La Presse Pontissalienne 225 - Septembre 2018

MOUTHE - RÉGION DES LACS

23 La Presse Pontissalienne n° 225 - Juillet 2018

CULTURE

The King’s Singers Pluie d’étoiles au 10 ème festival lyrique de Montperreux

on veut solliciter des artistes de renom, mieux vaut s’y prendre à l’avance. L.P.P. : Vous arrivez à boucler le budget ? S.P. : Oui, car on a la chance de pouvoir compter sur des sponsors privés et publics, ce qui nous permet de retom- ber sur nos pieds. Il faut aussi savoir que les artistes qui viennent à Mont- perreux se contentent d’un honnête cachet. Ils apprécient l’ambiance, les promenades sur le lac. Ici, ils ne sont pas dans un environnement stressant. L.P.P. : Pas de souci en perspective ? S.P. : Non, tout est bien en place. Je peux compter sur une équipe de bénévoles rodée toujours ouverte pour accueillir des nouveaux. Pour l’instant, on est une douzaine impliquée dans l’orga- nisation mais il y a toujours de la pla- ce pour deux ou trois renforts motivés. L.P.P. : Et vous, toujours partant pour conti- nuer l’aventure ? S.P. : Sans problème, surtout quand je vois comment les choses évoluent. C’est un moment de joie pure de voir que tout est prêt le jour J. L.P.P. : Et l’avenir ? S.P. : Peut-être qu’un jour on ne se conten- tera pas d’acheter des spectacles mais on montera le nôtre en sachant qu’il faut au minimum quinze jours de pré- paration. Il y a des opéras d’église qui pourraient tout à fait être joués àMont- perreux. J’ai encore plein d’idées. J’en profite aussi pour saluer le partena- riat établi entre le festival et I.U.T. information-communication de Besan- çon qui assurera toute la communica- tion autour du festival 2019. C’est un plaisir de servir de support pédago- gique pour ces futurs professionnels de la communication. L.P.P. : Vous avez aussi la chance d’avoir trou- vé une pépite acoustique à l’église de Mont- perreux ? S.P. : Cet édifice présente une voûte lar- ge mais pas très haute, ce qui lui don- ne l’acoustique d’une vraie salle de concert. C’est impeccable pour le lyrique. On peut se produire sans sonorisation. L’écho ne dépasse pas deux secondes, c’est juste ce qu’il nous faut. La capa- cité d’accueil varie entre 250 et 300 personnes. Cela offre une certaine inti- mité dans l’esprit des récitals à l’an- cienne. n Propos recueillis par F.C. Le programme l Jeudi 5 juillet à 20 heures à l’église de Montperreux Les fabuleux King’s Singers l Dimanche 8 juillet à 20 heures théâtre Blier à Pontarlier Le Monde m’empêche de dormir. Spec- tacle des Swinging Bikinis l Mardi 10 juillet à 20 heures à l’église de Montperreux Le jeu de l’amour et du Hasard (Mari- vaux) l Jeudi 12 juillet à 20 heures à l’église de Montperreux Deux mezzos sinon rien. Récital avec Karine Deshayes et Delphine Haidan l Vendredi 13 juillet à 20 heures à l’église de Montperreux Concert de fin de stage Renseignements : www.festival.montperreux.org

L.P.P. : Quelques mots sur le concert surprise d’ouverture ? S.P. : Pour ce concert, je serai associé avec la pianiste Florence Boissolle, fidè- le au festival depuis sa création. Ce qui est une belle preuve d’attachement pour celle qui est aujourd’hui chef de chant à l’Opéra Bastille. Nous serons entourés par d’autres artistes. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il y aura de belles surprises musicales. L.P.P. : Le festival s’invite aussi au théâtre Blier à Pontarlier ? S.P. : C’est une première collaboration avec laVille de Pontarlier. Le spectacle “LeMondem’empêche de dormir” réunit quatre chanteurs et trois musiciens. Ils nous présentent la vie du chanson- nier JeanVillard-Gilles qui inspira des artistes comme Brel, Piaf… L.P.P. : On retrouvera donc Dame Felicity Lott dans Le Jeu de l’amour et du hasard ? S.P. : C’est une version lyrique de la piè- ce de Marivaux avec la participation d’un autre grand artiste, Alain Carré, qui a adapté la pièce pour chanteur. Il s’agit d’un spectacle très drôle et très ludique où Dame Felicity Lott chante- ra des choses très légères. L.P.P. : Le spectacle du jeudi soir “Deux mez- zos sinon rien” est tourné vers l’avenir ? S.P. : Effectivement, il met en scène la jeune génération avec Karine Deshayes et Delphine Haidan. L.P.P. : Le festival se termine par le tradition- nel concert des stagiaires ? S.P. : C’est toujours un rendez-vous très attendu. Le contenu sera déterminé en fonction du programme travaillé pen- dant la semaine. L.P.P. : Aucun souci de réservation ? S.P. : Non, les places sont vite prises quand il y a autant d’étoiles qui des- cendent ainsi sur Montperreux. On nous demande déjà les concerts de 2019. Cette année, il n’y a pas de musique sacréemais on a déjà inscrit le Requiem de Mozart au prochain festival. Le pro- gramme est pratiquement bouclé.Quand

La bucolique école de chant lancée par le ténor Stuart Patterson s’est vite étoffée pour devenir un rendez-vous musical de haute volée qui n’a rien perdu de son authenticité. Entretien avec Stuart Patterson, pas mécontent du résultat artistique et humain.

L a Presse Pontissalienne : Comment expli- quer l’existence d’un festival lyrique à Montperreux ? Stuart Patterson : Tout est parti de la décou- verte fortuite du Haut-Doubs qui n’est pas sans rappeler mon Écosse natale. Professeur de chant à Lausanne, j’ai décidé d’acquérir en 2004 une petite maison située dans l’anse de Chaon. Pendant les vacances d’été, j’anime régulièrement des stages pour jeunes chanteurs en Bretagne, à Paris, en Cor- se… Après mon installation à Chaon, j’ai décidé de poursuivre l’expérience en invitant les stagiaires ici. J’ai ren- contré le maire de l’époque, à savoir Jean-Yves Rigolot, pour lui proposer un concert en fin de stage donné dans l’église Marie-Madeleine. La commu- ne a joué le jeu et nous a mis à dispo- sition un local. Les stagiaires étaient logés dans un gîte tout proche. L.P.P. : Et puis ? S.P. : À partir de là, les habitants sont venus vers nous avec la volonté de nous aider et cela a abouti à la création de l’association qui porte aujourd’hui le festival. Le stage de chant reste d’ac- tualité, c’est même le noyau. On a tou- jours voulu offrir une plateforme aux jeunes chanteurs. Au fil des ans, on a programmé d’autres concerts. Cela a commencé humblement même si tout le monde a été surpris par le succès. Quatre ou cinq ans plus tard, on était déjà au maximum de nos capacités sachant que tout repose sur le béné- volat. L.P.P. : On peut parler d’aventure humaine ? S.P. : Oui. J’apprécie tout particulière- ment de voir des gens s’investir dans l’organisation du festival sans cher-

cher aucune reconnaissance. Je suis même ému à chaque édition par ce désintéressement. L.P.P. : À croire que la passion est contagieu- se ? S.P. : Ce n’est pas mon festival mais le leur. Le festival procède d’un travail collectif où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Ils me font totalement confian- ce sur le plan artistique. L.P.P. : Le bilan s’avère forcément positif ? S.P. : Oui, même si tout n’a pas été par- fait en dix ans. Le comportement de certains artistes n’est pas exempt de tout reproche mais au final, on a eu très peu de mauvaises expériences. La plupart des artistes invités sont très réceptifs à l’atmosphère qui règne lors du festival. Ils savent aussi apprécier le rôle des bénévoles et auraient plu- tôt une attitude bienveillante. Par expé- rience, c’est rare d’être accueilli aussi chaleureusement dans les festivals d’été. Les bénévoles du festival se com- portent de façon très professionnelle.

je n’oublierai pas la venue d’Agnès Jaoui. J’étais ravi de pouvoir inviter à Montperreux mon professeur italien, le maestro Claudio Desderi. Cela res- tera pour moi un grandmoment d’émo- tion. Tout comme je me réjouis beau- coup d’accueillir les King’s Singers qui sont des stars dans leur registre. Cet- te formation fête son cinquantenaire. Elle se produira deux fois en France, à l’opéra de Reims et à Montperreux. L.P.P. : Un vrai exploit de les faire venir dans le Haut-Doubs ! S.P. : Je suis allé à leur rencontre quand ils sont venus chanter à Neuchâtel en 2016. J’en ai profité pour leur parler du “petit” festival de Montperreux. On a sympathisé et on a fini par trouver une date au bout de deux ans. Ils seront à l’affiche du festival le jeudi 5 juillet. On a aussi la chance d’avoir de beaux hôtels à Malbuisson pour proposer à ces artistes un hébergement de stan- ding. “J’ai encore plein d’idée et le festival continuera tant qu’on aura des sponsors et des bénévoles”, apprécie Stuart Patterson.

Je puise dans mon car- net d’adresses pour trou- ver les artistes. Beau- coup ont envie de revenir à l’image de Dame Feli- city Lott qui viendra pour la troisième fois. Ce fes- tival a bien grandi. Il ne se passe pas une semai- ne sans que l’on reçoive une proposition pour venir se produire ici. Les artistes font la queue. L.P.P. : Peut-on évoquer quelques faits marquants ? S.P. : Il y en a plein, mais

“Dans l’esprit des récitals à l’ancienne.”

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