La Presse Pontissalienne 232 - Février 2019

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n°232 - Février 2019

l Santé Tensions aux urgences de Pontarlier Coup de sang aux urgences Les grèves du personnel soignant cachent un profond malaise sur fond de manque de moyens, de place, et d’un turn-over dans les équipes. Des annonces sont attendues. Arriveront-elles à temps ? SANTÉ : LE MALAISE PONTISSALIEN C’est un début d’année compliqué pour les patients et le personnel médical dans la capitale du Haut-Doubs, entre les tensions au service des urgences de l'hôpital (notre photo) et les suspicions d’euthanasie à l’E.H.P.A.D. du Larmont.

D ans la salle d’attente des urgences de Pontarlier, cette maman retrouve son jeune fils tombé dans la cour de l’école. Bandage autour de la tête, il s’est ouvert l’oreille. La prise en charge par l’équipemédicale sera - relativement - rapide. Mais ce n’est pas toujours le cas. En quelques minutes, trois autres personnes franchissent la porte d’entrée. Le service est rapidement saturé. Faute de places suffisantes, des rideaux sont tirés et font office de boxes de soins. Fin janvier aux urgences de Lons-le- Saunier, un patient est décédé d’un arrêt cardiaque la veille de son admis- sion à l’hôpital, faute de soins. Une enquête est en cours. Pontarlier n’a heureusement jamais connu de tel drame. “Pour l’instant, on gère, mais

demain je ne sais pas…” nuance le chef des urgences du centre hospitalier de Haute-Comté Philippe Marguet. Des affiches placardées dans le service par les infirmier(e)s expliquent auxmalades pourquoi l’attente est si longue. “On les comprend. Ils font unmétier difficile” dit cette maman venue pour son fils,

La salle d’attente des urgences se remplit parfois très vite.

ces questions ! Les syndicats ont rué dans les brancards. Ils ont obtenu du renfort et une étude (lire par ailleurs). “Il ne faudra pas attendre 6 mois avant d’obtenir une réponse et des solutions !” soupire un professionnel qui ne s’attend pas à des miracles. Laure Brutillot, 13 ans d’urgence comme infirmière, honorait son dernier service vendredi 25 janvier. Elle rejoint une autre unité, symbole du malaise latent et dumanque de reconnaissance pour ce personnel souvent placé en première ligne. n E.Ch.

progression de 30 % de l’activité depuis 2011, la promiscuité devient pesante : “J’ai parfois honte de faire attendre les personnes parfois pendant 6 heures… Mais je n’ai pas le choix. Je refuse d’exa- miner les gens dans le couloir, mais je m’interroge de savoir pourquoi une famille vient aux urgences pour leur enfant qui a de la fièvre. Nous lançons une étude (anonyme) pour savoir si les personnes viennent parce qu’elles doi- vent avancer des frais ailleurs ou parce qu’elles n’ont pas eu de réponse de la médecine de ville” poursuit le médecin. Jamais les autorités ne se sont posé

Le fonctionnement était assuré. Tous se disent à bout dans ce service qui a enregistré 14 départs en deux ans, liés à des conditions de travail difficiles. Les agents ne peuvent pas prendre leurs jours de repos parce qu’il faut remplacer un collègue absent. “La nuit dernière, je suis partie en intervention avec le S.M.U.R. Ma collègue était seule de 23 heures à 5 heures du matin dans le service” explique Hélène D., infirmière urgentiste depuis 10 ans. Elle confirme l’afflux toujours plus nombreux de patients. Avec 25 000 entrées par an, soit une

atteint de maux de ven- tre récurrents. Un autre est venu parce qu’il s’est blessé dans son usine située dans le Val-de- Travers. Une collègue l’a accompagné jusqu’à Pon- tarlier. Une grève a été lancée en janvier par le person- nel soignant et notam- ment les infirmier(e)s.

Seule, de 23 heures à

5 heures du matin.

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