.
patients de ne pas avoir à régler le reste à charge, d’environ 9 euros, réglé quand on ne consulte pas son médecin trai- tant et que l’on est hors parcours de soins. Par contre, il n’y avait aucune majoration au bénéfice des médecins du cabinet éphé- mère. Tout a été fait en toute transparence. On n’était pas dans une démarche de merce- naire. L.P.P. : Ni de médecin soucieux de développer son activité ? S.A. : Je ne me sens pas proprié- taire de la patientèle, je donne du temps médical et j’ai prêté serment de soigner tout indi- gent. n Propos recueillis par F.C.
louera les locaux et tous les frais de fonctionnement seront à notre charge. On interviendra comme des médecins conven- tionnés de secteur 1 avec une consultation à 25 euros, comme mes confrères. L.P.P. :Ce qui était déjà le cas au cabinet éphémère ? S.A. : Comme la plupart des patients n’avaient pas de méde- cin traitant et que nous n’étions que des médecins de substitu- tion, la caisse d’assurance-mala- die nous avait accordé une déro- gation en cochant la case urgence, sans le droit à sa majo- ration. Je sais que ce détail a fait causer mais l’explication est simple. Cela permettait aux
de Maîche-Charquemont sont les plus structurants. Des pôles dont l’attraction est un peu plus faible sui- vent : Levier, Métabief, Gilley, Mouthe, Le Russey ou Saint-Hippolyte. n
Le cabinet relais porté par la Ville l Projet Prolongation La fermeture du cabinet éphémère programmée à l’ouverture de la maison de santé avait suscité des réactions. La commune a finalement décidé de prolonger le dispo- sitif à ses frais en attendant l’ouverture du cabinet secondaire du Docteur Attal.
(source données Érasme)
C omme à son habitude, le maire Patrick Genre a ménagé le suspense jusqu’à la fin du conseil muni- cipal du 4 novembre avant d’an- noncer la poursuite du cabinet éphémère sous la forme d’un cabinet relais. Au préalable, il a jugé utile de rappeler ce qui avait été convenu initialement avec les partenaires engagés dans la mise en place du cabinet éphémère, à savoir A.R.S., C.P.A.M., ordre des médecins, U.R.P.S. “L’accord portait jusqu’à l’ouverture de la maison de santé. Là-dessus, on a toujours été très clairs. Je rappelle aussi que ce cabinet éphémère, c’est nous qui l’avons créé et qu’il n’est pas question de le voir dis- paraître sans réagir.” Cet outil innovant a parfaite-
ment répondu à l’urgence de la situation. “On a très vite ressenti le résultat au niveau des appels dans les services comme le C.C.A.S. La situation s’est apai- sée du jour au lendemain” , témoigne Bénédicte Hérard, l’adjointe en charge du dossier. Le succès du cabinet a été vanté dans tous les médias. Très vite, les objectifs ont été atteints, même dépassés. “Ce cabinet a
Pas de coupure brutale donc. Après réflexion, décision est prise de maintenir le service sous la forme d’un cabinet relais, avec l’accord des médecins du cabinet éphémère. “L’A.R.S. a arrêté d’apporter son concours financier le 31 octobre. C’est la Ville qui prend en charge tout le fonctionnement en attendant que se mette en place le cabinet secondaire du Docteur Attal” , précise Bénédicte Hérard. “Les collectivités peuvent tout ima- giner mais s’il n’y a pas la res- source médicale, tout capote. On a eu la chance de pouvoir comp- ter sur des médecins retraités et des jeunes pour intervenir au cabinet éphémère” , analyse le maire. Le problème des spécialistes reste entier. LaVille qui est pro-
Le maire de Pontarlier a annoncé au dernier conseil le maintien de l’activité sous la forme d’un cabinet relais.
en médecine générale commune communes de consultation.
priétaire des locaux souhaite faire venir ponctuellement des spécialistes dans les trois cabi- nets inoccupés. “Quand on se retrouve avec autant de patients sans médecin référent, il faut savoir se remettre en question et bien prendre le pouls de la situation. Ce cabinet relais est une solution temporaire qui va se pérenniser. On a pris la bonne décision” , estime Bénédicte Hérard. n
trouvé une patien- tèle dont on ne soupçonnait pas l’existence. Dans ces conditions, il n’était pas ques- tion de le fermer tant qu’il y aurait des besoins non satisfaits” , annonce le maire.
“C’est la ville qui prend désormais en charge le fonctionnement en attendant l’ouverture du cabinet secondaire du Docteur Attal”, explique Bénédicte Hérard, adjointe aux affaires sociales.
politiques de mettre en place des solutions de transport à la demande pour faciliter l’accès aux soins au plus grand nombre. Nul doute que ces questions liées à la santé et aux services à la personne en général seront, du moins il faut l’espérer, au cœur des prochains programmes électoraux. n F.C.
“Pas question de le voir disparaître.”
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