La Presse Pontissalienne 240 - Octobre 2019

16 PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n°240 - Octobre 2019

Léa Faivre a la passion de l’illustration Passée par l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Léa Faivre s’amuse à dessiner la vie en couleurs et avec la gaieté qui la carac- térise. On retrouve notamment ses créations chez ses parents au Bon Accueil à Malbuisson. MALBUISSON Littérature jeunesse

arts de Bruxelles. Parachutée de l’autre côté de la frontière, la jeune franc-comtoise y fera ses armes. “Cette formation nous mettait vraiment en autonomie. On devait créer deux albums jeu- nesse et une B.D. par an, en marge d’autres enseignements.” Elle sera amenée à côtoyer des illustratrices de renom comme Anne Herbauts, ou encore Katy Couprie avec qui elle participera notamment à un workshop de créations de monotypes en rela- tion avec son livre “Le diction- naire fou du corps”. Divers stages, réalisés aupara- vant, avec le lithographe Sté- phane Guilbaud ou le graveur d’art René Tazé lui permettront également de s’essayer un peu à toutes les techniques. “J’en ai tiré une grande richesse.” Léa en profitera aussi pour dévelop- per sa propre technique à partir de tampons et de superpositions de couleurs. Donnant naissance à cette série de perroquets colo- rés, caractéristique de son approche espiègle et joyeuse. Son diplôme en poche, elle décide de revenir dans le Doubs. Avec la littérature jeunesse pour credo. “J’ai rempli mes valises d’humour, de poésie, de sensibilité, de petits riens, de situations

triste qu’il n’ait pas réalisé plus de dessins. J’ai tout de suite vu qu’on pouvait faire passer des messages à travers eux.” Sa voie est très vite tracée, aidée aussi par l’influence de ce professeur de lycée à Pontarlier, Nadi Tri- tarelli, “qui m’a donné de bons bagages en histoire de l’art.” Après deux années de prépa à la Martinière à Lyon qui lui feront quitter les sapins de son Haut-Doubs natal, elle passera une licence d’arts plastiques à Paris avant de tenter des concours et d’obtenir son sésame à l’Académie royale des beaux-

Léa se partage

L a jeune trentenaire origi- naire de Malbuisson offi- cie en tant que libraire référente au rayon des arts dans une librairie de Besan- çon, et peaufine en parallèle ses projets d’illustratrice. Une pas- sion qui ne l’a jamais quittée

depuis sa plus tendre enfance. Elle se souvient avoir accroché les dessins du petit Pignouquet dans sa chambre. Ce corbeau, imaginé par Pierre-Jack Tollet, un Montmartrois venu s’instal- ler à Malbuisson, est l’une des références qui l’inspirera. “J’étais

entre son métier de libraire et d’auteur illustratrice.

à Malbuisson, tenu par ses parents, on pourra également reconnaître sa patte. Léa y a glissé quelques illustrations en guise d’amuse-bouche et pour régaler les yeux. Son jeune talent a enfin pu être remarqué dans l’émission télé Yétili, qui avait sélectionné la couverture de son album “Les cancans de Mô et Nî” pour décorer le plateau. Se laissant ouverte à toute propo- sition, Léa Faivre n’exclut pas de travailler un jour dans une maison d’édition, “comme ça, j’aurai fait tous les métiers de la chaîne du livre ! ” n

cocasses qui je le souhaite feront voyager mes lecteurs.” Parmi ses différents projets, la jeune fille a donné naissance à cet atta- chant personnage, Edmond Gar- detout, encombré dans son emménagement par une série d’objets et de meubles à n’en plus finir. Une histoire drôle “directement inspirée de ma vie étudiante” , dont elle signe aussi les textes. Elle a aussi réalisé une collection de cinq fèves en porcelaine pour les prochaines galettes des rois de la pâtisserie Éric Vergne. Si l’on prête un regard attentif aux menus du restaurant étoilé Le BonAccueil,

La jeune fille a donné naissance à cet attachant personnage, Edmond Gardetout.

ARÇON

Accueil social au G.A.E.C. des Lapiaz “Je préfère venir à la campagne plutôt que d’aller en prison” De ses séjours à la Grange des Sapins, Jonathan, accidenté de la

vie, retrouve des repères. Une joie de vivre en rupture avec un quotidien urbain fait d’instabilité, d’errance et de souffrance.

D e le voir savourer les pre- miers rayons du soleil tranquillement assis sur le banc adossé à la solide façade de la ferme, on devine tout le plaisir qu’il a de se retrou- ver dans cette ambiance ver- doyante et paisible qui règne à la Grange des Sapins. Rien à voir avec sa vie à Langres où il ne compte plus les écarts de conduite liés à sa consommation

abusive d’alcool qui lui ont valu plusieurs incarcérations. Lui- même l’admet : “Je préfère venir à la campagne plutôt que d’aller en prison” , explique Jonathan, 39 ans, qui semble avoir trouvé dans ce coin une seconde famille. Lui qui a coupé les ponts avec ses proches. Trop cabossé physiquement et mentalement pour retrouver une vie “normale”, il est suivi

par le service d’aide et d’accom- pagnement de personnes han- dicapées. Cette association est basée à Saint-Dizier. Elle s’oc- cupe des personnes à domicile. Comme Jonathan souhaitait venir se mettre au vert, l’édu- catrice qui l’accompagne a cher- ché des réponses sur différents réseaux avant d’arriver àAccueil Paysan et de solliciter Laétitia Bouhelier convaincue du bien- fondé de l’accueil social enmilieu agricole. Elle-même a pris des risques pour donner corps à son projet. Elle a volontairement cédé à sa place à un jeune agri- culteur au sein de la ferme à comté où elle travaillait avec son mari Olivier. Pour repartir sur un nouveau projet associant apiculture et élevage de chèvres angora dont elle exploite la laine valorisée en fil mohair. “Je pro- pose également des prestations de services autour de l’accueil touristique et social. Ce volet social implique d’obtenir un agrément Jeunesse et sport. Accueil paysan est le seul réseau à proposer des actions dans le champ du social. Chaque per- sonne reçue dans ce cadre fait l’objet d’un projet préparatoire

À la Grange des Sapins, Jonathan fait toutes sortes d’activités :

étiquetage du miel maison, nourriture des chèvres angora, jardinage…

De quoi réjouir Laétitia souvent contrainte de limiter l’accueil social pour mener de front l’éle- vage caprin et la gestion du gîte touristique. “Je ne peux prati- quement rien faire d’autre en été. Accueillir des personnes en situation de précarité physique, mentale ou sociale demande du temps. Ici, toute la famille s’im- plique autour de Jonathan. Je dois encore optimiser mon orga- nisation, voire recruter une per- sonne à temps partiel sur la par- tie agricole” , note cette maman de quatre enfants. n F.C.

d’activités : jardinage, tonte, réfection d’un muret, alimenta- tion des chèvres, étiquetage des pots de miel, coup de peinture sur les ruches inoccupées…Des liens se créent avec le temps. “Aujourd’hui, on est plutôt dans le cadre d’un accueil semi-fami- lial où Jonathan partage nos repas, joue avec les enfants.” La recette semble plutôt bien fonctionner. Les dérapages ten- dant à diminuer. Toujours fra- gile, Jonathan semble retrouver le goût d’une existence plus constructive. “Je voudrais entre- prendre des travaux chez moi.”

effectué à l’amont du séjour” , complète celle qui tient beaucoup à organiser l’accueil autour d’une activité agricole. De quoi trouver de multiples

occupations à Jona- than qui effectue son cinquième séjour aux Sapins. Il y vient en général deux fois par an au printemps et à l’au- tomne. Pour une durée qui varie entre deux et trois semaines. Il parti- cipe à toutes sortes

Pour lui, c’est une seconde famille.

Après le comté, Laétitia Bouhélier a choisi de se réaliser dans l’élevage de chèvres angora et l’accueil touristique et social.

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