La Presse Pontissalienne 239 - Septembre 2019

HISTOIRE 22

La Presse Pontissalienne n°239 - Septembre 2019

COMMÉMORATION 75 ème anniversaire de la Libération Pontarlier doit sa libération aux soldats maghrébins Avec l’appui des Forces Française de l’Intérieur (F.F.I.), ce sont les soldats du 3 ème régiment de travailleurs algériens qui vont libérer Pontarlier au matin du 5 septembre 1944, il y a exactement 75 ans. Récit.

Daniel Lonchampt, historien pontissalien

spécialiste de cette période, donne une conférence sur le sujet le 9 septembre à 18 h 30 salle Morand.

L e Haut-Doubs et plus par- ticulièrement le secteur de Pontarlier n’ont jamais été le théâtre de grandes batailles ou de combats féroces au cours des années d’occupation. L’armée allemande, renforcée par la présence de soldats qu’on appelait les Cosaques (des Russes et des Ukrainiens passés à l’en- nemi) était surtout présente dans la région pour garder la frontière suisse. “L’occupation a donc été relativement tranquille même si évidemment il ne faut pas oublier que des résistants sont morts” indique Daniel Lonchampt, l’his- torien pontissalien qui donne une conférence sur le sujet lundi 9 septembre à 18 h 30, salle Morand à Pontarlier (entrée libre). Au total, environ 500 sol- dats ennemis étaient postés à Pontarlier. À l’été 1944 se sont constitués les maquis autour de Pontarlier, à l’initiative du lieutenant-colonel Lagarde nommé pour chapeauter les F.F.I. sur le secteur du Doubs frontalier. “Son second était Jules Pagnier,“capitaine Marion”, qui restera comme un des grands acteurs de la Libération” ajoute M. Lonchampt. Sept groupes d’une trentaine d’hommes consti- tuaient lemaquis autour de Pon- tarlier, postés entre Frasne et

Malpas. “Au total, environ 200 hommes. De nombreux jeunes affluaient mais les F.F.I. étaient confrontés au manque d’arme- ment et à une formation insuffi- sante.” En attendant l’arrivée des alliés (le débarquement de Normandie avait eu lieu le 6 juin et celui de Provence le 15 août), le Haut- Doubs n’a eu à déplorer que peu de combats. “Quelques escar- mouches avec lesAllemands sont à noter notamment du côté de Saint-Gorgon-Main où ces der- niers viendront incendier quelques fermes et tuer quelques personnes.” La première armée française emmenée par le général De Lattre de Tassigny faisait route vers le nord, avec, notam- ment le 3 ème régiment de tirail- leurs algériens (R.T.A.) à qui l’on devra la libération de Pontar- lier. Nous sommes début septembre. Paris avait été libérée une semaine avant et l’objectif des alliés était d’empêcher le repli desAllemands dans la trouée de Belfort. Le 4 septembre, le 3 ème R.T.A. en provenance du Jura libère déjà Mouthe, “à l’issue de combats très durs qui feront beau- coup de victimes.” De Mouthe, ils prennent aussitôt le chemin de Pontarlier. Côté allemand, on

songe à envoyer les blindés de la 11 ème division de Panzers sur le Haut-Doubs mais ces derniers étaient déjà occupés à affronter les Américains vers Besançon. “Les alliés ont eu le renfort de quelque 450 soldats ukrainiens qui ont déserté l’armée allemande pour rejoindre la résistance. Ils étaient postés à Valdahon.” Le lundi 4 septembre, Mouthe est libérée vers 18 heures et aus- sitôt les soldats alliés se remet- tent en route. Ils font une halte en soirée à l’hôtel Parnet à Oye- et-Pallet. Une autre parie des troupes converge en provenance de Censeau et Nozeroy. La résis- tance qui a fait un travail énorme monte en cas de besoin un hôpital de campagne à Bonnevaux. Le commandant Valentin va coor- donner l’action de l’armée régu- lière et de la résistance. Le plan d’attaque est le suivant : l’encer- clement de la ville de Pontarlier avec l’appui des F.F.I. C’est dans la nuit du 4 au 5 sep- tembre que le dispositif se met en place. Une unité de l’armée et des F.F.I. se postent au chalet de l’Arcan sur le Larmont pour empêcher toute tentative de fuite allemande vers la Suisse. C’est là que se dérouleront les combats les plus meurtriers du jour de la libération de Pontarlier.Aumatin

La Libération de Pontarlier a fait 44 morts Soldats de la 3 ème D.I.A., F.F.I., résistants… 44 victimes, c’est le tribut payé par Pontarlier pour retrouver sa liberté. Qui sont ces héros tombés pour la libération de Pontarlier ? l Soldats de la 3 ème D.I.A. :

du 5, tout était en place pour libérer la capitale du Haut- Doubs. “La résistance fera alors toute la nuit un travail d’infor- mation formidable. Le coup d’en- voi de la libération de Pontarlier sera donné le mardi 5 septembre à 7 heures du matin” raconte Daniel Lonchampt. L’ordre d’at- taquer est donné,les blindés alliés arrivent par la rue des Granges, les troupes indigènes arrivent par la gare et tous ces conqué- rants vont se rendre sur les lieux d’implantation des Allemands aux différents endroits de la ville. À 9 heures, le secteur de la gare et de la Grande rue était libéré et le drapeau français à nouveau hissé au fronton de l’hôtel de ville. “Les combats auront été durs, violents, mais très rapides. Les chars alliés ont été décisifs” ajoute l’historien. “Tout le monde nous sautait au cou, que d’em- brassades ! Je ne savais plus où donner de la tête ! Quelle joie pour nous tous” raconte le maré- chal des logis-chef Pierre Petit dans le journal de marche qu’il a tenu ce jour-là. Pendant ce temps-là, les combats continuaient vers les casernes Marguet. À 13 heures ce même mardi 5 septembre 1944, Pon- tarlier était totalement libérée. Les scènes de liesse semélangent aux règlements de compte et aux dénonciations. Les réactions étranges et humaines d’un peuple soudain libéré de tout carcan. n J.-F.H.

- Sergent-chef Jules Mallegue. - Soldat Moktor Soukral. - Soldat Tebbit Tahar.

- Soldat Noua Salah. - Soldat Jérôme Martinez. - Soldat Chacour Mohamed

l F.F.I. : Lieutenant de réserve Raymond Faivre (instituteur). F.F.I. Jean Belpois (employé S.N.C.F.). F.F.I. Maurice Chaudat (décolleteur). F.F.I. Louis Courbet (chef de district S.N.C.F.). F.F.I. Maurice Hugonaux (manœuvre). F.F.I. Gustave Lorin (employé S.O.P.A.D.). F.F.I. René Mailley (gardien de la paix).

F.F.I. René Taillard (commerçant). F.F.I. André Verdant (commerçant). l Résistants déportés disparus

Louis André, Maurice Billot, Roger Cuenot, James Delavenna, Jean De Vomecourt, Jean Garnache, Charles Girardot, Georges Girod, Georges Guyon, Joseph Kalina, Fernand Leclerc, Léo Lutky, Robert Marguier, Louis Maufroy, Jean Miotti, Marc Mougey, Camille Preney, Paul Robbe, Laurent Trouttet, Roger Vallet, Michel Villequez, Jean Vuillaume. l Résistants arrêtés et fusillés Michel Baverel, Pierre Charmoille, Jean Rousselet. l Résistants assassinés. Capitaine Jean Bulle, Marie-Hélène Wuilleumier. l Résistants décédés suite à interrogatoire. Maurice Girard, Maurice Rouiller.

Le 5 septembre à 9 heures, la Grande rue était libérée, les Pontissaliens libres (photos Archives municipales - fonds Chauvin).

Les chars alliés ont permis de libérer rapidement Pontar- lier du joug des Allemands.

La libération, c’est aussi le temps des arrestations et des règlements de comptes.

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