La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018

ÉCONOMIE 44

La Presse Pontissalienne n° 228 - Octobre 2018

MONTBENOÎT Mécénat Rénovation de l’abbaye : le Crédit Agricole apporte sa pierre à l’édifice

FROMAGE Durcissement du cahier des charges Retour aux fondamentaux pour l’A.O.P. mont d’or Joli coup de pub de la filière qui a choisi de célébrer le mois dernier la sortie des premiers monts d’or au sommet du Morond d’où le regard embrasse pratiquement tout le terroir de ce vacherin du Haut-Doubs qui se veut inimitable. Dégustation.

S ujet d’actualité, la restau- ration du patrimoine his- torique ou religieux s’im- pose d’abord comme un véritable casse-tête financier auquel s’ajoutent des obligations techniques de plus en plus contrai- gnantes à gérer pour les collecti- vités ou structures gérant les bâti- ments concernés. Le Syndicat du Pays de Montbe- noît qui réunit les communes de Montbenoît, La Longeville, Hau- terive-la-Fresse, Montflovin et Ville-du-Pont planche depuis plus de deux ans sur ce dossier. Le coût de la restauration de l’abbaye s’élève à 1,4million d’euros. “Récol- ter des fonds est un processus long, difficile et parfois semé d’embûches. Nous essayons d’être le plus réac- tif possible quand l’État nous demande une étude supplémen- taire qui nous oblige à reporter encore le début des travaux. Nous restons motivés quand nous rece- vons une réponse négative à une demande de subvention déposée auprès d’une fondation privée. Armés de notre bâton de pèlerin, nous sollicitons les financeurs publics, les entreprises, les habi- tants, les visiteurs animés par le bonheur de savoir bientôt notre patrimoine sauvé” , expliquait le président du syndicat Gilles Magnin-Feysot lors de la récep- tion organisée le 10 septembre à Montbenoît pour saluer la signa- ture du conventionnement de mécénat avec la fondation du Cré- dit Agricole. Pour décrocher cette rondelette aide de 50 000 euros, le Syndicat Le Syndicat du Pays de Montbenoît, propriétaire de l’édifice et de ses dépendances, a célébré comme il se doit ce soutien accordé par la Fondation du Crédit Agri- cole. Début du chantier espéré au printemps 2019

L e soleil était au rendez- vous pour cette dégus- tation peu ordinaire organisée à l’arrivée du télésiège du Morond. De quoi respirer à pleins poumons le Haut-Doubs avant de savou- rer le fameux vacherinÀ l’ori- gine de ce coup de pub, le volubile Patrick Sancey- Richard de la fromagerie du Mont d’Or à Métabief. Pour cette nouvelle campagne, tous les indicateurs ou presque sont au beau fixe. Pas de défection à signaler dans les 10 ateliers fabricants du mont d’or. Le recrutement du personnel saisonnier s’ef- fectue normalement. “70 % reviennent chaque année” , indique Vincent Badoz qui emploie une cinquantaine de saisonniers. La confiance semble de mise dans cette filière qui produit un peu plus de 5 000 tonnes de fromage. “On est sur une dynamique qui arrive à maturité après des années de croissance acti-

ve. Plusieurs raisons expli- quent cette évolution. Le mont d’or a conquis des parts de marché sur le national et l’en- gouement autour de la boîte chaude a incontestablement boosté les ventes” , estime Yves Louvrier, président des Monts de Joux, le plus gros faiseur sur la filière A.O.P. mont d’or. Si l’épisode de la contami- nation à la salmonelle révé- lée ce printemps par France Inter n’a pas eu d’impact, la vigilance reste de mise. “On a gardé la confiance du client et on a renforcé la surveillance. Le mont d’or est sans doute l’A.O.P. la plus contrôlée en France” , explique Éric Feu- vrier. Le président du syndi- cat interprofessionnel du mont d’or en profite pour annoncer un resserrement du cahier des charges avec des mesures compatibles avec le grand frère comté. Assez logique car les producteurs de mont d’or relèvent aussi du cahier des charges du com-

té. “On souhaite interdire l’af- fouragement en vert à partir du 1 er août jusqu’à la mise en crèches des laitières. Ceci car on estime que les vaches doivent continuer à paître matin et soir. On prévoit éga- lement d’interdire l’utilisa- tion de tous les désherbants chimiques comme le glypho- sate, le round-up.” Autre calibrage prévu, celui de limiter la taille des exploi- tations à 1,2 million de litres de lait, de fixer à 40 le nombre de vaches laitières par uni- té de main-d’œuvre. Deux mesures qui figurent aussi au programme de révision du cahier des charges du com- té. “On ne veut pas du modè- le de ferme avec un exploitant qui soigne un troupeau de 100 vaches.” La plupart de ces propositions ont déjà été votées en Assemblée géné- rale. Elles seront ensuite sou- mises à l’I.N.A.O. avant de monter à Bruxelles pour vali- dation. n

Christine Grillet, présidente du conseil d’administration du Crédit Agricole a signé la convention de mécénat avec Gilles Magnin-Feysot, le président du Syndicat mixte propriétaire de l’abbaye.

et lesAmis de l’Abbaye ont œuvré de concert dans la constitution d’un dossier déposé auprès de la Fondation duCréditAgricole“Pays de France”. “On a été bien épau- lé par la caisse locale du Crédit Agricole et son directeur Walter Demaizières” , apprécie Gilles Magnin-Feysot. Une collabora- tion fructueuse. Le dossier de l’ab- baye est passé en commission locale puis nationale avec à la clef 25 000 euros récoltés à chaque étape. “Notre aide à l’abbaye de Montbenoît marque l’engagement du Crédit Agricole Franche-Com- té à soutenir la culture sur le ter- ritoire. La réduction des aides publiques semble désormais redé- finir le modèle économique de nombreux projets culturels. Fidèles à notre modèle de banque coopé- rative et mutualiste, nous sou- haitons apporter notre pierre à l’édifice pour mettre en lumière ces projets qui participent à l’at- trait touristique de la région” , explique l’un des représentants du Crédit Agricole. Bonne nouvelle, l’abbaye ne lais- se personne indifférent. D’autres mécènes privés se mobilisent éga- lement. La souscription populai- re gérée en ligne par la Fonda- tion du patrimoine a déjà permis de recueillir près de 30 000 euros.

“Elle sera active jusqu’à la récep- tion des travaux” , précise Gilles Magnin-Feysot. La maîtrise d’ou- vrage des travaux a été déléguée à la communauté de communes de Montbenoît qui peut bénéfi- cier d’aides que le Syndicat n’au- rait pas obtenus. “Mais ce sont bien les cinq communes du syn- dicat qui paieront” , juge utile de souligner son président. Aujourd’hui, l’affaire semble assez bien engagée. Il reste encore à lancer la consultation auprès des entreprises habilitées à interve- nir sur des monuments classés. “Si tout va bien, le lancement du chantier est espéré au printemps 2019.” GillesMagnin-Feysot n’ou- blie pas de saluer également les subventions institutionnelles : Europe, État, Région, Départe- ment et communauté de com- munes. “Sachant que la Région et le Département participent à la sauvegarde de l’abbaye. Je pen- se qu’ils comprendront aussi tout l’intérêt de maintenir un accueil sur place pour les visiteurs, donc de préserver l’office de tourisme de Montbenoît qui a également tout à gagner à s’inscrire dans le projet d’office de destination à l’échelle du Pays du Haut-Doubs.” La messe est dite. n F.C.

“Il faut qu’on soit inimitable”, rappelle Éric Feuvrier ici en discussion avec Patrick Sancey-Richard le fromager de Métabief qui a eu la bonne idée de célébrer l’ouverture de la saison au sommet du Morond.

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