La Presse Pontissalienne 240 - Octobre 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°240 - Octobre 2019

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ARRONDISSEMENT

Le sous-préfet de Pontarlier

“Les bons projets trouvent toujours des financements” En poste depuis un an sur

L a Presse Pontissalienne : Où en est le fran- chissement de Pontarlier ? Jean Almazan : Les premières études remontent à 2013. Une enveloppe de 12 millions d’euros est inscrite dans le cadre du Contrat de Plan État- Région. L’État prend en charge les deux tiers, la Région environ 16 % et le reste se répartit entre les autres financeurs. L’objectif de cet aménage- ment vise à réduire de 20 minutes la durée de l’embouteillage. Plusieurs scénarios ont déjà été présentés en réunion publique. Des études complé- mentaires viennent d’arriver. La créa- tion de deux voies descendantes depuis le carrefour des Rosiers reste d’actua- lité. La nouveauté réside dans la créa- tion d’un second giratoire en amont du rond-point Malraux. Il occuperait le parking de l’ancienne supérette et permettrait d’intégrer le flux de véhi- cules descendant du Larmont et les cars scolaires entrant ou sortant du collège Malraux. Le rond-point de la Gare serait maintenu mais avec deux voies montantes du côté de commis- sariat. Ce n’est qu’un projet à travailler d’abord en concertation avec les élus avant une présentation publique prévue en novembre. L.P.P. :Autre sujet préoccupant et d’actualité : l’eau… J.A. : On travaille sur cette thématique depuis un an avec tous les acteurs de l’eau pour envisager des solutions pérennes. On distingue trois objectifs : répondre aux besoins des communes non connectées aux réseaux, chercher de nouvelles ressources et améliorer la gouvernance de l’eau. On doit tout d’abord interconnecter le plus vite pos- sible les communes n’ayant pas accès aux réseaux et éviter ainsi d’avoir à les ravitailler en camion-citerne. On sait qu’il y a de l’eau en quantité et en qualité sous le tunnel du Mont d’Or avec la contrainte de la ligne S.N.C.F. Aujourd’hui, la question est de savoir qui va porter le projet. Du côté de Pon- tarlier, il y a le projet d’installer un champ captant près d’Houtaud et d’ex- ploiter la source de Sombremon sur la plaine de l’Arlier. On étudie aussi la possibilité de réactiver des captages à Saint-Antoine, Rochejean et Laber- gement-Sainte-Marie. Un autre chan- tier concerne le Val de Morteau avec la recherche de nouveaux forages. Lors routière, délinquance, accom- pagnement des communes… l’arrondissement de Pontar- lier, Jean Almazan le sous- préfet a pris toute la mesure du territoire. L’occasion de faire le point sur différents projets et thématiques impliquant l’intervention de l’État : franchissement de Pontarlier, problématique de l’eau, de la forêt, coopération transfrontalière, sécurité

qui avaient été déposés. Il s’agit souvent de constructions scolaires et périsco- laires comme à Vercel ou Métabief, de programmes de voirie, de maintien de services en milieu rural. On a aussi soutenu cinq équipements sportifs. Le financement de l’État s’élève à 30 % du coût global des projets. Les bons projets trouvent toujours des finance- ments parce qu’ils répondent à une utilité. L’accompagnement de l’État, c’est aussi la mobilisation des services de la sous-préfecture sur toutes sortes de procédures : dépollution de l’îlot Saint-pierre, aménagement de la zone de Bulle, nouvelle implantation Inter- marché aux Hôpitaux-Neufs, reprise de Desia à Houtaud… L.P.P. : L’entreprise implantée dans la plaine d’Houtaud a donc trouvé un repreneur ? J.A. : Oui, il s’agit du groupe Bernard. La nouvelle société qui va voir le jour continuera la fabrication de granulés bois et de déshydratation de fourrages. L.P.P. : Que disent les chiffres de la sécurité routière dans l’arrondissement ? J.A. : On note une amélioration en 2018 même s’il reste toujours deux points noirs, à savoir l’alcool et la vitesse. Les radars seront remis en service pro- gressivement. Plus globalement, on peut parler d’insécurité relative au niveau de cet arrondissement et on doit veiller à maintenir cet état. Un gros travail a été entrepris par les forces de l’ordre et les services sociaux sur le plan des violences intraconju- gales. L.P.P. : Quelles sont selon vous les forces et faiblesses de ce territoire ? J.A. : Ici, le dynamisme économique et commercial conditionne l’ambiance générale. 50 % de la population active travaille de l’autre côté de la frontière. On en tire plus d’avantages que d’in- convénients.Avec un taux de chômage qui varie entre 5 et 6 %, c’est quasiment le plein-emploi. Revers de la médaille, la difficulté pour les entreprises locales de trouver de la main-d’œuvre. Il nous faut chercher une nouvelle approche pour attirer des candidats à l’emploi sans oublier de pouvoir les loger. On collabore avec le Département sur des dispositifs permettant d’apporter des aides à la rénovation aux propriétaires de logements vacants et vétustes. Des actions sont aussi engagées auprès des bailleurs sociaux. Quand on parle des forces du Haut-Doubs, impossible d’ignorer sesA.O.P. fromagères : comté, mont d’or, morbier, le dynamisme de l’agro-alimentaire et la filière horlogère. Après ces trois secteurs de pointe, on retrouve l‘économie touristique avec une bonne dynamique été-hiver. L.P.P. : Votre sentiment sur le Haut-Doubs ? J.A. : C’est un endroit privilégié. On oublie parfois la qualité et le cadre de vie dont on dispose au quotidien.Aucun doute, ici on vit bien et c’est important de savoir relativiser. n Propos recueillis par F.C.

Jean Almazan apprécie au quotidien le dynamisme du Haut-Doubs, ce qui ne va pas sans poser aussi des problèmes de logements, de main-d’œuvre, de mobilité.

filières. Un des sujets d’actualité porte sur les projets suisses de parcs éoliens sur les secteurs de Bel Coster au-dessus de Jougne et de la Montagne de Buttes vers Les Verrières-de-Joux. Il existe une convention dite E.S.P.O.O. qui nous incite à échanger pour trouver des compromis, même si chaque pays garde L’implantation des éoliennes sur le secteur de Bel Coster pourrait avoir un impact hydrogéologique vers Jougne alors qu’auxVerrières, c’est plutôt l’as- pect visuel qui inquiète. Rappelons que le préfet du Doubs a donné un avis défavorable sur ces deux projets. L.P.P. : Qu’en est-il des liaisons ferroviaires transfrontalières ? J.A. : La contribution de l’État dans l’amélioration de la ligne des Horlogers est passée de 12 à 30 millions d’euros. Des travaux d’urgence ont été réalisés cet été et des travaux d’amélioration seront entrepris en 2021 côté français. L.P.P. : Comment l’État accompagne les com- munes de l’arrondissement ? J.A. : L’aide aux communes représente une somme de 3,7 millions d’euros. Cet argent versé au titre de la D.E.T.R. a été ventilé sur 73 dossiers pour 262

le travail effectué s’inscrit dans cette perspective. L.P.P. : Quelques mots sur la forêt en proie au dessèchement. J.A. : Les résineux et les hêtres subissent de grosses attaques de scolytes. L’O.N.F. accompagne les communes pour avoir une gestion la plus optimale de la crise. Il est urgent de trouver des débouchés par ces bois. Des aides au transport devraient être mises en place pour acheminer une partie de la récolte dans l’ouest en manque de matière. L.P.P. : Les communes forestières réclament- elles des prêts-relais ? J.A. : Il n’y a pas de communes fores- tières en grande difficulté financière dans l’arrondissement de Pontarlier. Il y a une réflexion à engager pour trouver d’autres formes d’équilibre budgétaire sans trop dépendre de la forêt. L.P.P. :Quoi de neuf sur le front de la coopération franco-suisse ? J.A. : On se réunit dans le cadre de l’aire de proximité diteMont d’Or-Chasseron. On échange sur des questions de trans- port, sur l’économie des différentes

de sa venue dans le Haut-Doubs, EmmanuelleWargon secrétaire d’État auministère de laTransition écologique et solidaire nous a annoncé l’attribution d’une aide de 100 000 euros pour finan- cer l’étude de la modernisation du bar- rage d’Oye-et-Pallet. Cette mission est réalisée par la D.D.T., maître d’ouvrage du projet. L.P.P. : Et la gouvernance ? J.A. : Il existe actuellement 14 syndicats

des eaux et on dénombre 34 communes autonomes, d’où l’intérêt de fusionner les petits syndicats et de faire adhérer les com- munes isolées. On a déjà mené une dizaine de réu- nions. Aujourd’hui, tout le monde avance dans le même sens. À partir de janvier 2020, les commu- nautés de communes pourront prendre la com- pétence eau. Ce sera le cas de la C.C.G.P. et de la C.F.D. Les autres inter- communalités auront jusqu’en 2026 pour se conformer à la loi. Tout

“Ici, on vit bien.”

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