La Presse Pontissalienne 230 - Décembre 2018

LE PORTRAIT

43 La Presse Pontissalienne n°230 - Décembre 2018

LES FOURGS

Un prix national

Du Costa Rica aux Fourgs, itinéraire d’un paysan distillateur

Bourri de souche, François Aymonier a appris son métier au Costa Rica avant de tenter une improbable installation dans le maraîchage aux Fourgs en complétant ensuite son activité dans la distillation d’absinthe et autres bois- sons anisées. Un challenge réussi puisqu’il vient de recevoir le prix national de la dynamique agricole de la Banque Populaire Bourgogne-Franche-Comté.

“R ares étaient ceux qui croyaient en notre projet quand on leur expliquait qu’on voulait faire du maraîchage aux Fourgs à 1 100md’altitude. Certains ne nous donnaient pas dix ans. On s’est ins- tallé en 2010 et aujourd’hui tout va bien. On travaille tous les deux sur la structure et on a même un salarié qui nous aide à la belle sai- son. C’est tout le sens de ce prix qui montre qu’il y a aussi de la place au pays du comté pour d’autres acti- vités agricoles. C’est bénéfique pour la diversification” , apprécie Fran- çois Aymonier, installé avec son épouse Maya sur l’exploitation à baptisée La Sémilla distillerie Aymonier. Le maraîcher et son épouse se rendront en janvier à Paris recevoir ce trophée national de la dynamique agricole décerné dans la catégorie “création d’en- treprise.”

eu quelques orages providentiels cet été. Certains secteurs ont beau- coup plus souffert que nous” dit-il. Pour vivre pleinement de l’activité agricole, le couple a donc choisi assez vite de se positionner sur la transformation de produits : tisanes, confitures, sirops… Sans oublier la distillation d’apéritifs anisés avec 6 recettes d’absinthe, du Pont, un apéritif à base de gentiane et quatre liqueurs. “Pour Noël, on va sortir une vodka à base de pommes de terre récoltées aux Fourgs. Dans la mesure du possible, on produit l’essentiel des plantes utilisées dans nos transformations. Pour l’absinthe, on achète seulement l’anis vert et le fenouil qui ne pourraient jamais pousser aux Fourgs, ni dans le Haut- Doubs” , rappelle François Aymo- nier qui fut le premier à se lancer dans cette spécialité en dehors des familles historiques comme chez Guy ou Les Fils d’Émile Pernot. Une dizaine d’autres ont suivi l’exemple de La Sémilla. Pas du tout dérangeant aux yeux du dis- tillateur des Fourgs qui voit dans cette concurrence une chance pour l’offre locale d’absinthes proposée aux amateurs. “Aujourd’hui, on dégage autant de revenus avec la distillation qu’avec le maraîchage qui nécessite beaucoup plus de main- d’œuvre.” Issu d’une famille d’agriculteurs des Fourgs, François Aymonier, 39 ans, a préféré suivre des études en sociologie plutôt que de reprendre la ferme. “J’ai fait une maîtrise en

En dehors des familles historiques, François Aymonier fut le premier des néo-distillateurs d’absinthe à se

lancer dans l’aventure.

mas locaux. “Un ancien m’a expli- qué qu’il fallait planter les ails à l’automne en non au printemps si on voulait en récolter. Notre exem- ple a décomplexé d’autres candi- dats au maraîchage dans le Haut- Doubs et aujourd’hui tout le monde s’y retrouve, y compris le consom- mateur ravi de trouver des légumes du pays.” Pas du genre à se lamenter sans rien faire, François s’est très vite impliqué dans la vie du village. Il est aujourd’hui pompier, respon- sable des donneurs de sang et deuxième adjoint au maire. “Si l’on veut que cela bouge, pas question de se complaire dans la critique, il faut y aller, s’engager” , explique celui qui ne compte pas faire car- rière au conseil municipal et qui ne regrette en rien cette expérience de la vie publique. n F.C.

sociologie rurale. Dans mon mémoire, je comparais des paysans installés en bio en Franche-Comté et en Andalousie. J’étais parti avec Erasmus.” Non content de cette expérience, l’étudiant a complété son cursus en passant une autre maîtrise de français langues étran- gères. C’est au cours de cette for- mation qu’il croise une jeune Costa- ricienne, Maya, elle aussi étudiante en France qui deviendra sa femme. “Du coup, on est parti directement dans son pays et c’est là-bas que j’ai fini et passé mon diplôme.” Le couple à l’humeur voyageuse alternera ensuite les séjours entre les deux pays sans vraiment se décider. François passera aussi au Costa Rica un diplôme en produc- tion de légumes et plantes aroma- tiques bio. “Après réflexion, on a fait le choix de revenir en France. On cherchait plutôt à s’installer

dans le bas. Mais impossible de trouver du foncier. Du coup, on s’est arrangé avec les agriculteurs qui louaient nos terrains familiaux pour qu’ils nous laissent un bout de ter- rain pour expérimenter un projet en maraîchage. Au bout d’un an, on a constaté que c’était viable. Aujourd’hui, on est installé sur 1,7 hectare. On a récemment construit un bâtiment qui nous sert pour le séchage, le stockage des fruits et des légumes. On va bientôt y aménager un local de transformation.” En bon sociologue, François a consulté les archives et interrogé les anciens pour découvrir qu’il n’a rien inventé. Jadis, chaque famille cultivait son potager comme par- tout en France. Bien sûr, le pota- ger des Bourris n’était pas aussi diversifié que dans le bas. Mais on cultivait des pommes de terre, des ails pas forcément adaptés aux fri- Tout change

Bio express Naissance en 1971 Installation dans le

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Le terroir des Fourgs a ses avan- tages et ses incon- vénients. Ici, la sai- son de culture s’étale d’avril à fin octobre. Le froid hivernal, c’est radi- cal contre les para- sites. L’altitude offre plus de fraî- cheur qu’en plaine. “On n’a pas été trop impacté par la sécheresse car on a

maraîchage aux Fourgs en 2010

“Une vodka à base de pommes de

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Marié, deux filles

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terre des Fourgs.”

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