La Presse Pontissalienne 228 - Octobre 2018

MOUTHE - RÉGION DES LACS 38

La Presse Pontissalienne n° 228 - Octobre 2018

LES COMBES-DERNIERS Gîte touristique La fratrie Prat fidèle aux Pontets depuis 70 ans En juin 1948, Nicole, Gérard et Josette Prat alors hauts comme trois pommes venaient passer leurs premières vacances d’été avec leur grand-mère dans le gîte de la famille Scalabrino. Soixante-dix ans plus tard, ils reviennent encore. Histoire d’un attachement profond à une famille, un village, une région.

“Q uand on parle des Pontets, on dit c’est chez nous ou chez moi. Je me res- source à chaque fois que je viens ici” , explique Gérard Prat, 76 ans, qui prend toujours autant de plaisir à évoquer cette fidé- lité rare à un lieu où il est venu passer ses premières vacances avec ses deux sœurs et sa grand- mère. Lui le petit Parisien n’avait pas autant de liberté de mou- vement dans la capitale où il vivait dans un immeuble du XII ème arrondissement. Ima- ginez le changement en arri- vant aux Combes-Derniers avec toute cette campagne qui s’of- frait à eux ! Tout est parti d’un souci de san- té qui pouvait se soigner au grand air des montagnes. “Notre mère est morte à la naissance de Josette ma sœur cadette. C’est notre grand-mère qui a pris le relais.” Son mari qui travaillait à la S.N.C.F. avait un collègue originaire de Rochejean. Il lui a demandé s’il n’avait pas connaissance d’un appartement meublé dans le Haut-Doubs pour venir y séjourner tout l’été avec

ses trois petits-enfants. “Le col- lègue est venu trouver mon grand-père André Scalabrino et son fils Marcel qui venaient d’ac- quérir une petite fermette. Ils ont répondu favorablement à sa requête en privilégiant l’amé- nagement d’un petit gîte plutôt qu’une location à l’année. Ils ont misé sur le tourisme” , s’en féli- cite Françoise Bessant, la fille de Marcel Scalabrino qui gère aujourd’hui un gîte aux Pontets où elle reçoit toujours les familles de Nicole, Gérard et Josette. Au début, les vacances aux Pon- tets s’étalaient de Pâques à la

aussi à la S.N.C.F. nous rejoi- gnaient le week-end. On a été admirablement accueillis par la famille Scalabrino. Ils nous ont en quelque sorte adoptés, et réciproquement.” La santé des enfants retrouvée, le séjour dans le Haut-Doubs se réduit ensuite aux seules vacances de juillet à octobre. Gérard et ses deux sœurs se sen- tent maintenant comme chez eux aux Pontets où ils ont plus de copains et de copines qu’à Paris. En grandissant, ils par- ticipent peu à peu aux travaux de la ferme. “Moi le petit Pari- sien, je savais traire les vaches. On travaillait vraiment et on nous faisait confiance. Je pense que cela m’a donné le goût de l’effort sans en attendre systé- matiquement un retour” , pour- suit Gérard qui s’est beaucoup impliqué et s’implique toujours dans la vie associative. Les Pon- tets ou l’école de la solidarité. Au fil des ans, des liens très forts se tissent entre les deux familles. Quand les grands-parents sug- gèrent à leurs petits-enfants d’aller au bord de la mer, pas question répondent ceux qui

70 ans plus tard, Gérard, Josette et Nicole qui avaient alors 6, 3 et 7 ans reviennent toujours avec le

même plaisir séjourner aux

Toussaint, temps nécessaire pour profiter pleine- ment des effets bénéfiques du Haut-Doubs. “On faisait donc une partie de notre sco- larité aux Pontets. On vivait chiche- ment dans un petit deux-pièces. Il fal- lait allait chercher de l’eau au puits. Mon grand-père et mon père qui était

Pontets dans les gîtes de la famille Scalabrino.

“On dit, c’est chez nous.”.

sont devenus des ados, les vacances, c’est aux Pontets que cela se passe. Et durablement car même adultes, mariés, parents et aujourd’hui grands- parents, Nicole, Gérard et Joset- te restent fidèles à leur villé- giature des Pontets. Pas exclusivement mais très régu- lièrement, le temps d’un week-

end prolongé, ou de vacances aux skis. “C’est le village de mon enfance et j’éprouve toujours le même plaisir à venir.” Marcel Scalabrino disposait d’un second appartement touristique où il recevait une famille du nord de la France elle aussi très attachée au village. “Les anciens se souviennent très bien des Pari-

siens et des Calaisiens.Mon père avait sans doute compris avant les autres le potentiel touristique du Haut-Doubs” , constate sa fille qui perpétue cette tradi- tion d’accueil avec son frère Guy Scalabrino, lui aussi proprié- taire d’un meublé touristique aux Pontets. n F.C.

CHAPELLE-DES-BOIS Un sentier thématique à l’étude 30 août 1944, le combat de la Combe des Cives L’écomusée de la maison Michaud a investi dans un panneau informatif et une stèle installés le long d’un circuit de randonnée évoquant le combat qui opposa le 30 août 1944

des maquisards à un convoi militaire allemand en provenance de Mouthe. Devoir de mémoire.

“On a installé un support émaillé qui marque le départ du circuit de randonnée allant jusqu’à la stèle”, explique Pierre Bourgeois, le président de l’écomusée Michaud.

“C e combat, on en avait entendu par- ler. Certains se sou- viennent qu’il res- tait au bord de la route quelques carcasses des véhicules allemands détruits pendant ce combat. On s’est aussi rendu compte que les jeunes ne savent plus, d’où l’en- vie et le besoin de créer des sup- ports qui appelleront ce qui s’est passé dans la Combe des Cives le 30 août 1944” , explique Pier- re Bourgeois, le président de l’as- sociation en charge de l’écomu- sée de la maison Michaud. Chaque été fin août, l’associa- tion Mémoire de la Résistance et desmaquis de l’Ain et duHaut- Jura vient rendre hommage aux trois jeunes maquisards tués lors de cette embuscade qui fit également 24 victimes chez l’en- nemi. Le groupe de travail consti- tué à l’écomusée s’est d’abord attaché à retrouver toutes les informations, documents, témoi- gnages en lien avec le combat.

L’embuscade de la Combe des Cives Le mercredi 30 août en début d’après-midi, les maquisards du camp Roland, ils sont près de 200, s’installent à couvert der- rière les murs de pâture qui entou- rent la Combe des Cives. Peu après, se présente un convoi mili- taire allemand fort de 180 hommes venant de Mouthe pour aller ravi- tailler les troupes du Haut-Jura. Le combat s’engage et dure jus- qu’à la tombée de la nuit. Le convoi est détruit. LesAllemands s’enfuient à pied, laissant 24 morts. Les obsèques des trois jeunes maquisards tombés au combat sont célébrées le lende- main. Chapelle-des-Bois est libé- ré le 4 septembre 1944. n

grand panneau émaillé a été ins- tallé tout près de l’écomusée. Il reprend le fil des combats avec des textes explicatifs traduits en anglais et en allemand, des croquis, des cartes et quelques illustrations. Ce support est le point de départ d’un sentier de randonnéemis en place avec l’ai- de de l’association “Le mur aux fleurs de Lys” qui organise chaque été autour de Chapelle- des-Bois la randonnée des pas- seurs. Laquelle association a aussi participé au financement de la stèle installée au printemps

sur les lieux du combat, au cœur de la Combe des Cives. “Cette stèle porte une plaque provisoi- re. Un tailleur de pierre viendra prochainement graver le nom des trois jeunes maquisards tom- bés au combat.À savoir Armand Laruaz, Julien Farinet et Jacques Guaillard. Ces jeunes étaient venus de Savoie pour participer à la libération du Haut-Doubs. Le plus jeune avait 18 ans et le plus âgé 21 ans.” La stèle a été inaugurée le 26 août dernier lors de la tradi- tionnelle journée de commémo-

ration. Une centaine de per- sonnes était présente. L’écomu- sée ne compte pas en rester là. Elle étudie la faisabilité de trans- former le circuit de randonnée en sentier thématique avec des panneaux d’information. La com- munauté de communes des lacs et montagnes du Haut-Doubs est partenaire du projet. “On a encore beaucoup d’autres élé- ments non exploités. On pense qu’il y a matière à écrire un livre en présentant aussi l’évolution du village après-guerre.” n F.C.

“Par chance, on a retrouvé le car- net d’un autre maquisard qui avait participé aux opérations.

On y apprend pas mal de choses sur lamort de ces trois jeunes qui,semble- t-il, avaient pris beaucoup de risques.” À partir de là, une réflexion a été engagée pour savoir comment présenter ces évé- nements. Un

Trois jeunes maquisards tués.

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