La Presse Pontissalienne 223 - Mai 2018

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 223 - Mai 2018

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HANDICAPÉS, MAIS D’ABORD TRAVAILLEURS

Les handicapés font tourner l’économie locale l Travail 9 140 allocataires dans le Doubs Dans le Haut-Doubs, deux structures principales, l’A.D.A.P.E.I. et Solidarité Doubs Handicap œuvrent à l’insertion des personnes handicapées par le travail. À l’échelle du Doubs, ils sont près de 2 000 à pouvoir prétendre intégrer un établissement de travail. La Presse Pontissalienne est allée à la rencontre de ces employés de cuisine, opérateurs dans l’industrie, ouvriers des espaces verts, techniciens en blanchisserie qui, discrètement mais avec efficacité, apportent leur pierre à la croissance du Haut-Doubs en tant que travailleurs handi- capés. Et également de tous ceux qui, à travers des associations ou des initiatives individuelles, œuvrent à cette fameuse “inclusion” des personnes handicapées dans la vie ordinaire. Dossier.

Véronique Cugini est la directrice du secteur Haut-Doubs, Pôle Travail et Insertion Professionnelle à l’A.D.A.P.E.I. du Doubs.

A u cours de toute l’année 2016, derniers chiffres rendus publics par la Maison dépar- tementale des personnes han- dicapées (M.D.P.H.), 604 décisions d’orientation en Établissement et ser- vices d’aide par le travail (E.S.A.T.) ont été prononcées par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées pour le département du Doubs. Tous les dossiers ne sont pas acceptés. Un refus est prononcé si l’état de santé de la personne lui permet de travailler en milieu ordinaire, juste avec une adaptation de son poste, ou au contraire si son état de santé ne lui permet pas de travailler du tout dans un collectif. “Il n’y a pas de parcours- types. Nous sommes toujours dans une logique d’individualisation des par- cours” précise Julie Masselot, direc- trice déléguée de la M.D.P.H. Au total, fin 2016, 1 884 personnes bénéficiaient d’un droit ouvert à intégrer ce type de structure. “Elles peuvent être effecti- vement en poste, ou en attente d’entrée, ou encore avoir fait le choix de ne pas mobiliser cette proposition” ajoute Julie Masselot.

Les Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT) sont des éta- blissements médico-sociaux qui ont pour objectif l’insertion sociale et pro- fessionnelle des adultes handicapés. Ils accueillent des personnes dont les capacités de travail ne leur permet- tent pas de travailler dans une entre- prise ordinaire ou adaptée ou d’exer- cer une activité professionnelle indépendante. Le travail proposé en E.S.A.T., comme c’est par exemple le cas à Pontarlier, Maîche, Morteau ou à Étalans pour leHaut-Doubs, est adap- té selon les handicaps des personnes, souvent en espaces verts, ménages, blanchisseries ou conditionnement pour la distribution. Le travailleur handi- capé intégré à un E.S.A.T. n’a pas le statut d’employé salarié. Toutefois, il est assuré social pour les risques autres que le chômage et cotise à ce titre sur ces rémunérations. Ces derniers sont néanmoins rémunérés par l’établisse- ment, et touche en général l’allocation adulte handicapé dont le taux plein a été revalorisé à 819 euros par mois depuis le 1 er avril de cette année. Les Établissements et Services d’Aide

par le Travail offrent également un soutien médico-social et éducatif afin de favoriser l’épanouissement person- nel et social des personnes accueillies. Dans notre département, 9 140 per- sonnes touchent cette allocation tous les mois. L’A.D.A.P.E.I. du Doubs compte sept E.S.A.T. sur le territoire départemen- tal pour 1 244 places agréées. La struc- ture Solidarité Doubs Handicap dis- pose quant à elle de cinq E.S.A.T. qui accueillent 170 travailleurs handica- pés. L’un d’eux est basé aux portes du Haut-Doubs à Étalans (La Bergerie). “À Pontarlier, de plus en plus de tra- vailleurs de l’E.S.A.T. parviennent à intégrer ensuite une entreprise adap- tée comme notre restaurant Vertu’ose” note Véronique Cugini, directrice du secteur Haut-Doubs, Pôle Travail et Insertion Professionnelle à l’A.D.A.P.E.I. du Doubs. Mais tous les handicapés ne trouvent hélas pas un travail. Il reste dans le Doubs 3 498 demandeurs d’emploi han- dicapés. C’est 9 % du total des deman- deurs d’emploi. n J.-F.H.

170 travailleurs handicapés “au contact du monde ordinaire”

S olidarité Doubs Handicap (S.D.H.) est un établissement public de santé mentale dont le siège est à Étalans. Il emploie 200 professionnels, lesquels encadrent 375 personnes han- dicapées dont 170 ont un emploi. Le Département du Doubs le finance en partie. “Nous proposons des activités à caractère professionnel et un soutien médico-social favorisant l'épanouisse- ment personnel et l’intégration sociale” explique Marie-Laure Dalphin, prési- dente de la structure et élue départe- mentale. L’établissement accueille 170 travailleurs répartis les E.S.A.T. d’Étalans, de Roche- Novillars et de Besançon. Ils sont 123 hommes, 47 femmes. “Nous accueillons des personnes avec des problèmes psy- chiatriques et psychiques et des per-

sonnes accidentées de la vie. On leur offre un travail, une profession, une vie sociale.” L’originalité de S.D.H. est de proposer aux handicapés des missions au contact de la population : certains accueillent les touristes à Besançon pour des balades en bateau électrique sur le Doubs, d’autres interviennent en entretien d’es- paces verts, gèrent le camping de Besan- çon, la halte touristique de Deluz. “Notre philosophie est d’insérer au niveau social et professionnel ces personnes. Qu’elles renouent et reprennent contact avec le monde ordinaire.” Le nombre de per- sonnes retrouvant le monde “ordinaire” reste minoritaire. Les places à S.D.H. sont occupées à 100 %. Il existe une liste d’attente. n

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