La Presse Pontissalienne 232 - Février 2019

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Pontissalienne n°232 - Février 2019

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MÉTABIEF

Le président du syndicat mixte du Mont d’Or

“Métabief est une station durable, connectée et humaine” À la tête du syndicat mixte du Mont d’Or qui gère la station de Métabief et le site nordique de Chaux-Neuve, Philippe Alpy

trace les grandes lignes du développement de la station désormais gérée à parité entre le Conseil départemental et les élus locaux de la communauté de communes.

L a Presse Pontissalienne : Comment se déroule cette saison 2018-2019 pour la station de Métabief ? Philippe Alpy : Pour la première année, les équipes ont pu, grâce aux outils mis en place depuis plusieurs années, offrir le meilleur d’elles-mêmes. On a désormais des équipes aguerries, au top, tant dans la sécurisation de la pro- duction de neige que dans l’organisation de la station au quotidien, avec un management parfait. À tel point que Métabief est devenue sous notre impul- sion et sous la houlette de son directeur Olivier Érard un pôle d’ingénierie res- sources pour toute la montagne juras- sienne. Tout cela nous a permis d’en- tamer de lameilleure manière la saison dès les vacances de Noël et d’aborder le plus gros de la saison en ce mois de février avec de belles perspectives. L.P.P. : Vous aviez réussi à assurer Noël avec aussi peu de neige ? P.A. : Les vacances de Noël ont été le reflet parfait de ce que peut être une station 4 saisons où on voyait se côtoyer des skieurs, grâce à la neige de culture, des promeneurs, des vététistes, en toute harmonie. Grâce aux enneigeurs, nous avions pu assurer l’ouverture d’un quart du domaine. Métabief a été la seule station du Grand Est, Jura et Vosges compris, à avoir pu assurer du ski pendant cette période. Sans les enneigeurs, il n’y aurait eu aucun jour de ski. Avec 110 enneigeurs, Métabief bénéficie aujourd’hui de la plus belle installation de neige de culture de tout le massif jurassien. Les gens ne se sont même pas rendu compte que c’était de la neige de culture et cette cohabitation entre la neige et le vert de l’herbe a créé une ambiance particulièrement sympa. Atout supplémentaire : Méta- bief bénéficie désormais d’un front de neige très vivant.

partie des charges d’investissement. Pour l’instant sur cette saison 2018- 2019, on est sur un bon rythme. L.P.P. : En termes de retombées économiques pour le secteur, quelle incidence a la station ? P.A. : Les études ont montré qu’1 euro dépensé à Métabief, c’est entre 4 et 5 euros de retombées. Avec un chiffre de 4 millions d’euros, on estime donc les retombées à une vingtaine de mil- lions d’euros pour le Haut-Doubs. C’est une économie qui pèse réellement. L.P.P. : Depuis le début de l’année, la gouver- nance du syndicat mixte duMont d’Or a changé. Désormais, c’est une gouvernance à deux têtes : 50 % Conseil départemental et 50 % Communauté de communes des Lacs et mon- tagnes du Haut-Doubs. Qu’est-ce que ça change au quotidien ? P.A. : Tout simplement une plus grande implication des élus locaux de la com’com, et ça change tout. Nous avons mis le temps à arriver à ce montage, j’avoue que j’ai eu de grands moments de solitude, et il y a eu de grands moments de vérité entre nous, mais nous y sommes arrivés. C’était d’autant plus compliqué que ce territoire avait été meurtri par la loi N.O.T.R.E. Le syndicat a donc temporisé, tout en continuant à investir. Il fallait que ça bouge car depuis trente ans, le Dépar- tement assumait quasiment seul le fonds de commerce. Les 50 % de la com’com sont néanmoins plafonnés à 500 000 euros de financement par an. Ce qui est le plus important aujourd’hui, c’est qu’on sent aussi une vraie dynamique d’investissement sur ce territoire, grâce à des privés comme Zaza sur le front de neige, la Fabrik, le nouveau centre commercial, etc. Il faut aussi que les hébergeurs s’enga- gent pleinement dans cette bonne dyna- mique. L.P.P. : 36 hectares du massif sont désormais concernés par l’enneigement artificiel. Le projet initial parlait de 54 hectares. Vous avez revu vos ambitions à la baisse ? P.A. : Il y aura notamment 4 hectares de plus prévus sur le haut de Pique- miette, mais le projet global doit être également vu de manière à avoir un impact le plus raisonnable possible sur l’environnement. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes enga- gés sur ce projet pilote suivant une nouvelle méthode appelée “E.V.E.” qui permettra l’éco-conception d’un projet s’articulant autour des remontées mécaniques. La volonté étant égale- ment de pérenniser l’idée d’une station quatre saisons. L.P.P. :Donc on sera loin des 24 millions d’euros d’investissements annoncés il y a quelque temps ? P.A. : Dans les 24 millions évoqués au départ, il y avait déjà 7 millions pour améliorer le secteur de Super-Longe- villes mais l’étude d’impact a montré

Philippe Alpy, président du syndicat mixte du Mont d’Or.

L’autre objectif est de faire de Piquemiette une vraie entrée de station toutes saisons pour les sports nature et outdoor (V.T.T. et trail), une porte d’en- trée notamment pour le public suisse. Pour ces sports, l’idée est d’améliorer l’accom- pagnement, la lisibi- lité des parcours, l’ac- cueil, etc. Le chiffrage de ces projets est en cours, mais c’est sûr,

P.A. : L’autre challenge pour Métabief, c’est en effet de devenir une station réellement connectée. La réservation des forfaits en ligne est une chose, mais nous devons monter en gamme sur tous les autres aspects du numérique, sur l’intégralité du parcours client. Cela passe par des petites choses comme l’accès au Wi-Fi, la possibilité de recharger son portable, la multipli- cation des webcams, mais aussi toute la gestion de la relation client via les bases de données, et toute la fidélisation qui en découle. C’est un gros chantier auquel nous nous attelons également. L.P.P. : D’autres projets ? P.A. : Le dernier volet, le plus important à mes yeux : l’aspect humain. Cette station, c’est avant tout des hommes et des femmes. Nous sommes depuis longtemps attachés à donner une chance à tous via l’insertion : des jeunes en apprentissage, avec les conventions que l’on a signées avec les lycées de Pontarlier, et vis-à-vis du public han- dicapé pour lequel nous menons éga- lement de nombreuses actions, notam- ment avec l’associationApach’Évasion. Pour résumer, je dirais que Métabief doit être une station durable, connectée et humaine, avec du cœur. Il n’y a pas que le résultat financier qui compte pour nous, c’est l’aspect humain que je mets en premier. n Propos recueillis par J.-F.H.

un trop fort impact sur la flore, le projet est donc abandonné. Il restait donc 17 millions et sur ces 17, on a déjà réa- lisé 5millions en faisant le grand étang, les ateliers et l’espace ludique. Les 12 millions restants devaient donc concerner Piquemiette, avec notam- ment la réalisation de deux nouveaux télésièges débrayables. C’était avant que l’on trouve notre accord de gou- vernance avec la communauté de com- munes qui ne souhaite pas mettre plus de 500 000 euros par an. L’objectif ne peut donc plus être à 12 millions pour Piquemiette. L.P.P. : Qu’est-ce qui devrait donc être prévu sur ce site ? P.A. : L’objectif pour Piquemiette est double. D’abord renforcer le ski alpin avec l’équipement en enneigeurs sur 4 hectares, qui permettra notamment de pouvoir ouvrir Piquemiette à Noël, une année comme celle-ci. L’autre objec- tif est d’améliorer le transport en remontées mécaniques en optimisant l’utilisation des équipements existants, et non plus en investissant dans de nouveaux télésièges. Cela est possible, c’est tout l’objet du projet d’éco-déve- loppement évoqué en octobre dernier. L’économie du ski alpin, qui constitue les principales ressources de la station de Métabief, peut montrer qu’elle sait intégrer les données environnemen- tales.

“Une porte d’entrée pour

L.P.P. : Et comment se pré- sente cette période charnière des vacances de février ? P.A. : On est au plus fort de la saison avec 140 salariés au total et 100 % du domaine était enneigé avant d’enta- mer cette période. On peut donc espérer une très belle saison. L.P.P. : En chiffres, c’est quoi une belle saison ? P.A. : Sur une saison, on réalise environ 4 mil- lions d’euros de chiffre d’affaires. Au cours d’une saison correcte, on peut faire 400 000 euros de béné- fices. Sur une bonne sai- son, ce bénéfice peut monter à 700 000 euros. Ce qui nous permet ensuite de payer une

“On sent aussi une vraie dynamique d’investis- sement.”

le public suisse.”

il ne coûtera pas 12 millions.

L.P.P. : C’est donc un développement durable que vous souhaitez pour la station de Méta- bief ? P.A. : Nous souhaitons que cette station colle le plus possible à la réalité de la moyennemontagne pour demain.Notre ambition première est bien d’en faire une station de proximité familiale, mais qui doit également pouvoir jouer dans la cour des grands sur d’autres disciplines que le ski, comme le trail, le V.T.T. et l’environnement avec cet écrin formidable qu’offre le massif du Mont d’Or. L.P.P. :La station travaille-t-elle sur l’intégration des nouvelles technologies au bénéfice de ses clients ?

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