La Presse Pontissalienne 239 - Septembre 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°239 - Septembre 2019

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PONTARLIER

Le leader de la gauche Gérard Voinnet

“Il n’y aura qu’une seule liste

écologique et sociale de gauche”

L a Presse Pontissalienne : Pierre Simon, Patrick Genre, Gérard Voinnet, les choses se sont vite clarifiées sur le plan des can- didatures ! Gérard Voinnet : Oui, c’est assez clair. De notre côté, on a surtout cherché à éviter qu’il y ait une multiplication de listes. Cela devrait permettre un débat de qualité sachant que nous ne ferons jamais aucune attaque personnelle et nous n’y répondrons jamais.On critique, on remet en cause les décisions, les pro- jets, les stratégies. Ce n’est pas seule- ment une posture mais un mode d’ac- tion. L.P.P. : Manifestation contre le réchauffement climatique, succès des circuits courts, modes de déplacement doux, on sent que les choses bougent aussi sur Pontarlier et le Haut-Doubs. De bon augure ? G.V. : On constate que de nouvelles idées émergent en lien avec l’écologie. Tout le challenge à Pontarlier sera de passer d’une écologie de témoignages à une écologie de gestion. Faut-il se contenter d’afficher des idées ou aller plus loin ? Les enjeux climatiques sont trop impor- tants et on a cette obligation de passer à la gestion,ce qui d’ailleurs nous permet de raccrocher l’écologie et le social. On est dans cette configuration. Avec des mesures même drastiques, l’écologie peut apporter un bien-être social. C’est cela qui me motive et c’est même pour cela que j’y vais. L.P.P. : Comment illustrer cette complémenta- rité ? G.V. : On peut tout à fait l’appliquer dans le domaine de l’habitat en travaillant sur les économies d’énergie qui concou- rent à réduire le prix des loyers. Dans cette logique, on s’appuie sur l’inter- vention publique qui joue un rôle pour faciliter l’investissement. L.P.P. :Lamunicipalité œuvre déjà dans ce sens au niveau des bâtiments publics. G.V. : Elle n’a pas fait l’isolation ther- mique d’un seul bâtiment si ce n’est en changeant les fenêtres et en isolant les combles.Dans le bâtiment de laC.C.G.P., ils ont installé des plafonds acoustiques, la climatisation.Il n’y a pas de panneaux photovoltaïques en toiture. On pourrait dire la même chose du projet de l'îlot Saint-Pierre où l’on aurait dû faire un vrai écoquartier. En 2014, je proposais qu’on prenne en charge les bâtiments communaux pour les rénover enénergie candidature de la gauche écologiste aux prochaines municipales. Il accepte de porter cette responsabilité pour défendre les contours d’un projet où l’écologie se met au service du social sans compromettre l’équilibre budgétaire avec une ambition démocratique assez innovante. Éclairages. L’élu de Haut-Doubs Écologie a finalement été désigné pour porter la

la Ville et de la C.C.G.P. au profit de l’urbanisme et de l’économie. L.P.P. : La maison médicale vient d’ouvrir : une bonne chose selon vous ? G.V. : Là aussi, on fait de l’immobilier. Les praticiens paient lesmêmes charges que s’ils s’installent en cabinet privé. Il manque une politique d’accueil et d’organisation des soins à Pontarlier. Tout reste à faire. Pourquoi ne pas fonc- tionner avec des médecins salariés sur une structure de soins dédiée à la bobo- logie pour décharger les urgences ? Il faut aussi avoir le courage de se libérer parfois du carcan de l’A.R.S. et oser por- ter des projets, sous réserve qu’ils soient argumentés. J’estime important de redonner du pouvoir à la Ville, qu’elle n’ait pas peur de prendre ses respon- sabilités.On a déshabillé les communes. Il faut que la Ville retrouve l’estime d’elle-même, du pouvoir, avec l’appui de la démocratie. Ce n’est pas évident, j’en conviensmais dans cette démarche, on peut faire bouger les choses et recréer ainsi du rapport de force avec les ins- titutions. Si un nombre significatif de citoyens font pression sur les représen- tants du pouvoir pour s’opposer à la fermeture d’un service public ou soutenir un projet, l’impact n’est pas le même qu’un communiqué ou une pétition lan- cée par l’association des maires. Cette solidarité implique aussi de donner plus de moyens, d’être plus à l’écoute de la population.On devrait transformer les comités de quartier en associations indépendantes pour que les habitants prennent en main leur destin dans la cité. L.P.P. :Comment définir,en résumé,la candidature de gestion qui sera portée par votre liste ? G.V. : Elle s’articule en quatre grands principes : écologiquement responsable à l’échelle de la ville, socialement utile, techniquement, financièrement faisable, redonnant des marges d’action et de pouvoir aux structures locales. Aujourd’hui, ces principes sont acquis. On commence aussi à avoir des contri- butions dans d’autres domaines, en matière de transport, de mobilité par exemple. Il n’y aura qu’une seule liste écologique et sociale de gauche. Une liste citoyenne sans étiquette. L.P.P. : Et la suite ? G.V. : Il nous reste à réunir du monde pour constituer un groupe qui va tra- vailler et sera en mesure de présenter une liste cohérente avec un projet établi, probablement dévoilé en janvier ou février 2020. L.P.P. : Vous étiez candidat pour porter cette liste ? G.V. : J’ai été désigné comme leader de tout ça. Je veux bien accepter cela. Il n’y a pas de problème de divergence sur le fond. On débat encore sur les questions de stratégie et la bonne nou- velle c’est qu’il y a des jeunes motivés, compétents, prêts à s’engager. À nous d’en prendre acte et de leur mettre le pied à l’étrier, car l’avenir, ce sont eux. n Propos recueillis par F.C.

positive. On sait que la facture éner- gétique de la Ville s’élève à près de 1,2 million d’euros par an. C’est un poste de dépense sur lequel on peut agir alors que réduire le personnel a forcément un coût social, on peut même aller jusqu’à produire de l’énergie pour la vendre. L.P.P. : Pour quel bénéfice financier ? G.V. : On pourrait, je pense, économiser près de 250 000 euros en fonctionnement à reverser ensuite en investissement. On sait qu’1 euro d’auto-investissement offre 10 euros de capacité de prêt. Chaque année, on pourrait investir 1 million d’euros dans la rénovation énergétique des bâtiments communaux en sachant que cela peut être subven- tionné jusqu’à 80 % et au final, cela rapporte sur le fonctionnement. La démarche inclut aussi l’installation de citernes de récupération d’eaux plu- viales. L.P.P. : Que pensez-vous de l’Agenda 21 de la Ville ? G.V. : Il a été fait par obligation. On a fait beaucoup de communication autour pour masquer le fait qu’on n’a pas de politique sur le sujet. De la même manière, on nous a sorti des sigles comme Pol’en pour “Politique Énergé- tique” censée permettre une baisse de 5 % de la facture énergétique. Or elle ne cesse d’augmenter. C’est la même chose d’ailleurs pour la S.G.A.U. ou Stratégie Globale d’Aménagement Urbain qui se limite à Pontarlier à l’aménagement du parking le long du gymnase De Gaulle et au nouveau funé- rarium. L.P.P. : Connaissez-vous des collectivités qui appliquent la politique énergétique que vous souhaitez mener à Pontarlier ? G.V. : Non, mais je ne connais pas tout, et ce n’est pas encore une réalité car on met de l’argent sur la production d’énergie mais pas sur les économies d’énergie. On continue à augmenter les usages comme on peut le constater, par exemple avec les trottinettes, les V.T.T. électriques. Ce n’est pas la solution. Il faudrait d’abord commencer à réduire le plus possible la consommation éner- gétique et à partir de là se poserait la question de savoir comment on la pro- duit. C’est dommage que les bâtiments à énergie positive se limitent unique- ment au neuf et pas à la rénovation, et je souhaite qu’on s’engage dans cette direction à Pontarlier. L.P.P. : Sans mettre à mal les finances de la Ville ? G.V. : Tout à fait. C’est impératif de pro- poser des politiques qui soient finan- çables. On sait que le budget de fonc- tionnement continue à s’alourdir, ce qui réduit la capacité d’autofinancement. Les dépenses augmentent plus vite que les recettes c’est l’effet ciseau. Il y a plusieurs explications à cela : transfert de compétences aux collectivités, réduc- tion des dotations. Là-dessus, je suis d’accord avec Patrick Genre. On sait aussi que la masse salariale continue

Gérard Voinnet portera les couleurs de la gauche aux élections municipales de mars 2020 à Pontarlier.

la maison médicale, un foyer de per- sonnes âgées mais qu’en est-il des équi- pements collectifs ?Àmon sens, laVille aurait dû garder la main sur ce projet au lieu de le livrer indirectement au marché immobilier. Pour ce qui est des loyers abordables, j’ai posé la question. C’est vrai pour le premier occupant mais on n’a pas pume répondre si cette mesure s’appliquera aux suivants. Il faudra une grande vigilance sur l’im- mobilier et c’est impossible de réguler lemarché pontissalien sans intervention publique. La Ville doit utiliser tous les leviers possibles pour densifier l’habitat, ce qui ne signifie pas non plus construire à la place des espaces verts. Bonne nou- velle, on nous annonce enfin une O.P.A.H. mais ce ne sera pas suffisant. Beaucoup de petites villes investissant dans l’achat d’habitat. Il y a aussi un gros travail à faire pour inventorier les bâtiments vides sur des sites comme l’hôpital, la gare… L.P.P. : Et le commerce du centre-ville ? G.V. : Il suffit de se promener pour voir que le nombre de pas-de-porte vides à plutôt tendance à augmenter de façon générale. On sait bien que la croissance des zones commerciales périphériques concurrence le commerce de centre- ville et on voit régulièrement des com- mercesmoyen de gamme partir en zone pour profiter de l’effet de masse. La densification de la population au cen- tre-ville relancerait forcément la consom- mation des commerces d’alimentation générale par exemple. Quelle erreur de ne pas avoir racheté le Spar ! Comme pour l’habitat, rien n’interdit à la Ville de racheter des espaces commerciaux quand ils sont libres pour les revendre ou les louer à des prix raisonnables. Je rappelle qu’une commune a des com- pétences générales, ce qui ouvre un grand champ de possibilités. Il faut ensuite s’en donner lesmoyens et notam- ment en rééquilibrant les services de

à progresser sans qu’on puisse vraiment la contenir. Face à ce rétrécissement des capacités financières des communes, la seule solution pour retrouver de la marge, c’est en jouant sur le levier éner- gétique. L.P.P. : D’autres chantiers prioritaires à vos yeux ? G.V. : Bien entendu. On doit absolument œuvrer par ramener de nouveaux habi- tants sur Pontarlier qui a perdu 8 % de sa population.Pour cela,il faut rendre la ville désirable, ce qui sous-entend des prix de logement plus abordables. Quitter Pontarlier impose des coûts de transport supplémentaires. La cherté de la ville devrait aussi être compensée par d’autres avantages et là, Pontarlier n’offre pas grand-chose. Il faut travailler sur ces sujets et on peut alors espérer faire revenir une population.Avec plus d’habitants, on augmente forcément la masse des recettes fiscales sans avoir à agir sur les taux. En faisant des dépenses bien placées, on pourrait faci-

lement arriver à 20 000 habitants sans avoir à investir dans de nou- veaux réseaux car qu’ils sont déjà là. On ne touche donc pas aux charges de fonctionne- ment mais on encaisse plus de recettes fiscales. Ce qui signifie aussi qu’on peut s’engager sur de gros investissements et profiter des taux d’em- prunt particulièrement incitatifs actuellement. L.P.P. : Vous semblez assez critique sur le projet de l’îlot Saint-Pierre où il a été imposé des prix de loyers abordables sur une partie des logements. G.V. : Je m’interroge sur ce projet. Certes il y aura

“Quelle erreur de ne pas avoir racheté le Spar !”

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