La Presse Pontissalienne 240 - Octobre 2019

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°240 - Octobre 2019

UN ÉTÉ SUR LES PAS DE COURBET LA FORÊT DU HAUT-DOUBS SE MEURT

l Situation Des conséquences multiples La forêt comtoise terrassée par les scolytes De la basse vallée du Doubs et de l’Ognon à la haute chaîne jurassienne, aucun secteur n’a été épargné par les attaques des scolytes. Les dégâts sont considé- rables au point de remettre en cause le modèle économique des communes forestières. Lesquelles réclament des aides d’urgence qui tardent à venir. Les scolytes attaquent ! Après une première prolifération d’envergure l’été dernier, les coléoptères ravageurs se sont remis à l’ouvrage dès les premiers signes de la sécheresse 2019. À chaque essence sa famille de scolytes pour s’attaquer aux peuplements de hêtres, de sapins et d’épicéas. Les dégâts s’amplifient au contraire des débouchés de plus en plus réduits devant cette abondance de matière. Les communes forestières acceptent de réduire les mises en marché de bois vert mais réclament des aides de l’État en compensation du manque à gagner.

“Si le ministère de l’agriculture ne réagit pas, nous solliciterons peut-être celui de la Transition écologique au titre de l’impact sur le CO2 lié à cette crise forestière”, suggère Christian Coutal, le président des communes forestières du Doubs.

D u jamais vu. “La situa- tion actuelle combine trois scénarios simul- tanés qui affectent les peuplements d’épicéas, de sapins et, phénomène nouveau, de hêtres”, explique Sabine Lefèvre, correspondante du Pôle santé Forêt à la chambre d’agriculture 25-90. Pour cette conseillère forestière, tout est parti de la sécheresse 2018 à l’origine d’un stress hydrique d’une rare inten- sité. “C’est l’année la plus chaude jamais mesurée depuis 1885.” Trois générations de scolytes typographes ont vu le jour contre deux habituellement. Les arbres affaiblis n’avaient plus les res- sources pour résister à une seconde sécheresse comme celle

veau, le directeur de l’O.N.F. du Doubs lors de la réunion de crise organisée les communes fores- tières du Doubs à Valdahon le 12 septembre dernier. Assez curieusement, la carte correspondant aux dégâts mon- tre que la haute chaîne semble relativement épargnée. L’impact du réchauffement climatique est sans doute atténué par l’al- titude,même si on constate aussi des dégâts. Que faire de tous les produits ? “L’écoulement par la filière locale au travers d’ac- cords-cadres et des contrats d’ap- provisionnement s’avère insuf- fisant car les scieurs locaux ne peuvent pas acheter que ces pro- duits-là. On a donc cherché des débouchés hors région” , poursuit

de l’été 2019. Les dégâts sont considérables sur tout le Grand Est de la France. Selon l’état des lieux dressé par l’O.N.F., ils représentent 710 000 m 3 de hêtre dépérissant, soit l’équiva- lent d’une année de récolte sur l’ensemble de la Bourgogne-

le directeur départemental de l’O.N.F. Du bois jurassien a donc été expédié dans les Landes et en Bretagne qui sont en pénurie de matière première. Quid des bois verts ? Pas d’autre choix préconise l’O.N.F. que de continuer à appliquer la stra- tégie collective d’ajustement de l’offre au marché qui a permis de limiter l’impact de la crise sur les cours. Il est donc suggéré de récolter seulement les coupes prioritaires sur le plan sylvicole et d’ajourner les coupes recom- mandées. Une telle stratégie n’est pas sans incidence au niveau des communes fores- tières. “Il faut un vrai planMar- shall de la forêt française. Cet

état des lieux effectué dans le Doubs a aussi pour objectif de susciter une vraie prise de conscience au niveau du minis- tère de l’Agriculture et de la forêt. Si aucune mesure n’est prise, on pourrait alors solliciter le minis- tère de la Transition écologique et solidaire car la forêt est aussi un puits de carbone pour lutter contre les effets de serre” , suggère Christian Coutal, le président des communes forestières du Doubs. Toutes estiment nécessaires un soutien de l’État sous forme d’aide à la trésorerie ou de prêts- relais. “Aidez-nous !, lance Claude Courvoisier, en expli- quant : “Je ne mets seulement

la moitié des bois vert en vente comment je vais financer l’autre moitié ?” Christian Coutal abonde : “On est en situation d’incertitude totale. la stratégie proposée par l’O.N.F. n’a de sens que si l’on peut continuer au même niveau d’où le soutien demandé à l’État quand on sait que les ressources forestières peu- vent représenter 30 à 40 % du budget.” Des aides au transport versées aux propriétaires de bois sont sur le point d’aboutir. On parle de 15 euros par m 3 . En revanche, l’État semble beaucoup plus réti- cent à accorder des prêts- relais. n F.C.

Franche-Comté. “Au niveau des résineux blancs, la récolte de produits accidentels en région s’élève à 360 000 m 3 en forêt publique contre une moyenne annuelle hors crise de 40 000 m 3 ” , com- plétait Marc Nou-

“Aidez- nous !”, lance Claude Courvoisier.

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