La Presse Pontissalienne 235 - Mai 2019

MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS

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La Presse Pontissalienne n°235 - Mai 2019

MONTBENOÎT Simon Marguet, successeur potentiel ? La présidente de la République du Saugeais voudrait passer la main Après 13 années de présidence, Georgette Bertin-Pourchet, 85 ans, aspire désormais à prendre du repos même si les candidats ne se bousculent pas pour lui succéder.

D e sa mère Gabrielle qui a exercé pendant 33 ans à la tête de cette Répu- blique insolite, elle a hérité non seulement quelques airs de famille, une mémoire sans faille,mais surtout un talent inné pour raconter d’innombra- bles histoires et souvenirs. “Après avoir tenu les Docks francs-com- tois à Gilley, mes parents sont venus reprendre le restaurant de

été confié à un autre soldat.” Ni les circonstances qui ont conduit à la création de la République du Saugeais en 1947. “Mon père qui aimait bien taquiner les gens avait apostrophé le préfet Louis Ottaviani sur l’histoire du Sau- geais.Après l’avoir écouté, ce der- nier lui avait répondu qu’il y avait là tous les ingrédients d’une République et qu’il le désignait président de la République du

Saugeais.” Tout est donc parti d’une boutade. Georgette se souvient aussi d’une autre personnalité très attachée à la famille Pourchet, un certain Edgar Faure. “C’est devenu un ami. Il venait très souvent et nous amenait beaucoup de monde. Comme il buvait toujours du café très corsé, je lui disais que son cœur risquait de battre la cha- made, il me répondait :maismon

l’Abbaye en 1931 à Montbenoît où je suis née en 1934” , explique celle qui a passé toute sa jeunesse dans l’établissement familial. Elle n’a rien oublié.Ni la période d’Occupation quand les soldats et officiers allemands occupaient les lieux. “Je me souviens quand ma mère s’est retrouvée avec un revolver pointé sur la tempe pour une histoire de ceinturon oublié par un officier allemand qui avait

Présidente de la République du Saugeais depuis 13 ans, Georgette Bertin-Pourchet souhaite désormais trouver un ou une remplaçante.

s’impose néanmoins naturelle- ment. “J’ai mis plus de six mois avant de prendre une décision. Je pensais que ce n’était pas mon truc. J’avais envie de profiter dif- féremment de la retraite.” C’était sans compter sur le gouverne- ment sauget qui finira par la convaincre. “Ils m’ont eue, j’ai été élue soi-disant à l’unanimité mais je pense que tout était déjà préparé” , sourit la présidente sans regret. Cette fonction pre- nante lui a permis de fréquenter des tas de personnalités qu’elle n’aurait sans doute jamais connues autrement. “J’ai plein de relations mais je n’en abuse pas. Je n’ai jamais fait sauter mes P.V.” Depuis deux ou trois ans, elle commence à sentir le poids des années. Sauf que les candidats ne se bousculent pas au portillon. La charge est prenante et demande une grande disponibi- lité pas toujours compatible avec un travail, une vie de famille ou de grands-parents. “Chaque année, j’annonce que je vais arrê- ter et je repars pour un tour.” Les déplacements sont nombreux tout comme le temps passé à répondre auxmultiples courriers et sollicitations. Georgette apprécie néanmoins d’avoir trouvé un nouveau Pre- mier ministre en la personne de SimonMarguet. Ce commerçant qui fut en son temps maire de Montbenoît fait lui aussi l’una- nimité même s’il est originaire d’Arçon. Ce que ne manquent pas de faire remarquer les fer- vents défenseurs du Saugeais. Sur quoi la présidente s’empresse de préciser qu’Arçon ne fait peut- être pas partie de la paroisse mais s’intègre parfaitement dans les limites de la République du Saugeais. Elle voit dans son Pre- mier ministre, un parfait prési- dent avec le sens du contact qui sied à cette fonction. “Avant tout, il faut aimer les gens” dit-elle. n F.C.

cœur ne bat que pour vous !” Georgette succombe assez jeune à celui qui allait devenir son mari. Un militaire qu’elle n’hé- sitera pas à suivre jusqu’àMada- gascar. “C’est là-bas qu’on s’est marié en 1958. J’ai bien apprécié ce pays” ,poursuit celle qui revien- dra ensuite travailler au restau- rant familial jusqu’en 1966. “Mon mari faisait beaucoup de séjours enAfrique.En rentrant deMada- gascar, on a décidé de bâtir la maison rue de Morteau à Pon- tarlier où je réside depuis 60 ans.” Sa vie professionnelle prend un nouveau tournant quand elle s’engage au placement familial de la Croix Rouge. Ce qui ne devait être qu’un remplacement de quelques mois allait finale- ment se transformer en emploi durable. “J’étais prospectrice, res- ponsable des placements sur un vaste territoire. Je cherchais des familles d’accueil pour placer des enfants. Puis j’assurais le suivi. Cela représentait beaucoup de visites et de déplacements. J’étais toujours sur les routes mais j’aimais bien ce travail” poursuit Georgette Bertin-Pour- chet. Le restaurant familial est vendu en 1970. Gabrielle Pourchet sa maman prend la présidence de la République du Saugeais quelques années plus tard. Les années bonheur. “Quand mon mari est tombé malade, je lui ai proposé de venir séjourner à la maison où elle s’est installée défi- nitivement à partir de 1990. Elle avait déjà plus de 80 ans.” La fille découvre peu à peu les arcanes de la République en accompagnant assez souvent sa mère qui reçoit aussi beaucoup de monde à la maison. “On se partageait les voyages avec Jean- Marie Nicod, le Premier minis- tre.” Avec l’expérience, elle affirme qu’elle ne reprendrait jamais la suite.Après le décès de Gabrielle Pourchet en 2005,sa candidature

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