La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018
LA PAGE DU FRONTALIER
La Presse Pontissalienne n° 228 - Octobre 2018
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CHASSE Problématique Quand le gibier et les chiens ne connaissent pas la frontière Les chasseurs français peuvent courir des risques judiciaires s’ils pénètrent en Suisse.
SÉCURITÉ Circulation vers la Vallée de Joux Pourquoi aiment-ils tant leur patron ? Des automobilistes prennent de gros risques sur la R.D. 389 entre Mouthe et la Suisse pour se rendre à leur poste. “Est-ce une zone de non-droit ?” interroge un pendulaire.
ses sociétaires via son bulletin “Le chasseur comtois”. “Si les chasseurs viennent récupérer leur chien sur le territoire vau- dois, ils ne risquent rien pour autant qu’ils soient sans arme, ceci s’entend des armes à feu mais également des dagues et couteaux. Pour le cas où le chien ne serait pas retrouvé en fin de journée et qu’il serait sur le ter- ritoire vaudois, il faut que le chasseur appelle la centrale d’en- gagement de la gendarmerie afin de signaler le cas (00 41 21 333 53 00). Pour le gibier blessé, le garde-faune doit être contacté” explique-t-on. En cas d’infraction, les gardes dénonceront à leurs autorités judiciaires les ressortissants français, ‘'ils commettent des infractions dans leur canton. Au préfet si c’est une contra- vention, au procureur si c'est un délit. Pour un chien diva- guant, cela peut commencer à 100 francs suisses d’amende (article 9.7 de la loi cantonale à Neuchâtel) et beaucoup plus en cas de braconnage… Côté suisse, la chasse vient d’être plébiscitée : “A notre stupéfac- tion, une votation dans le can- ton de Zürich vient de balayer (à 84 %) l’interdiction de la chas- se !” commente Charles-Louis Rochat. Dans le canton de Genè- ve, face à la pénurie de chas- seurs, ce sont les impôts des Genevois qui prennent en char- ge n
C ette route, il l’a emprun- tée plusieurs années durant et assure que la situation empire. Depuis peu, ce Meuthiard évi- te la Départementale 389 Mouthe-Les Charbonnières (Suisse) car il travaille à Lau- sanne, plus en Vallée de Joux. Il ne s’en plaint pas. Sa com- pagne, en revanche, parcourt cinq jours par semaine la Départementale pour rejoindre son poste de travail au bord du lac de Joux, soit une ving- taine de kilomètres plus loin. Et de l’avis de la famille, c’est la foire d’empoigne tous les matins dès 6 heures et jusqu’à 7 heures ! “Entre nous, on dit que les frontaliers aiment vrai- ment leur patron pour rouler si vite le matin, ironise le père de famille. Le plus inquiétant est de constater que des auto- mobilistes doublent sans aucu- ne visibilité, parfois même dans les virages ! Ils font des appels de phare si vous n’allez pas assez vite. Du grand n’impor- te quoi ! La dernière fois, une voiture a doublé et s’est rabat- tue juste devant un bus trans- portant une cinquantaine de personnes se rendant à leur tra-
L es premières gelées mati- nales riment avec la chas- se. Depuis le 9 septembre dernier, environ 8 000 chasseurs du Doubs ont fait leur retour en forêt. Côté suisse, aux Charbonnières (Vaud), Charles- Louis Rochat attend la baisse des températures : “Pour le san- glier, nous attendons la neige pour une meilleure efficacité car nous sommes peu de chasseurs. Environ 700 pour l’ensemble du canton” explique l’ex-président des chasseurs francophones de Suisse. Nos voisins chassent depuis le 1 er octobre pour l’ou- verture dite “générale”. Si la frontière existe, les ani- maux ne la connaissent pas. Les chiens non plus. Parmi eux, les
actionnaires des associations de chasse du Haut-Doubs, cer- tains s’interrogent des risques juridiques qu’ils encourent dès lors que leurs chiens, lancés der- rière un gibier, pénètrent en ter- ritoire suisse. Lorsque vous pra- tiquez cette passion à Mouthe, Chaux-Neuve, La Ferrière-sous-
Jougne, Méta- bief, Les Fourgs, Verrières-de- Joux, Pontarlier, Les Alliés, cela arrive fréquem- ment. Pour la première fois, la Fédération départementale des chasseurs du Doubs a informé
À Genève, l’impôt paie le manque de chasseurs.
Le comportement d’automobilistes sur route entre Mouthe et la Suisse inquiète.
26 septembre), nous procédions à un contrôle de la route sur ce secteur entre Mouthe et Les Charbonnières” explique Samuel Pruniaux, chef d’es- cadron et commandant de la compagnie de Pontarlier. Selon le militaire, l’endroit ne pose pas plus de problèmes de sécu- rité et de dangerosité que d’autres tronçons. Il y a eu mi- septembre la chute d’un motard, indépendante des faits cités plus haut. Ce qui n’em- pêche des contrôles pour condui- te dangereuse. Récemment, la gendarmerie a constaté un grand excès de vitesse sur cet- te portion de route. L’automo- biliste a refusé d’obtempérer et forcé le passage. Les voisins suisses l’ont cueilli au poste- frontière ! La coopération avec la police cantonale fonctionne surtout en matière judiciaire, moins sur les contrôles de poli- ce de la route.
Les conduites dangereuses observées le matin seraient plus diluées l’après-midi disent les utilisateurs puisque cer- tains frontaliers quittent leur poste à 15 h 45, d’autres à 16 h 30, d’autres à 17 heures “Je constate que les frontaliers viennent de plus en plus loin. Peut-être sont-ils incités à rou- ler plus vite avec cette distan- ce qui augmente ?” émet un autre pendulaire qui indique que les contrôles de vitesse entre Labergement, Sarrageois et Gellin sont, eux, nombreux. Ce qui conduit à un sentiment de “vache à lait” : “C’est une ligne droite qui n’est pas dan- gereuse” pointe un conducteur. Le Doubs a enregistré deux fois plus d’accidents mortels cette année comparée à 2017. Principale cause de mortalité : la conduite sous l’emprise d’al- cool ou de drogues. n E.Ch.
vail ! Imaginez si quelqu’un arrivait en face. Pourquoi les gendarmes n’interviennent-ils pas ? On a l’im- pression qu’entre le poste de doua- ne de Mouthe et celui de la Suisse, c’est une zone de non droit” pour- suit ce dernier. Contactée, la com- pagnie de gen- darmerie de Pon- tarlier répond facilement : “Pas plus tard que ce matin (mercredi
La voiture double sans aucune visibilité un bus.
La chasse à saute-frontière répond à des obligations légales.
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