La Presse Pontissalienne 223 - Mai 2018

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 223 - Mai 2018

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l Valdahon

Inclusion professionnelle

Guerric un salarié - presque - comme les autres Après diverses expériences infructueuses, Guerric qui souffre d’une légère déficience mentale a décroché son premier C.D.I. à l’abattoir de la Chevillotte à Valdahon. Un bel exemple d’intégration professionnelle mis en place dans un cadre juridico-administratif toujours aussi peu incitatif.

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P our être sûr d’être à l’heu- re au travail et que person- ne ne le stresse à l’idée qu’il doive se dépêcher, Guerric Charmoille, 24 ans, se rend désormais à pied sur son lieu de tra- vail. “24 minutes” , c’est le temps qu’il lui faut pour rejoindre l’abattoir où il débute sa journée de travail à 4 heures du matin. “Au début, j’étais à l’accro-

chage mais cela allait trop vite pour moi”, explique Guerric visiblement ravi d’avoir trouvé un poste plus confor- me à ses aptitudes. “Il a besoin qu’on lui pose un cadre. Il stresse vite quand il s’agit d’être précis et rapide” , préci- se sa maman Delphine Lombardot. Ancienne institutrice puis chef d’en- treprise, elle connaît son fils par cœur et s’est beaucoup investie pour amé-

liorer son employabilité. “Cela intègre à la fois l’acquisition des règles indis- pensables pour conserver un travail : sérieux, ponctualité, politesse, la capa- cité à discerner un environnement de travail adapté à son handicap et la connaissance des procédures.À chaque fois que Guerric a postulé sur un emploi, je l’ai accompagné lui et l’entreprise concernée pour trouver des solutions.” Cette employabilité a convaincu en tout cas le directeur de l’abattoir Pas- cal Jeanningros qui lui a donné sa chance. “On a su prendre notre temps pour préparer l’entrée de Guerric. On a fait le tour du site avec lui et ses parents pour comprendre les difficul- tés et trouver la place qui lui convien- ne.” Après la tentative au poste d’accro- chage, Guerric est orienté vers le démou- lage et le tri des co-produits. Un tra- vail bien défini, sans trop d’à-coups et qui correspond à son profil. Pratique- ment jamais laissé seul, il évolue sous la vigilance de Jacques et Fabien qui l’encadrent tout en finesse avec la

patience et la fermeté qui s’imposent parfois. Travailleur très sérieux, agréable col- lègue quand il est en confiance, Guer- ric peut aussi s’avérer têtu quand il est contrarié. Rien de bien grave et la bonne humeur reprend vite le dessus. “On le considère comme un autre sala- rié et je crois qu’il apprécie cela. Il est parfois ronchon quand il s’agit de sor- tir quelques minutes plus tard pour finir un travail mais on le laisse inver- sement sortir plus tôt quand il est vrai- ment crevé” , note Fabien, alias Nou- nours. Après trois semaines en immersion, Guerric a décroché son sésame. “On l’a recruté en C.D.I. sur un contrat de pro- fessionnalisation qui lui permet de béné- ficier d’une formation interne” , com- plète l’entreprise. Pour Guerric, le C.D.I. c’est quelque chose, la récompense qui le met sur un pied d’égalité avec les autres. Pour l’entreprise, le recrute- ment d’un handicapé n’a rien d’une affaire rentable sur le plan financier. “On se rend compte sur ce type d’em-

bauche particulière qu’on n’est pas du tout aidé, ni encouragé. On est plus gagnant de payer des pénalités que de prendre un travailleur handicapé. Cela ne motive pas les entreprises à aller dans ce sens” , constate un rien désa- busé Pascal Jeanningros. Une critique qui n’est pas adressée à Guerric bien au contraire. “C’est une personne atta- chante qui a vite trouvé sa place. Il est très ponctuel et a besoin d’être dans un environnement sécurisé et sécurisant. On a aussi la chance qu’il soit bien accompagné par ses parents” , ajoute un directeur qui apprécie aussi la sin- cérité d’un salarié franc du collier inca- pable de mentir ou de biaiser. Tous sont unanimes pour dire qu’il apporte un plus dans l’entreprise ne serait-ce que la tolérance ou d’apprendre à respecter les différences. Grâce à son emploi, Guerric a pris un logement sur Valdahon. Il gagne en autonomie et espère bientôt réussir son permis de conduire. C’est sûr qu’avec du travail, on voit la vie différemment. n F.C.

Entre Jacques et Fabien, un Guerric rayonnant du bonheur de travailler.

Le Haut-Doubs propice aux activités handisport de pleine nature l Apach’Évasion 70 guides bénévoles Fondée en 2007, l’association Apach’Évasion s’est dotée des moyens matériels et humains pour encadrer des activités de pleine nature à destination des handicapés. Les charmes du Haut-Doubs à la portée de tous.

Apach’ Évasion, c’est un vrai tremplin à la citoyenneté.

L es rondeurs de la mon- tagne jurassienne ne rivaliseront jamais avec les prestigieux sommets alpins. Pour autant, notre mas- sif, par son accessibilité, a les atouts pour devenir une plaque tournante du tourisme handi- cap de pleine nature. Cédric Siron le prof de sport à l’origi- ne d’Apach’Évasion en est convaincu. Surtout quand les instances politiques font tout pour favoriser ces pratiques com- me c’est le cas sur la station de Métabief par exemple où l’ex- ploitant et la communauté de communes jouent à fond la car- te handisport. Pas un hasard si le siège de l’association se trou- ve dans un chalet au pied des pistes où elle dispose aussi d’un hangar de stockage pour entre-

équitation…L’association emploie une salariée et peut surtout fonc- tionner avec 70 guides bénévoles. Un contingent étoffé et varié dans ses compétences pour répondre à la diversité des pra- tiques proposées. “On a la spé- cificité de former nous-mêmes nos bénévoles.” Grâce à différents mécènes, Apach’Évasion a reçu trois dériveurs adaptés au public handicapé. Les embarcations sont stockées à la base nautique de Malbuisson. “Pour dévelop- per cette jeune activité, on doit encore créer du lien avec l’école de voile pour trouver de nouveaux encadrants. Nos bénévoles sont opérationnels en ski, en rando, mais pas aux commandes d’un dériveur.À défaut d’avoir la res- source parmi nos bénévoles, on fera appel à des professionnels.

poser toute la famille des fau- teuils-skis utilisés en saison hivernale. L’arrivée du printemps marque d’ailleurs la bascule vers les acti- vités d’été et le matériel adé- quat. Des roues à la place des skis. “Globalement, on est plus sur une approche touristique que sportive. La taille du parc maté- riel nous permet d’accompagner jusqu’à 6 personnes en même temps l’hiver et quatre l’été. ”Cédric Siron se réjouit de l’aménage- ment à Métabief de deux gîtes de groupe dédiés à l’accueil de personnes handicapées.La struc- ture sera gérée par la Roche du Trésor en partenariat avecApa- ch’Évasion qui encadrera les acti- vités. L’offre est très large : ski, voile, randonnée, tandem, escalade,

projet “Sport partagé” mis en place depuis plusieurs années au sein des établissements sco- laires du Haut-Doubs, à savoir les collèges Malraux, lesAugus- tins à Pontarlier et le collège Émile-Laroue à Frasne. “On for- me des jeunes à l’encadrement des activités handisport de l’as- sociation. Ce projet associe donc des établissements spécialisés à Villeneuve-d’Amont, Besançon, Quingey et Pontarlier.” Frustré que ce projet s’arrête au collège, Cédric Siron vient d’ou- vrir un club ado pour permettre aux jeunes collégiens de pro- longer l’expérience. Baptisé “Les Sioux”, ce club rassemble une vingtaine d’ados de 15 à 18 ans qui encadrent 7 à 8 déficients moteurs et intellectuels. “Les

Les coûts ne sont pas les mêmes.” Apach’Évasion répond aussi à la demande des locaux. Pour ce faire, elle intègre une section club avec une offre d’activités régulières tout au long de l’an- née à des personnes en situation de handicap. “En règle générale, on fait une sortie par mois, sou- vent en week-end. On organise aussi avec ce groupe des séjours d’une semaine àAnnecy en été et à Combloux en hiver. On répond ainsi à une demande locale de personnes qui souhaitent prati- quer, sortir et surtout se rencon- trer, passer de bons moments conviviaux.” Parce que son champ d’action peut être considéré comme un formidable tremplin à la citoyen- neté, Apach’Évasion soutient le

Sioux fonctionnent comme une association avec un président, un trésorier et un secrétaire. Ils préparent actuellement un séjour d’une semaine à Embrun. Ce groupe est dénué de tout esprit de compétition.” Apach’Évasion tourne aujour- d’hui avec un budget annuel de 160 000 euros. Tout juste suffi- sant pour sortir un salaire et assurer la maintenance et le renouvellement d’un parc maté- riel aussi spécifique que coû- teux. Le bénévolat a ses limites et à plus ou moins long terme, Cédric Siron espère recruter. “Il faudrait idéalement avoir trois salariés : un coordinateur, un administratif et un animateur sportif.” n F.C.

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