La Presse Pontissalienne 223 - Mai 2018

DOSSIER I

La Presse Pontissalienne n° 223 - Mai 2018

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Une entreprise à part entière Surtout connue pour sa blanchisserie industrielle, l’U.N.A.P. de Pontarlier intègre aussi des activités en sous-traitance industrielle et dans l’agro-alimentaire. Une vraie réussite économique. l Pontarlier 6 millions d’euros de chiffre au restaurant Vertuose O uverte depuis 10 mois à City’Avenue, cette entreprise adaptée fait désor- mais partie du paysage alimentaire sur Pontarlier, tout du moins sur la zone des Grands-Planchants où la concurrence bat son plein. “Globa- lement, les clients sont satisfaits de la prestation. Je pense qu’on propose un très bon rapport qualité-prix en privilégiant des produits nobles, si possible bio. On sert entre 15 et 20 couverts par jour et on commence à avoir des bons retours sur les plats emportés, sachant qu’on en vend une dizaine par jour” , résume Jean-ClaudeAndré, responsable de pôle agro-alimentaire à l’A.D.A.P.E.I. du Haut-Doubs. Vertuose mobilise aujourd’hui 4 travailleurs en situation de handicap encadrés par un éducateur-cuisinier et une vendeuse. “On apprécie aussi les progrès du personnel. Vertuose est désormais ouvert le samedi.” n Bon rapport qualité-prix

La blanchisserie industrielle a réussi à concilier l’emploi de personnes en situation de handicap avec la performance économique.

“N’ allez surtout pas croire qu’onmise sur le fait d’accueillir des personnes en situation de handicap pour se faire valoir auprès des clients. Ce que l’on met en avant, ce sont nos compétences professionnelles. Aujourd’hui, on est sur des activités reconnues avec des niveaux de performances et de compé- tences similaires à la concurrence. On se retrouve souvent confronté avec des entreprises de grande envergure, lea- ders sur le marché de la blanchisserie par exemple” , souligne Jean-Michel Laforge, le directeur du pôle Travail et Insertion Professionnelle à l’A.D.A.P.E.I. du Doubs. Comme toute entreprise embauchant des personnes en situation de handi- cap, l’U.N.A.P. touche des subventions mais cette aide sert uniquement à com- penser le surcroît d’encadrement induit par cette prise en charge. Il n’y a donc là rien de déloyal. Même si de recou- rir à une société qui emploie du public handicapé entre en ligne de compte dans le calcul des fameux 6 % de l’ef- fectif global pour les entreprises occu- pant aumoins 20 salariés. Jean-Michel Laforge parle alors de “supplément d’âme” en évoquant cet avantage qui fait parfois la différence à compétences égales. L’origine de l’U.N.A.P. Pontarlier remon- te aux années soixante.L’activité concer- nait à l’époque uniquement de la sous- traitance industrielle pour le compte d’Alcatel. L’orientation vers la blan- chisserie relève d’une opportunité de

englobe aussi un pressing ouvert au public du lundi au vendredi, un ate- lier de retraitance industrielle et deux structures qui relèvent de l’agro-ali- mentaire. À savoir le restaurant Ver- tuose ouvert depuis 10 mois à City’Ave- nue et une unité de restauration collective en interne. L’U.N.A.P. de Pon- tarlier dispose de 177,5 places agréées, soit 150 places au niveau de l’Éta- blissement et Service d’Aide par le Tra- vail et 27,5 places en Entreprise Adap- tée dernier échelon avant l’inclusion. “Pour s’occuper du public handicapé, on emploie des moniteurs techniques, des chargés d’insertion.Toutes les fonc- tions administratives et comptables sont aujourd’hui centralisées sur Besan- çon avec des pôles locaux sur chaque site.” n F.C.

diversification suite à la fermeture d’une autre blanchisserie locale. “On traite aujourd’hui 11 tonnes de linge par jour. Nos clients sont essentielle- ment en Franche-Comté mais certains sont situés à plus de 200 km” , complète Véronique Cugini, directrice du pôle Travail et Insertion professionnelle à l’échelle du Haut-Doubs. Les collectivités, hôpitaux, hôteliers mais aussi les industries travaillent avec la blanchisserie pontissalienne. Laquelle a toutes les certifications utiles et nécessaires dans son champ d’action : I.S.O. 9 001 pour la satis- faction client, I.S.O. 14 001 pour l’en- vironnement, I.S.O. 18 001 pour la sécurité et R.A.B.C. en lien avec l’hy- giène et les risques bactériologiques. Mais l’U.N.A.P. ne se réduit pas à une seule blanchisserie industrielle. Elle

Tony Chopier, l’éducateur cuisinier, Théophile Boillin, serveur, Jean-Claude André, le responsable agro- alimentaire sur le Haut-Doubs et Florian Bourgeois, autre serveur.

Morteau et Maîche, c’est la cuisine et l’industrie l Haut-Doubs E.S.A.T. Sur Maîche et Morteau, plus de 130 postes de travail sont occupées par ces travailleurs handicapés qui exercent des métiers complémentaires à ceux de Pontarlier.

À la cafétéria “Les tables d’Uzel” à Morteau, entre 100 et 200 repas sont servis aux clients tous les jours.

D ans quelques jours, l’enjoliveur de toit que ce travailleur mor- tuacien vient d’em- baller soigneusement dans son carton d’expédition arrivera en Iran pour équiper une Peugeot 308. Un peu plus loin, un autre travailleur s’affaire sur un joint étanche qui équipera les horo- dateurs de la ville de New-York ou deMoscou.Toutes ces “petites mains” contribuent à leur manière à l’essor de l’industrie française. Dans un autre coin, c’est une dame qui colle au mil- limètre près les étiquettes sur les bouteilles de Sapinette, la liqueur de sapin créée récem- ment par les frères Ducret de

À l’avant, c’est l’unité de pro- duction culinaire de l’A.D.A.P.E.I. qui emploie une trentaine d’autres travailleurs handicapés qui confectionnent et conditionnent chaque jour quelque 1 800 repas frais à des- tination des écoles, crèches et collectivités du Haut-Doubs. Et elles sont six autres personnes à assurer le service et l’entre- tien de la cafétéria “Les tables d’Uzel” qui sert chaque jour entre 100 et 200 repas aux clients. Cette cafétéria ouver- te à tous les publics dispose même à l’extérieur du bâtiment d’un distributeur accessible 24 heures sur 24 avec les plats préparés par le personnel. Il

Flangebouche. Bienvenue au sein de l’atelier de montage et de conditionnement de l’E.S.A.T. de Morteau. Au fond du bâtiment, on entre dans l’atelier usinage. Affairés sur des tours, ces autres tra-

du Doubs. Récemment, l’une de ces travailleuses handicapée a d’ailleurs quitté l’E.S.A.T. de Maîche pour intégrer, en milieu ordinaire, un travail en tant que salariée de droit commun au sein d’une entreprise horlo- gère de Damprichard. Les ateliers de l’A.D.A.P.E.I. sont en cours de certification I.S.O. 9 001. Preuve que le pro- fessionnalisme est aussi l’apa- nage des travailleurs handica- pés. n J.-F.H.

distribue même du poulet rôti le week-end ! Ces travailleurs qui souffrent de déficience intellectuelle, légè- re ou plus lourde, et parfois alliée à des troubles du com- portement, sont également une bonne soixantaine dans l’E.S.A.T. de Maîche, spéciali- sé, lui, dans les activités d’usi- nage mécanique, de condition- nement, d’assemblage minutieux et dans les espaces verts. Tous ces travailleurs, soumis

contrairement aux salariés de droit commun au Code de l’ac- tion sociale et des familles, gagnent bon an mal un petit S.M.I.C. mensuel. Si la plupart de ces travailleurs passeront le plus clair de leur vie profes- sionnelle en E.S.A.T., leur inser- tion passe aussi par “notre enga- gement de plus en plus fort dans la formation de ces personnes” note Véronique Cugini, direc- trice du secteur Haut-Doubs sur le pôle travail et insertion professionnelle à l’A.D.A.P.E.I.

vailleurs sont en train d’ébavurer des parois de boîtes aux lettres haut de gamme. De la belle ouvra- ge… Ils sont ain- si près d’une tren- taine à travailler sur ce site, enca- drés par des moni- teurs de l’A.D.A.P.E.I.

Ils gagnent l’équivalent d’un petit S.M.I.C. mensuel.

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