La Presse Pontissalienne 242 - Décembre 2019

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n°242 - Décembre 2019

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LE BILAN DE SANTÉ DU HAUT-DOUBS

En rebattant les cartes de la répartition de l’offre de soins à Pontarlier et dans les alentours, l’ouverture de la maison de santé Simone-Veil n’a pas manqué d’aviver les commentaires de ceux qui pensaient que cet outil à plus de 5 millions d’euros, accueillant aussi des paramédicaux et la médecine du travail, allait rééquilibrer la démographie médicale de tout un secteur. Si elle n’a pas tout réglé, cette structure a permis de stabiliser la situation dans le temps en proposant un modèle d’exercice collaboratif qui a fait ses preuves alentour. Dossier complet. l Offre de soins Tension du côté de Maîche Le Haut-Doubs en rémission ? Le développement des maisons de santé sur ce territoire où la démographie médicale est toujours en souffrance a sans doute permis de stopper l’hémorragie. Le concept collaboratif de ces structures pluridisplinaires attire les jeunes praticiens, répond aux attentes de la population et pallie, pour partie, le manque de spécialistes. Encourageant.

Sur la carte ci-dessous sont repré- sentés les flux de recours au médecin généraliste libéral. Chaque lien, dont l’épaisseur dépend du nombre d’actes qu’il représente, traduit les déplace- ments pour consultation des com- munes de résidences vers les pôles d’offre. Les pôles Pôles d’attraction pour le recours aux médecins généralistes

qui explique sans doute la faible densité vers Frasne et les préoc- cupations du côté du Mont d’Or et des lacs. Comme s’en émeut Jean- Marie Saillard, le président de la communauté de communes des lacs et Montagnes du Haut-Doubs. “Avec une population en croissance et une démographie médicale vieil- lissante, on sait qu’on sera en dif- ficulté. Il est urgent de se mobiliser pour la santé de notre territoire. Il y a eu un projet de maison de santé aux Hôpitaux-Neufs. On est encore au stade de la réflexion. La com- munauté de communes a la possi- bilité de travailler sur le sujet sous réserve que le projet soit reconnu. Il pourrait y avoir une ou deux mai- sons de santé. Notre rôle d’élu, c’est d’écouter les professionnels et d’être des facilitateurs. Le plus dur, c’est de trouver les généralistes” dit-il. Tous les élus confrontés à cette problématique se reconnaîtront sans doute dans ces propos. À l’inverse, quand la ressource médicale est présente et active tout va mieux comme on peut le consta- ter à Levier, La Cluse-et-Mijoux et aujourd’hui à Pontarlier. L’atout du Haut-Doubs forestier réside aussi dans la présence du Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté, un établissement de santé bien implanté sur le ter- ritoire et gestionnaire de structures médico-sociales. L’organisation en

10 000 habitants. Bien sûr la moyenne masque toujours les dis- parités locales plus visibles, par exemple, à l’échelle des commu- nautés de communes. Il faut aller du côté de la C.C.A. 800 (Levier) pour trouver la plus forte densité avec 11,2 et dans la communauté de communes Frasne-Drugeon pour tomber au plus bas avec 3,4. On trouve ensuite le plateau du Russey avec 4,6, le Saugeais avec 5,3 et les Lacs et montagnes du Jura avec 7,6. Assez logiquement, on retrouve ces inégalités territoriales du Schéma Régional d’Organisation des Soins. Le secteur de Levier n’est dans les dispositifs aidés alors que la situation se dégrade au nord du Haut-Doubs Horloger. La zone de Maîche est en tension sur le plan de la démographie. Plusieurs départs sur Morteau, 5 en 2019, ont considérablement affaibli l’offre. Ce secteur va passer en Zone d’In- tervention Prioritaire à compter du 1 er semestre 2020 alors que tout le reste du Haut-Doubs, hormis Levier, est en zone d’action com- plémentaire comme 46 % de la population régionale. On observe aussi que la densité de médecin généraliste est fortement corrélée à la présence de maisons de santé ou maisons médicales. Les terri- toires à la traîne voient leurs offres de soins stagner ou diminuer. Ce

de Morteau et Pontarlier puis

D ire que tout va bien serait mentir. C’est toujours aussi compliqué, sauf urgence, d’obtenir un ren- dez-vous dans un délai raisonnable auprès d’un ophtalmologiste, d’un dermatologue ou cardiologue quand on vit dans le Haut-Doubs. Grâce à la Suisse, ce territoire rural a gagné en population, en niveau de vie sans doute plus rapidement qu’en offre de soins. Les points fai- bles observés à l’échelle du Contrat local de Santé qui englobe le Haut- Doubs dans sa globalité de Saint- Hippolyte à Mouthe mettent en évidence une démographiemédicale en souffrance, l’isolement des publics fragiles, la problématique des transports et d’accessibilité aux services dont la santé, le vieillis- sement de la population et la ques- tion du renouvellement des méde- cins dans les années à venir. Dans ce grand Haut-Doubs on dénombre 85 généralistes pour 110 000 habitants, soit une densité proche de 8 médecins pour 10 000 habitants. Sachant que lamoyenne nationale est de 8,9 médecins pour

l Densité de médecins généralistes Communauté Nombre médecins de communes pour 10 000 habitants Lacs et Montagnes du Haut-Doubs 7,6 C.F.D. 3,4 Grand Pontarlier 10,4 C.C.A. 800 11,2 C.C. Montbenoît 5,3 Val de Morteau 8,8 Portes du Haut-Doubs 8,5 Plateau du Russey 4,6 Pays de Maîche 8 l Consommation moyenne d’actes par bénéficiaires Haut-Doubs Doubs B.F.C. Généralistes 4 4,8 4,5 Soins infirmiers 32,4 58,2 44,9 Kinés 17,3 20,4 21,8 (Source S.N.I.I.R.A.M. 2015)

maisons de santé participe à l’at- tractivité médicale du territoire. Elle permet également de mettre en place des actions de prévention, de s’engager plus facilement sur des dispositifs de télémédecine sus- ceptible de pallier le manque de spécialistes. Certains reprochent l’effet centralisateur de ces struc- tures. Il appartient peut-être aux Flux de consommation de soins de résidence des patients -

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