La Presse Pontissalienne 240 - Octobre 2019

14 PONTARLIER ET ENVIRONS

La Presse Pontissalienne n°240 - Octobre 2019

EN BREF

LOGEMENT

Habitat 25 a 100 ans Du logement social dans une ex-fromagerie

Salon Le salon du mariage et du P.A.C.S. revient à Pontarlier, au Backstage, 6, rue Donnet-Zedel, les 12 et 13 octobre de 10 heures à 18 h 30. Au programme, des défilés à 11 heures, 15 heures et 17 heures et des rencontres avec tous les prestataires nécessaires au bon déroulement de vos événements, et à la clé 1 000 euros à gagner. Musique Le troisième festival des différences “Festi’diff” organisé par l’Espace Mont d’Or se déroule les 11 et 12 octobre à l’Espace Pourny de Pontarlier. Cette année, différents spectacles autour des handicaps ou présentés par des artistes en situation de handicap alterneront avec les concerts de Renan Luce, Catfish, Pihpoh ou encore Jack Sarbacane organise des ateliers de 10 séances à destination des enfants de 9 à 11 ans pour les initier au théâtre, à Mouthe. C’est une nouveauté. Horaire : le jeudi de 17 h 15 à 18 h 30, du 3 octobre au 17 décembre. Renseignements : 03 81 46 68 27. Simard. Théâtre La compagnie la

C’ est le bras armé du départe- ment du Doubs en matière d’aménagement du territoire. Habitat 25, office public de l’habitat, a été créé par un décret du président de l’époque Raymond Poincaré pour permettre à des personnes de sortir de leurs logements insalubres. C’était au sortir de la guerre en 1919, date à laquelle seulement un quart des loge- ments français disposent de toilettes, 10 % d’une baignoire ou douche. Inutile de tenter une comparaison avec 2019. Les actuels 10 700 logements Habitat 25 à Besançon, Montbéliard, Pontarlier aux Pareuses, à Novillars… bénéficient quasiment tous d’un confort sanitaire de base, le logement social apportant désormais une solution à la précarité économique. Le bailleur social - en bonne forme finan- cière avec 41 millions d’euros de loyers perçus sur un an - vit pourtant un cen- tenaire mouvementémalgré une vacance locative quasiment inexistante (2 %). Comme la loi le lui impose, il doit disposer de 12 000 logements pour continuer à exister. Un rapprochement avec un autre Habitat 25 veut développer sa présence en milieu rural comme à Septfontaine. Né il y a 100 ans, l’Office public de l’habitat du département du Doubs s’apprête à prendre un nouveau virage.

Christine Bouquin, présidente d’Habitat 25 et Jean-Luc Labourey, directeur, lors du centenaire de l’Office.

bailleur du même type est obligatoire. Ce sera avec Néolia, entreprise sociale filiale d’Action logement implantée dans le Doubs. “Nous ne pouvons pas rester seuls, rappelle Christine Bouquin, pré- sidente d’Habitat 25. Nous avons avec Néolia une vision commune. Nous avons retenu deux possibilités dans notre rap- prochement : la création d’une société de coordination ou la création d’une société d’économie mixte.” La première hypo- thèse semble tenir la corde. Pour les locataires, ce changement n’aura pas d’impact. Pour les 200 salariés, dont la moitié sont des fonctionnaires, un nouveau mode de gouvernance s’an- nonce. Que sera la politique du futur bailleur ? “La vocation d’Habitat 25 est

2026 prévoit la construction de 850 loge- ments dans le Doubs et 2 313 rénova- tions” complète Jean-Luc Labourey, directeur général de la structure. Sur la période 2017-2019, Habitat 25 a développé une offre nouvelle de 327 loge- ments et réhabilité 390. Un travail sur la performance énergétique est mené pour réduire la facture énergétique. En 2019, 35 % du parc est classé A, B ou C. Pour les zones tendues comme le Haut- Doubs, encore faut-il trouver le foncier nécessaire pour s’installer et la bonne volonté d’une mairie. “La loi est là pour nous aider” coupe Christine Bouquin qui compte profiter d’Habitat 25 pour irriguer le département en logements sociaux. n

de promouvoir l’équilibre social des ter- ritoires, d’aller construire dans les zones tendues comme la frontière mais aussi les zones rurales. Nous avons des opé- rations en cours dans de petites com- munes comme Septfontaine où nous allons créer du logement social dans une ancienne fromagerie. L’opération va débu- ter. Habitat 25 se doit de couvrir l’en- semble du département. Nous poursui- vons dans ce sens” analyse C. Bouquin. Pour cela, le bailleur construit 85 loge- ments par an, chiffre en baisse de 35 logements après le passage de la loi de Finances qui a notamment mis en appli- cation des coupes budgétaires de l’ordre de 2 millions d’euros pour Habitat 25. “Notre plan stratégique qui court jusqu’à

De Pontarlier à la Vache qui rit En s’intéressant à “L’empire des frères Graf à Dole”, ouvrage lancé en souscription, Michel Renaud et Gilbert Bonin retracent une saga familiale et industrielle qui a débuté dans la capitale du Haut-Doubs pour se poursuivre à Dole et à Lons-le-Saunier. Épique. LIVRE Crème de gruyère

H abitant à Frasne, Michel Renaud travaille depuis plu- sieurs années sur l’histoire de Constant Rouy, ce fromager lor- rain venu s’installer en 1871 à Bour- gogne, puis à Frasne et Pontarlier. “C’est en lisant un article dans L’Express consacré aux Rouy que j’ai découvert les Graf, une famille de fromagers ori- ginaire du Locle.” Constant Rouy inves- tit dans la fabrication de gruyère. Pen- dant la guerre 14-18, il décide de fournir aux Poilus du gruyère de comté tranché et emballé sauf que le produit supporte mal les longs temps de transport. D’où l’idée de conditionner du gruyère de comté fondu en portions réduites. Reste juste à trouver la recette. Prêt à tout pour mener à bien ses pro- jets, il envoie en Suisse deux frères Graf se faire embaucher chez Gerber qui a mis au point un procédé de fabri- cation efficace. “La famille Graf établie à Pontarlier comptait cinq enfants : trois garçons et deux filles. Je pense que les deux “espions” de Rouy étaient Émile, l’aîné et son frère Gottfried qui porte le même prénom que son père” , précise Michel Renaud qui a mis de

côté Rouy pour se concentrer sur les Graf. Tous les moyens sont bons et les deux frères extorquent en force la fameuse recette en menaçant avec un couteau le chimiste de chez Gerber. De retour à Pontarlier, sans doute conscients qu’ils ont entre les mains un trésor, ils décident alors de monnayer cette recette sans réussir à s’entendre avec Constant Rouy. La famille Graf quitte Pontarlier pour s’installer en 1917 au château du Poiset à Dole. Les frères

cialiser de la crème de gruyère en France. Leur produit-phare était la Tartinette. En brouille avec ses frères, Émile Graf part s’installer à Lons-le- Saunier où il s’associe avec un certain Léon Bel. Impossible de savoir si la recette de la Vache qui rit, déposée en avril 1921, découle de ce rapproche- ment. “Émile utilisait un local appar- tenant à Bel situé rue de l’Aubépine” , complète Michel Renaud qui a œuvré de concert dans sa quête du Graf avec Gilbert Bonin, un ancien ouvrier de chez Bel et sans doute l’un des plus grands collectionneurs français sur le fromage fondu. En 1922, Émile Graf revient travailler avec ses frères à Dole au sein d’une autre société “Les anciens établisse- ments Graf frères”. La dénomination “crème de gruyère” a fait l’objet de multiples procès. “Les frères Graf étaient à la tête d’un vrai consortium agro-ali- mentaire. Avec le petit-lait issu de la fabrication de leur crème de gruyère, ils ont investi dans plusieurs élevages porcins et vendaient toutes sortes de salaisons. Il possédait un abattoir à Dole, des dépôts dans toute la France,

Les anciens se souviennent sans doute du produit phare la maison Graf.

fondent en 1918 la société Graf Frères et compagnie. Pour l’anec- dote, on retrouve dans les apporteurs de capi- taux Eugène Thévenin, l’un des fondateurs de la maison Thévenin- Ducrot et le banquier pontissalien Henri Labrut dont la maison d’habitation abrite aujourd’hui le musée de Pontarlier. Les frères Graf seront les premiers à commer-

Ils étaient amis avec Ettore Bugatti.

L’empire des frères Graf de Dole ou les débuts de la crème de gruyère et du fromage fondu en France par Michel Renaud et Gilbert Bonin En vente par souscription jusqu’au 31 octobre Renseignements : Michel Renaud au 06 01 75 76 10

le domaine de Cîteaux et des propriétés dans l’Yonne, dans la Loire. Ils spon- sorisaient le Tour de France dans les années trente. Ils étaient aussi amis avec Ettore Bugatti…La maison Graf a été reprise par Bel en 1960” , poursuit Michel Renaud qui a eu la chance d’échanger avec les descendants de la famille Graf et notamment Claude Graf, le fils d’Émile, qui l’a accueilli chez lui à Port-Grimaud. n F.C.

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