La Presse Pontissalienne 232 - Février 2019

PONTARLIER

La Presse Pontissalienne n°232 - Février 2019

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GÉRIATRIE

Enquête 133 décès en 2018 à l’E.H.P.A.D., 33 dossiers ouverts Deux enquêtes liées à une suspicion d’euthanasie à l’E.H.P.A.D. du Larmont diront si le médecin mis à pied est coupable. Le numéro vert mis à disposition des familles et du personnel a beaucoup retenti.

A basourdis. L’annonce de la suspicion d’un cas d’euthanasie à l’établissement d’hé- bergement pour per- L a commune de Doubs a enregistré 136 décès en 2018 dont 133 à E.H.P.A.D., les 3 autres étant des décès à domicile. Un chiffre qui, rapporté à l’étude du ministère des Soli- darités et de la Santé (en 2015) est plus important que lamoyenne nationale. Rappelons que l’éta- blissement de Doubs possède une unité de soins palliatifs qui vise le confort dumalade, souvent en phase de fin de vie (peu d’E.H.P.A.D. en sont dotés). Selon l’étude, 148 300 personnes sont décédées en E.H.P.A.D. en

ment la fille de la résidente décé- dée cherchent à comprendre ce qu’il s’est passé. En filigrane rejaillit la question de l’accueil de nos aînés et de la fin de vie. Vendredi 1 er février, un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail a réuni la direction de l’établissement (qui est aussi celle du centre hospi- talier intercommunal de Haute- Comté), les représentants syn- dicaux. Objectif : évoquer les répercussions que cette annonce a sur le moral des équipes, et les accompagner. Deux enquêtes sont diligentées : une par le parquet de Besançon saisi suite à la plainte de la famille. Il a ouvert une enquête pour homicide involontaire. La seconde par l’Agence régionale de Santé (A.R.S.) qui se refuse à tout commentaire avant les conclusions de l’enquête prévues mi-février. 33 dossiers de résidents décédés entre 2017 et 2018, en plus de la première, sont examinés. Un des quatre médecins de l’unité

sonnes âgées dépendantes (E.H.P.A.D.) du Larmont à Doubs suscite l’émoi. Les familles des 252 personnes âgées, le per- sonnel soignant, et bien évidem-

L’E.H.P.A.D. du Larmont à Doubs va connaître mi-février les résultats de l’enquête.

Pourquoi une moyenne de décès si élevée ?

France en une année, dont 82 % parmi les sorties (après un trans- fert à l’hôpital) et 20 % dans l’éta- blissement. À Doubs, ce chiffre de personnes décédées au sein de l’établissement dépasse les 50 %. Voilà pourquoi le procureur de Besançon parle de “surmor- talité par rapport à la moyenne nationale.” Encore faut-il connaître les raisons. Les résidents des établissements en France décè- dent à 89 ans en moyenne, après une durée de séjour moyenne de trois ans et quatre mois en E.H.P.A.D. (source : D.R.E.S.S.).

a été mis à pied à titre conser- vatoire. Ce qui a mis la puce à l’oreille du procureur de la Répu- blique de Besançon, c’est “une surmortalité des résidents dans cet établissement par rapport à la moyenne nationale (lire par ailleurs) et l’utilisation de molé- cules (jamais ou rarement uti- lisées dans la majorité des E.H.P.A.D.)” Le Midazolam, médicament utilisé en réanima- tion ou en anesthésie, est pointé du doigt. La direction se veut rassurante. “Nous sommes assez confiants. Le directeur avait demandé dès fin décembre une réunion du collège médical.Nous

Un psychologue a été mis à dis- position des équipes, des familles. C’est très dur à vivre pour le per- sonnel d’autant que nous dénon- çons les méthodes de l’A.R.S. qui ressemblaient à des interroga- toires” dit la syndicaliste.Mickaël Chenevez (C.F.D.T.) poursuit : “Cette affaire est violente pour les collègues qui reçoivent heu- reusement le soutien de la direc- tion et des familles.” L’établis- sement s’est engagé à communiquer les résultats de l’enquête mi-février. La profes- sion, entachée, aspire à retrouver la sérénité. n E.Ch.

n’avons pas d’éléments qui prou- vent de cas d’euthanasie” dit cette dernière. Face à l’inquiétude, un une numéro vert a été mis à dispo- sition (0 805 090 125) le 26 jan- vier. Il a reçu entre 5 et 8 appels par jour.Au bout de la ligne, des familles inquiètes. “Elles veulent connaître les conditions du décès d’un de leur proche. Nous les informons. Nous avons aussi des familles qui ont témoigné leur soutien” rapporte la direction de l’hôpital. Lydie Lefèvre (syn- dicat C.G.T.) estime que la direc- tion a bien réagi : “Le directeur est venu rassurer le personnel.

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